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    Les Incroyables et Merveilleuses sont un courant de mode de la France du Directoire caractérisé par sa dissipation et ses extravagances en réaction à la sombre tristesse qu'avait répandue la Terreur.

    Le 27 juillet 1794, la chute de Robespierre marqua le début de la réaction thermidorienne. Dès le lendemain de sa mort sur l’échafaud, on vit reparaître les carrosses ; il y eut de nouveau des maîtres et des domestiques. Quand la loi du maximum fut abolie, et surtout, quand le Directoire eut succédé à la Convention, les magasins se signalèrent par leurs étalages.

    Au lendemain de la Terreur, les Français sortis des prisons ou revenus d’exil, ou tout simplement soulagés de voir la fin de la Terreur, se jetèrent avec frénésie dans tous les plaisirs.

    Parmi les trente ou quarante théâtres et 644 bals publics qui faisaient recette, il y avait les bals des victimes, où n’étaient admis que ceux qui affirmaient avoir perdu des parents par l’échafaud, où l’on dansait en habits de deuil, et où l’on saluait d’un coup sec de la tête, comme si elle eût été frappée du couteau de la guillotine. Dans les théâtres, on applaudissait les allusions qui semblaient avoir trait au jacobinisme, à la tyrannie ; la « jeunesse dorée », les muscadins, ainsi nommés parce que le parfum du musc et celui de la muscade faisaient alors fureur, applaudissaient les allusions hostiles à la République.

    Le chant du Réveil du peuple, qui passait pour réactionnaire, retentissait partout. Le chansonnier Ange Pitou colportait dans les rues et les carrefours des chansons contre le Directoire.

      

    Fichier:1810-Les-Modernes-Incroyables.jpg

      

      

    Incroyables

    C’est dans cet environnement que la jeunesse, qui décidait du suprême bon ton de l’époque, depuis le choix du costume jusqu’aux formes du langage, lança une nouvelle mode : les hommes, élégants, muscadins, merveilleux ou incroyables, portaient de longues tresses de cheveux, tombant sur les épaules, ou les cheveux abattus le long des tempes que l’on nommait « oreilles de chien » ; un peigne d’écaille relevait, derrière la tête, de manière à figurer un chignon et à rappeler la toilette des condamnés à mort, des cheveux qui devaient être coupés avec un rasoir et non des ciseaux, jugés trop vulgaires. Ils portaient, d’immenses anneaux aux oreilles, d’énormes lunettes sur le nez ou bien un énorme binocle à long manche devant les yeux, comme s’ils étaient affectés de myopie.

    Les signes principaux auxquels se reconnaissaient les élégants de cette époque étaient des redingotes très courtes, un habit à grand collet, faisant une gibbosité sur le dos, comme s’ils eussent été bossus, une gigantesque cravate semblant cacher un goitre ou des écrouelles, des culottes de velours ou de nankin noir ou vert mal ajustées et faisant paraître leurs genoux cagneux, des bas chinés, tire-bouchonnés sur la jambe, comme s’ils avaient été dépourvus de mollets. En grande toilette, l’incroyable remplaçait sa redingote courte par un habit à taille carrée et à grands revers, un chapeau claque d’une dimension énorme se glissait sous son bras, et ses souliers pointus rappelaient les chaussures à la poulaine du Moyen Âge.

      

    Fichier:Directoire fashion caricature 1797.jpg

      

      

    Non contents de paraître myopes, contrefaits et malingres, les Incroyables et les Merveilleuses se signalaient également par la singularité et l’affectation de leur manière de prononcer les mots : la lettre « r » ayant encouru leur disgrâce pour constituer la première lettre du mot « Révolution » qui, disaient-ils, leur avait « fait tant de mal », ils refusaient de la prononcer : si on leur racontait quelque chose qui les étonnait, ils s’écriaient : « Ma pa’ole d’honneu’ ! C’est inc’oyable ! », habitude qui leur fit donner dans la société, le nom d’« Incroyables », tandis que la classe plus basse les appela des muscadins.

    Si étiolés qu’ils voulussent paraître, les Incroyables ne sortaient pourtant qu’avec un énorme gourdin, noueux ou en spirale, qu’ils appelaient leur « pouvoir exécutif », et dont ils se servaient pour traquer et rosser les Jacobins. En signe de ralliement, ils avaient adopté la perruque blonde et le collet noir, ce qui amenait des rixes continuelles, soit avec les collets rouges démocratiques, soit avec les soldats républicains.

    Les salons de Barras, le moderne régent, ceux de Thérésa Tallien, le lycée-bal de l’hôtel Thellusson furent les principaux lieux de réunion de cette « jeunesse dorée ». On y voyait figurer, avec les beaux danseurs du temps, les Trénitz, les Lafitte, un certain nombre de jeunes gens, dont les noms aristocratiques avaient eu un tout autre genre d’illustration dans l’Ancien Régime. On y remarqua également souvent un homme à qui ne devait guère coûter une extravagance de plus, le vieux duc de Lauraguais, imitant, outrant même le costume baroque et l’incompréhensible zézaiement de la jeune génération.

      

    Fichier:1799-Cruikshank-Paris-ladies-full-winter-dress-caricature.jpg

      

      

    Merveilleuses

    Les élégantes de 1797 ne restèrent pas en arrière de leurs cavaliers : les Merveilleuses, empruntant à l’Antiquité païenne. Elles prétendirent s’habiller ou plutôt se déshabiller à la grecque ou à la romaine, leur toilette consistant principalement en manteaux, costumes, tuniques à la grecque. La mythologie étant à l’ordre du jour, il y eut des tuniques « à la Cérès » et « à la Minerva », des redingotes « à la Galathée », des robes « à la Flore », « à la Diane », « à l’Omphale ». Ne se vêtant que d’étoffes légères et même diaphanes, ces robes étaient trop collantes pour qu’on puisse y faire des poches, elles imaginèrent de porter le mouchoir dans un sac appelé, d’un mot grec, « balantine » ou, d’un mot latin, « réticule ». Se chaussant de cothurnes, de sandales attachées au-dessus de la cheville par des rubans entrecroisés ou des lanières garnies de perles, quelques-unes joignirent à l’adoption de ces costumes de nouvelles excentricités : la reine des merveilleuses, Thérésa Tallien ayant imaginé d’orner les doigts de ses pieds laissés à nu de bagues de prix, elles l’imitèrent et portèrent des cercles d’or aux jambes.

    Tantôt, sur une vaste perruque blonde, elles arboraient des chapeaux immenses ; tantôt elles portaient les cheveux courts et frisés, comme ceux des bustes romains. Les reines de la mode d’alors étaient, outre Thérésa Tallien, que l’on appelait alors « Notre-Dame de Thermidor », Fortunée Hamelin, qui poussa le plus loin l’audace dans la nouveauté, Juliette Récamier, dont David et le baron Gérard ont laissé le portrait. Germaine de Staël et Mme Raguet, que l’on comparait à Minerve et à Junon

    Voulant se faire remarquer davantage, plusieurs Merveilleuses imaginèrent de se montrer, dans les promenades et les jardins publics, couvertes seulement de toilettes de gazes transparentes, de robes si légères, si diaphanes, en quelque sorte plus indécente qu’une entière nudité, qu’on pouvait les nommer de l’air tissu. Le public s’en étant scandalisé, une réprobation générale s’éleva contre ces ultra-merveilleuses, qui furent contraintes de renoncer à ces innovations.

    Représentations

    On vit aussi, à cette époque, plusieurs parvenues du jour, dont Madame Angot, offrir le spectacle burlesque de se travestir en merveilleuses et porter les vêtements grecs avec une risible et ridicule gaucherie.

    Carle Vernet a donné, dans ses caricatures d’Élégants de 1795, d’Incroyables et de Merveilleuses du Directoire, de curieux spécimens du costume des classes oisives qui obtinrent un succès populaire.

    En l’an III parut le Journal des Incroyables « ou les hommes à pa’ole d’honneu’ », par Car. — Diatribe contre les Incroyables.

     

    Fichier:Lesincroyables.jpg

     

    sources : WIKIPEDIA

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  • LE LUTÉTIEN DU BASSIN DE PARIS (1)

    Le Lutétien est un étage géologique de l'ère tertiaire qui a été défini dans les terrains du Bassin de Paris.

    LES DEBUTS

    Le stratotype du Lutétien (de Lutetia, ancien nom romain de Paris), a été reconnu pour la première fois en 1883 par A. de Lapparent dans la première édition de son "Traité de Géologie". Ce n'était alors qu'un sous-étage du Parisien défini par A. d'Orbigny en 1852. Ce n'est qu'en 1893 que le Lutétien prend le rang d'étage à part entière.


    cliché Bibliothèque centrale MNHN
    PARISIEN
    Ligurien Calcaire lacustre de la Brie
    Glaises vertes et marnes à Cyrènes
    Marnes supragypseuses
    Gypse
    Bartonien Calcaire lacustre de Saint-Ouen
    Sables de Beauchamp
    Lutétien Calcaire grossier

    A. de Lapparent a défini une succession stratigraphique sans désigner une coupe-type, pour des raisons de qualité d'affleurement, la région étant notamment déjà très urbanisée et surtout parce que la succession montre une très grande variabilité d'un point à un autre, même à très faible distance ainsi que l'atteste le tableau ci-dessous (d'après de Lapparent, 1893).
    La puissance totale de la succession définie par A. de Lapparent avoisine les 40 m.

    De haut en bas :

    Divisions principales Divisions secondaires Epaisseurs
    Caillasses Caillasses sans coquilles, Tripoli de Nanterre
    Caillasses coquillières ou Rochette
    0,60 m à 6 m
    0,50 m à 2 m
    Calcaire grossier supérieur ou à Cérithes Roche (de Paris)
    Bancs francs, id
    Cliquart
    Banc vert
    Banc Saint-Nom
    0,25 m à 1 m
    1 m à 4 m
    0,60 m à 4 m
    1 m à 6 m
    0,50 m à 1 m
    Calcaire grossier moyen ou à Miliolites Banc royal
    Vergelés et Lambourdes
    0,30 m à 1 m
    1 m à 10 m
    Calcaire grossier inférieur Banc à verrains
    Banc Saint-leu
    Banc à Nummulites
    0,60 m à 6 m
    2 m à 10 m
    1 m à 12 m

    En 1925, René Abrard entreprit une synthèse stratigraphique et paléogéographique du Lutétien. Il a subdivisé cette succession en 5 zones à partir des échinides et surtout des foraminifères, les seuls bons fossiles stratigraphiques présents dans ces dépôts.

    Zone IVb à Cérithes et Potamides
    Zone IVa à Orbitolites complanatus
    Zone III à Echinolampas calvimontanum et Echinanthus issayavensis
    Zone II à Nummulites laevigatus seul
    Zone I à Nummulites (N. laevigatus et N. lamarcki)

    Ce travail a été poursuivi dans les années 60 par Alphonse Blondeau, spécialiste des Nummulites. Il a réalisé la première étude sédimentologique et micropaléontologique des formations lutétiennes (Blondeau, 1965).

    LA STRATIGRAPHIE DU LUTETIEN

    L'absence de coupe-type a conduit A. Blondeau à choisir, respectivement en 1962 et 1964, deux néostratotypes : sur la rive droite de l’Oise à Saint-Leu d’Esserent, pour la base du stratotype, et dans la carrière de Saint-Vaast-les-Mello, pour son sommet.





    Aujourd'hui, grâce à l'examen de nombreuses coupes dans Paris et les environs, grâce aux apports de la géophysique et des très nombreux sondages profonds, un log synthétique peut être établi pour décrire les formations du Lutétien du bassin de Paris (Gély, 1996).

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    SOURCES : http://www.mnhn.fr/mnhn/geo/collectionlutetien/lutetien3.html#log

      

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    http://www.mnhn.fr/mnhn/geo/collectionlutetien/index.html  

     Département Histoire de la Terre /Géologie
    Muséum National d'Histoire Naturelle
      

      

     

     

     

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  • Les carrières dans les calcaires lutétiens





    Une grande partie de nos connaissances sur le Lutétien est liée à l'exploitation très intense du Calcaire grossier pour les constructions de la région parisienne.

    On en trouve la marque dans les noms donnés aux différents bancs qui constituent cet étage géologique.

    Marnes et caillasses : pas exploitées.
    Banc de roche : jamais exploité en carrières souterraines où il était laissé en place pour former le ciel des carrières. Moellons et parfois pierres d'appareil.
    Haut banc : banc qui se trouve au sommet du front de taille. Moellons et pierres d'appareil.
    Bancs francs : moellons et pierres d'appareil.
    Banc à lucines : du nom de ce lamellibranche banal. Moellons et pierres d'appareil.
    Souchet : les carriers débutaient le délitage ou souchevage de la masse par ce niveau, jamais utilisé.
    Grignard : calcaire coquillier employé pour des moellons.
    Banc de laine : le banc de laine est tendre et sert pour les moellons. [Le cliquart correspond à un faciès induré du Banc de laine ; il tire son nom de l'ancien français "cliquer" pour claquer. C'est un niveau compact qui sonne clair au choc. Belle pierre d'appareil.]
    Liais : calcaire dur très recherché pour sculptures, colonnes, colonnettes, chapiteaux. de nature très solide, à grains très fins et "bien liés".
    Banc de marche : tire son nom de ce qu'il n'était pas exploité dans les carrières parisiennes et servait de plancher (de marche) aux galeries supérieures.
    Banc vert : jamais utilisé. Forme le sol ou "aire" de la carrière.
    Lambourdes et Vergelés : calcaire à milioles. Moellons et pierres d'appareil.
    Banc à verrins : les moules internes de Campanilopa (Cerithium) giganteum rappellent des vérins. Moellons et pierres d'appareil.
    Banc de Saint-Leu : de Saint Leu d'Esserent (Oise) = calcaire à Ditrupa. Moellons et grand appareil.
    Banc à mollusques : calcaire très coquillier. Moellons.
    Pierre à Liards : en raison de la ressemblance du foraminifère (Nummulites laevigatus) qui la constitue presque exclusivement avec la pièce de monnaie de l'Ancien Régime, le liard. Moellons et pierres d'appareil.
    Glauconie grossière :à cause de la grande quantité de grains verts de glauconie. Moellons et sables pour les mortiers.

    Il faut souligner que la terminologie a varié selon les lieux et selon les époques. C'est un élément à garder en mémoire lorsque l'on travaille sur des textes anciens et que l'on cherche à faire des comparaisons. Une nomenclature officielle n'a été établie que dans le courant du 19ème siècle.

    Par exemple, le terme "souchet" vient de souchever = trancher horizontalement un banc tendre, creuser par en dessous pour faire tomber le banc du dessus.
    Ce terme a désigné soit le banc à faire tomber par souchevage, soit le banc qui sert au souchevage.

    De même le terme "haut banc" a désigné soit le banc qui se trouve au sommet du front de taille, soit le banc qui a la plus grande épaisseur dans la coupe. Dans ce dernier cas, il correspondait au "banc à lucines".

    Les calcaires lutétiens furent exploités dès l'époque gallo-romaine (arènes de Lutèce) et jusqu'au début du 20ème siècle. L'exploitation a commencé le long des vallées de la Seine et de la Bièvre dans des carrières à ciel ouvert. Puis à la fin du 12ème-début du 13ème siècle, les besoins en pierre de construction augmentèrent et on commença alors à exploiter ces calcaires en galeries et carrières souterraines.

    Carrière sous le Val de Grâce à Paris.
    Photo M. Viré in Fröhlich et Schubnel, 2000

    Au 17 ème siècle, cette recherche de pierre de taille fut à l'origine des premières véritables explorations géologiques comprenant : inventaires, levers de plans détaillés des carrières existantes, coupes lithologiques, échantillonnages, puits de reconnaissances, etc.
    Tout un ensemble de carrières se trouve sous Paris et sa proche banlieue.

    Extrait du plan des carrières de Paris au 1/20 000.
    d'après Caron et al. 1986, fig. 24 modifiée.

    Le Calcaire grossier a été exploité principalement au sud de la Seine, là où il apparaissait à l'affleurement et dans les régions où il n'était pas noyé par la nappe phréatique.

    Cet ensemble est bien connu grâce aux plans et à la documentation de l'Inspection Générale des Carrières qui fut créée en 1777, en particulier pour consolider ces vides souterrains et résoudre les problèmes qu'ils peuvent engendrer.

    Actuellement des recherches continuent à être menées pour améliorer les connaissances géologiques et retracer l'histoire de l'exploitation de ces carrières. Ces recherches réunissent des géologues, des archéologues et des historiens.

    Pour en savoir plus

    Benoit, P., Blanc, A., Gély, J.P., Guini, A., Obert, D., et Viré, M. (2000) - La pierre de Paris : méthode d'étude de son extraction à sa mise en œuvre. Actes du colloque "La pierre dans la ville antique et médiévale", Argenton-sur-Creuse, 30 et 31 mars 1998, p. 121 à 158.

    Blanc, A., et Gély, J.P. (1997) - Le Lutétien supérieur des anciennes carrières de Paris et de sa banlieue : essai de corrélations lithostratigraphiques et application à l'Archéologie. In "Pierres et carrières", AGBP & AEDEH éditeurs, 1997, p. 175 à 181.

    Caron B. et al. (1986) - Pourquoi Paris? Une métropole dans son environnement naturel. Ed. Association des Géologues du Bassin de Paris, 32 pages.

    Gérards E. (1991) - Paris souterrain. DMI édition, Paris. Reproduction de l'édition de 1908.

    Fröhlich F. et Schubnel H.-J. (2000) - Le Lutétien. La Pierre de Paris. Pub. MNHN, Paris, 52 p.

    Guini-Skliar, A., Viré, M., Lorenz, J., Gély, J.P. et Blanc, A. (2000) - Paris souterrain. Les carrières souterraines. Nord Patrimoine éditeur, 200 p.

    Viré, M. (1996) - La carrière du « Chemin de Port-Mahon » à Paris. Etude d’exploitations médiévales par les textes et par l’archéologie. Colloque Carrières et constructions, 119e Congrès national des Sociétés Savantes, Amiens, CTHS, 1994, p. 265 à 277.

    Viré, M. (1997) - Le nom des bancs exploités dans le Calcaire grossier à Paris, Ethymologie et Géologie. In "Pierres et carrières", AGBP & AEDEH éditeurs, 1997, p. 183 à 186.

     

     

    SOURCES : http://www.mnhn.fr/mnhn/geo/collectionlutetien/carrieres.html

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    LES CARRIERES DE PARIS

     

    De l'époque romaine au Moyen-Âge, l'exploitation de carrières à ciel ouvert avait suffi pour fournir les matériaux nécessaires à la construction de la cité. Paris était alors de taille modeste et même s'il existait déjà des édifices assez importants, le besoin en pierres ne justifiait pas des exploitations plus importantes (Il y avait aussi le fait que les pierres des constructions romaines avaient également été réutilisées).

    Lors de l'essor démographique de l'occident médiéval, tout change vers les XIIe et XIIIe siècles. Philippe Auguste (1180-1223) développe alors considérablement la capitale. En parallèle à cette extension de la ville, de nombreux chantiers sont déjà en cours et nécessitent une quantité importante de matériaux, La cathédrale Notre-dame depuis 1163, le rempart et le château du Louvre depuis 1180. Cette forte demande décupla la production de roche à Paris. Il fallut par conséquent entailler d'avantage le coteau et les carriers ont préféré poursuivre l'exploitation de la roche en souterrain. Ainsi les terres cultivables étaient préservées en un temps où elles étaient très recherchées.

    Representation d'une carrière à ciel ouvert - Dessin extrait de l'ouvrage "les souterrains de Paris"
    Exploitation d'une carrière à ciel ouvert

    Les carriers ouvraient des bouches de cavage dans le front de taille des carrières à ciel ouvert. A partir de là, ils exploitaient des réseaux de galeries pratiquement parallèles et se recoupant. Ils isolaient ainsi des masses de pierre à l'intersection des galeries, appelés piliers tournés, qui supportaient le ciel de la carrière.

    L'abattage de la pierre avait lieu en trois étapes : le souchevage (Le bloc était sapé et coupé par en dessous avec un marteau appelé "esse" pour le séparer du banc inférieur) ensuite intervenait le déférmage (Le carrier creusait de chaque coté du bloc des tranchés verticales de même profondeur que le souchevage) finalement le carrier plaçait des coins en fer sur le dessus du banc à abattre et frappait ces coins avec une masse pour détacher le bloc. Une fois ce banc abattu, le carrier le façonnait aux dimensions demandés par le constructeur, c'est ce qu'on appelait la première taille. Il ne restait plus qu’à charger le bloc sur un chariot attelé et le conduire par la voie de roulage hors de la carrière, vers le cavage. Ces ateliers de carrière étaient assez hauts (4m sous le Val de Grâce) mais en arrière du front de taille les galeries étaient encombrées de déchets d'exploitation, par conséquent les galeries de circulation étaient rarement plus hautes que 2m.

    Exploitation par piliers tournés et entrée en cavage - Dessin extrait de l'ouvrage "les souterrains de Paris"
    Exploitation par piliers tournés et entrée en cavage
     

    Ces premières carrières souterraines restaient étroitement liées aux anciennes carrières à ciel ouvert et constituaient leur prolongement. Au milieu du XIIIe siècle est apparue la technique d'exploitation dite à rampe inclinée. Au lieu d'exploiter le calcaire la ou il affleure on creusait des tranchées inclinées descendant aux niveaux exploitables. Les Chartreux semblent avoir été les premiers à utiliser cette technique lorsqu'ils édifièrent leur monastère (qui se situait à l'emplacement actuel du jardin du Luxembourg). Cette technique de rampe inclinée nécessitait une surface au sol importante ainsi qu'un fort investissement humain et financier. Seuls le roi, les seigneurs et les communautés religieuses pouvaient se permettre de faire ouvrir de telles carrières pour la construction de divers bâtiments (Monastère des Chartreux, Hôtel Dieu...). Cette technique resta "à la mode" jusqu'au XIVe siècle.

    Exploitation par rampe inclinée - Dessin extrait de l'ouvrage "les souterrains de Paris"
    Exploitation par rampe inclinée

    Vers la fin du XIVe siècle une autre technique fit son apparition, dans un premier temps dans les endroits où la place manquait pour ouvrir une exploitation à accès en rampe inclinée. C'est la technique des puits d'extraction. De cette façon les carrières souterraines sous de petites propriétés foncières se développèrent dans les seigneuries. C'est également à cette époque où les exploitations progressaient vers le sud que quelques carriers entamèrent l'exploitation, sous le banc vert, du banc des lambourdes au niveau inférieur grâce à des puits traversant le niveau supérieur déjà exploité.

    L'exploitation des carrières par piliers tournés pressentait un inconvénient majeur, l'obligation de perdre une partie assez importante du calcaire dans les piliers de soutien (taillés dans la masse). La technique dite d'exploitation par hague et bourrage supprimait cet inconvénient. On extrayait toute la roche sans laisser de piliers et pour soutenir le ciel de la carrière, les carriers comblaient la cavité au fur et à mesure avec les bancs médiocres et les déchets de taille, ce sont les bourrages. Pour faire tenir ces remblais ils montaient en même temps des murets de pierre sèche nommés hagues. Pour bien caler le ciel ils montaient également des piliers de gros blocs empilés à bras d'homme, les piliers à bras. Il n'était plus nécessaire avec cette technique de garder de grandes hauteurs d'exploitation, les ateliers des carriers atteignirent 1m80 et bien souvent moins. Toutes ces carrières étaient accessibles à l'aide de puits équipés de treuils de carrière à grande roue. Cette technique d'exploitation fut utilisée du XIVe siècle jusqu'en 1860. Cette grande roue permettait à un homme seul de 80Kg de remonter un bloc de plusieures tonnes par le puits d'extraction (un moment important est obtenu avec une faible force exercée sur un levier suivant la relation : M=l.F) cependant l'homme actionnant la roue devait parcourir l'équivalent de 250m d'échelons pour faire remonter un bloc sur 18m. Ce travail était harassant.

    Technique du puits d'extraction - Dessin extrait de l'ouvrage "les souterrains de Paris"
    Technique du puits d'extraction

    Paris s'agrandissant, les anciennes carrières qui n'étaient plus exploitées, situées au centre du Paris actuel, ont été recouvertes par l'étendue urbaine. Leur existence a été oubliée de tous jusqu'au XVIIIe siècle où nombre d'affaissements de terrain dans Paris ont fait prendre conscience du danger que représentaient ces anciennes exploitations pour la stabilité du sol. En 1777 l'IDC (Inspection Des Carrières) est crée. Son rôle est de répertorier, sonder et consolider les vides laissés par les carrières.

    Ce que de nos jours on appelle catacombes de Paris sont en majorité des galeries d'inspection et de consolidation de l'IGC reliant les différentes carrières, ce réseau de galeries s'étend sur 300km environ, on peut le découper principalement de ce cette manière :

    - 100km sous le XIVe, XVe, VIe et Ve arrondissements de Paris

    - 25km sous le XIIIe arrondissement

    - 7km sous le XVIe arrondissement

    - 350m sous le XIIe arrondissement

    Sans compter les petits réseaux au nord de la seine dans les carrières de gypse (au sud le calcaire).

    Officiellement ces galeries ne sont pas accessibles pour le commun des mortels, seul l'ossuaire officiel est visitable mais il ne représente qu'une infime partie du réseau parisien (1.7 KM). Pour tous les autres il reste encore quelques entrées connues de quelques uns qui permettent d'accéder à la "totalité" du réseau. Cependant à notre époque ce grand réseau a tendance à très fortement diminuer. Les injections de l'IGC qui coupent l'accès à certaines galeries et parties du réseau se multiplient, Les puits d'accès sont soudés, les échelons sont sciés. Les constructions d'immeubles détruisent de grandes zones (ex : une partie du réseau s'étendait à l'endroit ou a été construite la tour Montparnasse, maintenant la zone est complètement injectée).

    Ce lieu mériterait d'être mis en valeur, préservé rien que pour sa valeur historique. Certaines galeries sont pluri centenaires, on peut y voir encore des épures tracées sur les murs par les carriers. Les galeries les plus anciennes sont des merveilles d'architecture. Sans oublier que ce lieu a été le théâtre d'événements historiques : La résistance l'utilisait pour éviter les patrouilles nazies pendant la guerre, ils y avaient même un Poste de Commandement sous la Place Denfert-Rochereau à partir duquel le colonel Rol-Tanguy et l'état major des FFI coordonna la libération de Paris en Août 1944. Les nazis et la Luftwaffe y avaient un bunker sous le Lycée Montaigne et la Faculté de Pharmacie, sans oublier les contrebandiers qui s'en servaient comme dépôts et comme chemin pour faire passer leurs cargaisons sous la barrière d'octroi. Pendant mai 68 certains manifestants s'en sont servis pour passer sous les bottes des CRS.

      

    LIENS SOURCES : SUPERBE BLOG de ZEDOU à VISITER :

    http://www.zedou-connection.org/histoire/index.php?subCAT=1

      plan ajouté google - photos

      

     

      

     

     

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