• Henri dit le douanier ! ( le DOUANIER ROUSSEAU )....peintre naïf

     
     

    Henri dit le douanier !

     

    Henri Rousseau, simple employé, ne vint à la peinture que sur le tard. Son emploi à l’octroi (organisme qui percevait les taxes des marchandises entrant dans Paris) lui confère le surnom de « Douanier ».

     

    Né à Laval en 1844, ses pérégrinations le conduisent à Paris où, en 1868, il se marie avec Clémence BOTARD, la fille de sa logeuse. Comblée par sa passion, son existence n'en restera pas moins marquée par le sceau du malheur, ponctuée par les drames familiaux (le décès de six de ses sept enfants) et d'incessants problèmes financiers.

     

     

    Il touche son premier pinceau en 1870, mais ce n’est qu’en 1886, lors de sa participation au Salon des Indépendants, que ce peintre autodidacte acquiert ses premières lettres de noblesse. Sans formation ni apprentissage, son monde se reflète en bidimensionnalité.

     

    Henri répartit la couleur de façon uniforme, chaque forme est vue séparément, en règle générale de face, et ses contours sont nets. Décrié par les uns, adulé par les autres, Henri Rousseau ne se départit jamais de sa sérénité. Guillaume Apollinaire, en 1914, nous dit «Peu d'artistes ont été plus moqués durant leur vie que le Douanier, et peu d'hommes opposèrent un front plus calme aux railleries, aux grossièretés dont on l'abreuvait.

     

    Ce vieillard courtois conservera toujours la même tranquillité d'humeur et, par un tour heureux de son caractère, il voulait voir dans les moqueries même l'intérêt que les plus malveillants à son égard étaient en quelque sorte obligés de témoigner à son œuvre. »

     

    Henri aime Paris, non le Paris D’Haussmann, mais le Paris dont il capte l’âme. Ses voyages se limitaient principalement aux campagnes à proximité de Paris, aux quais de la Seine, et au Jardin des Plantes. Pour réaliser les animaux, Henri Rousseau utilisait un album de "Bêtes Sauvages" des Galeries Lafayette. C’est là qu’il puise ses sources d’inspiration pour les nombreuses scènes de jungle qui jalonnent son œuvre.

     

    Rousseau attire l’attention de jeunes artistes en quête de rupture et on lui attribue une « enfantine naïveté », ce que Rousseau réfute catégoriquement. Rousseau se perçoit comme un médium. « On dit que Rousseau, en peignant ses tableaux, était si bouleversé par la puissance de ses propres visions que, saisi d’angoisse et oppresse, il lui fallait ouvrir la fenêtre pour reprendre haleine ».

     

    Rousseau disait à ses visiteurs médusés que sa femme défunte guidait souvent sa main. Guillaume Apollinaire relate une scène au cours de laquelle, Henri ROUSEAU se débat avec un « fantôme » qu’il poursuivait des nuits entières à coup de fusil, à la grande hilarité de ses collègues. Certains photographes prétendent d’ailleurs relever sur le film argentique la présence d’Esprits.

     

    Le tableau « Passé présent » témoigne de son approche spirite et plus précisément de la survie de l’Esprit. Il dit de cette toile : « c’est un tableau philosophique, c’est un peu spirite, n’est-ce pas ? » . Plus tard, des artistes sud-américains comme Frida Kahlo et son mari Diego Rivera, sensibles à son art reprendront le même thème.

     

     

     

     

    Célébré par Alfred Jarry et Apollinaire, Picasso, Robert et Sonia Delaunay, Kandinsky, le Douanier Rousseau apparaît comme une des figures de proue de l’art du XXe siècle. Pour peindre, il s’évertue à reproduire ce qu’il voit et tente de faire coïncider ce qu’il voit avec ce qu’il sait des faits. Fernand Girod, auteur de « Le médiumnisme et l’art » voit l’origine du talent d’Henri ROUSSEAU dans sa médiumnité.

     

    « Loin d’être anecdotique, ce tempérament médiumnique souligne que le Douanier n’est pas un peintre de l’œil, mais de l’esprit, recréant sur la toile un « réel » transfiguré par ses visions intérieures ».

     

    « Les scènes oniriques que nous propose le Douanier Rousseau rejoignent ce champ résiduel de « l’hallucination » où le peintre a désormais vocation à révéler la part magique du sentiment de réalité, alors que l’image n’est plus que le monde intensifié du souvenir »

     

    On parle de rêve éveillé, d'imagination créatrice, et même, selon la formule d'André Breton, de « réalisme magique ». En 1957, dans son ouvrage l’Art Magique, André BRETON écrit au sujet de l’œuvre de Rousseau « On ne commencera à dominer le problème qu’à la faveur d’idées entrées en vigueur de nos jours et tendant à douer l’inconscient d’une réalité nouvelle. »

     

    Henri Rousseau avait une approche toute spirite de son art. Sa médiumnité imprègnera ses toiles et il traduira ses perceptions dans ses œuvres où la réalité et le rêve gravitent dans le même univers.

     

    Dans ce tableau testament ( la dernière toile de Rousseau) le rêve est symbolisé par la femme nue transportée par son rêve sur le divan ( celui de l’atelier du peintre). On perçoit le rapport complexe qui se tisse entre la réalité et la vision du peintre.

     

    Les surréalistes parlent du magnétisme qui se dégage des toiles d’Henri.

    Breton dira : « Je ne suis pas loin de croire que dans cette grande toile toute la poésie et, avec elle, toutes les gestations mystérieuses de notre temps sont incluses : aucune autre ne me garde, dans la fraîcheur inépuisable de sa découverte, le sentiment du sacré. »

     

    Laissons à Guillaume Apollinaire le soin de lui rendre hommage par ces mots, gravés sur la pierre tombale du Douanier.

    Nous te saluons

    Gentil Rousseau tu nous entends

    Delaunay sa femme Monsieur Queval et moi

     

     

    Laisse passer nos bagages en franchise à la porte du ciel

    Nous t’apporterons des pinceaux, des couleurs et des toiles

    Afin que tes loisirs sacrés dans la lumière réelle

    Tu les consacres à peindre comme tu tiras mon portrait

    La face des étoiles

     

     

     

     

     

     

     

     

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