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    Les apaches

      

      

    On les avait appelés « Les chauffeurs ».

      

    Tout bêtement parce qu'ils chauffaient (ils brûlaient !) les pieds de leurs victimes pour leur faire avouer où elles cachaient leur pécule.

     

    Entres autres cruautés. C'était au début du XIXe siècle, et leur sinistre tradition s'est vite éteinte. Sauf dans cette région, où les frères Pollet, cent ans après, ont fait revivre ces drôles de manières. Ils ont fini sur l'échafaud...



    Ce n'était pas une terreur, Abel. Tout juste un contrebandier un peu plus fruste que la moyenne, qu'on connaissait surtout, à Hazebrouck, pour ses colères et ses mauvaises manières.

     

    Comme son frère, Auguste. Le même en plus timide.

     


    Drôle de famille, tout de même, les
    Pollet.

     

    Capables de s'endimancher pour la messe, puis de voler, à la sortie de l'église, de quoi faire ripaille pour le reste de la semaine à l'étal d'un commerçant ébahi, qui ne reste qu'avec des ruines...

     

    Alors, on est à peine surpris, le 28 juillet 1901, quand Abel est arrêté, avec un complice, pour avoir tenté de s'introduire chez des agriculteurs, à Vieux-Berquin, près d'Hazebrouck.

     


    Trois ans de prison. Une péripétie, pour d'autres, une catastrophe pour lui.

     


    À Loos, il rencontre les cadors de la pègre d'alors et s'encanaille. Se perd. Il n'est déjà plus un ange, à ce moment-là, mais pendant ce séjour, c'est comme s'il avait vu le diable.

      

    À sa sortie, il ne veut plus des butins dérisoires de ses « virées » d'avant, avec son frère, quand ils ramenaient trois jambons d'une ferme de Vermelles, des patates de Laventie, une bicyclette de Sailly-Labourse ou quelques montres de Lens.

     



    Carnage à Violaines, horreur à Bailleul


    Le 17 juillet 1905, c'est pour voler de l'argent que les deux frères s'introduisent chez M. Deron, un cultivateur de 77 ans, à Calonne-sur-la-Lys. Le vieux se réveille au mauvais moment : ils le rouent de coups de bâtons et le laissent pour mort. Il survivra.

      

    C'est le début d'une sanglante épopée, d'une fuite en avant qui sèmera la terreur dans tout le Nord - Pas-de-Calais, et même jusqu'en Belgique.Le 16 août, à Locon, près de Béthune, la vieille Mme Lenglemetz aura moins de chance que M. Deron. Son mari survit, mais elle meurt.

      

    Leur cabaret est mis à sac, dévalisé.


    C'est à ce moment qu'Abel rencontre Théophile Deroo, qui finira également sur l'échafaud, et avec lequel il écume les fermes isolées et les maisons où ils croient pouvoir trouver de l'argent.

     

      

    Chaque fois que quelqu'un vient les déranger, ou qu'ils ne trouvent pas ce qu'ils cherchent, ils cognent. Sauvagement.Les « bandits d'Hazebrouck » font peur, les agriculteurs vivent dans l'angoisse, la région tremble.

     


    Le 2 janvier 1906, une autre attaque sauvage, sans pitié, coûte la vie à Mme Louzie, 72 ans, à Crombèke, en Belgique.


    Le 20 du même mois, c'est un véritable carnage, à Violaines, où les époux Lecocq, 81 et 79 ans, et leur fille Euphrosine, 55 ans, sont retrouvés assassinés, baignant dans leur sang.

      

    Derrière eux, les bandits ont laissé une maison en ruine, une scène d'horreur qui raconte les souffrances endurées par les trois victimes.

      

      

    C'est parce qu'ils ont fait chou blanc à l'église et la mairie que les frères Pollet, Deroo et Vromant, une autre recrue d'importance, se sont introduits dans la grande maison des Lecocq. Ils en sont partis avec 8 000 francs en or, des bijoux et du liquide.


    Il y aura encore une autre attaque sanglante, à Bailleul, où un autre vieux fermier s'en tire par miracle, et puis, au mois de mai 1906, un beau-frère d'Abel Pollet le dénonce à la gendarmerie.

      

    On ne saura jamais pourquoi : l'homme mourra avant le procès.Un spectacle, ce procès, à la cour d'assises de Saint-Omer ! Dans le box, ils sont vingt-sept, pour la plupart des comparses occasionnels. D'ailleurs, cinq seront acquittés.

      

      

    Dix-huit seront condamnés à des peines de trois à sept ans de prison, tandis que les frères Pollet, ainsi que Deroo et Vromant sont condamnés à mort, au terme d'un procès de neuf jours (du 16 au 26 juin 1908) au cours duquel les accusés s'invectivent entre eux.


    Les frères Pollet insultent les témoins et leur vie s'étale dans toute sa cruauté, leurs instincts dans ce qu'ils ont de plus primaires.

      

    sources : http://apocalypse1966.skyrock.com/79.html

     

     

      Extrait du télégramme de l'Intérieur instituant la censure cinématographique, 11 janvier 2009

      

    La bande à Pollet

     

    Parmi toutes les grandes affaires criminelles de notre région, la "bande Pollet" est une de celles dont on a le plus parlé, bien au-delà des limites du Pas-de-Calais.

      

    En ce début de vingtième siècle, il règne en France un climat d’insécurité grandissant, largement mis en avant par la presse nationale qui pointe du doigt l’impuissance des forces policières (les apaches sévissent à Paris, les "chauffeurs de la Drôme" terrorisent les campagnes, etc.).

      

    L’impunité de nombreux crimes et la longévité de carrière des criminels démontrent l’incapacité de l’État à leur opposer des forces de sécurité en nombre et compétences suffisants.

     

    De 1904 à 1906, le nombre important des délits commis par les bandits du Nord menés par Abel Pollet alimente encore plus la plume des journalistes

    (on recense plus d’une centaine de vols).

      

    Acculé, l’État crée en 1907 les "brigades du Tigre" (en référence au surnom donné à Clémenceau) ou brigades régionales de police mobile.

     

    Les faits

    Plan manuscrit et annoté de la maison et des terres des époux Lenglemetz. (Agrandir l'image).

     

    Le point de départ de cette affaire médiatique est somme toute assez banal ; fin 1904, dans la région de Béthune, de menus larcins (pour la plupart alimentaires) se propagent dans des fermes isolées.

     

    Les vols sont commis de nuit, alors que les propriétaires dorment à l’étage. Peu à peu, l’audace et l’appétit des malfaiteurs prennent de l’ampleur.

     

    Dans la nuit du 17 au 18 juillet 1905, tout bascule.

      

    À Calonne-sur-la-Lys, Monsieur Deron, un cultivateur de 78 ans, surprend des cambrioleurs introduits chez lui. Ces derniers le rouent de coups et s’enfuient, le laissant pour mort. Le vieil homme survit miraculeusement.

     

    Désormais, les truands ne sont plus de simples voleurs, ils ont du sang sur les mains.

     

    Le 16 août, un mois plus tard, ils s’en prennent aux Lenglemetz, un couple âgé de cabaretiers de Locon. Le mari succombera à ses blessures. Le 2 janvier 1906, un autre couple âgé est agressé à son domicile, en Belgique cette fois.

     

    Il n’en faut pas davantage pour terroriser la région ; la nuit tombée, chacun se barricade chez soi, surtout dans les fermes isolées.

      

    La police piétine malgré l’abondance de scènes de crimes. Partout, elle se heurte à un silence farouche, monnaie courante dans les campagnes.

     

    Les embuscades continuent à se multiplier jusqu’au 20 janvier 1906 et au massacre d’une famille entière.

      

    Cette nuit-là, une ferme de Violaines relativement aisée est prise pour cible.

      

    C’est là que dorment Henri Lecocq, sa femme et leur fille Euphrosine, âgée de 55 ans. Tous les trois sont sauvagement assassinés et la maison fouillée de fond en comble. La violence dont a fait preuve la bande cette fois-ci pousse les autorités à redoubler d’efforts pour les arrêter.

    Les auteurs

    Texte dactylographié où on lit "Tribunal de Béthune, cabinet du Juge d'Instruction. Note. Très important. Assassinat de Violaines. Un assassinat, suivi de vol, a été commis à Violaines (Pas-de-Calais), dans la nuit du 19 au 20 janvier 1906, sur trois personnes : les époux Lecocq et leur fille. Les malfaiteurs ont emporté les objets et valeurs énumérés ci-après : 1. Une montre de dame en or, ancienne, avec chiffres romains de très grande dimension sur le cadran. Cette montre est à clef de grosseur n°9, elle est accompagnée d'une chaîne d'or très fine. 2. Une montre de dame en or, à clef, de grosseur n°11, elle est munie d'un cordon noir. 3. Une broche carrée formée d'une pierre violette, sertie en or. 4. Une broche en or, ronde, du diamètre d'une pièce de 2 francs. 5. Un camée ovale, représentant une tête de femme, tous en or côtelé. 6. Une médaille en vermeil avec bélière, portant sur une de ses faces l'inscription : Prix Augustin Grenier. 7. Un certain nombre de pièces d'or, d'un millésime antérieur à 1847. 7 bis. Une pièce de 100 francs et une autre de 40 francs (millésime inconnu). 8. Un certain nombre d'anciens écus de six livres en argent. 9. Un parapluie brun avec manche en buffle gris, monture très ancienne à baleines. 10. Un autre parapluie à manche jaune verni avec pomme en métal blanc. 11. Plusieurs billets de 1000 francs de la Banque de France. Prière de prévenir les Changeurs, Bijoutiers, Horlogers, Marchands d'Antiquités, etc., de faire faire toutes recherches utiles, d'interroger tous individus suspects et, en cas d'arrestation, d'aviser télégraphiquement le Juge d'Instruction soussigné. Béthune, le 30 Janvier 1906. Le Juge d'Instruction, L. Boudry. Avis importants : 1. Un des malfaiteurs semble avoir un pied droit difforme, long de 20 centimètres environ et large de 12 à la base des orteils (des renseignements complémentaires à cet égard seront, si possible, communiqués ultérieurement). 2. La famille des victimes s'engage à payer : une prime de 250 francs à toute personne qui aura fourni des indications ayant amené l'arrestation des malfaiteurs et une prime d'égale valeur à l'agent de la force publique qui mettra ceux-ci en état d'arrestation". (Agrandir l'image).

     

    La famille des victimes promet une récompense à qui fournira toute information menant à l’arrestation des auteurs du triple homicide, ce qui va avoir pour conséquence de délier les langues.

      

    Le 30 avril, un certain Auguste Platteel se présente à la gendarmerie ; il prétend savoir qui a commis le crime de Violaines. Il affirme qu’en visite chez sa sœur Julienne Platteel, épouse Pollet, il a entendu cette dernière raconter à son autre sœur les forfaits de son époux,

      

      

    Abel Pollet, un journalier de 32 ans marginal originaire d’Hazebrouck, bien connu des services de police pour vols et violences.

      

    Mais, toujours selon Auguste Platteel, l’homme n’a pas agi seul, il était cette nuit-là accompagné de son frère, Auguste Pollet, et d’un troisième homme, Canut Vromant.

     

    Du 3 au 4 mai 1906, la police procède à une dizaine d’arrestations, dont celles des frères Pollet. Ce que découvrent alors les policiers dépasse leurs espérances.

      

    Non content d’avouer le crime de Violaines, Abel Pollet revendique quatre assassinats et quelques 700 vols commis dans le nord de la France et en Belgique, exagérant sans doute le nombre de ses méfaits.

      

    L’homme s’enorgueillit d’être le "roi des voleurs" et d’avoir toujours volé ; mais c’est un séjour à la prison de Loos-lès-Lille de 1901 à 1904 et la fréquentation des gros bonnets de la criminalité qui le poussent à passer à la vitesse supérieure une fois sorti.

      

    C’est là qu’il s’adjoint les services de son frère Auguste, plus âgé que lui, mais faible et influençable.

      

    Les deux hommes se font engager dans des fermes pour effectuer des repérages. Au gré de leurs déambulations dans la région, ils recrutent des hommes de main occasionnels ou réguliers pour les seconder dans leurs casses.

      

    Lors de leur procès, vingt-cinq autres complices se tiendront à leurs côtés sur le banc des accusés.

     

    Le procès

    Sur ces vingt-sept prévenus, cinq sont acquittés et dix-huit condamnés à des peines allant de trois à sept ans de prison.

    Après quinze mois d’instruction, la "bande Pollet", comme les surnomme la presse locale et nationale, est jugée pour quatre assassinats, sept tentatives d’assassinat et 114 tentatives de vols ou vols effectifs, accompagnés de menaces et de violences.

      

     Le procès s’ouvre le 16 juin 1908 et dure onze jours.

      

    Sans surprise, les frères Pollet et leurs deux principaux complices, Canut Vromant et Théophile Deroo (un ancien compagnon de cellule), sont condamnés à la peine de mort.

     

     

    Montage de quatre photographies noir et blanc des bustes d'Abel et Auguste Pollet, Canut Vromant et Théophile Deroo. (Agrandir l'image).

     

    Ils sont guillotinés le 11 janvier 1909 devant la prison de Béthune.

      

    Près de 10 000 personnes sont venues assister au dénouement de cette affaire qui a fait grand bruit, puisqu’elle intervient en plein débat sur l’abolition de la peine de mort.

     

    En 2010, lors d’une vente aux enchères, le musée la Piscine de Roubaix s’est porté acquéreur d’un moulage mortuaire de la tête d’Abel Pollet.

      

    Ses origines restent mystérieuses car si les moulages mortuaires sont fréquents au XIXe siècle, ils sont remplacés au XXe siècle par la photographie.

      

    Des tirages ou dessins des quatre têtes guillotinées s’étalaient d’ailleurs sur la une de tous les journaux le lendemain de l’exécution.

      

    Les critères de la censure ont bien changé !

     

     

     

     

     

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    Les apaches

    Tout commence le 19 mars 1867...

    CE JOUR LÀ, sur les bords de la Seine du côté d'Argenteuil, des ouvriers aperçoivent le tronc d'un cadavre humain dont d'ailleurs l'on ne retrouvera jamais la tête ni les membres. Le médecin qui se charge de l'autopsie ne relève aucun signe permettant d'identifier la victime. En revanche, il est formel sur un point : celui qui a dépecé le cadavre est un expert. Traduisons : un boucher de qualité. Le docteur Maurice a beau n'être qu'un brave médecin de campagne, il a de la suite dans les idées. Peut-être est-il féru de romans noirs ? Toujours est-il qu'il fait à nouveau immerger le cadavre histoire de déterminer sa... vitesse de croisière (sic) : ce sera 3 kilomètres à l'heure. Il transmet par ailleurs ses conclusions à la police impériale : le tronc appartient à un individu de sexe masculin âgé de vingt-cinq ans ; il a été immergé à une quinzaine de kilomètres en aval ; la mort remonte à trois jours et est vraisemblablement dûe à une strangulation accomplie quatre ou cinq heures après le dernier repas. Nantie de ces précieux renseignements, la police lance ses plus fins limiers sur la piste de l'assassin-boucher (?) et... ne trouve rien.

      

     Or voilà que pas plus tard que le 28 juin suivant, toujours dans la Seine mais du côté de Saint-Ouen cette fois-ci, on retire un nouveau tronc, mutilé de la même manière. Avec une différence de taille : quelques jours plus tard, l'on récupère les bras et les jambes puis la tête du cadavre. Sommité de ce temps, le doyen de la Faculté de médecine, l'éminent professeur Ambroise Tardieu, est chargé de procéder à cette autopsie... fractionnée. Ses conclusions rejoignent pour une large part celles du bon docteur Maurice : mort causée par strangulation plus coups violents portés à la tête avec un objet contondant vraisemblablement pendant le sommeil de la victime ; dépeçage dans les règles de l'art.

    Il n'était plus jeune mais semblait solidement musclé

    Il va de soi que disposer d'un cadavre entier ­ exposé qui plus est à la morgue ­ permet de meilleurs résultats en termes d'identification. Bref, quelques jours après la découverte, l'on sait qu'il s'agit ­ ou plutôt qu'il s'agissait ­ d'un vigoureux vieillard de soixante-quinze ans du nom de Duguet, cultivateur à Longperrier en Seine-et-Marne.

      

     Son emploi du temps est facilement reconstitué : le 26 juin au matin, le père Duguet s'est rendu au marché de La Chapelle avec une charrette chargée de fourrage, tirée par un cheval blanc. Un inconnu « aux allures suspectes » l'aurait abordé ; ils auraient assez longuement négocié et ­ après le marché ­ seraient repartis ensemble en direction de Levallois-Perret. Mais à Longperrier, on n'a plus revu le père Duguet...

      

     A Levallois, les deux hommes n'étaient pas passés inaperçus. Ils avaient remisé la carriole puis s'en étaient allés manger la soupe au restaurant Mathon puis boire du vin au débit Béguinot. Après, on les avait vus se promener sur les bords de la Seine, Duguet ­ en bon cultivateur ­ cueillant des épis pour les examiner, les soupeser, les égrener entre ses doigts. Ensuite ? Ensuite, on ne savait plus rien. Restait à retrouver le cheval blanc et la voiture.

      

    On les retrouva : la bête avait été vendue quatre cents frans à un dénommé Juquin ; la voiture, quarante francs à un serrurier-charron. Dans les deux cas, le soi-disant propriétaire avait affirmé s'appeler Jean Charles, marchand de fourrages de son état, habitant route d'Asnières au 39 cité des Chasseurs. Sans trop y croire, par pure conscience professionnelle, les enquêteurs se rendent à cette adresse et découvrent ­ les témoins sont formels ­ l'ex-partenaire en affaire du père Duguet. Description du quidam : « Il n'était plus jeune mais il semblait solidement musclé. La lèvre rase, le nez pointu, le visage glabre, le front dénudé, quelques touffes de cheveux gris aux tempes, il n'eût pas manqué d'une certaine distinction, sans son oeil clignotant et faux, profondément enfoncé dans l'orbite sous d'épais sourcils noirs ».

      

    Il ne s'appelait évidemment pas Jean Charles mais Jean-Charles-Alphonse Avinain dit Davinain et était né le 14 octobre 1798 à Torcy en Seine-et-Marne. Métier : boucher, bien sûr. Il disposait d'un casier judiciaire confortable : pas moins de six condamnations. A son actif, tout de même, un comportement courageux en deux occasions : lors de l'invasion de la France par les troupes alliées, il s'était battu courageusement contre les Cosaques à l'âge de quinze ans de même que pendant la campagne d'Espagne en 1823.

      

    Un bon guerrier, un bon boucher qui s'était reconverti dans les larcins les plus divers sans pour autant devenir un assassin. Et qui était revenu en bonne santé de la sinistre île du Diable qu'allait connaître quelques décennies plus tard le capitaine Dreyfus. De retour du bagne, début 67, il avait échoué à Batignolles au foyer modeste où vivaient sa femme et sa fille. Celles-ci l'avaient accueilli, habillé, entretenu.

      

     Lui ne faisait rien de la journée. Excédées, elles lui suggèrent alors d'utiliser son intelligence et sa force à de meilleures fins. Il annonce qu'il va se lancer dans le commerce des fourrages. Sa fille : « Avec quel argent?». Lui : « A la Guyane, j'ai vendu pendant deux ans le vin que je gagnais et de plus, j'ai trouvé un magot de 1700 francs, caché près de la case d'un "politique" qui est mort à l'île du Diable. L'argent était en espèces sonnantes mais une vivandière me l'a changé pour des billets de banque ». Cet argent n'existait pas. Ce qui existait en revanche, c'est l'ingéniosité du gaillard.

      

    Sous de faux états-civils ­ associations de ses prénoms ­ il avait loué des locaux aux bords de la Seine : à Levallois-Perret puis à Courbevoie. L'homme avait trouvé une astuce qui lui permettait de louer pour quelques jours sans bourse délier grâce à des conventions de bail provisoire. Les perquisitions commencent. A Levallois-Perret, l'on retrouve des traces de sang et du fourrage appartenant au père Duguet sans aucun doute. Malgré les charges accablantes, Avinain nie, invente une fable : le cultivateur serait mort quasi « accidentellement ». Rapidement, le juge d'instruction Henriquez le confond. En réalité, Avinain ­ après une journée que l'on suppose fort arrosée ­ avait convaincu le père Duguet d'accepter son hospitalité pour la nuit.

      

     Et c'est pendant son sommeil qu'il l'avait assassiné : dix-sept coups de marteau ! Reste à élucider le mystère du cadavre du 19 mars. Or, Avinain a été reconnu par plusieurs témoins qui l'ont vu acheter le 16 mars, au marché de la Chapelle toujours, un chargement de cent bottes de foin et trois cents bottes de paille à un jeune marchand de grain de Croissy-Beaubourg (Seine-et-Marne). Celui-ci s'appelait Isidore Vincent et c'est dans la maison louée à Courbevoie qu'il avait été occis puis dépecé dans les mêmes conditions que le père Duguet. Là-aussi, Avinain tenta d'inventer un scénario-bis qui ne résista pas plus que l'autre aux investigations du juge d'instruction.

    Dix-sept coups de couteau !

    Le 23 octobre 1867 ­ on ne traînait pas en ce temps-là ­ Avinain comparait devant les Assises de la Seine ; vêtu d'une redingote noire et d'un plastron de chemise blanc, il ressemble plus à un fronctionnaire distingué qu'à un vulgaire malfrat. D'ailleurs, il semble assez détendu : ayant fait ­ si l'on ose dire ­ son droit à Cayenne, il est convaincu qu'un simple meurtre, voire deux mais sans préméditation, ne lui vaudront que les travaux forcés à perpétuité.

      

    Il n'y a guère de monde dans la salle d'audience : certes l'affaire avait fait grand bruit mais ce jour-là, l'empeureur d'Autriche François-Joseph ­ l'époux de Sissi ­ est à Paris et Napoléon III lui offre une magnifique revue militaire au bois de Boulogne. En tous les cas, Avinain, très à son aise, a réponse à tout y compris aux questions que ne lui pose pas le conseiller Berriat-Saint-Prix qui préside les Assises. Ainsi, il se plaint de son séjour (forcé) à Cayenne : « Là-bas, on vous traite pire que des animaux. Un transporté regarde-t-il un surveillant, il est aussitôt abattu d'un coup de pistolet. La vie humaine compte peu.

      

     Plus ces gens-là tuent de prisonniers, plus ils sont contents ». Sa détention à la maison centrale de Melun lui avait laissé de meilleurs souvenirs : il avait aidé aux autopsies et ainsi appris véritablement la dissection. Le président : « C'est comme cela que vous avez appris à démembrer... ». Avinain, souriant : « Désarticuler est le terme propre ». Pour le reste, il s'évertuait à longueur de débat ­ aidé par son avocat Me Massoni ­ à démontrer qu'en aucun cas il y avait eu préméditation, ni pour Vincent, ni pour Duguet.

      

    Or, à l'audience du 26 octobre, l'avocat général n'entendit parler que de cela et s'adressa en ces termes aux jurés : « S'il y avait dans cette salle, un de ces philosophes humanitaires qui doutent de l'efficacité de la peine de mort, je lui demanderais de regarder l'homme qui se débat sur ce banc, cet homme qui attache toute son espérance à un châtiment perpétuel et s'épuise en vains efforts pour obtenir une peine qui lui laisse la vie. Que cet épouvantable scélérat soit traité sans pitié. Je déclare hautement que j'entends réclamer ma part de responsabilité dans le verdict inflexible que vous allez rendre ». Plaidoirie sans surprise de l'avocat Me Massoni.

      

    Et... coup de théâtre ! Le président des Assises, le conseiller Berriat-Saint-Prix fait l'inattendue déclaration suivante : « Messieurs les jurés... je ne peux pas vous laisser croire que, même si vous écartiez la préméditation, Avinain n'encourrait pas la mort. Sachez en effet qu'aux termes de l'article 304 du Code pénal, le meurtre emporte le châtiment suprême, lorsqu'il a eu pour objet (...) de préparer, faciliter ou excécuter un simple délit, par exemple celui de vol ». C'est la fin des espérances d'Avinain.

      

    Celui-ci tente pourtant de retarder l'échéance fatale ou d'obtenir que la peine de mort soit commuée en détention perpétuelle. Mais le procureur et le président des Assises attirent l'attention du garde des sceaux sur « la perversité incurable du condamné et l'atrocité de ses crimes ». Me Massoni a beau écrire le 23 novembre à Napoléon III. Avinain lui-même a beau adresser une supplique à l'empereur. Rien n'y fera : la date de l'exécution est fixée au 27 novembre.

      

    L'exécuteur en chef est Jean-François Heidenreich, « un colosse, célibataire et qui a la tournure d'un officier avec les cheveux coupés en brosse, les favoris courts (...) sanglé dans une redingote ». L'exécution a lieu au rond-point de la Roquette, entre le dépôt des condamnés et la prison des femmes.

    Le monde m'a traité trop mal pour que je le regrette
    Heidenreich et ses collègues de province procéderont à 367 exécutions pendant le Second Empire qui n'aura duré que vingt ans ! C'est lui qui exécutera aussi trois ans plus tard le fameux Troppmann. La foule qui s'en vient assister à l'exécution d'Avinain ne verra pas grand chose : trop de brouillard. Le montage de la guillotine se fait à la lueur d'une batterie de torches. Pendant ce temps, M. Claude, le chef de la Sûreté, est venu réveiller le boucher assassin.

      

     L'autre commence par s'en prendre à sa femme et à sa fille. On lui passe ses vêtements ; il vide d'un trait le verre de vin que lui tend l'aumônier de la prison, se confesse, remercie M. Claude pour ses « égards»; lance : « Le monde m'a traité trop mal pour que je regrette de le quitter. Je suis un homme et mourrai en homme ». Cela ne l'empêche pas de se colleter avec Heidenreich quelques instants plus tard mais l'autre a vite fait de le maîtriser. Avinain va soigner sa sortie. Aux soldats qui font la haie, il crie : « Adieu, enfants de la patrie!».

      

     Et sur la plateforme de la guillotine, face à une foule qu'il ne voit pas, il lance ce mot... immortel : « Messieurs, n'avouez jamais ! N'avouez jamais!». Depuis, il a fait quelques émules.

      

    sources : http://apocalypse1966.skyrock.com/79.html

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    Les apaches

     

     

    Amélie Hélie dit Casque d'Or Née dans le XX è arrondissement de Paris en 1878. Amélie Hélie est une pauvre fille du peuple.


    A l'école, elle n'apprends pas grand chose et,Les apaches

    dès qu'elle est en âge, elle se lance dans la

    profession dans laquelle elle se sait destinée:

    la rue, le trottoir.... Elle est moins jolie que

    d'autre mais la flamboyance de sa chevelure

    blond-roux attire tous les regards.

    L'année de ses vingt ans, en 1898, lors de

    ces fameux bals musettes de l'époque,

    Amélie danse sur une nouvelle musique très

    à la mode: la java. Soudain, elle aperçoit un jeune homme, pas spécialement grand ni beau

    mais c'est tout de suite le coup de foudre. Il a vingt-deux ans et s'appelle Marius Pleigneur. Ce n'était pas un de ces mauvais garçons que l'on rencontre si souvent dans ce genre de bal maisun honnête ouvrier polisseur qui lui aussi aura le coup de foudre pour Amélie.

      

      

    A tel point que pour la garder, pour satisfaire ses caprices, il a abandonné sa vie d'honnête citoyen. Il est d'abord devenu son protecteur, ensuite a pris d'autre filles sous sa protection, pour devenir enfin le chef de la redoutable bande des Orteaux. Désormais il n'y a plus de Marius Pleigneur et d'Amélie Hélie. Lui se fait appeler Manda ou tout simplement « l'Homme » avec un grand H; elle c'est Casque d'Or..... En ce début de siècle, les bandes de jeunes voyous sont en recrudescence.

      

      

    Le public d'ailleurs n'a pas tardé à leur trouver un nom exotique venu de la lointaine Amérique: « les Apaches ». Pendant quatre ans les hommes de la bande à Manda, comme Polly dit « le dénicheur », Frédo le balafré, le jockey, Titine mes bottes, le Rouget tiennent le haut du pavé de Montmartre à la Bastille. Mais un soir ce fut un nouveau coup du destin ...

     

     

     

    Manda et Casque d'Or dînaient dans un bistrot en compagnie de Dominique Leca, chef de la bande rivale de Popincourt, et de sa maîtresse Germaine la Panthère. Casque d'Or ressentait un penchant pour Leca, le beau corse, mais Germaine comprit l'état d'esprit de la femme du chef de la bande rivale et lui fit une scène épouvantable. Leca furieux la renvoya à son trottoir et s'est excusé platement auprès de Manda. C'est alors que Manda a eu une fâcheuse initiative.

     

     

    Les apaches

      

       Manda.
    2 bandes, les Apaches de Belleville [dont Joseph Pleigneur (dit « Manda » ou l'« Homme »), 26 ans] et la bande de Popincourt (dont François Leca, dit le « Corse »), s'affrontent, Leca ayant pris la maîtresse de Manda, Amélie Hélie, dite « Casque d'Or » (22 ans), prostituée († 1933, après avoir été lutteuse à la foire du Trône, dompteuse et bonnetière). Condamnés au bagne en 1902. En janv. 1903 : Manda, Leca, Erbs partent pour la Guyane. Manda, libéré en 1922, mourra en Guyane. Leca s'évadera et sera assassiné dans la forêt.

    Et pourquoi?

    – Parce qu'ils sont amants, pardi! Et ce n'est pas d'hier. »

    Dominique Leca l'a crue et le soir même il l'enlevait......

    Manda, bien évidement, rentra dans une colère noir d'être ainsi bafoué, lui, l'Homme avec un grand H, la terreur du quartier. Une semaine plus tard, Casque d'Or a vu arriver le Dénicheur pour une tentative de conciliation mais elle l'envoya promener. Alors des deux côtés, chacun 2 s'est préparé à la guerre et elle a eu lieu rue des Haies au petit matin du 7 janvier.

      

      

    C'est là que Leca a été ramassé par la police avec deux balles dans le corps. Mais Leca ne dit rien aux policiers des événements de la matinée. Casque d'Or ne pense rien de particulier de ce drame dont elle est directement responsable. Après tout il y en aura d'autres. Que peut-elle y faire

    ?

     

    Elle ne sait pas lutter contre son instinct, c'est une chose qui la dépasse, qui ressemble à la fatalité... A la sortie de l'hôpital Tenon, Casque d'Or descend d'un fiacre; elle vient chercher Leca qu'elle trouve devant la porte soutenu par deux de ses lieutenants. Elle va vers lui, l'aide à se hisser sur le marchepied du fiacre et s'installe à ses côtés. C'est alors qu'un cri retenti dans la rue:

      

      

    « Les Orteaux!... ». Casque d'Or vit par la fenêtre le Dénicheur et Rouget qui courent, un couteau à la main, puis une forme incroyablement agile qui les dépasse en quelques bonds.

     

     

    C'est lui, c'est l'Homme, c'est Manda....Casquette sur la tête, foulard rouge autour du cou, Manda se trouve à la fenêtre du fiacre, du côté de Leca. Manda lève son bras droit et frappe deux fois.

      

      

    Le corse touché au bras et à la poitrine s'effondre en gémissant. Immédiatement des coups de feu retentissent, les membres de la bande de Popincourt surpris par la rapidité de l'attaque réagissent enfin pour dégager leur chef. Mais Manda et ses deux lieutenants ont déjà disparu …

     

     

    C'est dans un état lamentable que Leca est reconduit dans sa chambre d'hôpital Tenon qu'il avait quitté quelques minutes plus tôt. Vu la gravité des blessures les médecins refusent de se prononcer et toute la bande, Casque d'Or comprit, doit quitter la chambre; le blessé a besoin du repos le plus absolu.

      

      

    Pourtant une personne entre dans la chambre, il s'agit du commissaire Deslandes qui est accouru et qui attend pour l'interroger. Cette fois la fièvre dont est parcouru Leca sera plus forte que le silence de la loi du milieu car il se met à articuler des mots sans suite:

      

    « C'est l'homme..... c'est l'homme... ». Tout d'abord le commissaire croit que le corse délire mais il se souvient rapidement que « l'Homme » est le surnom d'un autre chef Apache.

      

    « l'Homme c'est Manda?

    Manda.... Oui, Manda.....Casque d'Or... »

     

     

    Cette fois la police tient son inculpation, Dominique Leca a donné le nom de son agresseur. Marius Pleigneur est arrêté peu de temps après et le public de la belle-époque va découvrir avec surprise et ravissement cette histoire digne de la chevalerie opposant deux mauvais garçons de la rue se disputant une fille.

     

    Le 31 mai 1902 devant la cour d 'assise de la seine s'ouvre le procès de Marius Pleigneur , dit Manda chef de la bande des Orteaux, accusé d'avoir frappé de deux coups de couteau Dominique Leca, dit le corse, tout cela pour les beaux yeux d'Amélie Hélie, dit Casque d'Or.


    Dominique Leca bien que victime dans cette affaire a été arrêté à son tour et va bientôt passer en jugement. Après l'inculpation de Manda il s'est vite remis de ses blessures et il a été pris par

    la police au cours d'une expédition punitive ontre les lieutenants de son rival.... Mais pour l'instant c'est de Manda qu'il s'agit et la foule se presse au palais de justice car, en quelques semaines, Casque d'Or est devenue la coqueluche du Tout-Paris.

      

      

    Les gens de la bonne société sont fascinés par l'égérie des mauvais garçons, la reine des apaches. Le mois précédent, elle a même été engagée dans une revue musicale intitulée « Casque d'Or et les Apaches », mais la bande de Manda et celle de Leca ayant sorti les couteaux lors de la première, le préfet de police Lépine a interdit les autres représentations.


    Lors de l'audience, Casque d'Or niera tout: « Manda frapper Leca? Je ne sais pas monsieur le président. Je n'ai rien vu. Je ne sais pas qui a pu faire cela.

     

    Mais enfin, insista le président, Manda et Leca se sont battus pour vous. Tout Paris le sait!vous ne pouvez pas dire le contraire!

     

    Tout cela, c'est des inventions de journalistes! Les Apaches, ça n'existe pas. ON est tous des copains... »

     

    (Des apaches parisiens)

        

    Malgré la déposition de celle qu'il n'a jamais cessé d'aimé, Marius Pleigneur, dit Manda, est condamné à la peine la plus lourde pour de tels faits: le bagne à perpétuité. Avant que les agents ne l'entraînent, il lance au procureur: « Nous nous sommes battus, le corse et moi, parce que nous avions la même femme dans la peau. Vous ne savez donc pas ce que c'est qued'aimer une fille? ».

      

      

    Le 21 octobre de la même année s'ouvre le procès de son rival, Dominique Leca. Cette fois Casque d'Or n'est même pas dans la salle, le président sachant par avance ce qu'elle allait dire n'a pas jugé bon de la faire citer et lui a même interdit la salle d'audiences. D'ailleurs dans le public le coeur n'y est plus, les Apaches sont passé de mode et c'est presque dans l'indifférence que le tribunal prononce sa sentence: Leca est condamné  à huit ans de bagne...

     

     

      

      

      

    Manda et Leca se retrouveront peu après à Saint-Martin-de-Ré, le port d'embarquement pour Cayenne. Au bagne, Leca fera ses huit ans et après sa libération, préférera rester en Guyanne,où il sera tué peu après dans une rixe entre chercheurs d'or. Manda, quant à lui, subit une véritable métamorphose: ayant définitivement perdu celle qu'il aimait et pour qui il étaitdevenu un mauvais garçon, il est redevenu l'honnête homme qu'il aurait été sans cela.

     

    Prisonnier exemplaire, se dépensant sans relâche pour soigner ses compagnons, il est devenu infirmier-chef du pénitencier. Libéré pour bonne conduite, il n'a pas quitté Cayenne et il estmort en 1936, usé par les fièvres et le climat.... Casque d'Or, quant à elle, a tenu encore quelques temps le devant de la scène.

      

      

      

    Elle a eu de riches amants, chanté dans des cabarets, elle a publié ses mémoires et puis les mondains se sont lassés d'elle. Faute de mieux, elle a accepté la place de dompteuse dans un cirque. Mais à la fin d'une représentation un hommel'attendait, la casquette sur les yeux, un foulard de couleurs vives autour du cou.

      

      

    C'était le Rouget, un des lieutenants de Manda qui, pour venger son chef, lui a plongé un couteau dans le corps. Mais même si elle a été grièvement blessée, Casque d'Or n'est pas morte mais quand elle est sortie de l'hôpital, tout le monde l'avait oubliée. Elle n'était même plus bonne à s'exhiber dans un cirque. Casque d'Or, Leca, Manda, Germaine la Panthère, le Dénicheur étaient définitivement passés de mode...

    Casque d'Or, redevenue Amélie Hélie, épousa le 27 janvier 1917à la mairie du XXè arrondisement. M.Nardin un honnête ouvrier parisien, pour une fin de vie rangée et tranquille à vendre des étoffes et de la bonneterie sur les marchés de banlieue à Montreuil, aux Lilas.

     

    Amélie Hélie s'est éteinte en 1933 à l'âge de cinquante-cinq ans.

     

    26 juin 2008 - CASQUE D'OR

     

    http://chezjirluin.canalblog.com/archives/2008/06/26/9717329.html

     

     

     

     

     

     

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    Apaches (Paris)

    Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

     

     

      Apache (homonymie).

     

    Les Apaches (Bandes des Apaches ou Gang des Apaches) sont un gang du Paris de la Belle Époque composé de jeunes membres, qui ne dépassent souvent pas vingt ans. En 1902, deux journalistes parisiens, Arthur Dupin et Victor Morris, nomment ainsi les petits truands et voyous de la rue de Lappe et marlous de Belleville, qui se différencient de la pègre et des malfrats par leur volonté de s'afficher. Certains Apaches s'étaient fait tatouer un « œil de biche », une petite touche à l'encoignure des yeux.

      

    Description

    Les Apaches se déplacent en bandes, avec des accoutrements spécifiques qui leur permettent de se distinguer. L'élément le plus important de leur habillement réside dans les chaussures. Quelles qu'elles soient, elles se doivent de briller, surtout aux yeux de leur bande ou de leur dulcinée. Un apache n'hésitera d'ailleurs devant rien pour s'approprier la paire de bottines jaunes plus importante que son veston semi-ouvert sur une chemise fripée, le pantalon patte d'éph ou la casquette vissée au-dessus d'une nuque rasée. Originaires des quartiers hauts de l'est parisien, comme Ménilmuche ou Belleville, ils investissent à la nuit tombée la Bastoche ou la Mouff'. Pour subvenir à leurs besoins, ils pratiquent, selon leur âge et leur expérience, le bonneteau (arnaque de rue), le proxénétisme ou encore l'escroquerie. Certains sont d'ailleurs particulièrement violents, n'hésitant pas à commettre des homicides.

    La présence et le rôle actif des femmes dans les méfaits attribués aux Apaches ainsi que le libéralisme des attitudes qu'elles adoptent et affichent volontairement tranchent avec les mentalités de l'époque. Un exemple particulièrement relaté dans la presse du rôle des femmes dans cet univers fut celui de Amélie Élie, immortalisée ensuite par Simone Signoret dans le film Casque d'or de Jacques Becker, et qui fut au centre d'une lutte entre deux souteneurs, Leca et Manda, en 1902.

    Extrait du Petit Journal du 20 octobre 1907

    « L'apache est la plaie de Paris.
    Plus de 30 000 rôdeurs contre 8 000 sergents de ville. »
    Le Petit Journal. 20 octobre 1907.

    L'APACHE EST LA PLAIE DE PARIS

    Plus de 30 000 rôdeurs contre 8 000 sergents de ville : L'apache est la plaie de Paris. Nous démontrons plus loin, dans notre « Variété », que, depuis quelques années, les crimes de sang ont augmenté dans d'invraisemblables proportions. On évalue aujourd'hui à au moins 30 000 le nombre de rôdeurs — presque tous des jeunes gens de quinze à vingt ans — qui terrorisent la capitale. Et, en face de cette armée encouragée au mal par la faiblesse des lois répressives et l'indulgence inouïe des tribunaux, que voyons-nous ?... 8 000 agents pour Paris, 800 pour la banlieue et un millier à peine d'inspecteurs en bourgeois pour les services dits de sûreté. Ces effectifs qui, depuis quinze ans n'ont guère été modifiés, sont absolument insuffisants pour une population dont l'ensemble — Paris et banlieue — atteint, le chiffre énorme de 4 millions d'habitants. C'est ce que nous avons voulu démontrer dans la composition si artistique et si vivement suggestive qui fait le sujet de notre première gravure.

    Origine :

    Le Petit Journal illustré du 23 janvier 1910, indique les origines du terme : « J'ai vu souvent des gens s'étonner de cette dénomination appliquée aux jeunes rôdeurs parisiens, dénomination dont ceux-ci ce glorifient d'ailleurs, et il m'a paru curieux d'en rechercher l'origine. Je vous la donne telle qu'elle me fut contée. C'est au commissariat de Belleville que, pour la première fois, ce terme fut appliqué à nos jeunes malandrins des faubourgs. Ce soir-là, le secrétaire du commissariat interrogeait une bande de jeunes voyous qui, depuis quelque temps, ensanglantait Belleville par ses rixes et ses déprédations et semait la terreur dans tout le quartier. La police, enfin, dans un magistral coup de filet, avait réussi à prendre toute la bande d'un seul coup, et les malandrins, au nombre d'une douzaine, avaient été amenés au commissariat où le « panier à salade » allait bientôt venir les prendre pour les mener au Dépôt. En attendant, les gredins subissaient un premier interrogatoire. Aux questions du secrétaire, le chef de la bande, une jeune « Terreur » de dix-huit ans, répondait avec un cynisme et une arrogance extraordinaires. Il énumérait complaisamment ses hauts faits et ceux de ses compagnons, expliquait avec une sorte d'orgueil les moyens employés par lui et par ses acolytes pour dévaliser les magasins, surprendre les promeneurs attardés et les alléger de leur bourse ; les ruses de guerre, dont il usait contre une bande rivale avec laquelle lui et les siens étaient en lutte ouverte. Il faisait de ses exploits une description si pittoresque, empreinte d'une satisfaction si sauvage, que le secrétaire du commissariat l'interrompit soudain et s'écria :

      

    — Mais ce sont là de vrais procédés d'Apaches. Apaches !... le mot plut au malandrin...

      

    Apaches !

      

    Il avait lu dans son enfance les récits mouvementés de Mayne Reid, de Gustave Aimard et de Gabriel Ferry... Apaches !... oui l'énergie sombre et farouche des guerriers du Far West était assez comparables à celle que déployaient aux alentour du boulevard extérieur les jeunes scélérats qui composaient sa bande... Va, pour Apaches! Quand les gredins sortiront de prison — ce qui ne dut pas tarder, vu l'indulgence habituelle des tribunaux — la bande se reconstitua sous les ordres du même chef, et ce fut la bande des « Apaches de Belleville ». Et puis le terme fit fortune.

      

    Nous eûmes bientôt des tribus d'apaches dans tous les quartiers de Paris : tant et si bien que le mot prit son sens définitif et qu'on ne désigna plus, autrement les rôdeurs de la grande ville. Aujourd'hui l'expression est consacrée ; la presse l'emploie journellement, car les apaches ne laissent pas passer un jour sans faire parler d'eux... Il ne manque plus que de la voir accueillie par le dictionnaire de l'Académie... »

     

     

    Du fait divers à la mode : la « danse des Apaches » (Leo Rauth, 1911).

    Le nom :

    Si beaucoup attribuent la paternité de l'expression aux rédacteurs en chef des principaux journaux de l'époque qui relataient les faits de ces voyous (Le Matin et Le Petit Journal), d'autres y voient une appropriation du nom par les délinquants eux-mêmes, encore imprégnés des histoires des derniers vrais Apaches, dont Géronimo lui-même, dans les années 1880.

    Le phénomène :

    Une mise en avant croissante de grands procès apportent leur lot de fascination pour une frange de la population. Mais il faut sans doute aussi évoquer le rôle des grands journaux parisiens qui n'hésitèrent pas à mettre à la une les « exploits » de ces bandes et à entretenir ce sentiment d'insécurité, qui alimenta le phénomène.

    Disparition :

    La population des faubourgs, initialement effrayée par ces bandes, de même que les patrons des troquets, les bougnats, des Auvergnats qui ne tardent pas à être assimilés aux yeux du peuple à ces malfrats, finissent par les lâcher sous la pression des journaux et les efforts de la police. En 1920, on abandonne le terme d'apaches, sans doute aussi à la suite des nombreuses pertes engendrées par la Première Guerre mondiale sur cette classe d'âge de la population.

     

      

    Chansons et danses :

    Cette danse brutalement jouée et dansée, comprenait gifles et coups de poing, l'homme tire la femme par les cheveux, la jette à terre, la ramasse et la lance en l'air, alors qu'elle lutte ou feint l'inconscience. Ainsi, les concordances des actions de danse sont nombreuses avec la danse moderne, le rock acrobatique notamment, mais aussi les sports de combat et le catch.

      

    Dans certains cas, la femme peut se défendre et riposter.

    Voir:

      

    http://www.youtube.com/watch?v=yBtnszVQY6o&feature=related

      

      

      

    G vanderstappen

    Gustave Vanderstappen, capitaine des "jaune et bleu" était surnommé "Casque d'Or"

      

      

    Dans les années 1930, cette danse délaissant les bouges et les bas fonds sera surtout jouée dans les cabarets. Voir:http://www.youtube.com/watch?v=4QmzWNx7lrU&feature=related

      

    • Cette sous culture est également reliée à certains accessoires qui définiraient le "style apache", un style particulier, comprenant entre autres:
      • la casquette apache,
      • la chemise apache (fripée),
      • le couteau apache (un cran d'arrêt dénommé le surin ou l'eustache en argot), etc.

    Chronologie des Faits divers apaches dans la presse de l'époque :

    • 14 août 1904 : Rencontre d'Apaches et d'agents de police sur la place de la Bastille
    • 26 mai 1907 Pendant l'incendie d'une usine des bandits attaquent les agents et crèvent les tuyaux des pompes.
    • 7 juillet 1907 : Attaque d'une voiture cellulaire en plein Paris.
    • 22 septembre 1907 : Un fort de la Halle corrigea deux malandrins qui venaient de le dévaliser.
    • 19 mai 1907 : Atroce vengeance d'un rôdeur.
    • 18 février 1906 : Exploit d'apaches marseillais ; Dramatique cambriolage d'une bijouterie.
    • 10 mars 1907 : Victime du devoir ; Officier de paix blessé par un malfaiteur.
    • 3 mars 1907 : Une rafle dans un bar
    • 14 juillet 1907 : Émeutes du 1er mai à Paris — charge de cavalerie
    • 28 juillet 1907 : La brigade canine opère une rafle au bois de Boulogne

      

    Les Apaches, un peu d'histoire

    La paternité du mot « Apache », essentiellement parisien, reviendrait à Arthur Dupin ou peut-être à Victor Morris, tous deux journalistes en 1902. A Marseille, on parle des « Nervis » et à Lyon, des « Kangourous ».

     
    L'expression a tendance à englober la totalité des voyous de la capitale. Pourtant la pègre et les truands, c'est un autre monde, qui s'affiche en costumes, dans les lieux branchés de la capitale.

     Les « Apaches » sont jeunes et vivent essentiellement de la prostitution, mais également selon leur âge de vols de plus ou moins grande envergure, du bonneteau (jeu de rue, très vieux tour de magie, « trouvez la fève »), et du meurtre si besoin est...Les plus jeuhttp://storage.canalblog.com/92/96/534743/33512758.pdf

    Amélie Hélienes avaient 10 ou 11 ans ...

    Les Apaches, un peu d'histoire
     dit "Casque d'Or"
    http://storage.canalblog.com/73/46/534743/33513576.pdf

      

      

      

      



    Entretien avec l'historienne Michelle Perrot le 17 juillet 2001
    http://philippepoisson-hotmail.com.over-blog.com/article-28750677.html

     

     

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