• Les "Frères Pollet"... dits "les chauffeurs"....

     

    Les apaches

      

      

    On les avait appelés « Les chauffeurs ».

      

    Tout bêtement parce qu'ils chauffaient (ils brûlaient !) les pieds de leurs victimes pour leur faire avouer où elles cachaient leur pécule.

     

    Entres autres cruautés. C'était au début du XIXe siècle, et leur sinistre tradition s'est vite éteinte. Sauf dans cette région, où les frères Pollet, cent ans après, ont fait revivre ces drôles de manières. Ils ont fini sur l'échafaud...



    Ce n'était pas une terreur, Abel. Tout juste un contrebandier un peu plus fruste que la moyenne, qu'on connaissait surtout, à Hazebrouck, pour ses colères et ses mauvaises manières.

     

    Comme son frère, Auguste. Le même en plus timide.

     


    Drôle de famille, tout de même, les
    Pollet.

     

    Capables de s'endimancher pour la messe, puis de voler, à la sortie de l'église, de quoi faire ripaille pour le reste de la semaine à l'étal d'un commerçant ébahi, qui ne reste qu'avec des ruines...

     

    Alors, on est à peine surpris, le 28 juillet 1901, quand Abel est arrêté, avec un complice, pour avoir tenté de s'introduire chez des agriculteurs, à Vieux-Berquin, près d'Hazebrouck.

     


    Trois ans de prison. Une péripétie, pour d'autres, une catastrophe pour lui.

     


    À Loos, il rencontre les cadors de la pègre d'alors et s'encanaille. Se perd. Il n'est déjà plus un ange, à ce moment-là, mais pendant ce séjour, c'est comme s'il avait vu le diable.

      

    À sa sortie, il ne veut plus des butins dérisoires de ses « virées » d'avant, avec son frère, quand ils ramenaient trois jambons d'une ferme de Vermelles, des patates de Laventie, une bicyclette de Sailly-Labourse ou quelques montres de Lens.

     



    Carnage à Violaines, horreur à Bailleul


    Le 17 juillet 1905, c'est pour voler de l'argent que les deux frères s'introduisent chez M. Deron, un cultivateur de 77 ans, à Calonne-sur-la-Lys. Le vieux se réveille au mauvais moment : ils le rouent de coups de bâtons et le laissent pour mort. Il survivra.

      

    C'est le début d'une sanglante épopée, d'une fuite en avant qui sèmera la terreur dans tout le Nord - Pas-de-Calais, et même jusqu'en Belgique.Le 16 août, à Locon, près de Béthune, la vieille Mme Lenglemetz aura moins de chance que M. Deron. Son mari survit, mais elle meurt.

      

    Leur cabaret est mis à sac, dévalisé.


    C'est à ce moment qu'Abel rencontre Théophile Deroo, qui finira également sur l'échafaud, et avec lequel il écume les fermes isolées et les maisons où ils croient pouvoir trouver de l'argent.

     

      

    Chaque fois que quelqu'un vient les déranger, ou qu'ils ne trouvent pas ce qu'ils cherchent, ils cognent. Sauvagement.Les « bandits d'Hazebrouck » font peur, les agriculteurs vivent dans l'angoisse, la région tremble.

     


    Le 2 janvier 1906, une autre attaque sauvage, sans pitié, coûte la vie à Mme Louzie, 72 ans, à Crombèke, en Belgique.


    Le 20 du même mois, c'est un véritable carnage, à Violaines, où les époux Lecocq, 81 et 79 ans, et leur fille Euphrosine, 55 ans, sont retrouvés assassinés, baignant dans leur sang.

      

    Derrière eux, les bandits ont laissé une maison en ruine, une scène d'horreur qui raconte les souffrances endurées par les trois victimes.

      

      

    C'est parce qu'ils ont fait chou blanc à l'église et la mairie que les frères Pollet, Deroo et Vromant, une autre recrue d'importance, se sont introduits dans la grande maison des Lecocq. Ils en sont partis avec 8 000 francs en or, des bijoux et du liquide.


    Il y aura encore une autre attaque sanglante, à Bailleul, où un autre vieux fermier s'en tire par miracle, et puis, au mois de mai 1906, un beau-frère d'Abel Pollet le dénonce à la gendarmerie.

      

    On ne saura jamais pourquoi : l'homme mourra avant le procès.Un spectacle, ce procès, à la cour d'assises de Saint-Omer ! Dans le box, ils sont vingt-sept, pour la plupart des comparses occasionnels. D'ailleurs, cinq seront acquittés.

      

      

    Dix-huit seront condamnés à des peines de trois à sept ans de prison, tandis que les frères Pollet, ainsi que Deroo et Vromant sont condamnés à mort, au terme d'un procès de neuf jours (du 16 au 26 juin 1908) au cours duquel les accusés s'invectivent entre eux.


    Les frères Pollet insultent les témoins et leur vie s'étale dans toute sa cruauté, leurs instincts dans ce qu'ils ont de plus primaires.

      

    sources : http://apocalypse1966.skyrock.com/79.html

     

     

      Extrait du télégramme de l'Intérieur instituant la censure cinématographique, 11 janvier 2009

      

    La bande à Pollet

     

    Parmi toutes les grandes affaires criminelles de notre région, la "bande Pollet" est une de celles dont on a le plus parlé, bien au-delà des limites du Pas-de-Calais.

      

    En ce début de vingtième siècle, il règne en France un climat d’insécurité grandissant, largement mis en avant par la presse nationale qui pointe du doigt l’impuissance des forces policières (les apaches sévissent à Paris, les "chauffeurs de la Drôme" terrorisent les campagnes, etc.).

      

    L’impunité de nombreux crimes et la longévité de carrière des criminels démontrent l’incapacité de l’État à leur opposer des forces de sécurité en nombre et compétences suffisants.

     

    De 1904 à 1906, le nombre important des délits commis par les bandits du Nord menés par Abel Pollet alimente encore plus la plume des journalistes

    (on recense plus d’une centaine de vols).

      

    Acculé, l’État crée en 1907 les "brigades du Tigre" (en référence au surnom donné à Clémenceau) ou brigades régionales de police mobile.

     

    Les faits

    Plan manuscrit et annoté de la maison et des terres des époux Lenglemetz. (Agrandir l'image).

     

    Le point de départ de cette affaire médiatique est somme toute assez banal ; fin 1904, dans la région de Béthune, de menus larcins (pour la plupart alimentaires) se propagent dans des fermes isolées.

     

    Les vols sont commis de nuit, alors que les propriétaires dorment à l’étage. Peu à peu, l’audace et l’appétit des malfaiteurs prennent de l’ampleur.

     

    Dans la nuit du 17 au 18 juillet 1905, tout bascule.

      

    À Calonne-sur-la-Lys, Monsieur Deron, un cultivateur de 78 ans, surprend des cambrioleurs introduits chez lui. Ces derniers le rouent de coups et s’enfuient, le laissant pour mort. Le vieil homme survit miraculeusement.

     

    Désormais, les truands ne sont plus de simples voleurs, ils ont du sang sur les mains.

     

    Le 16 août, un mois plus tard, ils s’en prennent aux Lenglemetz, un couple âgé de cabaretiers de Locon. Le mari succombera à ses blessures. Le 2 janvier 1906, un autre couple âgé est agressé à son domicile, en Belgique cette fois.

     

    Il n’en faut pas davantage pour terroriser la région ; la nuit tombée, chacun se barricade chez soi, surtout dans les fermes isolées.

      

    La police piétine malgré l’abondance de scènes de crimes. Partout, elle se heurte à un silence farouche, monnaie courante dans les campagnes.

     

    Les embuscades continuent à se multiplier jusqu’au 20 janvier 1906 et au massacre d’une famille entière.

      

    Cette nuit-là, une ferme de Violaines relativement aisée est prise pour cible.

      

    C’est là que dorment Henri Lecocq, sa femme et leur fille Euphrosine, âgée de 55 ans. Tous les trois sont sauvagement assassinés et la maison fouillée de fond en comble. La violence dont a fait preuve la bande cette fois-ci pousse les autorités à redoubler d’efforts pour les arrêter.

    Les auteurs

    Texte dactylographié où on lit "Tribunal de Béthune, cabinet du Juge d'Instruction. Note. Très important. Assassinat de Violaines. Un assassinat, suivi de vol, a été commis à Violaines (Pas-de-Calais), dans la nuit du 19 au 20 janvier 1906, sur trois personnes : les époux Lecocq et leur fille. Les malfaiteurs ont emporté les objets et valeurs énumérés ci-après : 1. Une montre de dame en or, ancienne, avec chiffres romains de très grande dimension sur le cadran. Cette montre est à clef de grosseur n°9, elle est accompagnée d'une chaîne d'or très fine. 2. Une montre de dame en or, à clef, de grosseur n°11, elle est munie d'un cordon noir. 3. Une broche carrée formée d'une pierre violette, sertie en or. 4. Une broche en or, ronde, du diamètre d'une pièce de 2 francs. 5. Un camée ovale, représentant une tête de femme, tous en or côtelé. 6. Une médaille en vermeil avec bélière, portant sur une de ses faces l'inscription : Prix Augustin Grenier. 7. Un certain nombre de pièces d'or, d'un millésime antérieur à 1847. 7 bis. Une pièce de 100 francs et une autre de 40 francs (millésime inconnu). 8. Un certain nombre d'anciens écus de six livres en argent. 9. Un parapluie brun avec manche en buffle gris, monture très ancienne à baleines. 10. Un autre parapluie à manche jaune verni avec pomme en métal blanc. 11. Plusieurs billets de 1000 francs de la Banque de France. Prière de prévenir les Changeurs, Bijoutiers, Horlogers, Marchands d'Antiquités, etc., de faire faire toutes recherches utiles, d'interroger tous individus suspects et, en cas d'arrestation, d'aviser télégraphiquement le Juge d'Instruction soussigné. Béthune, le 30 Janvier 1906. Le Juge d'Instruction, L. Boudry. Avis importants : 1. Un des malfaiteurs semble avoir un pied droit difforme, long de 20 centimètres environ et large de 12 à la base des orteils (des renseignements complémentaires à cet égard seront, si possible, communiqués ultérieurement). 2. La famille des victimes s'engage à payer : une prime de 250 francs à toute personne qui aura fourni des indications ayant amené l'arrestation des malfaiteurs et une prime d'égale valeur à l'agent de la force publique qui mettra ceux-ci en état d'arrestation". (Agrandir l'image).

     

    La famille des victimes promet une récompense à qui fournira toute information menant à l’arrestation des auteurs du triple homicide, ce qui va avoir pour conséquence de délier les langues.

      

    Le 30 avril, un certain Auguste Platteel se présente à la gendarmerie ; il prétend savoir qui a commis le crime de Violaines. Il affirme qu’en visite chez sa sœur Julienne Platteel, épouse Pollet, il a entendu cette dernière raconter à son autre sœur les forfaits de son époux,

      

      

    Abel Pollet, un journalier de 32 ans marginal originaire d’Hazebrouck, bien connu des services de police pour vols et violences.

      

    Mais, toujours selon Auguste Platteel, l’homme n’a pas agi seul, il était cette nuit-là accompagné de son frère, Auguste Pollet, et d’un troisième homme, Canut Vromant.

     

    Du 3 au 4 mai 1906, la police procède à une dizaine d’arrestations, dont celles des frères Pollet. Ce que découvrent alors les policiers dépasse leurs espérances.

      

    Non content d’avouer le crime de Violaines, Abel Pollet revendique quatre assassinats et quelques 700 vols commis dans le nord de la France et en Belgique, exagérant sans doute le nombre de ses méfaits.

      

    L’homme s’enorgueillit d’être le "roi des voleurs" et d’avoir toujours volé ; mais c’est un séjour à la prison de Loos-lès-Lille de 1901 à 1904 et la fréquentation des gros bonnets de la criminalité qui le poussent à passer à la vitesse supérieure une fois sorti.

      

    C’est là qu’il s’adjoint les services de son frère Auguste, plus âgé que lui, mais faible et influençable.

      

    Les deux hommes se font engager dans des fermes pour effectuer des repérages. Au gré de leurs déambulations dans la région, ils recrutent des hommes de main occasionnels ou réguliers pour les seconder dans leurs casses.

      

    Lors de leur procès, vingt-cinq autres complices se tiendront à leurs côtés sur le banc des accusés.

     

    Le procès

    Sur ces vingt-sept prévenus, cinq sont acquittés et dix-huit condamnés à des peines allant de trois à sept ans de prison.

    Après quinze mois d’instruction, la "bande Pollet", comme les surnomme la presse locale et nationale, est jugée pour quatre assassinats, sept tentatives d’assassinat et 114 tentatives de vols ou vols effectifs, accompagnés de menaces et de violences.

      

     Le procès s’ouvre le 16 juin 1908 et dure onze jours.

      

    Sans surprise, les frères Pollet et leurs deux principaux complices, Canut Vromant et Théophile Deroo (un ancien compagnon de cellule), sont condamnés à la peine de mort.

     

     

    Montage de quatre photographies noir et blanc des bustes d'Abel et Auguste Pollet, Canut Vromant et Théophile Deroo. (Agrandir l'image).

     

    Ils sont guillotinés le 11 janvier 1909 devant la prison de Béthune.

      

    Près de 10 000 personnes sont venues assister au dénouement de cette affaire qui a fait grand bruit, puisqu’elle intervient en plein débat sur l’abolition de la peine de mort.

     

    En 2010, lors d’une vente aux enchères, le musée la Piscine de Roubaix s’est porté acquéreur d’un moulage mortuaire de la tête d’Abel Pollet.

      

    Ses origines restent mystérieuses car si les moulages mortuaires sont fréquents au XIXe siècle, ils sont remplacés au XXe siècle par la photographie.

      

    Des tirages ou dessins des quatre têtes guillotinées s’étalaient d’ailleurs sur la une de tous les journaux le lendemain de l’exécution.

      

    Les critères de la censure ont bien changé !

     

     

     

     

     

    « Jean-Charles-Alphonse Avinain dit DavinainHistoire de PARIS ( I ) »
    Delicious Pin It

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter