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Par Dona Rodrigue le 19 Octobre 2011 à 21:57
Le palais Rose de l'avenue Foch était un hôtel particulier
aujourd'hui disparu,
Boni de Castellane, véritable noble de Provence, adulé certes, mais marié à une fille de Milliardaire.. celà aide..!!
Marie Ernest Paul Boniface, comte de Castellane-Novejean, puis marquis de Castellane (1917), dit Boniface (surnommé Boni) de Castellane, est un "dandy'" et homme politique français, né le 14 février 1867 dans le 7e arrondissement de Paris et mort le 20 octobre 1932 à Paris.La nouvelle comtesse de Castellane est fort laide, petite, légèrement bossue, ce qui fait dire aux mondains de l’époque :
« Elle est plus belle, vue de dot ! »situé au no 40 (aujourd'hui no 50) de l'avenue Foch dans le 16e arrondissement de Paris et édifié de 1896 à 1902 par l'architecte Ernest Sanson pour le comte Boniface de Castellane et son épouse née Anna Gould.
Genèse de l'édifice
Le 18 mai 1895, Boniface de Castellane achète un terrain de 3 500 m² dans le quartier le plus élégant de Paris, propriété de Georges-Auguste Hesbert, situé alors au no 40 avenue du Bois - devenu no 50 avenue Foch -, au no 94 - aujourd'hui no 124 - avenue de Malakoff, au no 1 rue Duret, ainsi qu'au no 5 et 9 rue Piccini.
Le 26 octobre 1895, il acquit un second terrain contigu de 1 002 m² ayant appartenu successivement à Edmond-Ernest Hublot puis au
baron Auguste-Louis Ferdinand Creuzé de Lesser.
L'année suivante, son épouse rachète une parcelle totale de 5 700 m²
pour la somme de 3 625 000 francs.
Le couple commanditaire s'adresse à Ernest Sanson dans le but d'édifier sur ce terrain une demeure inspirée du Grand Trianon de Versailles.
Connu pour l'ampleur et la qualité de ses travaux, le maître d'œuvre reconstruisit, en 1900, le château de Belœil en Belgique dont l'escalier d'honneur fut jugé « digne de Versailles ».
Sanson eut comme collaborateur René Sergent, promoteur le plus
fameux du style Louis XVI-Ritz, une des dernières manifestations du néo-classicisme français.
Une architecture et des décors remarquables :
Le permis de construire fut délivré le 16 mars 1896 et la première pierre posée le 20 avril de la même année.
La construction dura six ans.
La façade sur l'avenue Foch était très directement inspirée du Grand Trianon, dont elle reprenait les baies en plein cintre, les pilastres de marbre rose, la balustrade dissimulant les toitures et jusqu'aux ferronneries.
Le maître d'ouvrage avait poussé le souci du détail jusqu'à faire venir le marbre des carrières utilisées au XVIIe siècle par Louis XIV.
L'entrée principale donnait sur l'avenue de Malakoff.
Après avoir traversé la cour d'honneur, trois portes donnaient accès à un grand vestibule dallé et décoré de marbres polychromes.
Sa voûte surbaissée comportait, à chaque extrémité, de petits escaliers à trois volées menant aux appartements privés et entresols de service.
Au-delà du vestibule, on pouvait admirer le grand escalier d'honneur, pièce maîtresse du Palais et magistrale adaptation du célèbre escalier dit des Ambassadeurs du château de Versailles, construit de 1627 à 1678 par François d'Orbay (1634-1697) et détruit en 1752 ;
Ce n est pas le sous sol du palais rose C est le vestibule en anse de panier decore par Cruchet au fond la porte de la petite salle a manger circulaire avec le nynphee conduisant a droite aux appartement du comte Boni
une première copie en avait déjà été réalisée en 1876 par
l'architecte Gabriel-Hippolyte Destailleur (1822-1893)
au palais Rothschild de Vienne, une seconde en 1878 par
Dollmann et Hoffmann au château de Herrenchiemsee, une troisième et dernière par Flanneau, en 1906, au palais Egmont d'Arenberg à Bruxelles.
On cite également dans ce genre les escaliers des anciens hôtels de Boisgelin (actuelle ambassade d'Italie) et Potocki (actuelle Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris), ayant mis en œuvres 7 et 8 variétés différentes de marbres.
L'historien et académicien Pierre de Nolhac évoque ainsi cette entreprise :
« Il préparait alors cet hôtel qui reproduit le rez-de-chaussée du Grand Trianon exhaussé d'un étage (…) cet escalier évidemment démesuré que sa fantaisie grandiose voulut s'offrir (…) il y tenta de reproduire le grand degré de Louis XIV, connu sous le nom d'escalier des Ambassadeurs, et dont tout un album de la Chalcographie du Louvre a conservé les détails. Les dimensions et la reproduction architecturale sont d'une heureuse réussite, bien qu'il manque à la copie la splendeur des bas-reliefs et des peintures. Le Tout-Paris d'alors a assisté à la brillante fête d'inauguration de cet immense vaisseau de marbre que le Paris d'aujourd'hui ne connaît plus. Mais le singulier de l'histoire, c'est que Boni était arrivé à croire qu'il réalisait un puissant projet de Louis XIV, que celui-ci faute d'argent, n'avait pu exécuter (…) (alors qu') il n'en avait pas moins fait l'admiration de l'Europe pendant soixante-dix ans. »
(" La résurrection de Versailles - Souvenirs d'un conservateur, 1887-1920 " Plon, 1937, p. 212).
Les deux volées de marbre - rouge pour les marches et noir pour les rampes - desservaient à l'étage noble avec, d'un côté, la salle à manger ornée de boiseries couleur vert d'eau, s'inspirant de celles du "Pavillon Français" du Grand Trianon et pouvant accueillir 180 invités, un jardin d'hiver et un petit théâtre, et de l'autre, le "Salon des Arts" glorifiant l'Architecture, la Peinture, la Sculpture et la Musique.
Ce dernier s'inspirait du "Salon de la Guerre" de Versailles.
Une longue galerie reliait les deux pièces.
La décoration était due à "la meilleure main-d'œuvre dans sa spécialité" - le maître-décorateur d'Espouy, auteur des peintures des plafonds et voûtes, dont celle du grand escalier ("les Cinq Continents", d'après Charles Le Brun), les sculpteurs Cruchet (décorations de la voûte du vestibule) et Aubé (bas-reliefs du grand salon), Felz (bibliothèque), le doreur Fourier (grande galerie), le marbrier Huvé - fut l'objet d'une recherche et d'un soin tout particuliers.
Les clients, particulièrement exigeants, firent reprendre les façades à deux reprises, car le marbre italien « s'affadissait sous le ciel parisien », et la hauteur des fenêtres, afin qu'elles éclairent bien les pièces. On alla même jusqu'à peindre un trompe-l'œil en faux marbre sur du marbre véritable afin d'obtenir les nuances recherchées…
La fortune colossale d'Anna Gould permit de prodiguer l'argent sans compter et l'édifice, type-même de l'Hôtel de l'Amateur, coûta la somme énorme de quatre millions de francs-or.
D'une somptuosité déjà anachronique à l'apogée de la Belle Époque, le palais Rose ne fut jamais complètement terminé : lors de sa démolition, il restait encore des calques sur certains plafonds et des corniches supportaient des marques au fusain.
Le bâtiment était pourvu de tout le confort moderne.
Le sous-sol, réservé au service, comprenait notamment une épicerie, une pâtisserie et même les chambres des domestiques qui y bénéficiaient de l'eau courante et du chauffage central.
Les jardins
Des jardins « à la française » avaient été aménagés par le célèbre paysagiste Achille Duchêne - qui reconstitua alors de nombreux parcs tel celui du château de Champs à Champs-sur-Marne, pour les Cahen d'Anvers, ou créa des ensembles dans le goût du Grand Siècle (Blenheim Palace) - comme à l'hôtel Porgès, édifié avenue Montaigne.
Splendeur et décadence :
Le Palais Rose fut inauguré en 1902 et les Castellane y donnèrent, jusqu'en 1906, des réceptions fastueuses accueillant jusqu'à 2 000 invités à l'exemple de la fête donnée en l'honneur des souverains d'Espagne et du Portugal, le 12 décembre 1905.
En janvier 1906, sur les instances de sa famille américaine fort inquiète des ruineuses prodigalités de son époux - qui avait également acquis en 1899, puis restauré et meublé le château du Marais dans l'Essonne) ainsi que celui de Grignan dans la Drôme - la comtesse demanda et obtint une séparation de corps, suivi du divorce, prononcé le 5 novembre suivant.
Anna Gould se remaria avec Hélie de Talleyrand-Périgord (1859-1937) duc de Talleyrand et prince de Sagan, cousin de Boni, dont le chiffre fut alors effacé du Palais Rose, où l'on monta des boiseries Louis XV dans le petit salon et aménagea des chambres d'invités dans le petit théâtre.
En 1939, alors veuve depuis peu, la duchesse partit pour les États-Unis.
De 1940 à 1944, le Palais meublé fut occupé par
le général Carl-Heinrich von Stülpnagel, commandant du "Gross Paris".
Il fut mis ensuite à la disposition du gouvernement français qui, en 1949, y organisa la "conférence des Quatre Grands" sur le problème allemand et, en 1955, un conseil des ministres des Affaires étrangères.
La duchesse pensa un moment le léguer à l'Académie Charles-Cros présidée par son ami Arthur Honegger, dont la mort fit échouer le projet.
Elle-même disparut à 86 ans, en 1961.
Au début de l'année 1962 et en raison de l'indivision successorale, ses cinq héritières - dont sa fille Helen-Violette (1915-2003), successivement en 1937 comtesse James de Pourtalès puis en 1964, Madame Gaston Palewski - mirent en vente l'immeuble pour une somme évaluée entre 40 et 50 millions de "nouveaux francs".
Il fut suggéré au gouvernement de le classer monument historique, demande que repoussa la Commission supérieure des monuments historiques,
« en raison de (son) absence de valeur archéologique » et du fait que l'ouvrage se trouvait hors du périmètre du site classé de l'avenue Foch.
Une association de sauvegarde se constitua alors.
Échouèrent successivement les projets d'en faire la résidence des hôtes de marque de l'État ou de la ville de Paris, celui de la ville de Neuilly-sur-Seine d'y créer un palais de la Culture, le siège de l'ambassade de République populaire de Chine, nouvellement reconnue, un centre international de conférences ou encore - idée alors très avant-gardiste - d'un musée consacrée au XIXe siècle - réalisé plus tard dans l'ancienne gare d'Orsay (qui fut elle aussi menacée de disparition) - tout comme son démontage et sa reconstruction dans le bois de Boulogne qui aurait coûté dix millions de francs.
Destruction d’une œuvre majeure et dispersion des collections :
En 1966, les cinq co-héritières firent déposer par l'architecte de la préfecture de Paris,
André Malizard, une demande préalable de démolir et firent établir un projet de construction d'un immeuble de luxe.
Un compromis fut établi par la suite avec André Remondet, architecte-conseil de la Ville qui prévoyait de conserver l'escalier d'honneur et la façade sur l'avenue Foch, mais cette demi-mesure fut refusée par le Conseil des Bâtiments de France.
En 1968, la Ville de Paris repoussa l'offre d'achat. Il fut finalement vendu à M. Tullio Deromedi, entrepreneur de travaux publics qui, avant même la signature du permis de démolir, fit dès le printemps 1969 déposer stucs, glaces, boiseries, plaques de marbre et devantures de cheminées ; les déprédations furent alors nombreuses, des particuliers subtilisant des poignées de porte et autres éléments, dont la grande fontaine du jardin d'hiver.
L'acquéreur se réserva et fit remonter pour lui-même certains éléments dont les marches de l'escalier d'honneur - pesant chacune une demi-tonne - les balustrades et la piscine de marbre blanc dans sa propriété de Pontgouin près de Chartres, avant de mettre en vente le reste des vestiges.
Les collections d'art réparties entre les co-héritières, les œuvres « mineures » furent dispersées dans plusieurs ventes aux enchères publiques au palais Galliera à Paris, où les quatre lanternes dorées du vestibule atteignirent la somme de 40 000 francs.
Lors de la démolition du gros-œuvre au bélier, de juin à septembre 1969, les ouvriers trouvèrent dans des placards sous combles une série de costumes masculins et féminins, des livrées, des chaussures, des livres et de la correspondance.
Depuis lors, les deux autres exemples de telles « folies »
inspirée du Grand-Trianon existent encore de nos jours :
- Le « Palais Rose » du Vésinet (Yvelines), de dimensions plus modestes mais plus fidèles au modèle original puisque ne comportant qu’un seul « rez-de-jardin », construit vers 1900 pour l'ingénieur Arthur Schweitzer.
- Cette demeure fut acquise en 1908 par l'écrivain et esthète
- Robert de Montesquiou, ami de Marcel Proust qui l'habita jusqu'en 1921.
- l'hôtel, également en rez-de-jardin, situé au 3, rue d'Andigné à Paris, offrant un avant-corps central en rotonde sur jardin, qui fut vendu
- le 25 mars 2005 à l'homme d'affaires Xavier Niel.
Depuis 1974, à l'emplacement du « type le plus achevé des hôtels particuliers parisiens jusqu'à la Première Guerre mondiale et testament artistique d'une époque révolue », s'élève la résidence
« 50, avenue Foch », comprenant environ 90 appartements et studios, ainsi que des locaux commerciaux sur dix étages, dessinée par l'architecte danois Henrik Lassen, « qui ne se distingue en rien des nombreuses réalisations de grand standing des années 1970 dont la sobriété tend à l'indigence ».
Bibliographie :
- S.Doumic, "Sept châteaux de Belgique ouverts au public" ("Jardin des Arts" no 43, mai 1958, p. 423 à 430);
- Vincent Bouvet, "Roses pour un Palais défunt" (revue Monuments Historiques, no 108 s.d (p. 21 à 26, illustrées de plusieurs photos du palais en cours de démolition, qui évoque un projet d'exposition sur le palais organisée par la ville de Paris et cite la bibliographie suivante :Georges Pillement, Paris Poubelle Éditions Jean-Jacques Pauvert 1974 (édifice n° 26)Boni de Castellane, Comment j'ai découvert l'Amérique, mémoires (Paris, les éditions G. Grès et cie),How
- I discovered America, by The Marquis Boni De Castellane (Alfred A. Knopf Publishers, 1924).
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- Fonds Sanson aux Archives nationales, cote 143 AP 5 (1-181) ;
- Revue L'Architecte, 1906 ;
- Revue L'Architecture, no 6 1918,
- Antoinette Becheau La Fonta, "Un palais de conte de fées", Société historique d'Auteuil et de Passy, tome XIII, nouvelle série no 8, 1966-1967 ;
- Georges Albert-Roulhac, "Adieu au Palais Rose", in revue Bâtir n°180, décembre 1969) ;
- Charles Peyret-Chapuis, "Sous le Palais Rose, un terrain de 5 milliards", in revue l'Estampille n°3, septembre 1969 ;
- Claude Charpentier, "La fin du Palais Rose", in revue "La Gazette des Beaux-Arts", tome LXXIV, n°1028 ;
- Jean-Pierre Babelon, "Dix ans d'aménagement à Paris, 1965-1975", in Revue de l'Art, n° 29, 1975.
Boni de Castellane, véritable noble de Provence, adulé certes, mais marié à une fille de Milliardaire.. celà aide..!!
Marie Ernest Paul Boniface, comte de Castellane-Novejean, puis marquis de Castellane (1917), dit Boniface (surnommé Boni) de Castellane, est un "dandy'" et homme politique français, né le 14 février 1867 dans le 7e arrondissement de Paris et mort le 20 octobre 1932 à Paris.
La nouvelle comtesse de Castellane est fort laide, petite, légèrement bossue, ce qui fait dire aux mondains de l’époque :
« Elle est plus belle, vue de dot ! »
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Par Dona Rodrigue le 19 Octobre 2011 à 21:34
Histoire d'une propriété:
Le Palais rose
Le Palais Rose en 1998Le 25 novembre 1899, l'ingénieur Arthur Schweitzer et son épouse achetèrent un terrain idéalement situé à l'angle d'une allée tranquille (future allée des Fêtes) et de la rue des Marguerites (qui deviendra la rue Diderot), bénéficiant d'une vue privilégiée sur le lac des Ibis et la Grande Pelouse. Un an plus tard, ils agrandirent leur propriété par l'acquisition d'un second terrain.
C'est donc probablement vers 1900 qu'ils firent élever le "Palais Rose" – qui ne se nommait pas encore ainsi -, d'une architecture évoquant celle du Grand Trianon de Versailles, source d'inspiration alors très en vogue dont l'exemple le plus célèbre fut l'autre "Palais Rose", construit à Paris, avenue du Bois (avenue Foch) en 1896 par l'architecte Ernest Sanson pour le dandy Boni de Castellane et qui fut détruit au début des années 1970.
On ne connaît pas l'identité de l'auteur de ce pastiche sans doute moins spectaculaire que le "Palais Rose" de l'avenue Foch mais beaucoup plus fidèle au modèle, du moins en ce qui concerne la façade principale (Est) donnant sur le lac: même plan rectangulaire avec deux avancées latérales, même nombre de marches pour conduire aux neuf portes cintrées séparées par des pilastres d'ordre ionique en marbre rose (jumelés aux extrémités), même entablement surmonté d'une balustrade de pierre.
Cette façade principale, à un seul niveau, est élevée sur un étage de soubassement formant rez-de-chaussée bas sur la face postérieure (Ouest). L'étage bas, invisible depuis la grille d'honneur, abritait à l'origine les espaces réservés au service (cuisines, lingerie, chaufferie, chambres de domestiques...); le rez-de-chaussée haut comprenait quant à lui les pièces d'apparat, donnant sur le lac -du Sud vers le Nord: grand salon, petit salon, galerie (hall), salle à manger, bibliothèque. La partie Nord contenait l'appartement privé du propriétaire: chambre, boudoir ou antichambre, salle de bains.
A l'Ouest, vers le jardin, de chaque côté du hall situé au centre de la composition, avaient été aménagés deux petits espaces entresolés (chambres), offrant un dégagement à l'appartement Nord et abritant les escaliers reliant les niveaux bas et haut (côté Sud) et le niveau haut aux combles (côté Nord).
La façade Ouest, elle, n'a rien à voir avec le Grand Trianon; elle est percée de grandes baies rectangulaires moins hautes que les arcades cintrées de la face antérieure, ce qui a permis la création d'un attique, occupé par des ouvertures en trompe-l'oeil remplies d'un motif de guirlandes de fleurs (cette disposition était semble-t-il différente à l'origine, au moins pour les trois baies Sud de la partie centrale, percées de fenêtres éclairant l'entresol).
Le Palais Rose (face ouest) et l'ErmitageLes époux Schweitzer ne profitèrent que peu de temps de leur palais. Ruiné, l'ingénieur vit ses biens saisis et la propriété fut vendue aux enchères le 19 juillet 1906 au profit d'un riche homme d'affaires, le milliardaire parsi Ratanji Jamsetji Tata, qui s'en porta acquéreur, d'après la légende, contre trois perles et une émeraude.
Deux ans plus tard, il s'en dessaisit d'ailleurs sans difficulté à la demande expresse du comte Robert de Montesquiou qui, séduit dès sa première visite, se serait aussitôt écrié: "Si cette maison, qui n'est pas à vendre, et que d'ailleurs mes moyens modestes ne semblent guère me mettre en état d'acquérir, si cette maison improbable, impossible, et pourtant réelle, n'est pas à moi demain, je meurs!"
La vente eut lieu le 29 octobre 1908 et le comte s'installa aussitôt au Vésinet. Le poète agrandit sa propriété par l'achat, en 1912, à la Société d'Anterroches - qui avait succédé MM. Pallu & Cie - d'un terrain boisé contigu. Il fit dessiner le parc où il installa de nombreux vases et statues. Il fit construire une rotonde, baptisée Temple de l'amour, abritant la vasque qui avait été la "baignoire" de marbre de l'appartement de Madame de Montespan à Versailles. Un bâtiment appelé l'Ermitage fut édifié pour loger sa très riche bibliothèque.
Robert de Montesquiou
(peint par R.P. Blanche)Gabriel Mourey, dans un article daté de 1913 dans la "Gazette illustrée des amateurs de jardins" décrit ainsi la propriété:
"Une demeure unique, aussi unique dans son genre que l'était dans le sien le Pavillon des Muses [...].Sans doute avait-elle été construite pour lui [Montesquiou] par la main des bonnes fées qui ont toujours veillé sur sa vie. Non loin de la gare du Pecq, dans la partie la plus silencieuse et la plus verdoyante de la plaine qui s'étend de Paris à Saint-Germain, c'était, développant ses terrasses et ouvrant entre des pilastres de marbre rose les fenêtres à plein cintre de son ample façade sur le miroir d'eau d'un lac, un palais d'un seul étage et rappelant, dans ses grandes lignes autant que par les détails de son ornementation, le Grand Trianon. C'était, ou plutôt, ce devint le Palais rose.
Du côté du lac, le terrain, entièrement découvert et montant en pente douce jusqu'au large perron, forme un triangle à la pointe abattue qu'entoure, dissimulant les grilles qui lui servent de clôture, une épaisse haie d'arbustes; tandis que par derrière, communiquant à la terrasse par des degrés aux rampes de balustres flanqués de vases, s'étend, de plain-pied, le parc séparé, d'un côté, de la terrasse par un groupe de pins dont le port sauvage contraste étrangement et délicieusement avec le caractère raffiné de l'architecture.
Une allée ombreuse en fait le tour; des pelouses plantées d'arbres aux troncs habillés de lierre ou de rosiers grimpants y sont disposés symétriquement, étalant sur le sol comme une suite de carpettes de velours vert d'où les murs blancs du palais et des communs, les piliers couverts de rosiers de la véranda, les socles de pierre ou de porcelaine des vases disposés ici et là avec un sens exquis de l'effet décoratif, surgissent baignés d'ombre ou de soleil.
Mais le trait dominant des jardins du Palais rose, ce qui leur donne leur charme et leur séduction, ce sont les deux larges allées qui les traversent, se croisant à angle droit et à la jonction desquelles s'élève le temple octogonal formé de colonnes et de piliers carrés, tous cannelés, sous le dôme duquel est placée la célèbre vasque qui faisait naguère, moins décorativement et moins magnifiquement, il faut bien le dire, l'orgueil du Pavillon des Muses. L'adorable décor de jardin ! Si évocateur des splendeurs et des grâces du passé !
De tous les points du parc, on l'aperçoit... on le devine; mais c'est, lorsque, en droite ligne, on le voit de l'extrémité des allées qui y conduisent et qui, avec leurs murs de charmilles bien taillés et le tapis vert, tout uni, qui en occupe le centre entre deux chemins soigneusement gravillonnés, que l'impression est la plus enchanteresse.
Est-il rien qui se puisse harmoniser mieux avec les verdures que des colonnes blanches ?
Si l'on s'approche l'on distingue mieux, peu à peu, l'ordonnance de celles qui composent le Temple de la Vasque. La lumière se joue avec tendresse au bord des cannelures, sur les méplats et sous les moulures de l'entablement où se lit cette inscription FONS VOLUPTATIS FUIT.
Au faîte alors du dôme à huit côtés, que ses arêtes très adoucies font ressembler à une coupe renversée, l'on discerne un vase, ou plutôt un brûle-parfums, où tremble sans jamais se consumer une flamme de pierre.
Entre les colonnes, se creuse, entre la ceinture de ses puissantes moulurations, la vasque "la plus belle baignoire du monde", dit son heureux possesseur et qui représente la baignoire, l'unique baignoire du Palais de Versailles au temps du Roi Soleil et de Louis le Bien-Aimé.
Elle se trouvait placée dans l'appartement des Bains, c'est-à-dire au rez-de-chaussée, au-dessous de la Galerie des Glaces, dans la pièce à gauche de celle de l'angle quand on regarde le Parterre d'Eau.
Taillée et fouillée dans un bloc de marbre rose de douze mille kilogrammes et qui en devait bien peser une quarantaine de mille avant d'être creusé, elle servit à Madame de Montespan; puis sous le règne de Louis XV, une fois transportée à l'Ermitage, peut-être à Madame de Pompadour qui l'avait transformée en bassin. Du moins, on se plaît à l'imaginer.
Le Temple d'Amour (vers 1923) et les biches de bronze de la Marquise Casati.
© Ryersson & Yaccarino/The Casati ArchivesTel est le motif central, vers lequel tout converge, des jardins du Palais rose; ce qui ne veut pas dire qu'ici et là ne se rencontrent de plaisants détails, ingénieusement ordonnés et mis en oeuvre avec le goût si français du comte de Montesquiou par exemple, entre les piliers de la véranda, la cage de bois curieusement sculptée près de laquelle, parmi les chants de ses hôtes au divers plumage, Michelet écrivit l'Oiseau, et, entre deux arbres où grimpent des roses de France, le buste sur une gaine du plus immortel, du plus français des poètes français, en dépit de l'ironie de M. Paul Adam, Jean de La Fontaine.
Je voudrais dire aussi l'intimité et l'élégance de certaines parties de ce décor d'arbres, de gazons et de fleurs, notamment la jolie cour des communs et la grande porte de bois d'où on y accède au jardin.
J'aurais voulu, mais ce n'en est point ici le lieu, décrire, si brièvement que c'eût été, l'intérieur du Palais rose et de ses pavillons, où sont rassemblés tant d'oeuvres d'art choisies, précieuses, tant de souvenirs personnels, chacun portant la marque du goût le plus raffiné et le plus conscient, chacun à sa place, comme un mot dans une phrase, comme une phrase dans un discours, chacun donnant, dans toute sa mesure la notion d'élégance et d'ordre, de proportion et d'équilibre qui constitue cette chose si particulière et sans laquelle rien n'est rien: le style.
Le Palais rose en 1986Dans ce décor de rêve, le poète, qui a inspiré le paon de "Chantecler" de Rostand et le baron de Charlus de Proust, donna de nombreuses réceptions où se côtoyaient Gabriele d'Annunzio, Ida Rubinstein, Claude Debussy, Maurice Rostand, Colette, Jean Cocteau, Cécile Sorel...
Un pantalon à carreaux, une lavallière et une écharpe framboise permettaient de reconnaître aisément Montesquiou.
mais il n'appréciait nullement les fêtes organisées par la municipalité. Dès son arrivée au Vésinet il se plaignit auprès du maire du bruit occasionné par la fête municipale annuelle qui se tenait sur la pelouse qui jouxtait sa propriété.
Le 10 juin 1912, dans une pétition adressée au maire, aux adjoints et aux membres du Conseil municipal par les propriétaires riverains de la pelouse des fêtes, le comte précisa qu'il s'associait avec plaisir à cette protestation amiable et qu'il avait "déjà pris pour son compte, les dispositions nécessaires, afin de se faire rendre justice sur ce point, d'une façon juridique, et faute d'avoir pu l'obtenir, de bon gré, au cours des trois années de patience, qu'il s'était fixées, pour cette obtention légitimement réclamée".
Le 12 septembre 1912, à sa requête, la commune fut assignée devant le Tribunal civil de Versailles en vue de lui interdire l'organisation des fêtes foraines sur cette pelouse.
Parmi les griefs exposés par Montesquiou on relevait que "les réjouissances publiques prolongées annuellement durant trois semaines consécutives de la belle saison, entrainajent autour et en bordure de la propriété du requérant l'édification de constructions et l'exploitation de commerces et métiers aussi bruyants que génants pour les propriétaires voisins".
La commune fut condamnée le 2 juillet 1913. Elle décida d'interjeter appel mais dans un but d'apaisement elle décida de déplacer pour cette année la fête places de l'Eglise et du Marché. Cependant la sentence fut confirmée en appel le 15 juin 1914.
Le comte fit preuve d'une vigilance constante quant à l'application de ce jugement. Ainsi, en 1921, la municipalité ayant décidé d'organiser une fête patriotique sur la pelouse des fêtes, il prit contact avec le Maire par l'intermédiaire de son avoué. Ce dernier écrivait que puisqu'il s'agissait en l'occurrence d'une fête patriotique, le comte "n'entendait pas s'y opposer" mais qu'il était chargé par celui-ci de rappeler les termes du jugement et que le comte entendait réserver tous ses droits.
Montesquiou confirma cette lettre quelques jours plus tard en faisant savoir que son avoué "n'aurait fait que mieux servir [sa] pensée en ajoutant après les mots "Monsieur de Montesquiou n'entend pas s'y opposer" les mots "pour cette fois" qui auraient dû suivre.
Mais le Vésinet était plus éloigné de la capitale que Neuilly et les amis du comte se lassèrent. Les fêtes et les réceptions s'espacèrent et, au début de l'année 1921, le comte, vieilli et malade, quitta son Palais Rose pour un séjour sur la Côte d'Azur dont il ne devait jamais revenir.
A sa mort, survenue le 11 décembre 1921 à Menton, ses biens devinrent, selon les termes de son testament, la propriété de son secrétaire, Henry Pinard. Les meubles, objets précieux, tableaux, qui ornaient le Palais Rose furent mis en vente et bientôt la propriété elle-même.
Marquise Luisa Casati
(cliché Adolph de Meyer, 1912)
© Ryersson & Yaccarino/The Casati ArchivesLe 30 mai 1923, elle fut acquise par Luisa Amman, épouse séparée du marquis Camillo Casati. La marquise Luisa Casati, personnage excentrique, vouait une passion pour les animaux, collectionnant oiseaux et serpents.
Elle fit d'ailleurs aménager une grande cage à reptiles, chauffée, placée dans le jardin d'hiver situé à l'Ouest du grand salon. Adepte des tenues extravagantes et des fêtes tapageuses, la marquise donnait des réceptions grandioses; ce goût du luxe "tape-à-l'oeil", dont témoignent les auteurs contemporains, se reflète aujourd'hui encore dans certains aménagements décoratifs du rez-de-chaussée haut.
Ainsi l'idée du soleil lumineux qui orne le centre du sol du grand salon -- déjà en place en 1936 comme le montrent les photographies prises à cette époque -- pourrait-il être attribué à la marquise, qui aimait, dit-on, organiser des dîners éclairés par les seules ampoules dont était constitué le collier qu'elle portait...
Après huit années tumultueuses passées au Vésinet, en 1932, couverte de dettes, la marquise dut vendre le Palais et s'enfuir en Angleterre, tandis que le mobilier était saisi par les créanciers.
L'intérieur du Palais Rose vers 1923 - © Ryersson & Yaccarino/The Casati ArchivesAprès diverses péripéties, la propriété fut adjugée en 1934 à Auguste-Eustache Leprévost – l'un des créanciers de la marquise, qui déclara avoir agi au nom de la "Société Civile du Palais Rose". Le musée de Versailles en profita pour racheter la baignoire de marbre. On dut démolir une partie du temple qui perdit sa coupole, pour extraire la baignoire, qui se trouve maintenant à l'Orangerie.
Commença alors le déclin: après avoir vainement tenté de vendre le Palais Rose à la Municipalité du Vésinet, les actionnaires de la société, ne parvenant pas à trouver un acquéreur pour l'ensemble, n'eurent plus que la solution de lotir. Le plan de lotissement fut autorisé par arrêté ministériel du 28 avril 1936. De la propriété du comte de Montesquiou, on fit huit lots.
Le lot n°1 contenant le Palais Rose et l'Ermitage, fut acquis le 24 décembre 1936 par un industriel lillois Olivier Scrive et son épouse, qui s'évertuèrent à reformer une partie de la propriété originelle en rachetant successivement les lots n°2 et 8, puis 7 et 3.
En 1940, le général De Gaulle, qui venait d'être nommé à la tête de la IVe division cuirassée, installa son quartier général au Vésinet. Acceptant l'hospitalité de M. Scrive, il logea les quelques jours qu'il passa dans notre commune au pavillon de l'Ermitage.
En 1948, Olivier Scrive apporta le Palais Rose à la "Société Nouvelle du Palais Rose", dont il était l'actionnaire largement majoritaire, se réservant la jouissance de l'Ermitage. A sa mort, survenue en 1955, les biens restèrent dans l'indivision entre ses héritiers qui se séparèrent de l'Ermitage en 1972 au profit d'Arnaud d'Aboville.
La "Société Nouvelle du Palais Rose" vendit quant à elle le Palais Rose, le 20 mai 1981, à Maurice Blumental et à son épouse, Geneviève Leroy.
Les époux Blumental entreprirent d'importantes transformations tant sur les façades Nord, Ouest et Sud du bâtiment qu'à l'intérieur de celui-ci. confiées à l'architecte parisien Jean-Louis Cardin.Le 14 avril 1982, les époux Blumental se portèrent acquéreurs de l'Ermitage. En 1988, après l'inscription du Palais Rose sur l'inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, ils confièrent le réaménagement de la Bibliothèque du comte de Montesquiou au même architecte, Jean-Louis Cardin, qui y créa l'avancée que l'on peut voir aujourd'hui sur le jardin.
La distribution originelle, que l'on connaît notamment grâce aux photographies des manuscrits Montesquiou et de l'album Scrive, fut entièrement remodelée et les derniers vestiges de la Bibliothèque disparurent alors au profit d'appartements destinés aux enfants des propriétaires.
Dernière personnalité dont le nom apparaît, Joséphine Baker. Quelques temps avant sa mort, elle fit part de son désir d'acquérir le Palais Rose à Georges Poisson. Celui-ci, dans sa "Curieuse histoire du Vésinet", écrit qu'elle disparut en nourrissant ce dernier désir.
Sources:
Le Vésinet, revue municipale, n°63, mars 1983
La Casati, Ryersson & Ycarino, Assouline, 2003.SOURCES : lien http://mapage.noos.fr/shv2/palaisrosehisto.htm
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Par Dona Rodrigue le 28 Août 2011 à 00:35
La Méridienne de Paris
Le 14 juillet 2000 eut lieu un incroyable événement à la mesure de ce nouveau millénaire qui s’ouvre maintenant aux espoirs des générations de demain. En novembre 1998 Monsieur Paul Chemetov annonçait « Célébrer le siècle et le millénaire, c’est affirmer que nous avons habité le temps et que nous allons continuer à le faire par-delà la finitude de chaque destin individuel. ». Puis il mettra en chantier un projet formidable pour concrétiser cette volonté de laisser un témoignage capable de défier à la fois la dimension Espace et celle du Temps.
C’est ainsi que sera décidée l’édification d’une ligne d’arbres traversant la France dans sa plus grande longueur et tout au long de laquelle un gigantesque pique-nique se déroulerait le jour de notre Fête Nationale, en célébration symbolique de notre devise, combien révolutionnaire, « Liberté – Egalité – Fraternité ».
Ce tracé occupant la longueur maximum du territoire le partage également en deux parties quasiment égales, ne reprend ni plus ni moins que l’ancien ‘Méridien Zéro’ dit ‘Méridienne de Paris’ pour des raisons que nous verrons un peu plus loin.
Le projet de P. Chemetov sera donc de faire resurgir de l’oubli cette droite fantastique en la concrétisant avant tout par un tracé fait d’arbres aux « essences de longue vie, celles que l’on dit millénaires : chênes dans le Nord, oliviers dans le Midi, espèces d’altitude dans la traversée du Massif Central et les Pyrénées ». Les médias durant quelques jours soulignèrent l’événement partagé avec les fêtes du 14 juillet, puis ce sera tout. Cette aventure d’exception retournera à l’oubli. Projet démesuré pour certains, perspectives irréalistes ou mégalomaniaques pour d’autres, volonté astucieuse de perdurer un fait notoire et occulté ?… qui peut vraiment le dire au moment où l’indifférence humaine recouvre de son voile habituel tout effort louable de maintenir entier et vivant un pan complet de mémoire de l’humanité. Car enfin cette ligne traversant de part en part la longueur de notre hexagone nous ramène à une série de constats qui ne seront jamais abordés par les organisateurs du projet « Méridienne verte ». Vérités dissimulées, réalités occultées, faits historiques, lieux symboliques, moments légendaires et réels… cette méridienne verte ne pourrait elle pas être plutôt une résurgence programmée (même inconsciemment) et lancée dans le temps afin ‘d’atterrir’ volontairement, ou non d’ailleurs, au moment calculé ou l’Humanité à la veille d’instants prodigieux est, ou sera, en queste de jalons incontestablement ‘interrogateurs‘ ou ‘dévorateurs’?
Quelques remarques sommaires viennent d’abord à l’esprit.
- Cette ligne courant sur la France d’une manière rectiligne rappellerait à s’y méprendre, si une catastrophe nous frappait au point d’effacer notre civilisation, un tracé des célèbres pistes de la Nazca au Pérou!
- Observons la malice des mots : la méridienne de Paris considérée comme la ‘Zéro’ était tracée de couleur rouge pour en souligner l’importance. Cette contemporaine ‘Méridienne’ est qualifiée de ‘Verte’… Or la couleur verte est la complémentaire de la rouge qui en est la Primaire ! Hasard, malice ou volonté forcée?
- Aujourd’hui nous savons que le ‘Méridien Zéro’ est celui de Greenwich et non plus celui de Paris. Cette redéfinition du point zéro date de 1884 sous l’égide d’une Convention Internationale. Et ceci nous ramène à une des curiosités précédentes. La méridienne de Paris était un trait rouge qui, nous le verrons plus loin, montrera sur le territoire la ‘Ligne Rouge’, Rousse, ou encore Rose-ligne. Greenwich signifie ‘Sorcière verte’… Nous ne commenterons pas le mot ‘Sorcière’, en échange nous constaterons que notre méridien de rouge devient vert ! Le vert est en chromatique la complémentaire du rouge qui en est sa primaire et le restera à jamais. Le méridien, à présent, ‘de Greenwich’ est devenu la référence géodésique mondiale. Cependant il ne sera qu’un déplacement du point d’origine zéro qui nous était échu, géographiquement, verbalement, chronologiquement et symboliquement parlant, toute idée de chauvinisme étant, évidemment exclue. Cependant retenons que l’argument majeur avancé pour motiver le changement de méridien zéro serait simplement une plus grande facilité à naviguer… Demandons-nous alors si les navigateurs ‘d’avant’ cette modification naviguaient moins bien avec notre méridienne… où s’il faut sous-entendre une autre raison moins admissible ou infantile ? Car, enfin, quelle peut être l’amélioration si notoire pour la navigation due à la modification du lieu ‘d’émission’ du méridien zéro ? Francèsque Mativon du Heut avance qu’un de ses parents, au moment des faits, aurait eu entre les mains différents documents montrant des raisons ‘impossibles à exprimer au commun mais impératives’ motivant une modification radicale et rapide du ‘Méridien de Paris’… Les documents montrés, s’ils sont authentiques, sont contresignés par plusieurs dignitaires de sociétés que nous qualifierons provisoirement ‘d’hermétiques’ pour ne pas dire plus ni entamer une difficile polémique avec des membres et fidèles adeptes de deux de ces ‘cercles’ encore actifs de nos jours… précisons seulement, à toutes fins utiles, que ‘wich’ (de Greenwich) signifie bel et bien sorcière !
Mais revenons un peu en arrière dans ce temps qui nous est mesuré. En 1668 Colbert réclame impérativement ‘des cartes géographiques de la France plus exactes que celles qui ont été faites jusqu’ici.’ La mission de l’établissement du ‘Châssis général’ incombera à l’abbé Picard. Ce dernier deviendra par son travail méticuleux, en 1681, l’instigateur du principe de la triangulation, puis de l’importance du méridien de Paris dans les calculs concernant la forme de la Terre. La première étude mondiale aura lieu en 1668 durant laquelle l’abbé mesura un arc de méridien terrestre sur une distance de 130km entre Malvoisins, Essonne, et Sourdan dans la Somme. Etrange personnage que cet érudit abbé Picard. Son nom apparaît dans les registres et écrits d’une société du ‘ Brouillard’ et ceux qui influeront pour sa nomination (Gasthon de Mérancourt, Oron Boujeville, Mathieu Cristin Motter, et d’autres) appartenaient à des ‘cercles’ satellites de la même société et à une autre sur le point de se révéler discrètement au public peu après ces temps ‘lumineux et solaires’, ce qui n’enlève rien, précisons-le, aux qualités scientifiques mérités du religieux.
Depuis l’Antiquité l’Orient sait que la terre est sphérique, et vers 240 av . J.C.Erastosthène en calculera le rayon terrestre avec une précision de 10%. La méridienne établie par Cassini entre Dunkerque et Perpignan laisse apparaître le globe terrestre légèrement allongé selon l’axe des pôles, ce qui ira à l’opposé des hypothèses de Newton (attraction) et Richer ( mesures pendulaires à l’équateur).L’affaire sera tranchée en 1737 par les missions de la mesure d’arcs de méridien au pôle nord (expédition de Maurepertuis en Laponie) et à l’équateur (expédition Godin – Bouguer – La condamine). Dès cette date la ‘querelle de l’aplatissement’ sera réglée et il sera définitivement prouvé que la Terre est aplatie aux pôles. Pour ces calculs astronomiques il fallait un lieu de référence à la fois pour les recherches, pour les observations et aussi afin de concrétiser, et conserver, ces résultats. Ainsi nait en 1667 aux confins de Paris, sous l’impulsion de l’Académie Royale des Sciences, l’Observatoire Royal. Colbert fera venir du conté de Nice un certain Jean-dominique Cassini (1625-1712), et Louis XIV lui confie la responsabilité de l’Observatoire de Paris. Ce sera le début d’une véritable ‘saga’ dynastique et quatre Cassini se succéderont à la tête de l’institution : Jean-Dominique Cassini, Jacques Cassini (dit Cassini II, on lui doit les travaux concernant la figure de la Terre), César-François Cassini de Thyry (qui dressera la célèbre carte du royaume de France à l’échelle du 1/86400°), Jean-Dominique comte de Cassini (1748-1845, qui terminera les travaux cartographiques de l’’Etat’ français) .
Notons dès à présent, à propos de ces 4 ‘directeurs’ de l’observatoire qu’ils furent tous membre de l’’Angélique’ où ils occupèrent les plus hautes fonctions de maîtrise (Archives Angèliques - Barret et Mitlot 1825 éd. Colonnes). Plus curieusement encore, ils écrivirent une sorte de document personnel, jamais réédité, tombé dans l’oubli le plus profond (mais est-ce vraiment un oubli ?). Cette série de ‘cahiers Méridiens’(dont à notre connaissance il ne reste que les N°3-6 et 7) s’agrémenta et s’augmenta tout au long des fonctions ininterrompues des 4 directeurs Cassini de l’Observatoire. Il y était, entr’autre, question de relevés accentués sur certains points du territoire, on y note une insistance remarquable pour des sites dits ‘archéologiques’ situés uniquement sur la méridienne de Paris. Ces sites entreront plus tard dans différents travaux indexés sur des événements liés à notre Histoire et surtout à des ‘histoires’ qui seront vite classées à la rubrique ésotérique et insolite. Les Cassini insisteront tout au long de leur série de cahiers sur le fait de ne jamais oublier ces sites, les dénaturer, ou encore de les éloigner de leurs fonctions primordiales et ‘sacrées’ (c’est le terme qu’ils choisirent). Non seulement ils dressèrent scrupuleusement un état de lieux hors propos avec la topographie du méridien de Paris mais ils joignirent à leurs remarques des détails et des chronologies pour le moins curieux. De plus ils constituèrent des collections d’objets archéologiques qu’ils appelèrent ‘engins’ et ‘machines antiques’ dont on ne peut bien discerner le rapport entre ces mots ‘mécaniques’ et la fonction de ces mobiliers anciens.
On retiendra que les plus grandes parties des collections et archives ‘Cassini’ en question se trouvent encore dans le Sud de la France et non à Paris à la B.N., ni aux archives de l’Observatoire. C’est sur une partie de ces archives conservées vers Perpignan que travaillera le préfet Xavier Richard qui écrira, en 1936, le monumental et incontournable ‘ELEUSIS ALESIA’ sur lequel ; page 119, il réutilise le tracé ‘Cassini’ pour les sites proches de l’observatoire ainsi que sur le passage de la Méridienne au Nord et au Sud : Groslay, Montmagny, Deuil, St Denis, Arcueil et L’Hay. Tous des sites sur lesquels les Cassini travaillèrent hors propos de leurs fonctions…
Revenons encore à la création de l’Observatoire de Paris, point d’origine de la Méridienne de Paris. Les décisions et mises en oeuvre semblent aller très vite pour une époque où tout est long et lent au niveau réalisation. Jugeons plutôt :
22 décembre 1666 ( !), 1ère séance de l’Académie Royale des Sciences et création immédiate de l’Observatoire Royal. 7 mars 1667 achat (effectif le 8 mars) du terrain à cet effet. 21 juin ( !) est tracé sur le terrain le plan des bâtiments tel qu’on le voit aujourd’hui. A cette occasion sont tracés le méridien d’origine et les orientations indispensables à l’exploitation des fonctions d’Observatoire : « Le plan médian de celui-ci définira désormais le méridien de Paris ou méridien origine pour la France ». Les dates extrêmement rapprochées sont pour le moins le témoignage d’une urgence que rien ne justifie alors et qui peuvent surprendre par une certaine valeur symbolique. Les 3 événements auront lieu chaque 3 mois et offrent en valeur numérique un étrange compte à rebours : 22/12/1666 (création)= 8, 08/03/1667 (achat)= 4, 21/06/1667 (tracé)= 2 , soit : 8 - 4 – 2 !
Après l’acte de baptême des bâtiments voyons le berceau. Le lieu d’implantation : l’endroit était situé sur des domaines exclusivement religieux : l’abbaye de Port-Royal, le noviciat des Pères de l’Oratoire et le noviciat des Capucins. Les plans seront l’œuvre de Claude Perrault, frère de Charles Perraut auteur des contes de ‘Ma Mère l’Oye’. Pour mémoire nous retenons que les deux frères sont affiliés à une société ‘Angélique’ et aussi à la première loge maçonnique pionnière ‘Les Chevaliers Errants’, nous ajoutons que les frères Perrault ont une sorte de vénération pour les 21 juin ( Ils déposent simultanément ce même jour l’un son recueil de contes au D.L., et l’autre la première étude de l’oreille interne humaine), le jour du tracé de l’observatoire entre donc dans leur logique ‘solaire’. L’ensemble donc des bâtiments fut construit par Claude perrault. Cet initié discret utilisera strictement à cet effet la règle du célèbre Nombre d’Or en exigeant que certains espaces de constructions internes répondent à des proportions précises tenant plus d’un temple symbolique que d’un observatoire. Ces détails irriteront considérablement Cassini qui n’avait pas les préoccupations techniques et symboliques de Perrault. Il fallut l’intervention de Louis XIV… qui transigea en faveur de la vision ésotérique de son architecte préféré avec lequel il partageait l’optique de temple solaire de l’Observatoire royal. Il est vrai que Louis XIV illustra ‘le siècle des lumières’ de sa royale personne sous le nom de ‘Roi soleil’ … représentation incarnée d’Apollon dans toute sa lumineuse splendeur. C’est cette vision ‘templiste’ qu’entretiendra Claude Perrault dans l’ensemble du symbolisme de l’observatoire. Mais plus encore, puisqu’il s’agissait d’ésotérisme architectural, l’architecte initié souhaitait ‘puiser’ cette image de ‘templisme’ au sein même de la terre mère et de son obscurité propice à la maturation d’une Humanité perfectible.
Et en effet, il semble que le lieu voulu pour l’implantation de l’observatoire le soit plus pour son sous-sol que pour l’espace dégagé utile aux observations et calculs stellaires et solaires. Le sous-sol choisi est celui de très anciennes carrières aménagées en catacombes et en une véritable citadelle souterraine labyrinthique bien connue à l’époque par des initiés de différentes tendances ésotériques et magiques. Perrault tenait, à ces effets, à ce que l’édifice majeur ‘s’axe’ sur son puits zénithale et non l’inverse ! Alors eurent lieu de bien curieuses consolidations des sous-sols. Le rapport Royal de l’époque ( de C. Perrault au Cabinet privé du Roi – A.R. Pierre Coute N° 678-orc 71) fait mention de découvertes de cours d’eau souterrains, de ‘ramifications profondes’ et de ‘caveaux illustres’ ( ?, il est possible qu’il s’agisse du mot ‘illustres’ ou ‘illustrés’ donc imagés ?) dont les issues furent ‘terrassées’ et d’autres ‘soigneusement dissimulées’ pour des raisons de travaux ultérieurs est-il précisé ! On peut lire encore qu’il était clairement noté (doc. R.B.R. Fn XXXII) ‘l’endigue profond du ru SAYX à présent sous machinerie’ Puis suit une liste exhaustive d’objets remontés pour les collections royales lors de ces travaux souterrains. Plus insolite encore, il est ensuite établi une seconde liste concernant des objets, mobiliers et écritures qui seront ‘rangés enfouis’ sous les fondations… par volonté royale !
Une des 3 copies de ce royal, et insolite, document est encore partiellement lisible aujourd’hui. Perrault explique à un certain ‘Sire Ulisse Charde et ses frères ’ l’utilité historique de bâtir autour du puits zénithal afin de conserver intact l’accès à la cavité souterraine qui sera connue sous le nom de ‘Nostre Dame Soubsterre’. On accèdait à cette ‘antyque Chaspel’ par quelques escaliers à vis et on y contemplait ‘admirablement’ une petite vierge noire retrouvée lors des travaux… quel hasard… car plus tard on affirmera, le plus doctement du monde, que ce sont les constructeur du lieu qui la commandèrent en terre cuite et la déposèrent dans un réduit au niveau des souterrains de l’observatoire.
Plus tard certains alchimistes et pas des moindres considéraient cette ‘crypte’ comme seule capable de donner les ‘moments’ propices aux différentes phases du Grand Oeuvre, et d’y récolter le minéral seul capable d’ouvrir les travaux sur la Matéria Prima. Ce lieu alchimique semblait connu sous le vocable de ‘Pierre brute du Grand Art’. On peut aussi lire (doc R.B.R) que, 2 ans auparavant, le site souterrain qui deviendra celui de l’Observatoire Royal aurait reçu d’illustres visiteurs curieux, ou savants, parmi lesquels se distinguent plusieurs fois messieurs Reynaud Levieux, Nicolas Poussin et des notables religieux à majorité cartusienne.
La profondeur du puits zénithal fut fixée à 28 mètres et 27 m pour la hauteur du bâtiment, ce qui donne un hauteur totale de 55m. L’utilité première prévue pour l’observation stellaire fut rapidement délaissée, et ce ne sera qu’en 1851 que Foucault réalisera sa seconde expérience du pendule rendue célèbre par Umberto Eco. Puis ce sera, pour Foucault, en 1862, la 1ère détermination de la vitesse de la lumière toujours dans ce même local.
Le lieu, à sa construction, semblait hautement symbolique et tenir à cœur plusieurs sociétés plus hermétiques que savantes, connues un peu plus tard sous le nom de ‘Sociétés du Brouillard’…. Et à laquelle certains dignitaires de l’Observatoire d’abord ‘Royal’ puis de ‘paris’ ne manqueront pas d’appartenir. Les raisons de telles affiliations resteront toujours au stade de l‘interrogation.
Le méridien de Paris entra aussi dans la vie de chacun de nous sans que nous en prenions plus conscience. En effet, si cette méridienne zéro nous localisait dans l’Espace géographique terrestre, elle nous administrait aussi dans le temps Universel… et dans toutes mesures.
Il fallait, dès la fin du XVIIIe S., trouver un système universel permettant tous les échanges possibles : masses, longueurs, capacités, entre toutes les nations et sous réserve que ce système ne présente « rien d’arbitraire ni de particulier à la situation d’aucun peuple sur le globe ». Et le méridien zéro donna naissance à l’ancêtre du système décimal : le premier mètre étalon ! Il fut établi que le Méridien de Paris servirait de base à la nouvelle uniformisation des mesures.
Le 10 septembre 1799 le nouveau système est sanctionné. Puis le 24 septembre 1803 « les étalons du mètre et du kilogramme et de toutes les règles qui ont servi aux diverses mesures de la terre par les astronomes français seront déposés à l’Observatoire National ». Les étalons de masse (1 kg) et de longueur (1m) déposés sont d’une précision, rappelons-le, de l’ordre du millième… ce qui donne une vertigineuse notion de la rigueur d’un travail du début 19eS. En fait notre système décimal fut défini « comme la dix millionième partie du quart du méridien terrestre »… donc du méridien zéro de l’époque : ce lui de Paris. La loi du 19 frimaire an VIII (10/10/1799 !) légalise cette mesure devenue universelle qui fera notre mètre égal à « trois pieds 11,296 lignes de la Toise du Pérou qui avait été utile à la mesure de la méridienne zéro !.. ». Le système décimal doit son nom au mot ‘mètre’ qui en grec signifie ‘mesure’.
Pour Grasset d’Orcet (auteur des matériaux Cryptographiques) ce mot serait entré dans notre langue par l’habile et secrète volonté que le ‘système métrique’ donne l’absolue ‘maîtrise’ sur toutes les recherches, sur tous les calculs et sur tout le savoir scientifique du globe ! Déjà au Moyen-Age le terme ‘maîtrie’ était synonyme d’une connaissance majeure au troisième degré des 3 niveaux du perfectionnement : apprenti, compagnon… maître ! Dieu, lui-même, dans les gravures médiévales n’est il pas représenté ‘maître de l’Univers’ et délimitant toutes choses sur la terre avec un compas ? Certes, il s’agit de jouer sur les mots, mais ce jeu ne se peut qu’en langue française et en raison d’une conséquence découlant d’un méridien d’origine émanant de notre géographie française et de sa capitale. Au demeurant, notre territoire détient quelques particularités géographiques, géodésiques, historiques aussi curieuses qu’officielles unique au monde:
La France, dès 1789, voit son territoire entrer dans la forme géométrique d’un hexagone presque parfait, en tous cas indiscutable.
Puis notre pays sera déclaré ‘Point Zéro’ des continents émergés. Dès 1912, officiellement un point précis sur l’île Dumet, au large de la Bretagne et près de Belle Île. Ce bout de terre perdu dans les flots (avec son curieux château RA) où depuis l’Antiquité est situé superstitieusement et symboliquement le ‘Nombril du monde’ entrera dans l’histoire des points ‘balises fixes’ de notre planète… avec son antipode au sud de la Nouvelle Zélande (lire notre article dans l’Inconnu n°255 dèc. 1997).
Ces raisons insolites, étranges, mais authentiques, poussèrent elles l’Eglise à considérer très tôt que la terre des francs est sa ‘Fille Aînée’… puisqu’elle donna ‘Maîtrise’ sur toutes les terres émergées, sur les latitudes et longitudes, sur le Temps (les astronomes de l’Observatoire étaient appelés ‘Maîtres du Temps !) et toutes mesures humaines !
Vraiment le berceau d’origine du méridien zéro de Paris semble ne plus devoir grand chose au hasard, aux vaines querelles humaines et autres dérisions orgueilleuses, mais bien au contraire être le fruit d’une volonté hermétique à laquelle adhérèrent des scientifiques (à la réputation de sérieux indiscutable) et qui en reconnurent, de fait, l’étrange mais implacable nécessité pour un lendemain qui est maintenant notre présent.La Méridienne de Paris traversait la France de Dunkerque à Prats de Mollo qui est l’ultime et plus élevé point construit avant la frontière avec l’Espagne. Ce dernier site balisant le méridien se trouve dans les terres de Roussillon. Etrange pays dont les seigneurs furent les ‘Cousins’ des rois de France (Jean-Marie de la MURE - Histoire Universelle Civile et ecclésiastique – 1674) et dont les premières dynasties remonteraient aux Urséolus légendaires : les seigneurs Ours ! Or le symbole de l’Ours nous renvoie au méridien, à savoir ‘l’Axis Mundi’ (nous rappelons que le ru endigué sous l’observatoire, le SAYX, est l’anagramme de axys !) soit l’axe du Monde, présidant aux constellations de la grande Ourse et de la Petite Ourse, donc la Polaire axe immobile de notre voûte céleste. Mais cette ultime étape de la méridienne nous rappelle qu’elle est tracée de couleur rouge et que le Roussillon est aussi le ‘Sillon Roux’. Et un sillon roux est une ligne rouge !
Cette dernière terre de France était-elle faite pour recevoir, au sud, la ligne méridienne zéro ? C’est en tous cas ce qu’écrit Cassini, admiratif du passé de ces contrées énigmatiques aux confins du royaume. On dit encore que les terres de Roussillon abriteraient le tombeau d’un monarque dont la résurrection sauverait le monde… et aussi que Marie-Madeleine y serait venue après son arrivée aux Saintes Marie de la Mer. Marie-Madeleine dont les Roussillon affirmeront en tous cas savoir où sont vraiment les vraies reliques et les transféreront à Vézelay étape incontournable sur la route de Compostelle. Les Roussillon encore dont le nom issu des Russéolus aurait un lien avec le rouge-sang (encore) si cher à Rabelais et à Gargantua, et de là aux légendes des rois géants des Pyrénées, pays de Pra de mollo, mais surtout de Montréal de Sos, véritable Mont Royal avec sa fresque du Graal enfouie au fond d’une grotte et retombée dans l’oubli (notre article dans L’INCONNU N° 236 mai 1996). La liaison avec le sang serait alors faite avec les Ourses du blason de Sabarthes (adossées à une coupe du Graal) et la couleur verte qui est l’émeraude du calice sacré … bouclant ainsi la relation avec l’Ours du roi Artus et les romans de la Table Ronde en queste d’un Graal que les Cathares de Montségur évacuèrent sur la commanderie de Capoulet !
- Notre méridien zéro nous donnait la garde du monde ‘mesuré’ et cadré par une ligne rouge gardienne de tous débordements incontrôlés. C’est encore cette ligne rose, déjà aperçue, et qui se concrétise, dans l’affaire de Rennes-le-Château par la Ste Roseline célébrée le 17 janvier. 17 janvier… date formidable du dépôt par Perrault et Cassini, dans l’oratoire prévu à cet effet, de la statue de la vierge ‘noire’ au fond des souterrains de l’Observatoire de Paris ! 17 janvier fête aussi de St Genou… sans que l’on ne sache s’il s’agit du patron des initiés au genou découvert, de celui de Rabelais, ou de celui de Grasset d’Orcet : « JE – NOUS » pour genou. 17 janvier fête enfin de St Sulpice ancien évêque de la cathédrale de Bourges. Bourges ville traversée par la méridienne zéro certes, mais aussi capitale des Bituriges qui se disaient ‘Rois du monde’. St Sulpice encore, en revenant sur Paris, qui est le vocable d’une église abritant un gnomon astronomique juste situé sur le passage du méridien de Paris ? mais aussi une église qui tient une place prépondérante dans l’affaire de Rennes-le-Château et le fameux méridien.Dans cette église de St Sulpice on trouve une peinture de Delacroix ‘Héliodore chassé du temple’. Rien, jusque là de bien mystérieux. Pourtant nous notons que ce travail se trouve dans la ‘Chapelle des Sts Anges’ (doit-on y trouver une similitude avec les sociétés ‘Angéliques ?). Et, en regardant cette peinture de plus près, nous observons que 5 personnages ont le genou droit découvert, ce qui nous donne en langue ‘oiselée’ (Grasset d’Orcet) cinq genoux = ‘Saint genou’ retour au 17 janvier ! Il nous manque st Roseline ? qu’à cela ne tienne, car sous la chapelle des Sts Anges s’en trouve une autre souterraine sous le vocable du ‘Rosaire’ où était vénérée autrefois une sainte Roseline (abbé Satoret – sur les pas de Ste Roseline dans Paris – 1803)… A présent on y vénère une autre statue, celle de N.D. du Bon Chemin… on croit rêver !
Nous savons que le genou des Initiés est le gauche, et Delacroix choisit le droit cinq fois. Admettons, un instant, que cette inversion ait une importance, et c’est l’avis de celui qui travailla sur l’affaire de R.L.C. sous le pseudonyme de PUMAZ, on peut en effet reporter sur une carte du secteur un tracé, très simple, dont la pointe majeure indique la commune de Arques dans l’Aude. Bien entendu on ne peut que supposer le hasard le plus pur. Pourtant dans ce tracé inversé sur la fresque de Delacroix la colonne principale prend place sur la carte sur le tracé du méridien de Paris et le même méridien passe à coté de la commune de Arques !
Rendons nous à Arques. Le méridien passe en vérité sur la commune voisine à quelques centaines de mètres d’Arques, et plus précisément il coupe la R.N.613 au lieudit ‘ Les Pontils’. En ce lieu, il y a quelques années, se dressait encore un tombeau dont la forme était identique à celui représenté sur le célèbre tableau de Nicolas Poussin : ‘Les Bergers d’Arcadie’… Le lieu ayant été maintes fois violé et saccagé par de minables chercheurs de sensations le propriétaire, excédé à juste titre, décida de faire raser le monument. Cependant de nombreuses représentations existent dans plusieurs ouvrages.La région d’Arques en ce cas pourrait avoir été intimement interprêtée, puis choisie symboliquement, comme une représentation idéale du mythe d’Arcadie… sans doute avec des raisons ésotériques qui nous échappent maintenant, mais peut-être encore accessibles au moment de la méridienne. Les raisons d’être, de cette dernière, n’étant plus de mise ou ayant achevé leurs fonctions, le méridien d’origine (alors le bien nommé !) au XXe S. non seulement n’avait plus aucun rôle prépondérant mais pouvait, au contraire, permettre de comprendre ce qui ne devait pas, ou plus être compris !
La visite de Nicolas Poussin, auteur des ‘Bergers d’Arcadie’, en compagnie de Reynaud Levieux, dans les carrières sous ce qui deviendra l’Observatoire, passage et origine de la méridienne zéro… cette même méridienne coupant sur un tombeau dit ‘d’Arques’ permettaient de renouer le lien et de rester sur… le ‘bon chemin’ donné par N.D. de St Sulpice.
Mais ce n’est pas tout. Dans l’église de Arques deux tableaux nous attendent, l’un passe pour avoir été commandité par l’évêque d’Alet (Aude), Mgr Pavillon, à… Reynaud Levieux !
L’autre tableau ? il représente la ‘Ste Famille’ et comporte un détail frappant qui conduit directement sur les terres des seigneurs de Perillos, petite commune du Roussillon qui pourrait n’avoir aucun rapport avec le méridien de Paris si dans son histoire il n’y avait un détail incontournable : la légende du sire de Perillos. Le sire de Perillos revenant de croisade trouve son fief et toute la région roussillonnaise dévastés par une créature géante le Babaos. Il finit, après bien des péripéties basées sur le chiffre 3, par détruire ce monstre dévastateur. Pour témoigner de la destruction de la bête le seigneur lui arrache trois cotes, une pour lui, une pour les notables de Perpignan et la troisième qui restera encastrée dans le porche d’entrée de la chapelle de Prats de Mollo… dernière balise construite sur la ligne de la méridienne de Paris. Nous ajoutons que l’on a retrouvé des écrits des Cassini dans plusieurs familles du secteur de Arques, Perillos et Prats de Mollo dans lesquels les directeurs de l’Observatoire de Paris posent des questions plus en rapport avec une histoire insolite du pays que sur le propos du tracé géographique lui-même. Dans un de ces courriers un Cassini semble vouloir préciser, à un notable, que le tracé méridien délimite sur ce pays roussillonnais plus une volonté implacable et une obligation salvatrice de vérité ( ? ? ?) qu’une mise en règles geographiques qui nous échappent irrémédiablement.
Enfin il nous semblait impossible d’aborder ce sujet sans faire état des travaux des écrivains Jules Verne et Maurice Leblanc.
Jules Verne (1825 – 1905) est à remarquer dans le registre de la méridienne de Paris. Sans jamais en faire état ouvertement l’étude et le développement de cette ligne rouge sur le globe, et surtout certaines de ses conséquences sur le Sud de la France, lui sert de fil conducteur traçant tel l’Arcane des compagnons constructeurs, la trame philosophique de plusieurs de ses romans. L’auteur appartenait à des milieux d’initiés notoires ainsi qu’à des sociétés très discrètes. Il restera à définir si Jules Verne vint à ces milieux initiatiques suite à ses travaux d’écrivain… ou si ses écrits l’obligeaient à une réflexion telle que le ‘passage par l’Axe Hermétique’ lui était devenu inévitable. Notons dans son œuvre quelques titres concernés: ‘Clovis d’Ardentor’, ‘César Cascabel’, Voyage au centre de la Terre’ avec son héros Axel, anagramme facile de ‘l’axe’, ‘le Sphinx des glaces’ et autres aventures ayant pour thème la course aux pôles, donc de l’axe du monde. Les ouvrages de Franck Marie : « Le surprenant message de Jules Verne », et de Michel Lamy : « Jules Verne initié et initiateur », sont pour nous incontournables en la matière.
Maurice Leblanc (1864 – 1941) est un détour indispensable dans le domaine méridien et énigmatique. On peut pratiquement dire que la majorité de ses romans concernant Arsène Lupin (loup) font allusion à la méridienne, ses extériorisations et ses secrets, surtout ses finalités dans le Sud de la France, mais aussi ses ramifications étroites avec l’Histoire ‘occulte’ de notre territoire. Maurice Leblanc dut avoir, lui aussi, des relations directes avec les milieux initiatiques… mais était-il initié, initiateur… ou les deux simultanément ? Seuls ses romans peuvent nous le laisser deviner. Nous parlions de l’évêque Pavillon d’Alet, il suffit, à ce propos d’observer que ‘812’ est le titre d’une aventure d’ A. Lupin… et la date fondatrice de l’abbaye d’Alet. Quand à la ‘Roseline’ l’auteur ne tente même pas de la dissimuler dans les replis de ses romans, il la nomme ouvertement. L’ouvrage de Patrick Ferté : « Arsène Lupin Supérieur inconnu » est l’ouvrage de référence indiscutable en la matière.
D’autres auteurs et personnages mériteraient largement leur place dans le tracé rouge du méridien de Paris, nous pensons en particulier à Arago, l’abbé Boudet, Méchain, etc…la place manque cruellement pour poursuivre avec eux notre parcourt méridien.
Plus près de nous à présent et ce sera notre conclusion: le 15 octobre 1997 au Carroussel du Louvre était inauguré un système qui, d’une pyramide inversée terminée par une barre verticale, donnera la date du jour à midi de l’heure solaire. Ce monument du à l’initiative de Jean-Louis Heuddier (Comité Scientifique EUREKA) représente la méridienne inaugurée, ce jour là, en hommage aux Cassini qui se succédèrent à la direction de l’Observatoire de Paris. Le même 15 octobre 1997, le lanceur Titan IV emporte vers l’espace la sonde Cassini-Huyggens vers de nouvelles découvertes universelles… ou d’autres tracés de méridiens cosmiques ?… Mais ceci est certainement une autre histoire !
André Douzet
http://ekladata.com/sur-les-toits-de-paris.eklablog.net/mod_article5159919_1.jpg
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Par Dona Rodrigue le 27 Août 2011 à 14:08
Qui est la plus belle des Parisiennes ? La Seine ? L’église Notre-Dame ? Amélie Poulain ? Eh bien non, pour moi, c’est la fontaine Wallace. Regardez-moi cette merveille : c’est une fontaine d’eau potable en fonte verte qui mesure 2 mètres 71. Au dessus du socle, quatre caryatides se tournent le dos et soutiennent à bout de bras un dôme orné d'une pointe, et décoré de dauphins. Au milieu un petit filet d’eau potable coule en permanence. Voilà. C’est tout. C’est tout ? Non, ce n’est pas tout. Ca s’appelle fontaine Wallace.
Wallace, ça ne sonne pas très français…C’est que la fontaine Wallace a une histoire. Une belle histoire. En gros, c’est l’histoire d’amour d’un Anglais avec les Français pendant que les Allemands leur envoient des bombes. Attendez, je vous la raconte: l’Anglais, Sir Richard Wallace, naît en 1818 à Londres comme fils Quand la guerre de 1870 éclate, la ville de Paris est rapidement assiégée par les Allemands. Des bombes pleuvent sur Paris. Il fait froid. On manque de tout : de charbon, de nourriture, d’eau. C’est là que Sir Richard Wallace se révèle être un vrai philanthrope, à la fois charitable et modeste. Au lieu de sauver sa peau et de retourner en Angleterre, il décide de rester à Paris pour aider les Parisiens. Et il les aide vraiment. Car, ça tombe plutôt bien, il vient juste de faire un énorme héritage.
Alors, il organise un service d’ambulances et ouvre avec 100 000 francs une souscription patriotique pour - citation - " les malheureuses familles obligées de fuir leur logis sous le feu de l’ennemi ". Après cette guerre, que les Allemands gagnent comme on le sait, Sir Wallace dessine deux magnifiques modèles de fontaines inspirés par l’art de la Renaissance, pour éviter que quiconque puisse encore manquer d’eau potable dans les rues de Paris. Voici le grand modèle et voici le petit qui se pose en applique contre les murs. Sir Wallace les fait réaliser par un sculpteur de grand talent, Charles-Auguste Lebourg, et en offre 50 à la ville de Paris.
La première fontaine Wallace est inaugurée en septembre 1872 boulevard de la Villette, devant une foule enthousiaste qui se bat presque pour atteindre les deux gobelets en fer blanc, attachés par une chaînette. Même si en 1952, les gobelets ont disparu par mesure d’hygiène, on peut toujours boire aux fontaines Wallace à Paris. Entre les originaux et les copies, on en trouve aujourd’hui 108.C’est pratique pour les sans-abri et les touristes et tout le monde s’accorde à les trouver très belles. S’il le savait, Sir Wallace serait content, vraiment content.Texte : Nikola Obermann
Image : Gilles Roqueplo
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Par Dona Rodrigue le 17 Août 2011 à 12:46
Le plus célèbre cimetière de Paris s'appelle officiellement «cimetière de l'Est» mais son nom usuel fait référence au confesseur de Louis XIV, le père La Chaise. Ce jésuite qui encouragea le roi à révoquer l'édit de Nantes, venait souvent se reposer en ces lieux, auprès de la chapelle qu'y possédait son ordre.
Le cimetière dit «du Père-Lachaise» est inauguré le 21 mai 1804, sous le règne de Napoléon 1er, pour remplacer les cimetières du centre de Paris, dont celui des Innocents, dans le cadre de la politique hygiéniste engagée quarante ans plus tôt. Il est alors situé en pleine campagne, couvre 17 hectares (beaucoup moins qu'aujourd'hui) et sa position à flanc de colline, à l'est de la capitale, protège celle-ci des miasmes dégagés par certains charniers.
En 1817, on y transfère les restes supposés de Molière et La Fontaine pour encourager la bourgeoisie parisienne à se faire enterrer en ces lieux. L'opération est un succès et il faut bientôt étendre le cimetière vers l'est. La Commune de Paris se termine ici le 28 mai 1871. Le «mur des Fédérés» conserve le souvenir des 147 malheureux qui furent fusillés à cet endroit et du millier de cadavres qui furent ensevelis dans une fosse voisine (bien que le mur n'existât pas encore au moment des événements !).
On peut ignorer l'arrogant monument d'Adolphe Thiers, financé par une souscription publique, et s'en aller à la découverte de sépultures plus émouvantes au gré des allées arborées dessinés par l'architecte Alexandre Brongniart, plus connu pour l'édification de la Bourse de Paris. Parmi les couples éternels : Yves Montand et Simone Signoret, mais aussi Héloïse et Abélard,...
Les innombrables personnalités françaises et étrangères qui reposent en ces lieux retracent deux siècles d'Histoire et de culture :
Alain, Guillaume Apollinaire, François Arago, Honoré de Balzac, Barras, Beaumarchais, Bernardin de Saint-Pierre, Sarah Bernhardt, Claude Bernard, l'acteur Jules Berry (1883-1951) qui joua dans Le crime de Monsieur Lange, Les visiteurs du soir..., Fulgence Bienvenüe, qui construisit le métro parisien, Georges Bizet, Louis Blanc, Auguste Blanqui, François Boissy d'Anglas, Édouard Branly, Pierre Brasseur, l'architecte Alexandre Brongniart,
Gustave Caillebotte, Jean-Jacques de Cambacérès, Jean Casimir Perier, Jean-François Champollion, Jean Chaptal, Luigi Cherubini, Frédéric Chopin, Jean-Baptiste Clément, Colette, Auguste Comte, Benjamin Constant, Jean-Baptiste Corot, Georges Courteline, Georges Cuvier,
Le président du Conseil Édouard Daladier (1884-1970) qui signa les accords de Munich, l'auteur du Petit Chose, Alphonse Daudet (1840-1897), Honoré Daumier, Pierre David d'Angers, Eugène Delacroix, Jacques Duclos, Isadora Duncan, Paul Éluard, Max Ernst, Alexandre Falguière, Félix Faure,
Louis Gay-Lussac, Geoffroy Saint-Hilaire, Théodore Géricault, Jules Guesde, Georges Haussmann, Dominique Ingres, François Kellermann, Jean de La Fontaine (cénotaphe), Marie Laurencin, Pierre Lazareff, Ledru-Rollin, Ferdinand de Lesseps,
Georges Méliès, Jules Michelet, Amedeo Modigliani, Molière (le dramaturge n'est présent dans le cimetière que par un cénotaphe ou tombeau vide), Sylvia Monfort,
Joachim Murat, Alfred de Musset, Félix Nadar, Gérard de Nerval, Anna de Noailles, Victor Noir, Max Ophüls, Paul Panhard, Antoine Parmentier, Édith Piaf, Camille Pissaro, Ignace Pleyel, Elvire Popesco, Francis Poulenc, Marcel Proust,
On dit que des jeunes filles et des femmes en mal d'amour viennent sur la tombe de Victor Noir caresser certaine protubérance de son gisant dans l'espoir qu'elle leur portera chance.
Rachel, François Raspail, Jules Romains, James de Rothschild, Jean Sablon, Claude Henri de Saint-Simon, Georges Seurat, Sieyès, Talma, Maurice Thorez, Paul Vaillant-Couturier, Jules Vallès, Louis Verneuil, Richard Wallace, Oscar Wilde et le clown Achille Zavatta (urne funéraire).
Le peintre et régicide Jacques-Louis David (1748-1825) repose au cimetière d'Evere, à Bruxelles où il est mort en exil, mais son coeur a été inhumé au Père-Lachaise par l'un de ses fils.
Ne pas oublier le tombeau très visité de Jim Morrison, le chanteur des Doors, mort d'une overdose à 27 ans. Françoise Giroud (1916-2003) figure parmi les dernières arrivées (cette liste ne saurait être exhaustive) exhaustive) .
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Par Dona Rodrigue le 13 Juillet 2011 à 22:02LES TRÉSORS DE MONTMARTRE(D'après Chroniques et légendes des rues de Paris. Édouard Fournier, 1864)
Il y a tantôt deux ans, on put lire dans les journaux, que Montmartre était tout d'un coup devenu l'un des points de mire de nos archéologues du moyen âge, et que la montagne des Ânes, ainsi qu'on l'appelait du temps de ses moulins, se trouvait momentanément un lieu chéri de la science.
On s'était enfin avisé de découvrir ce qu'on n'aurait jamais dû ignorer, ou du moins oublier, à savoir, que les trois chapelles romanes groupées derrière la vieille église Saint Pierre, sous la tour de l'ancien télégraphe, sont un monument des plus curieux, des plus rares, surtout à Paris ! et, grand miracle ! au lieu de les détruire ou de les laisser se démolir d'elles-mêmes, ce qui n'eût pas tardé, on
Église Saint Pierre et Tour du Télégraphe
de Chappe. L'église est le seul
vestige de l’Abbaye de Montmartre.voulait bien les conserver ; on les mettait par une acquisition intelligente, sous la sauvegarde de la ville et du comité des monuments historiques ; bien mieux, on parlait de les restaurer !
Les chapelles et église de Montmartre sont, avec Saint-Germain-des-Prés, la crypte primitive de Saint-Martin-des-Champs (Conservatoire des Arts-et-Métiers) et la tour de Saint-Germain l'Auxerrois, les seuls échantillons du style roman qui existent à Paris.
Puisque l'archéologie s'installe à Montmartre, elle fera bien de ne pas se hâter d'en descendre. La célèbre butte renferme dans son sein plus d'une ruine perdue sous ses flancs de plâtre ; il ne faut qu'y savoir chercher. Les derniers vestiges de la chapelle du Martyre, la trace dernière du sanctuaire vénérable que saint Denis, l'apôtre de Lutèce, sanctifia par son supplice, et dans lequel détail trop ignoré des Parisiens Ignace de Loyola vint avec ses six compagnons, le 15 août 1534, consacrer par un vœu solennel la compagnie de Jésus « fille de Montmartre, des martyrs, et de la France, ».
Avant la Révolution, la chapelle était encore debout, tous les Parisiens la connaissaient, et il n'en était pas un qui, la trouvant à mi-côte, sur le versant qui regarde Paris, ne se signât devant son humble croix. Alors en effet, si dans le peuple de Paris on n'était pas véritablement pieux, on avait toujours du moins l'extérieur de la piété, et chaque crucifix obtenait de tout passant un salut ou un signe de croix.
Tout le monde, les bonnes femmes surtout que certaine croyance superstitieuse attirait à Montmartre, tout le monde avait donc salué la petite chapelle ; beaucoup avaient fait leurs prières devant son autel. « A Montmartre, il y a une image de Notre Seigneur, qui apparaît à la Magdelaine et au bas est un écrit où on l'appelle Rabboni, qui est à dire maître. Les bonnes femmes ont cru que c'etait l'image et le nom d'un saint qui rendait bons les maris, et pour cela lui portaient autrefois toucher les chemises de leurs maris, moyennant quoy, elles croyaient qu'il fallait qu'ils rabonnissent ou qu'ils crevassent dans l'année. » (Mélanges de Philibert Delamarre, mss. Bibi. imp., fonds Bouhier, n° 34, p. 173.)
Il n'y a pas de cela plus de soixante-dix ans : cependant, personne aujourd'hui, même parmi les plus âgés, qui étaient des enfants ou des jeunes gens alors, personne ne peut indiquer à quelle place au juste de la montée se trouvait l'humble sanctuaire, si connu, si populaire. Quelques vieillards, quelques vieux meuniers de la butte vous diront bien, en vous montrant un petit enclos en face de la chaussée des Martyrs, tout près du tournant que la route fait à droite : « Ce devait être là ! » Mais voilà tout ce qu'on pourra vous apprendre.
La chapelle du Martyre se trouvait, suivant M. Chéronnet : « à mi-côte de la butte Montmartre, en face de la rue et chaussée des Martyrs, à quelques pas du premier coude que forme la route à droite, et à peu près sur la même ligne que
Moulins à Montmartre la mairie. » (Hist. de Montmartre, 1843, in-12, p. 163, note). Montmartre, qui, au dernier siècle comptait encore douze moulins, dont M. de Trétaigne donne les noms dans son curieux livre : Montmartre et Clignancourt, 1862, in-80, p. 222, n'en possède plus que deux à présent, à l'extrémité septentrionale de la butte : celui de Butte-à-fin, et celui de la petite Tour ou de la Galette.
Après la Ligue, qui fut un temps de ruine pour elle, la petite chapelle avait été réparée entièrement par les soins de Marie de Beauvilliers, l'abbesse, et enfermée avec la pièce de vigne qui l'entourait, dans l'enclos même de l'abbaye (Sauval, t. I, p. 352 ; Du Breul, Antiq. de Paris, 1639, in-4°, supplém. p. 84, Du lieu de Montmartre.) Ce dont on se souvient mieux à Montmartre, c'est qu'un jour de l'année 1790, quelque temps après que tout le domaine de l'abbaye dont faisait partie cette chapelle du Martyre eut été vendu comme bien national ; un plâtrier, à qui elle était échue, la jeta par terre au ras du sol, et n'en laissa pas un moellon.
Souvent, même dans les démolitions les plus impitoyables, les constructions souterraines survivent ; on détruit la maison, mais on respecte la cave. Ce fut le contraire ici. Que demandait le plâtrier propriétaire ? Du plâtre. Il ne détruisit donc la chapelle qu'afin de pouvoir éventrer mieux et fouiller plus profondément le sol qu'elle embarrassait. Lorsqu'il eut fait son trou, il respecta moins encore ce qui était dessus, et la ruine souterraine suivit de près la destruction extérieure. En 1795, il ne restait plus trace des deux chapelles, ni de celle qui était au-dessus du sol, ni de celle qui était au-dessous.
Le village Orsel qui depuis a été remplacé lui-même par la rue des Acacias, entre les chaussées des Martyrs et de Clignancourt, avait peu à peu étagé ses maisons sur les vingt-six arpents en montée dont le petit sanctuaire était le centre. M. Orsel, qui était fort riche, avait acquis sur le versant de la butte tous les terrains que l'abbesse, madame de Laval, avait défendus, en 1786, contre le fisc, qui voulait les englober dans la nouvelle enceinte de Paris. C'est M. Lambin, héritier d'Orsel, qui commença le village dont celui-ci fut le parrain.Lorsque les plâtriers avaient eu bien fouillé et refouillé les profondeurs du sol, on avait bâti sur sa surface. Pour toute la butté il en fut de même. Ici, il en avait coûté de très précieux restes ; ailleurs, chose plus étrange, on y perdit... une fontaine. Les excavations pratiquées pour l'extraction du plâtre en furent cause. Au XVIIe siècle, la source appelée la Fontenelle avait disparu ainsi. Un matin elle s'était, trouvée à sec, et, depuis lors on n'y avait plus vu une goutte d'eau. Tout s'était perdu dans un trou à plâtre.
En 1810, ce fut le tour de la fontaine Saint-Denis, la plus belle de toutes, et la plus sainte. C'est dans son onde pure que l'apôtre des Gaules avait, disait-on, lavé ses mains et sa tête, toutes sanglantes du martyre ; c'est sur ses bords que Loyola et ses Compagnons avaient achevé en prières et en pieux entretiens la journée sanctifiée par leur vœu solennel.
Il n'y avait pas dans tous ces environs d'endroit plus célèbre, plus vénéré. Or, l'année que j'ai dite tout à l'heure, il vint des chercheurs de plâtre qui bouleversèrent tout le terrain voisin de la source. D'abord ils changèrent la direction de ses eaux, puis un beau jour un de leurs trous l'engloutit, elle aussi, tout entière, jusqu'à la dernière goutte. « Aujourd'hui, dit M. de Trétaigne, la fontaine Saint-Denis, autrefois si célèbre, n'est plus qu'un fait légendaire. » Le plâtre qui, s'il fut la richesse de Montmatre, lui a fait perdre aussi tant de choses précieuses, y était exploité dès le XIVe siècle. M. Hoefer, dans son Histoire de la Chimie, t. I, p. 425, cite de ce temps-là, un manuscrit de Bartolomé, l'Anglais, où il en est parlé ; Guillebert de Metz en fait aussi mention, p. 801.
Nous regrettons cette fontaine, mais, nous ne regrettons pas moins le sanctuaire souterrain de la chapelle du Martyre. Il y avait là mieux qu'une crypte ordinaire ; c'étaient de vraies catacombes, semblables par la destination sinon par l'étendue, à celles qui avaient servi de refuge aux premiers chrétiens de Rome. Le
Abbaye de Montmartre. souterrain n'était pas positivement sous l'église, il commençait sous le chevet du chœur, et de là se prolongeait assez loin. Après avoir été longtemps le but d'un pèlerinage fervent, (Dom Marier parle de cette affluence à la chapelle des Martyrs dans son Histoire de Saint-Martin-des-Champs, p. 319. Depuis 1096, une donation faite par des laïcs avait mis le sanctuaire de Montmartre sous la dépendance de cette riche abbaye), et avoir partagé l'adoration qu'on vouait au saint martyr, dont on pensait qu'il avait vu le supplice, il fut fermé, muré, oublié. Pourquoi ? à la suite de quels événements ? C'est ce que je ne saurais dire.
Depuis longtemps, on n'y songeait plus, et le souvenir de son existence s'était même effacé, lorsque, le 12 juillet 1611, des maçons employés à la construction d'une annexe que les dames de Montmartre faisaient bâtir à la suite de la chapelle des Martyrs, trouvèrent, dès les, premiers coups de pioche qu'ils donnèrent dans le sol « une voûte sous laquelle il y avait des degrés pour descendre sous terre en une cave. » Ils descendirent, « et au bas de la descente, dit le procès-verbal conservé dans le Médire des Antiquités de Du Breul (1639, in-4°, liv. IV, p. 365.), ils trouvèrent une cave ou caverne prise dans un roc de plâtre, tant parle haut que par les cotés et circuit d'icelle. Ils avancèrent, et quand ils furent au bout du côté de l'orient, ils aperçurent une pierre de plastie biscornue, et au-dessus, au milieu, une croix gravée avec un ciseau.... Icelle pierre élevée sur deux pierres de chacun coté, de maillon de pierre dure de trois pieds de haut, appuyée contre la roche de plâtre, en forme de table ou autel. »
C'était un autel, en effet, sur lequel dans les premiers temps, on était venu dire la messe en l'honneur des saints martyrs, devant la foule recueillie des fidèles. Plusieurs, avant de quitter le sanctuaire souterrain, y avaient écrit leur nom à la lueur des cierges, et tous ces noms, soit qu'ils fussent gravés avec la pointe d'un couteau, soit qu'ils fussent grossièrement écrits au charbon, étaient encore visibles.
sources :http://www.paris-pittoresque.com/rues/97.htm
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