Quatre nouvelles extraites de
Les enfants de choeur
Flammarion
1982
Librio
1996
Lu dans le cadre de ma recherche pour les lectures en maison de retraite
Mandarine
Récit plus ou moins autobiographique, comme presque tous les "romans" de cet auteur, c'est lors d'un passage en sanatorium que les deux compères se sont rencontrés.
On y lit la déchéance d'un gamin breton, fait pour devenir pêcheur, qui à la suite de larcins alimentaires et de vols de bicyclettes, fera la tournée des maisons de redressement, bagnes et autres centrales. On y lit la dépravation de la rue, mais aussi des monastères(!).
Récit sans concession, sans illusion.
Le style argotique aide à la plongée, à épaissir l'atmosphère. Au premier degré on passe un bon moment grâce à cette langue fleurie.
Donc les deux hommes, après un parcours pénitentiaire, où ils se sont croisés, sans plus, sont de passage en sanatorium pour soigner leur tuberculose. L'auteur vient de recevoir la promesse de voir publié "Cloportes ... aux éditions Tartemplon". "Une noble dame s'était pointée... Isaure Sigismonde...cornaquée d'un dandy fluet mi-tantouse, mi-gigolpince... Léonard Fraisier, le directeur littéraire..."
Cela donne envie à Jean-Marie Le Houdic, dit Mandarine, de briser la glace. Il peint quant à lui et cherche des mécènes. C'est le toubib qui va servir d'entremetteur entre les deux taulards.
Pour se sortir de l'enfermement des prisons, Jean-Marie s'est souvenu des heures passées à servir la messe auprès du recteur de son enfance et a simulé une profonde croyance en Dieu . Il a obtenu un noviciat qui a failli faire de lui le jouet de ces messieurs cloîtrés!
Il lui en est resté des "cantiques. Il arrivait plus à se les sortir de la cafetière... ça lui remontait...
- Comme quand t'as becté du hareng, tu m'entraves un peu?"
Et de brailler le Salve Regina! le Veni Creator! Le Kyrie, eleison! dans les allées du sana.
Enfin, lisez-le, 24 pages, moment récréatif garanti; trop noir pour la lecture à haute voix.
La perquisition.
Le héros a plongé pour un casse quelconque. Les flics savent qu'il avait un complice, qui c'était. Il ne leur manque que son témoignage, à lui, le déjà enfermé, pour arrêter l'autre. Mais le héros est coriace, pas donneur, il prend tout sur ses frêles épaules.
Il est conduit à son dernier domicile pour une perquisition de plus. Destruction du plancher, du papier peint. Rien.
Ils vont rentrer tous au dépôt en 403. Quand il lui est proposé de revoir sa mère. Dix-huit années seulement les séparent. Elle se meurt. Cancer. Il accepte aussitôt. Tout aussi vite il comprend que ce serait donnant-donnant. Il ne reverra pas sa mère.
Cet épisode est poignant. Pas de faux-sentiment, du vécu, du souvenir d'enfance.
A lire pour toucher du doigt la vraie détresse. Noir. (27 pages)
Outrage aux moeurs.
Le héros repasse en correctionnelle. Il a écrit un ouvrage licencieux, Les prisonnières de la chair et la société lui demande des comptes. Il va passer quelques mois de plus à l'ombre.
Le greffier connu dans tout Montmartre sous le sobriquet de Brigitte n'est pas insensible au charme de notre héros.
Drôle. Moment récréatif garanti mais inexploitable, les bonnes moeurs sont exigeantes!(11 pages)
Gladys.
Scènes de la vie parisienne.
Ouf! Quelle fin, grandiose.
Une femme et un homme âgés, sur un banc. Le litron qui s'échange et la cigarette faite de mégots dépiautés. Elle a mené grand train, quand elle était une belle jeune femme. Lui était militaire. On le surnomme Saïgon. Ce récit déborde d'humanité, la fin est sordide.(19 pages)
Noir noir.