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    Alphonse Boudard, prince de l’argot

     

      

      

    Le temps passe vite. Rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps, ­Alphonse Boudard était le ­défenseur et l’illustrateur de la langue française. Orphelin au cœur pur, gouaille et poésie, il était le Musset de l’argomuche. Il n’a jamais cessé d’évoquer les petites gens.

      

    Libertaire, il se battait pour la liberté d’expression.

      

    Fraternel, il plébiscitait la liberté ­d’impression.

      

    Egalitaire, il croyait en la santé du pessimisme.

      

    Bleu comme la République, blanc comme la monarchie, rouge comme le marxisme : ­Boudard était un homme tricolore. Il faut relire l’histoire de la fermeture des claques (pauvre Marthe ­Richard !) et le parcours de Joseph Joanovici (un Juif collabo !) pendant la Seconde Guerre mondiale.

      

    C’est ­vivant, coloré, documenté, plein de cet allant roboratif qui manque tant à la littérature française.

      

    Cet enfant du siècle avait la confession soyeuse, la colère précise, l’interjection salutaire.

     

     

    Tubard, taulard, tricard, Michel Boudon, alias Alphonse Boudard, en avait trop bavé pour dire aux autres ce qu’il faut faire.

      

    Avec lui, comme avec Céline, on rit. L’argot est sous sa plume virevoltant, néologique, ­rigolo, moqueur, créatif, truculent, digne de Dard et d’Audiard. Ces trois noms qui riment étaient frères d’âme.

      

    Des hommes de ferveur. Des ­mystiques d’amitié.

    J’ai bien connu Alphonse. C’était un ami. Le mot est facile, mais il n’avait pas le tic du toc. C’était un raffiné.

      

    Avec « Mourir d’enfance », il n’assène pas, il suggère. Boudard a obtenu le Grand Prix du roman de l’Académie française pour ce livre.

     

    Je me rappelle sa joie contenue lors de la cérémonie

    présidée par Maurice Druon.

      

    Après avoir honoré le Rabelais moderne de la langue verte, on honorait en vert un magnifique et délicat écrivain français.

      

    Les autres ont beau dire, rien n’est oublié.

     

    Boudard nous rappelle à son bon souvenir.

      

    Salut, Alphonse.

     

      

      

      

      

    « Les métamorphoses d’Alphonse »,

    d’Alphonse Boudard, préface de Régine Deforges,

    éd. Robert Laffont, 806 pages,

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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