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    Boni de Castellane était homme à dépenser des fortunes pour assouvir ses plaisirs d'esthète.

    Il eut d'ailleurs l'occasion d'en dépenser une puisqu'il se maria, lui l'aristocrate véritable, le parent de Talleyrand, imprégné de Monarchie, de Catholicisme et de France éternelle, à une Américaine protestante, Anna Gould, peu jolie mais riche à millions grâce aux chemins de fer de son père. 

     

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    "Boni", ainsi que le Tout-Paris l'appelait, fut un des premiers à échanger un vieux nom de France contre de l'or made in Nouveau Monde, lequel fut à son tour changé en montagnes de fleurs, en antiquités, en objets de goût, en fêtes retentissantes, en bateaux, en campagnes électorales (il fut député douze ans, plutôt intéressé par les questions diplomatiques et internationales que par les petites questions nationales), en châteaux de famille rachetés et restaurés ainsi qu'en un palais parisien, le Palais rose, inspiré pas moins que par le Grand Trianon et construit le long de ce qui est maintenant l'avenue Foch. 

     

    Boni de Castellane était homme à dépenser des fortunes pour assouvir ses plaisirs d'esthète. Il eut d'ailleurs l'occasion d'en dépenser une puisqu'il se maria, lui l'aristocrate véritable, le parent de Talleyrand, imprégné de Monarchie, de Catholicisme et de France éternelle, à une Américaine protestante, Anna Gould, peu jolie mais riche à millions grâce aux chemins de fer de son père. 

    "Boni", ainsi que le Tout-Paris l'appelait, fut un des premiers à échanger un vieux nom de France contre de l'or made in Nouveau Monde, lequel fut à son tour changé en montagnes de fleurs, en antiquités, en objets de goût, en fêtes retentissantes, en bateaux, en campagnes électorales (il fut député douze ans, plutôt intéressé par les questions diplomatiques et internationales que par les petites questions nationales), en châteaux de famille rachetés et restaurés ainsi qu'en un palais parisien, le Palais rose, inspiré pas moins que par le Grand Trianon et construit le long de ce qui est maintenant l'avenue Foch. 

    Cependant, dans la vente de son nom Boni n'avait pas compris celle de son âme. Effrayée sans doute par cet homme incompréhensible pour elle, lasse également d'entendre sur le compte de son époux les nombreuses histoires galantes qu'on lui prêtait, Anna Gould demanda le divorce en 1906, malgré trois enfants. Frappé par la malédiction de pauvreté qui toucha de nombreux dandys (la plus célèbre fut celle de Wilde), Boni sut élégance conserver.

     

    Aucune des nombreuses contrariétés matérielles ni aucun sarcasme des deux Mondes ne purent le faire déchoir de son rang. 

    Boni disgracié en ménage paya à ce moment pour toutes ses "fautes", impardonnables aux yeux de l'époque : ses origines (carolingiennes d'après lui), son antidreyfusisme (qui n'alla cependant pas jusqu'à l'antisémitisme, étant plus motivé par la défense de l'honneur de la France et de l'Armée et l'idée que l'Allemagne manœuvrait en coulisses), son mariage aux motivations douteuses, son chic, sa supériorité intellectuelle et morale évidente sur les bourgeois de son temps. 

    Du haut de son arbre généalogique, Boni continua à recevoir et à incarner le brio français. Il n'habita certes plus le Palais rose, vendit ses antiquités, devint lui-même une manière d'antiquaire, mais resta l'élégant Parisien que les caricaturistes adoraient croquer. Toute laRecherche du Temps perdu et les princes de l'Europe continuèrent de le fréquenter et jusqu'au bout une litanie de noms fameux, issus des grandes familles, du monde de l'Art, du monde politique et du monde diplomatique, goûta sa conversation supérieure. Son influence, néanmoins, ne lui permit pas de faire partager ses craintes de guerre en 1914 ni le danger du morcellement de l’Empire des Habsbourg en 1918. 

    Il reste malheureusement peu de choses de Boni de Castellane. Comme de nombreux dandys tout entier consacré au présent et à sa personne, il ne voulut, ne put ou ne sut édifier une œuvre littéraire et artistique. Même le Palais rose fut détruit et ses collections furent dispersées bien avant sa mort.

     

     

    Deux livres de mémoires, Comment j'ai découvert l'Amérique et L'art d'être pauvre, conservent cependant la trace de sa pensée originale et nostalgique :

     

    à travers les siècles, il ne reste en réalité

    de Boni de Castellane que les échos d'une fête lointaine et une vague odeur de pourriture noble.

    Boni de Castellance par da Cunha

     

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     becassine - Delcampe.net:

     

     

     

     ⌛️ 2 février 1905 : première apparition de Bécassine dans le magazine pour fillettes "La semaine de "Suzette".:
     
    Bécassine, personnage breton de littérature jeunesse, 1905, la Semaine de Suzette
    Bécassine est un personnage de bande dessinée créé par Émile-Joseph-Porphyre Pinchon en 1905 et apparu pour la première fois dans le premier numéro de La Semaine de Suzette, magazine pour fillettes, le 2 février 1905.
     
     
     
    De 1913 à 1952 sont parues plusieurs aventures de Bécassine, toutes dessinées par Pinchon (sauf deux, dessinées par Édouard Zier) et scénarisées par Maurice Languereau jusqu'en 1941 (année de son décès), remplacé, de 1948 à 1950, par d'autres personnes signant « Caumery ». D'autres albums et recueils sont parus après la mort de Pinchon en 1953, notamment une série dessinée par Trubert à partir de 1959.
     
    Bécassine est un personnage de bande dessinée créé par Émile-Joseph-Porphyre Pinchon en 1905 et apparu pour la première fois dans le premier numéro de La Semaine de Suzette, magazine pour fillettes, le 2 février 1905.
     
     
     
    Toutefois, à partir de 1913, Bécassine, dont on apprend à cette occasion le vrai nom (Annaïck Labornez) deviendra l'héroïne d'histoires beaucoup plus structurées, toujours dessinées par Pinchon, mais dont les scénarios seront l'œuvre de Caumery, pseudonyme de Maurice Languereau (1867-1941), neveu et associé d'Henri Gautier dans la maison d'édition Gautier-Languereau, éditrice de la Semaine de Suzette.
    Le personnage de Bécassine apparaît pour la première fois en 1905 dans une histoire en images intitulée
     
     
    L’enfance de Bécassine publiée dans La semaine de Suzette, hebdomadaire destiné aux petites filles de la bourgeoisie édité par la maison Langereau.
     
    Bécassine est un personnage de bande dessinée créé par Émile-Joseph-Porphyre Pinchon en 1905 et apparu pour la première fois dans le premier numéro de La Semaine de Suzette, magazine pour fillettes, le 2 février 1905.
     
    Les dessins sont dus au peintre Émile Joseph Porphyre Pinchon.
     
    Les textes, d’abord écrits par Jacqueline Rivière, sont ensuite rédigés par Maurice Langereau lui-même sous le nom de Caumery.
     
    Chaque planche comporte alors trois séries d’images superposées avec texte en dessous et une histoire complète occupe chaque page.
     
    Les vingt-cinq albums qui paraissent sous la double signature de Caumery et Pinchon entre 1913 et 1939 se vendent à 1 200 000 exemplaires ce qui représente un succès d’édition exceptionnel.
     
    Caumery décède en 1941 mais Bécassine reste présente dans La semaine de Suzette jusqu’en 1951.
     
    Après la disparition de Pinchon, les aventures de Bécassine sont prolongées à partir de 1959, en conservant le même style, par le dessinateur Trubert.
     
    Une autre équipe reprend et modernise les graphismes pour l’album Bécassine au studio paru en 1992.
     
    L’héroïne est une petite Bretonne qui, venant chercher du travail à Paris, trouve une place de bonne d’enfant chez la marquise de Grand’Air.
     
    Le statut de Bécassine évoluera vers celui de gouvernante et de conseillère de sa maîtresse (dans Bécassine fait du tourisme, cette dernière insiste auprès d’un maître d’hôtel pour que
    « Mademoiselle Bécassine » mange à sa table et non à celle des domestiques) mais le personnage demeure caractérisé par un dévouement aveugle.
     
     
     
    La Bécassine des premiers albums se singularise par une naïveté
    qui confine à la bêtise et qui repose sur trois piliers :
     
    sa mauvaise maîtrise de la langue française – qui fait qu’elle prend un mot pour un autre ou une expression imagée au pied de la lettre –, sa méconnaissance des usages sociaux et son ignorance des machines modernes.
     
    On comprend que le personnage suscite l’attachement d’enfants qui, eux-mêmes, découvrent le monde : il y a quelque chose du roman d’apprentissage dans ces mésaventures constamment surmontées.
     
    Les albums de Bécassine reflètent par ailleurs un apprentissage de la modernité : L’automobile de Bécassine ou Bécassine en aéroplane évoquent la confrontation de la bourgeoisie de l’entre-deux guerres à de nouvelles techniques ;
     
    Bécassine aux bains de mer ou Bécassine fait du scoutisme signent l’appropriation de nouvelles pratiques sociales ; Bécassine mobilisée et Bécassine
    chez les Alliés permettent de penser les événements contemporains.
     
     
     
    Le personnage renvoie par ailleurs à un contexte social précisément daté.
     
    L’émigration bretonne est particulièrement importante dans les premières années du XXe siècle et nombreuses sont les jeunes filles qui se placent comme
    domestiques et bonnes d’enfant.
     
    Or le souci de la « bonne moralité » des domestiques est une angoisse qui traverse la société et une partie de la littérature de l’époque.
     
    On encourage ces jeunes filles à demeurer fidèles aux supposées vertus
    de leur communauté d’origine.
     
    Le monde rural breton est en effet, au début du siècle, l’objet d’une véritable « réinvention » au sein de la culture nationale : on imagine qu’existe en Bretagne une société marquée par des valeurs d’ordre, d’obéissance et de piété, mise à l’abri de l’influence perverse de la modernité par l’isolement géographique et la langue.
     
    Il y a comme l’écho de cette façon de voir dans « l’innocence » de Bécassine...
     
    Les aventures de la petite Bretonne illustrent, par ailleurs, une vision conservatrice de la société, marquée par le respect des hiérarchies sociales.
     
    Ces caractéristiques suscitent les premières critiques vis-à-vis du personnage au sein des milieux militants bretons.
     
     
     
    Le film Bécassine, réalisé en 1939 par Pierre Caron sur un scénario de Jean Nohain avec Paulette Dubost dans le rôle-titre, suscite des protestations à Rennes lors de sa projection.
     
    En 1970, Morvan Lebesque, figure du renouveau culturel breton désormais ancré à gauche, dénonce l’impact de la littérature enfantine dans la formation de préjugés de type colonial à l’encontre de la province.
     
    « Le Breton », écrit-il dans Comment peut-on être breton ?
    « appartenait à jamais à la race pittoresque et récréative qu’incarnait sous une autre
    peau cette autre rondeur, le Bon Nègre Banania ».
     
    Et de continuer :
    « Bamboula Ya Bon et Bécassine Ma doué beniguet [ont été] les deux lunes alternées de mon enfance, la noire et la blanche. ».
     
    D’autres remarquent que le créateur de Bécassine a omis de lui dessiner une véritable bouche, la condamnant symboliquement au silence.
     
    Ces critiques n’empêchent pas l’héroïne d’entamer après la Seconde Guerre mondiale une carrière dans la variété.
     
    Georges Brassens retourne le stéréotype (« Un champ de blé prenait racine, Sous la coiffe de Bécassine, Ceux qui cherchaient la toison d’or, Ailleurs avaient bigrement tort... »).
     
    Chantal Goya, dans « Bécassine, c’est ma cousine ... »
    composé par J.-J. Debout en 1980, marque le début d’une évolution qui
    renvoie le personnage dans le domaine aseptisé de la petite enfance.
     
     
     
     
    Au cours des années 1980, il est en effet réactualisé à l’intention d’un public nettement plus jeune que celui des lectrices des premières bandes dessinées.
     
    Représentée le plus souvent comme une toute petite fille,
    Bécassine y est moins pataude et sa coiffe
    est stylisée jusqu’à disparaître...!!
     
     
     
    Le film Bécassine, Le trésor des Vikings (2002) est cependant un relatif échec.
     
     
    Un siècle après sa création, le personnage de la Bretonne naïve est présent sur internet, dans les sites de collectionneurs, à travers un ensemble de productions éditoriales ou audio-visuelles à destination des enfants ou sous la forme de produits marchands.
     
     
    On peut cependant se demander si, sous le couvert de la nostalgie revendiquée par les collectionneurs ou de l’absence d’enjeu affirmée dans la littérature de l’enfance, ces productions diverses ne véhiculent pas l’écho à peine actualisé
    des stéréotypes du début du siècle.
     
     
    Survenue trois ans avant Les Pieds Nickelés, la naissance de Bécassine est aussi celle de la bande dessinée moderne, la transition entre les histoires illustrées et la vraie bande dessinée.
    Son style de dessin, au trait rond, vif et moderne, inspirera une ligne graphique, la ligne claire, dont 25 ans plus tard Tintin sera le plus beau fleuron.
     
     
     
     
    Catherine Bertho Lavenir
    professeur d’histoire contemporaine
    université de Paris III-Sorbonne nouvelle
     
     
    Bécassine Annaïk Labornez, destinée à la célébrité sous le nom de Bécassine, naît dans une métairie à Clocher-les-Bécasses, au fin fond de l’Ouest armoricain, en 1885.
     
    Premier personnage féminin des histoires en images, elle est créée par la rédactrice en chef Jacqueline Rivière, pour la page 16 du premier numéro de La Semaine de Suzette, un hebdomadaire publié par la maison Languereau pour
    les petites filles qui devait paraître le 2 février 1905.
     
     
    Photo:
     
     
    Extrait de Bécassine mobilisée
    .
    1 L'Enfance de Bécassine 1913
     
     
    2 Bécassine en apprentissage a 1919
     
    images de bécassine - Recherche Google:
     
    3 Bécassine pendant la Guerre 1916
     
    Bécassine chez les alliés, Caumery et Pinchon:
     
    4 Bécassine chez les Alliés 1917
     
    5 Bécassine mobilisée 1918
     
    Bécassine:
     
     
    6 Bécassine chez les Turcs 1919
     
     
     
    7 Les Cent Métiers de Bécassin 1920
     
    8 Bécassine voyage 1921
     
    - L'Alphabet de Bécassine 1921
     
    9 Bécassine nourrice 1922
     
    BECASSINE - Le fil des jours
     
     
    10 Bécassine alpiniste 1923
     
     
    11 Les Bonnes Idées de Bécassine 1924
     
    Becassine:
     
     
    12 Bécassine au Pays Basque 1925
     
     
     
    13 Bécassine, son oncle et leurs amis 1926
     
     
    Bécassine - Delcampe.fr:
     
     
    14 L'automobile de Bécassine 1927
     
     
    - Les Chansons de Bécassine c 1927
     
     Becassine AU Pensionnat 1928:
     
    15 Bécassine au pensionnat 1928
     
    Bécassine maîtresse d'école:
     
     
    - Bécassine maîtresse d'école cd 1929
    N. Titre An album
     
     
    Bécassine -16- Bécassine en aéroplane:
     
     
    16 Bécassine en aéroplane 1930
     
     
     
    17 Bécassine fait du scoutisme 1931
     
    Pinchon Becassine AUX Bains DE MER ED Gauthier Languereau 1992:
    18 Bécassine aux bains de mer 1932
     
     
     
    19 Bécassine dans la neige 1933
     
     
     
     
    Bécassine -20- Bécassine prend des pensionnaires:
     
    20 Bécassine prend des pensionnaires 1934
     
     
    21 Bécassine à Clocher-les-Bécasses 1935
     
     
    22 Bécassine en croisière 1936
     
    23 Bécassine cherche un emploi 1937
     
     
    24 Les mésaventures de Bécassine 1938
     
     
    25 Bécassine en roulotte 1939
     
     
    26 Les Petits Ennuis de Bécassine 2005
     
     
    Bécassine -294- Bécassine au studio:
    27 Bécassine au studio 1992
     
    Notes:
    a.Paru dans la Semaine de Suzette en 1914.
     
     
    b.Retitré
    Bécassine pendant la Grande Guerre en 1968.
    c.Hors série.
     
     
    d.Fondé sur l'Alphabet de Bécassine.
     
    e.Paru dans la Semaine de Suzette en 1948.
     
    f.Paru dans la Semaine de Suzette en 1950.
     
    Albums originaux de J. Nicolas Trubert
     
     
     
     
    D'autres albums et recueils sont parus après la mort de Pinchon en 1953,
    notamment une série dessinée par Jean Trubert à partir de 1959.
     
     
     
    Le scenario de Bécassine revient est signé par Camille François
    « d'après Caumery et J.-P. Pinchon », celui des autres par « Vaubant »
     
    (pseudonyme collective de
    Robert Beauvais et Pierre Tchernia).
     
     
     
     
    Les album d'aventures ont 44 pages, mais L'Alphabet Bécassine seulement 30.
     
    Bécassine, le premier numéro de La Semaine de Suzette le 2 Février 1905:  
     
     
     
    Ces albums ne sont plus actuellement réédités.
    Titres à reclasser (dates de parutions non connues) :
     
     
    Zut il pleut!!    BONNE JOURNEE:
     
    certains de ces albums sont peut-être sans rapport
    avec la série « historique »
     
     
     
    (recueils d'historiettes écrites et dessinées avant 1913,
    et albums postérieurs à la mort de Pinchon en 1953).
     
     
    Bécassine aux Amériques
     
    Bécassine et la petite Loulotte
     
    La Franchise de Bécassine
     
    Le Noël de Bécassine
     
    Les Aventures de Bécassine
    (probable recueil d'historiettes antérieures à 1913)
     
    Les Exploits de Bécassine
     
    Les Animaux de Bécassine
     
    Les Plaisirs de Bécassine
     
    Les Premiers Pas de Bécassine
     
    Les Promenades de Bécassine
     
    Les Quatre Saisons de Bécassine
     
    Les Rencontres de Bécassine
     
    Les Souvenirs de Bécassine
    (collectif, postérieur à 1953)
     
    Les Talents de Bécassine
    (collectif, postérieur à 1953)
     
    Sacrée Bécassine !
     
    Les Trouvailles de Bécassine
     
    Quelle star, cette Bécassine !
     
    Plus vite, Bécassine !
     
     
    Pas de panique, Bécassine !
    (collectif, postérieur à 1953)
     
     
    Pas de chance, Bécassine !
     
    Marie Quillouch et Bécassine
     
    Loulotte et Bécassine
     
    Les Vacances de Bécassine
     
     
    Images de couverture albums de Bécassine - Recherche Google:  
     
    Il existe une série d'albums pour lecteurs débutants dans la collection
    "Les albums merveilleux" tel le no 73 "Bécassine exploratrice",
    éditions Gautier-Languereau, Paris 1958, ill. de J.-P. Pinchon
     
     
     Becassine fait du scoutisme.:
     
     
     
     
    cesto:

     

     

     

     

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    L’Hôtel-Dieu de Paris est le plus ancien hôpital de la capitale. Fondé en 651 par l'évêque parisien saint Landry, il fut le symbole de la charité et de l'hospitalité.
     
     
    Modeste à l'origine, il est construit du viie au xviie siècle sur la rive gauche de l'île de la Cité, au sud du Parvis Notre-Dame - place Jean-Paul-II ; deux bâtiments étaient reliés par le pont au Double.
     
    Les constructions actuelles abritant l'hôpital datent du xixe siècle.
     
     
    Au Moyen Âge : une œuvre sociale
     
    L’histoire des hôpitaux parisiens commence au Moyen Âge.
    La pauvreté étant très importante à l’époque, elle devient une occasion de rédemption pour beaucoup de bourgeois et de nobles, qui voient en elle une façon de racheter leurs péchés en leur venant en aide.
     
    Les œuvres permettent alors de créer l’hôpital de la Charité, dont la structure lie immanquablement piété et soins médicaux.
     
    L’Église est alors toute-puissante, tant d’un point de vue administratif que thérapeutique.
    La création de l’hôtel-Dieu de Paris procède de cette tradition de charité, qui dure jusqu’au xixe siècle, malgré une remise en cause régulière.
     
    Si la tradition, en réalité établie au xviie siècle, fait remonter la fondation de cet hôpital à saint Landry 28e évêque de Parisvers 650, les premiers corps de logis avérés affectés aux indigents, infirmes et malades ne remontent qu'à 829 ; ils se situent vis-à-vis d'une ancienne église, l'« église Saint-Étienne ». En 1157, des lettres patentes mentionnent un « Hôtel-Dieu-Saint-Christophe », en raison d'une chapelle dédiée consacrée à ce saint. Peu de temps après, Maurice de Sully, évêque de Paris, entreprend en 1165 la reconstruction de cet hôpital : les anciens bâtiments sont détruits en 1195 et les nouvelles constructions achevées en 12552.Tous ces bâtiments, depuis l'origine jusqu'en 1878, occupent le côté sud du parvis Notre-Dame actuel entre le Petit-Pont et le pont au Double
     
    Aux XVIe et XVIIe siècles : un lieu de réclusion
     
    sur le plan de Truschet et Hoyau (c.1550) ; à cette époque, l'hôpital se trouve au sud du parvis N.Ddu xvie siècleAu xvie siècle, l’hôtel-Dieu connaît une crise financière, puisqu'il était seulement financé par les aides, subsides ou privilèges. Celle-ci occasionne la création en 1505 d’un conseil de huit gouverneurs laïcs :
     
    les présidents du Parlement, de la Chambre des Comptes, de la Cour des Aides, et le prévôt des Marchands.
     
    L’État intervient progressivement, d’abord par l’intermédiaire du lieutenant général de police, membre du Bureau de l’hôtel-Dieu de Paris en1690, puis par l'intermédiaire de Necker, qui crée au xviie siècle les charges d’« inspecteur général des hôpitaux civils et maison de forces » et de « commissaire du Roi pour tout ce qui a trait aux hôpitaux ».
     
     
     
    À cette période, l’image du pauvre change. Il devient socialement dangereux car marginal. Pour le contrôler, les élites du xviie siècle brandissent des arguments moraux et créent des établissements permettant d’enfermer les pauvres.
     
    L’hôpital est alors un lieu de réclusion, permettant par la même occasion d’assainir le monde urbain.
     
     
    L’hôpital prend alors le nom de « hôpital général » ou plus simplement
    « hôpital d’enfermement », dont l’hôtel-Dieu fait partie.
     
     
    En 1606, une annexe de l'Hôtel-Dieu, la salle Saint-Charles, est construite sur la rive gauche. En 1684, Louis XIV fait don du Petit Châtelet à l'Hôtel-Dieu 
     
    L'hôpital s'agrandit alors le long de la rue de la Bûcherie
     
     
     
     
     
    Ancien hôtel-Dieu photographié par Charles Marville vers 1865-1868.
     
     
    Charles Marville se trouve quai Saint Michel (à la hauteur de l’actuel no 15), au sommet d’un l’escalier double, aujourd’hui disparu, qui permettait d’accéder au bas quai.
     
     
    De gauche à droite, nous voyons la façade sur la rue Neuve Notre-Dame du bâtiment de l’administration générale de l’Assistance publique, le jardin de l’Hôtel-Dieu sur la rue de la Cité et le bâtiment principal de l’Hôtel-Dieu (reconstruit en 1780-1784 après le grand incendie du 30 décembre 1772).
     
    « L'incendie de l'Hôtel-Dieu, en 1772 »,
    ANCIEN HOTEL DIEU
    Génillion - Musée Carnavalet
     
     
     
    Marie Jonet (Mme Dugès),
     
    sage-femme en chef de l'hôtel-Dieu de Paris
    Marie Jonet (1730–1797, Paris) était une sage-femme française.
    Elle fut sage-femme en chef de l’Hôtel-Dieu de Paris.
     
     
    Marie Jonet est elle-même fille de sage-femme, mais le nom de sa mère n'a pas été conservé.
     
    Elle est connue généralement sous le nom de « Mme Dugès », son mari étant Louis Dugès, officier de santé, qui lui transmit des connaissances.
     
    D'abord sage-femme jurée au Châtelet, elle est nommée en 1775 sage-femme en chef de l’Hôtel-Dieu ; elle s’y établit.
     
    Avant 1793, il n’y a d’autre ressource pour les femmes pauvres qui sont enceintes ou en couches qu’une salle trop petite de l’Hôtel-Dieu, au-dessus de celle des blessés, où elles s'entassent pêle-mêle à plusieurs dans le même lit ; il y a souvent des épidémies meurtrières.
     
    Pendant ces épidémies, madame Dugès sauve de la mort un grand nombre de femmes ; elle applique le traitement
    de François Doublet pour la « fièvre des nouvelles accouchées ».
     
    Dans le même temps, elle forme sa fille, connue sous le nom de Marie-Louise Lachapelle, de dispositions précoces, qui devient très jeune (en 1795, à 26 ans)
     
    son adjointe et qui sera célèbre au xixe siècle. Vers 1796, sa fille devient responsable du déménagement du service
    à l'hospice de la Maternité, nouvellement créé.
     
    Elle l'y rejoint en 1797, toujours avec le titre de sage-femme en chef mais elle meurt peu de temps après.
     
    Elle est l'aïeule d'Antoine-Louis Dugès, professeur d'obstétrique.
     
     
     
     
     
     
    À l’arrière-plan, ce sont les deux tours de l’église métropolitaine, et au premier plan, le Petit-Pont, reconstruit en 1853.
     
     
    Les voûtes que l’on voit au niveau de la Seine, datant des années 1620 (construction autorisée le 26 juillet 1619), étaient appelées les “cagnards”.
     
    Ces espaces servaient autrefois, et entre autres, aux livraisons de denrées par voie d’eau et de lavoirs pour le linge de l’hôpital.
     
     
     
    L'annexe de l'Hôtel-Dieu vers 1830
     
     
    Les bâtiments de l’Hôtel-Dieu sur l’île de la Cité sont démolis en 1877-1878.
     
     
    Les annexes situées rive gauche, quai de Montebello et rue de la Bûcherie, ne seront démolies qu’en 1908.
     
     
    Le bâtiment de l’administration générale de l’Assistance publique est démoli en 1874.
    De façon exceptionnelle dans le corpus Marville, cette vue de l’Hôtel-Dieu a été faite en double pour une raison que j’ignore.
     
     
    Si tous les tirages que je connais sont de la même version, la Bibliothèque historique de la ville de Paris conserve un négatif d’une autre version, que j’appellerai “aux parasols” afin de la différencier, en raison de la présence de deux parasols de marchand ambulant au coin du pont, côté rue de la Cité.
     
    L'Hôtel-Dieu actuel en fin de construction vers 1875 (Charles Marville, photographe).
     
     
     
     
     
    Le développement des arbres que l’on observe sur ces images permet d’affirmer avec certitude que les deux photographies datent de la même année et de la même saison.
    En outre, de nombreuses affiches sur l’angle du bâtiment de l’Hôtel-Dieu sont communes aux deux prises de vue, ce qui permet de penser qu’elles ont été réalisées dans un intervalle court, vraisemblablement vingt-quatre heures.
     
     
    Si la position de l’appareil est identique, le cadrage est légèrement différent :
    la version “aux parasols” est cadrée plus vers la gauche.
     
     
    Sachant que Marville a tiré sur papier l’autre version, il faut croire que la version aux parasols était la première prise de vue et qu’elle ne convenait pas au photographe pour une raison assez importante qui justifia de la refaire, probablement dès le lendemain.
     
     
    La différence notable étant le cadrage, la motivation de Marville est peut-être uniquement esthétique ; il est certain que la composition de la seconde version est plus satisfaisante pour l’œil.
     
     
    (Les personnes qui travaillent à droite sur le quai, probablement un couple, sont des matelassiers.)
     

    Le rôle de madame Necker, aux côtés de son mari, modifie progressivement la symbolique de l’hôpital : de la charité, on passe à la bienfaisance.

     

    Le malade est mieux considéré. On voit même apparaître des maisons de convalescence.

     

     

    De plus, les idées prônées par le siècle des Lumières permettent une importante réflexion sur le milieu hospitalier.

     

    Mais ce n'est qu'à la fin du xviiie siècle, que l’hôpital devient une « machine à guérir », où le malade y est soigné et en ressort guéri. Il faut cependant attendre lexixe siècle, pour que l’hôpital devienne un lieu de pratique de la médecine et de la science, mais aussi, un lieu d’enseignement et de la recherche médicale.

     

     

    En 1772, un incendie détruit une grande partie de l’hôtel-Dieu.

     

    D’autres plans sont alors construits et de nombreuses modifications sont apportées.

     
     
     https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4tel-Dieu_de_Paris
     
     
     
     

     
     
    L’Hôtel-Dieu de Paris est le plus ancien hôpital de la capitale. Fondé en 651 par l'évêque parisien saint Landry, il fut le symbole de la charité et de l'hospitalité.
     
     
    Modeste à l'origine, il est construit du viie au xviie siècle sur la rive gauche de l'île de la Cité, au sud du Parvis Notre-Dame - place Jean-Paul-II ; deux bâtiments étaient reliés par le pont au Double.
     
    Les constructions actuelles abritant l'hôpital datent du xixe siècle.
     
     
    Au Moyen Âge : une œuvre sociale
     
    L’histoire des hôpitaux parisiens commence au Moyen Âge.
    La pauvreté étant très importante à l’époque, elle devient une occasion de rédemption pour beaucoup de bourgeois et de nobles, qui voient en elle une façon de racheter leurs péchés en leur venant en aide.
     
    Les œuvres permettent alors de créer l’hôpital de la Charité, dont la structure lie immanquablement piété et soins médicaux.
     
    L’Église est alors toute-puissante, tant d’un point de vue administratif que thérapeutique.
    La création de l’hôtel-Dieu de Paris procède de cette tradition de charité, qui dure jusqu’au xixe siècle, malgré une remise en cause régulière.
     
    Si la tradition, en réalité établie au xviie siècle, fait remonter la fondation de cet hôpital à saint Landry 28e évêque de Parisvers 650, les premiers corps de logis avérés affectés aux indigents, infirmes et malades ne remontent qu'à 829 ; ils se situent vis-à-vis d'une ancienne église, l'« église Saint-Étienne ». En 1157, des lettres patentes mentionnent un « Hôtel-Dieu-Saint-Christophe », en raison d'une chapelle dédiée consacrée à ce saint. Peu de temps après, Maurice de Sully, évêque de Paris, entreprend en 1165 la reconstruction de cet hôpital : les anciens bâtiments sont détruits en 1195 et les nouvelles constructions achevées en 12552.
     
    Tous ces bâtiments, depuis l'origine jusqu'en 1878, occupent le côté sud du parvis Notre-Dame actuel entre le Petit-Pont et le pont au Double
     
     
     
    Aux XVIe et XVIIe siècles : un lieu de réclusion
     
    sur le plan de Truschet et Hoyau (c.1550) ; à cette époque, l'hôpital se trouve au sud du parvis N.Ddu xvie siècleAu xvie siècle, l’hôtel-Dieu connaît une crise financière, puisqu'il était seulement financé par les aides, subsides ou privilèges. Celle-ci occasionne la création en 1505 d’un conseil de huit gouverneurs laïcs :
     
    les présidents du Parlement, de la Chambre des Comptes, de la Cour des Aides, et le prévôt des Marchands.
     
    L’État intervient progressivement, d’abord par l’intermédiaire du lieutenant général de police, membre du Bureau de l’hôtel-Dieu de Paris en1690, puis par l'intermédiaire de Necker, qui crée au xviie siècle les charges d’« inspecteur général des hôpitaux civils et maison de forces » et de « commissaire du Roi pour tout ce qui a trait aux hôpitaux ».
     
     
     
    À cette période, l’image du pauvre change. Il devient socialement dangereux car marginal. Pour le contrôler, les élites du xviie siècle brandissent des arguments moraux et créent des établissements permettant d’enfermer les pauvres. L’hôpital est alors un lieu de réclusion, permettant par la même occasion d’assainir le monde urbain.
     
    L’hôpital prend alors le nom de « hôpital général » ou plus simplement
     
    « hôpital d’enfermement », dont l’hôtel-Dieu fait partie.En 1606,
    une annexe de l'Hôtel-Dieu, la salle Saint-Charles, est construite sur la rive gauche.
     
    En 1684, Louis XIV fait don du Petit Châtelet à l'Hôtel-Dieu.
     
    L'hôpital s'agrandit alors le long de la rue de la Bûcherie
     
     
     
     
    Ancien hôtel-Dieu photographié par Charles Marville vers 1865-1868.
     
     
    Charles Marville se trouve quai Saint Michel (à la hauteur de l’actuel no 15), au sommet d’un l’escalier double, aujourd’hui disparu, qui permettait d’accéder au bas quai.
     
     
    De gauche à droite, nous voyons la façade sur la rue Neuve Notre-Dame du bâtiment de l’administration générale de l’Assistance publique, le jardin de l’Hôtel-Dieu sur la rue de la Cité et le bâtiment principal de l’Hôtel-Dieu (reconstruit en 1780-1784
    après le grand incendie du 30 décembre 1772).
     
     
    « L'incendie de l'Hôtel-Dieu, en 1772 »,
    ANCIEN HOTEL DIEU
    Génillion - Musée Carnavalet
     
     
     
     
    À l’arrière-plan, ce sont les deux tours de l’église métropolitaine, et au premier plan, le Petit-Pont, reconstruit en 1853.
     
     
    Les voûtes que l’on voit au niveau de la Seine, datant des années 1620 (construction autorisée le 26 juillet 1619), étaient appelées les “cagnards”.
     
    Ces espaces servaient autrefois, et entre autres, aux livraisons de denrées par voie d’eau et de lavoirs pour le linge de l’hôpital.
     
    L'annexe de l'Hôtel-Dieu vers 1830
     
     
    Les bâtiments de l’Hôtel-Dieu sur l’île de la Cité sont démolis en 1877-1878.
     
     
    Les annexes situées rive gauche, quai de Montebello et rue de la Bûcherie, ne seront démolies qu’en 1908.
     
     
    Le bâtiment de l’administration générale de l’Assistance publique est démoli en 1874.
    De façon exceptionnelle dans le corpus Marville, cette vue de l’Hôtel-Dieu a été faite en double pour une raison que j’ignore.
     
     
    Si tous les tirages que je connais sont de la même version, la Bibliothèque historique de la ville de Paris conserve un négatif d’une autre version, que j’appellerai “aux parasols” afin de la différencier, en raison de la présence de deux parasols de marchand ambulant au coin du pont, côté rue de la Cité.
     
    L'Hôtel-Dieu actuel en fin de construction vers 1875 (Charles Marville, photographe).
     
     
     
    Le développement des arbres que l’on observe sur ces images permet d’affirmer avec certitude que les deux photographies datent de la même année et de la même saison.
    En outre, de nombreuses affiches sur l’angle du bâtiment de l’Hôtel-Dieu sont communes aux deux prises de vue, ce qui permet de penser qu’elles ont été réalisées dans un intervalle court, vraisemblablement vingt-quatre heures.
     
     
    Si la position de l’appareil est identique, le cadrage est légèrement différent :
    la version “aux parasols” est cadrée plus vers la gauche.
     
     
    Sachant que Marville a tiré sur papier l’autre version, il faut croire que la version aux parasols était la première prise de vue et qu’elle ne convenait pas au photographe pour une raison assez importante qui justifia de la refaire, probablement dès le lendemain.
     
     
    La différence notable étant le cadrage, la motivation de Marville est peut-être uniquement esthétique ; il est certain que la composition de la seconde version est plus satisfaisante pour l’œil.
     
     
    (Les personnes qui travaillent à droite sur le quai, probablement un couple, sont des matelassiers.)
     

    Le rôle de madame Necker4, aux côtés de son mari, modifie progressivement la symbolique de l’hôpital : de la charité, on passe à la bienfaisance. Le malade est mieux considéré. On voit même apparaître des maisons de convalescence.

     

    De plus, les idées prônées par le siècle des Lumières permettent une importante réflexion sur le milieu hospitalier. Mais ce n'est qu'à la fin du xviiie siècle, que l’hôpital devient une « machine à guérir », où le malade y est soigné et en ressort guéri.

     

    Il faut cependant attendre lexixe siècle, pour que l’hôpital devienne un lieu de pratique de la médecine et de la science, mais aussi, un lieu d’enseignement et de la recherche médicale.

     

     

    En 1772, un incendie détruit une grande partie de l’hôtel-Dieu.

     

    D’autres plans sont alors construits et de nombreuses modifications sont apportées.

     
     
     https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%B4tel-Dieu_de_Paris
     
     
     
     
     
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    CONTEXTE 

    La Commune de Paris est une période insurrectionnelle de l'histoire de Paris qui dura un peu plus de deux mois, du18 mars 1871 à la

    « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871.

     

    Cette insurrection contre le Gouvernement, issu de l'Assemblée nationale qui venait d'être élue au suffrage universel, ébaucha pour la ville une organisation proche de l'autogestion.

     

    Elle est en partie une réaction à la défaite française de la

    guerre franco-prussienne de 1870 et à la capitulation de Paris

     

    La guerre franco-prussienne de 1870, la chute de Napoléon III, l’occupation prussienne de Paris (et surtout la famine qu’elle provoqua pendant l’hiver de 1870-71 où la population fut contrainte de manger les rats de Paris et les animaux du zoo) et les humiliantes conditions de défaite étaient à la base d’un rejet du nouveau gouvernement républicain et un mouvement vers l’autonomie parisienne.

    L’Assemblée Nationale de 1871, qui marqua le début de la Troisième République, fut majoritairement monarchiste et la classe ouvrière ne voulait pas livrer une fois de plus le pouvoir aux élites après une révolution qu’ils avaient combattue.

     

    L’Assemblée quitta Paris au début du siège prussien d’abord pour Tours et enfin pour Bordeaux. Le gouvernement exigea le paiement des effets de commerce, jusque là suspendu, ce qui provoqua la faillite de milliers de commerçants dans la capitale.

     

    A cause du climat hostile qui régnait à Paris, l’Assemblée quitta Bordeaux non pour Paris mais pour s’installer à Versailles, où ils furent rejoint par le président Adolphe Thiers (qui fut président du Conseil sous 

    Louis-Philippe), le reste du gouvernement, Jules Ferry (maire de Paris) et une partie de la population parisienne la plus aisée.

     

    -----------------------------------------------

     

     

    La Commune de Paris dura un peu plus de deux mois.

    Elle débuta le 18 mars 1871, lorsque le gouvernement envoya des troupes pour tenter de désarmer Paris de 227 canons sur la butte Montmartre.

     

     

     Afficher l'image d'origine

    Une foule intervint et fraternisa avec les soldats qui finirent par

    arrêter leurs propres officiers.

     

    La Commune se termina le 28 mai, à la fin de la « Semaine sanglante ».

     

    Hôtel de Ville

     

     

     

    Affiche du Comité de Salut public de la Commune de Paris.

     

     

    Chute de la colonne Vendôme (photographie de Franck).

     

     

     

    L’attaque se rapproche de plus en plus du Château-d’Eau. 
     

     

    Cette place (aujourd’hui place de la République) aménagée par l’Empire

     

    pour arrêter les faubourgs et qui rayonne sur huit larges avenues,

     

    n’a pas été véritablement fortifiée.

     

    rue Royale 

     

     

    Le bilan total de la Semaine sanglante sera d’environ 25.000 victimes du côté des communards (pour 1000 versaillais), à quoi s’ajouteront 40.000 arrestations, dont les leaders de la révolution, qui seront exécutés ou envoyés au bagne

    en Nouvelle-Calédonie.

     

     

     

     

     

    Mgr Darboy, archevêque de Paris, fusillé comme otage par les communards le 24 mai

     

    Hôtel de Ville de Paris incendié, cliché d'Alphonse Liébert.

     

     

     

    Les Versaillais, maîtres des Folies-Dramatiques et de la rue du Château-d’Eau,

     

    l’attaquent en tournant la caserne. 

     


     

    Exposition La Commune de Paris à l'Hôtel de Ville de Paris (18 mars - 28 mai 2011)

    - Palais de la Légion d'Honneur, en arrière plan, le palais d'Orsay.

     

     

    Plaque commémorative en l'honneur des personnes qui ont sauvé les collections du Louvre des incendies allumés par les communards. Cette plaque est située dans le vestibule Denon au rez-de-chaussée du musée du Louvre.

     

     

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    Maison par maison, ils arrachent la rue Magnan aux pupilles de la Commune . 
     

     

    Brunel , ayant fait face à l’ennemi pendant quatre jours, tombe, la cuisse traversée. 
     

     

    Les pupilles l’emportent sur un brancard, à travers la place du Château-d’Eau.
    De la rue Magnan, les Versaillais sont vite dans la caserne. 
     

     

    Les fédérés, trop peu nombreux pour défendre ce vaste monument, doivent l’évacuer.

    La chute de cette position découvre la rue Turbigo. 

     


    Les Versaillais peuvent dès lors se répandre dans tout le haut

    du IIIe et cerner le Conservatoire des Arts-et-Métiers. 

     


    Après une assez longue lutte, les fédérés abandonnent la barricade du Conservatoire, laissant une mitrailleuse chargée. 
    Une femme aussi reste, et quand les soldats sont à portée, décharge la mitraille.
    Les barricades du boulevard Voltaire et du Théâtre-Déjazet supportent désormais les feux de la caserne du Prince-Eugène (5), du boulevard Magenta, du boulevard Saint-Martin, de la rue du Temple et de la rue Turbigo. 
    Derrière leurs fragiles abris, les fédérés reçoivent vaillamment cette avalanche. Que de gens l’histoire a consacrés héros qui n’ont jamais montré la centième partie de ce courage simple, sans effet de théâtre, sans témoins, qui surgit en mille endroits pendant ces journées. 
    Sur cette fameuse barricade du Château-d’Eau, clef du boulevard Voltaire, un garçon de dix-huit ans, qui agite un guidon , tombe mort. 
    Un autre saisit le guidon, monte sur les pavés, montre le poing à l’ennemi invisible, lui reproche d’avoir tué son père. Vermorel, Theisz, Jaclard, Lisbonne veulent qu’il descende ; il refuse, continue jusqu’à ce qu’une balle le renverse. 
    Il semble que cette barricade fascine une jeune fille de 19 ans, Marie M., habillée en fusilier-marin, rose et charmante, aux cheveux noirs bouclés, s’y bat tout un jour. 
    Une balle au front tue son rêve. Un lieutenant est tué en avant la barricade.
    Un enfant de 15 ans, Dauteuille, franchit les pavés, va ramasser sous les balles le képi du mort et le rapporte à ses compagnons.
    Dans cette bataille des rues, les enfants se montrèrent, comme en rase campagne, aussi grands que les hommes. 
    À une barricade du faubourg du Temple, le plus enragé tireur est un enfant. 
    La barricade prise, tous ses défendeurs sont collés au mur. 
    L’enfant demande trois minutes de répit : 

     


    « Sa mère demeure en face ; qu’il puisse lui porter sa montre d’argent,

    afin qu’au moins elle ne perde pas tout. » 

     


    L’officier, involontairement ému, le laisse partir, croyant bien ne plus le revoir. 
    Trois minutes après, un « Me voilà ! » 

     


    C’est l’enfant qui saute sur le trottoir, et, lestement, s’adosse au mur près des cadavres de ses camarades fusillés. Immortel Paris tant qu’il y naîtra de ces hommes.

     


    La place du Château-d’Eau est ravagée par un cyclone d’obus et de balles.
    Des blocs énormes sont projetés ;

     

    les lions de la fontaine traversés ou jetés bas ;

    la vasque qui la surmonte est tordue. 
     

    Afficher l'image d'origine 

    Les flammes sortent des maisons. 

     


    Les arbres n’ont plus de feuilles et leurs branches cassées pendent

    comme ces membres hachés que soutient un lambeau de chair. 
     

    Paris XI - Commune de Paris 1871 - Barricade Rue de la Roquette (via Paris Unplugged):  

     

    Des jardins retournés volent des nuages de poussière. 
    La main de la mort s’abat sur chaque pavé.

     


    À sept heures moins un quart environ, près de la mairie,

     

    nous aperçûmes Delescluze, Jourde

     

    et une cinquantaine de fédérés marchant dans la direction du Château-d’Eau. 
    Delescluze dans son vêtement ordinaire, chapeau, redingote et pantalon noir, écharpe rouge autour de la ceinture, peu apparente comme il la portait, sans armes,

    s’appuyant sur une canne. 

     


    Redoutant quelque panique au Château-d’Eau, nous suivîmes le délégué, l’ami. Quelques-uns de nous s’arrêtèrent à l’église Saint-Ambroise pour prendre des cartouches. 
     

     

    Nous rencontrâmes un négociant d’Alsace, venu depuis cinq jours faire le coup de feu contre cette Assemblée qui avait livré son pays ; il s’en retournait la cuisse traversée. 

     


    Plus loin, Lisbonne blessé que soutenaient Vermorel, Theisz, Jaclard. Vermorel tombe à son tour grièvement frappé ; Theisz et Jaclard le relèvent, l’emportent sur une civière ;

     

    Delescluze serre la main du blessé et lui dit quelques mots d’espoir.

     

     

    À cinquante mètres de la barricade, le peu de gardes qui ont suivi Delescluze s’effacent, car les projectiles obscurcissaient l’entrée du boulevard.
     

     

    Le soleil se couchait, derrière la place.

     

     

    Delescluze, sans regarder s’il était suivi, s’avançait du même pas,

     

    le seul être vivant sur la chaussée du boulevard Voltaire.

     

     

    Arrivé à la barricade, il obliqua à gauche et gravit les pavés. 

     


    Pour la dernière fois, cette face austère, encadrée dans sa courte barbe blanche, nous apparut tournée vers la mort.

     

    Subitement, Delescluze disparut. 
     

     

     

    Il venait de tomber foudroyé, sur la place du Château-d’Eau.
    Quelques hommes voulurent le relever ; trois sur quatre tombèrent.

     

    Il ne fallait plus songer qu’à la barricade, rallier ses rares défenseurs. 
    Johannard, au milieu de la chaussée, élevant son fusil

    et pleurant de colère, criait aux terrifiés : 

     


    « Non vous n’êtes pas dignes de défendre la Commune ! »

     

    La nuit tomba. 
    Nous revînmes, laissant, abandonné aux outrages d’un adversaire sans respect de la mort, le corps de notre pauvre ami.

     


    Il n’avait prévenu personne, même ses plus intimes. 

     


    Silencieux, n’ayant pour confident que sa conscience sévère, Delescluze marcha à la barricade comme les anciens Montagnards allèrent à l’échafaud. 
     

     

    La longue journée de sa vie avait épuisé ses forces.

     

    Il ne lui restait plus qu’un souffle ; il le donna. 
    Il ne vécut que pour la justice. 

     


    Ce fut son talent, sa science, l’étoile polaire de sa vie.

     

    Il l’appela, il la confessa trente ans à travers l’exil, les prisons, les injures, dédaigneux des persécutions qui brisaient ses os. Jacobin, il tomba avec des socialistes pour la défendre. 
    Ce fut sa récompense de mourir pour elle, les mains libres, au soleil, à son heure, sans être affligé par la vue du bourreau. 

     


    (En 1870, au mois d’août, à Bruxelles, où l’exil nous avait réunis, il me dit : 
    « Oui, je crois la République prochaine, mais elle tombera entre les mains de la gauche actuelle, puis une réaction s’en suivra. 


    Moi, je mourrai sur une barricade pendant que M. Jules Simon sera ministre. »)
     

     

    Les Versaillais s’acharnent toute la soirée contre l’entrée du boulevard Voltaire protégée par l’incendie des deux maisons d’angle. 

     

     


    Du côté de la Bastille, ils ne dépassent guère la place Royale ; ils entament le XIIe. 
    Abrités par la muraille du quai, ils avaient, dans la journée, pénétré sous le pont d’Austerlitz. 
    Le soir, couverts par leurs canonnières et leurs batteries du Jardin des Plantes, ils arrivent auprès de Mazas .
    Notre aile droite a mieux tenu.

     

    Rue de Lille - Insurrection de Paris, 1871 / Wulff Jeune phot.:

     

     

    Les Versaillais n’ont pu dépasser la ligne du chemin de fer de l’est. 
    Ils attaquent de loin la rue d’Aubervilliers, aidée par les feux de la Rotonde. 
    Du haut des buttes Chaumont, Ranvier canonne vigoureusement Montmartre, quand une dépêche lui affirme que le drapeau rouge flotte au moulin de la Galette. 

     

     


    Ranvier, n’y pouvant croire, refuse de discontinuer son feu.
    Le soir, les Versaillais forment devant les fédérés une ligne brisée qui, partant du chemin de fer de l’est, passant au Château-d’Eau et

     

    près de la Bastille, aboutit au chemin de fer de Lyon. 

     


    Il ne reste à la Commune que deux arrondissements intacts,

     

    les XIXe et XXe, et la moitié environ des XIe et XIIe.

     


    Le Paris qu’a fait Versailles n’a plus face civilisée : 
    « C’est une folie furieuse, écrit le Siècle du 26 au matin. 
    On ne distingue plus l’innocent du coupable.

     

    La suspicion est dans tous les yeux. 
    Les dénonciations abondent. 
     

     

    La vie des citoyens ne pèse pas plus qu’un cheveu !!

     

     

    Pour un oui, pour un non, arrêté, fusillé. » 
    Les soupiraux des caves sont murés par ordre de l’armée,

    qui veut accréditer la légende des pétroleuses. 

     

     

    Hôtel de Ville pendant la Commune [avec ombre du photographe], Paris, 1871, photo: Alphonse Liébert (1827-1914):  

     

    Hôtel de Ville pendant la Commune [avec ombre du photographe], Paris, 1871, photo: Alphonse Liébert (1827-1914)

     

     


    Les gardes nationaux de l’ordre sortent de leurs trous, orgueilleux du brassard, s’offrent aux officiers, fouillent les maisons, revendiquent l’honneur de présider aux fusillades. 
     

    la_vilette_Commune_1871:  

     

    La VILETTE 1871

     

    + 1871 +:

     

     

    Dans le Xe arrondissement, l’ancien maire Dubail ,

    assisté du commandant du 109e bataillon, guide les soldats à

    la chasse de ses anciens administrés. 

     

     

    Palais des Tuileries incendié commune de paris 1871 http://peccadille.wordpress.com/2014/09/15/photographies-commune-paris-1871/?utm_source=dlvr.it&utm_medium=facebook:

    Palais des Tuileries incendié commune de paris 1871

     

     

     


    Grâce aux brassardiers, le flot des prisonniers grossit

    tellement qu’il faut centraliser le carnage afin d’y suffire. 

     

     

    Afficher l'image d'origine


    On pousse les victimes dans les cours des mairies, des casernes,

     

    des édifices publics, où siègent des prévôtés, et on les fusille par masses.

    Si la fusillade ne suffit pas, la mitrailleuse fauche.!!

     

    Les vestiges du palais des Tuileries incendié.:
     

     

    Les vestiges du palais des Tuileries incendié.

     

     

     

    Tous ne meurent pas du coup et, la nuit, il sort de ces monceaux

    des agonies désespérées.
     

     

    Ce n’est pas assez d’achever les blessés de la bataille des rues. 
     

     Le Fort d'Aubervilliers. Vue intérieure des casemates avec un groupe de Prussiens - Les ruines de Paris et de ses environs, 1870-1871 / cent photographies par A. Liébert ; texte par Alfred d' Aunay:

     

    Le Fort d'Aubervilliers. Vue intérieure des casemates avec un groupe de Prussiens

    - Les ruines de Paris et de ses environs, 1870-1871 / cent photographies par A. Liébert ;

    texte par Alfred d' Aunay

     

     

    Le Versaillais va chercher les blessés hors Paris qui sont aux ambulances. 
    Il y en a une au séminaire Saint-Sulpice, dirigée par le docteur Faneau,

    très peu sympathique à la Commune ; l

    e drapeau de Genève l’abrite. 

     


    Un officier arrive « Y a-t-il ici des fédérés ? » 

     


    « Oui, dit le docteur, mais ce sont des blessés que j’ai depuis longtemps. » 
    « Vous êtes l’ami de ces coquins »,

    dit l’officier. 

     

     

     Rue de Rivoli (angle de la rue Saint Martin) - Insurrection de Paris, 1871 / Wulff Jeune phot.:

    Rue de Rivoli, tout est dévasté !

    Rue de Rivoli (angle de la rue Saint Martin) - Insurrection de Paris, 1871 / Wulff Jeune photogaphe

     

    Paris 23 mai 1871 (!) La rue Royale et ses barricades sous la Commune de Paris:

    Paris 23 mai 1871 (!) La rue Royale et ses barricades sous la Commune de Paris

     

     


    Faneau est fusillé ; plusieurs fédérés sont égorgés dans l’ambulance même. 
    Plus tard, l’honnête officier prétexta d’un coup de feu tiré par ces blessés. 
     

     

    Les fusilleurs de l’ordre ont rarement le courage de leurs crimes.

     

    Barricades de la Commune de Paris - 1871:
    L’ombre ramène la clarté d’incendies. 
     

     

    Où les rayons du soleil faisaient des nuages noirs, d’éclatants brasiers réapparaissent. 
     

     

     

    Le Grenier d’Abondance illumine la Seine bien au-delà des fortifications. 
    La colonne de Juillet, transpercée par les obus qui ont enflammé

     

    son vêtement de couronnes desséchées et de drapeaux, flambe en torche fumeuse ;

    le boulevard Voltaire s’enflamme du côté du Château-d’Eau.

     

     

    Afficher l'image d'origine


    La mort de Delescluze

    avait été si simple et si rapide qu’elle fut mise en doute même

    à la mairie du XIe,

    où l’on avait transporté Vermorel. 
     

     

    Quelques-uns de ses collègues l’entourent.

     

    Ferré l’embrasse, et Vermorel lui dit :

     

    « Vous voyez que la minorité sait se faire tuer pour la cause révolutionnaire. »

    Vers minuit, quelques membres de la Commune décident d’évacuer la mairie. 
     

    Paris commune barricade:  

    Quoi ! toujours fuir devant le plomb !

     

    La Bastille est-elle prise ? 
    Le boulevard Voltaire ne tient-il pas encore ?

     

    Toute la stratégie du Comité de salut public,

     

    tout son plan de bataille est donc de se replier !

     

     

    À deux heures du matin, quand on cherche un membre de la Commune pour soutenir la barricade du Château-d’Eau, il n’y a plus que Gambon endormi dans un coin. 
     

     

    Un officier le réveille et s’excuse. 

     

     

     


    Le vieux républicain répond : 
    « Autant vaut que ce soit moi qu’un autre ; 
    moi j’ai vécu » et il part. 

     

     

     


    Mais les balles ont fait désert le boulevard Voltaire jusqu’à l’église Saint-Ambroise. 
    La barricade de Delescluze est abandonnée.

     

     

     

     

     

     

     


    [Prosper-Olivier Lissagaray (1838-1901).

     

     

     

     

    Histoire de la commune de 1871. E. Dentu, Paris, 1896.]

     
     
     
    Cadavres de communards (photographie attribuée à Eugène Disderi).
     
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  • Léon Curmer (1801-1870) :

    éditeur célèbre, homme méconnu.

     

    Portrait gravé de Léon Curmer (1801-1870)
    Éditeur parisien


    Il est des noms qui font rêver. Celui de CURMER éclaire immédiatement la prunelle de tout bibliophile - néophyte amateur comme expert chevronné - d’une lueur d’admiration mêlée d’envie, en évoquant ce que l’édition a produit de plus somptueux…
     
    Pour le comprendre, faisons dans le passé un saut de 150 ans.

     
     
    Quelle nouveauté pour l’époque ! Désormais, un lecteur de la seconde moitié du dix-neuvième siècle pouvait - certes moyennant finances - feuilleter à loisir, sur la table de son salon, des manuscrits enluminés interdits au commun des mortels, enrichis d’or resplendissant, de pourpre éclatante, d’émeraude intense et d’azur céleste.
     
     
    De fastueux ouvrages confectionnés jadis pour des empereurs, des rois et des reines, d’éminents dignitaires ecclésiastiques ou des bourgeois fortunés. Et démentir en partie l’anathème mémorable lancé par Leconte de Lise, en 1884, contre les

    Hideux siècles de foi, de lèpre et de famine
    Que le reflet sanglant des bûchers illumine !


     
    Fronton de la sépulture familiale Léon Curmer
    au cimetière de Montmartre
     
     



    Mais quel homme se cache derrière ces deux syllabes magiques, synonyme de chromolithographies chatoyantes qui, aujourd’hui encore, nous coupent le souffle ?
     
     
    Qui fut Léon Curmer ?

    De l’Irlande à Saint-Germain-l’Auxerrois

    Mes recherches menées sur Internet et aux Archives de Paris, ainsi que le récent témoignage d’une obligeante arrière-arrière-petite-nièce de Léon, permettent d’esquisser un tableau de la famille CURMER.

    Henri Léon (qui, adulte, ne conservera que son second prénom) vint au monde par une triste après-midi finissante, le 17 décembre 1801.
     
     
     
     Santoral de Enero-Lamina 1-Les évangiles des dimanches et fêtes de l'année –Vol 1- 1864- Leon Curmer:
     
    Le poétique calendrier républicain, alors en vigueur, allait tourner la page du 26 frimaire an X.
     
    L’enfant naquit dans la boutique d’un drapier parisien établi rue Saint-Honoré, à une époque que les historiens nomment le Consulat.
     
     
    C’est une heureuse parenthèse de paix, après les tourmentes révolutionnaires et avant la glorieuse mais épuisante épopée napoléonienne.
     
     
    Bonaparte y jette les fondements de la France future, en la dotant d’outils administratifs, judiciaires et économiques qui lui survivront (arrondissements et cantons, Conseil d’État, code civil, Banque de France…).

    Le nouveau-né fut baptisé à l’église Saint-Eustache dès le lendemain de sa naissance. Il eut pour parrain son oncle paternel Jacques Michel CURMER (dont nous reparlerons), et pour marraine sa grand-mère maternelle Marie Anne Henriette QUESNEL femme LOUVET.
     
     
    Ses prénoms honorent à la fois son père et l’une de ses aïeules.

    Le père de Léon, Gilbert Léonard, est né 25 ans plus tôt, fin octobre 1776,
    dans le même quartier.
     
     
    À l’ombre gothique et trapue de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, de sinistre mémoire : deux siècles auparavant, son tocsin nocturne avait déclenché l’épouvantable massacre de la Saint-Barthélémy.
     
     
    Début 1801 (le 13 pluviôse an IX), Gilbert Léonard a pris pour femme à Elbeuf (en Seine-Maritime, alors dénommée Seine-Inférieure) Antoinette Félicité LOUVET.
     
     
    De cinq mois son aînée, elle appartient à une famille de fabricants de draps établie dans la région depuis plusieurs générations ; son aïeul maternel, Mathieu QUESNEL, fut maire d’Elbeuf.
     


    Le grand-père de Léon, Michel CURMER, vit le jour début mars 1743 à Pont-Audemer, dans l’Eure. Installé à Paris comme mercier puis drapier, il épousera en 1771 la fille du directeur des teintures de la manufacture royale des Gobelins, l’écossais Jacques NEILSON (1714-1788).
     
     
     
    Ce dernier pratiqua un temps la peinture auprès du célèbre Maurice QUENTIN de LA TOUR et devint même son ami.
     
     
    Le pastelliste lui légua son autoportrait, longtemps resté dans la famille et vendu chez Christie’s en juillet 2005.
     
     
    Une belle alliance, donc, pour Michel qui, d’un obscur comptoir de négociant en étoffes, accédait au cénacle d’intellectuels éclairés !
     
     
    Par la suite, plusieurs membres de la famille CURMER accoleront au leur le patronyme de leur ancêtre NEILSON.
     
     
    Michel CURMER mourut à Paris en mai 1809, rue des Lombards (alors appelée rue de l’Aiguillerie), non loin d’où il était né.
     
    Sa veuve, Marie Geneviève Dorothée NEILSON, décéda au même lieu fin janvier 1826, âgée de 80 ans.
     
     
     
    L’arrière-grand-père de Léon, Jean-Claude, était cavalier dans la maréchaussée (notre actuelle gendarmerie).
     
     
     
    Veuf de Marie FRANCELIN (née vers 1700), il épousa en février 1739
     
    à Pont-Audemer Marie Catherine HUREY, originaire de Martin-Église, non loin de Dieppe.
     
     
     
    Il était fils de Jean CURMER et Marie BLONDEL.
     


    La tradition orale familiale rapporte que les racines plongent en Irlande du sud. Le berceau de la famille est l’important port de Cork. Le patronyme Curmer viendrait de Cormar qui, en gaélique signifie grand espoir.
     
     
     
    Fuyant la misère, un membre de la famille partit servir en France, dans l’armée de Louis XI, comme capitaine d’une compagnie d’archers.
     
     
    Est-ce en hommage nostalgique à ses lointaines origines que Léon publia,
    en 1845, L’Irlande au dix-neuvième siècle ?


     
    Autres vues de la sépulture des Curmer au cimetière de Montmartre


    Une étoffe trop pesante

    L’examen des actes d’état civil des oncles et tantes de Léon CURMER fournit des renseignements éclairants.

    Son père était né quatrième d’une fratrie de cinq enfants, après deux sœurs et entre deux frères. Marie Françoise CURMER (1772-1855) épousa un marchand drapier né dans l’Yonne, Pierre Ambroise FERNEL (ca 1755-1829).
     
     
     
    J’ai recensé quatre enfants issus du couple :
    Claude Ambroise (né en 1793) ;
    Olivier Léon, employé (1801-après 1860) ;
    Alexandrine Clémence, morte célibataire (ca 1803-1872) ; enfin
    Victoire Aglaé, qui survécut à
    son époux Maximilien SIMON, inspecteur des Postes (1797-1861).
     
     
     
    C’est cette branche qui, depuis 1826, possédait le beau pastel dont j’ai parlé.
     
    Anne Victoire CURMER (1773-1817) se maria à un vérificateur des poids et mesures natif de Fontainebleau, Jean-Baptiste MARIE-SAINT-GERMAIN (ca 1753-1833).
     
     
    Leur fille Anne Dorothée (1795-1866) épousa en 1813 Antoine Marie LORIN (1786-1859), commissaire-priseur.
     
    Cet homme semble avoir été d’une inépuisable gentillesse : on trouve sa signature sur un grand nombre d’actes d’état civil de toute la famille.
     
     
    Jacques Michel CURMER (1774-1838) fut receveur principal des droits réunis
     
    (désignation, sous le premier Empire, des taxes indirectes frappant le tabac et l’alcool).
     
    Sa femme se nommait Rosalie TESNIÈRE (ca 1780-1852).
     
    Le couple n’a pas laissé d’enfant.
     
     
    Alexandre François CURMER (1777-1839) était notaire.
     
    Il passait pour un homme d’esprit. Après avoir abandonné sa charge, il s’établit dans la plaine Monceau, quartier neuf alors en vogue.
     
    À la fin de l’été 1813, il avait épousé Adélaïde Geneviève MARION de TIVILLE (1790-1870), héritière d’un magistrat parisien.
     
     
    Ses trois filles devinrent Marie Louise Émilie de TUPIGNY de BOUFFÉ, épouse en juin 1833 d’un officier de cavalerie, réputée plus tard pour sa charité ;
     
    Marie Hortense Michelle PÉRIN (1815-1873), femme d’un artiste-peintre de renom spécialisé dans les scènes d’histoire ; et
     
    Jeanne Victoire Pauline, baronne de CHAMBORANT de PÉRISSAT (1817-1890),
     
    qui se maria en avril 1836 à un avocat de Confolens (Charente).
     


    Sur les cinq enfants de Michel CURMER (grand-père de Léon),
     
    seuls deux suivront les brisées paternelles.
     
     
    La fille aînée en épousant un marchand de draps,
     
    le deuxième fils en reprenant le commerce familial.
     
     
    Les autres appartiendront tous à la fonction publique (poids et mesures, impôts, notariat).

     
    L'intérieur de la sépulture des Curmer au cimetière de Montmartre. Et encore... je vous ai épargné les canettes de boisson et autres détritus qui jonchent le sol ...
    A l'abandon ...


    L’histoire de la famille CURMER illustre parfaitement l’ascension
    sociale de la bourgeoisie du dix-neuvième siècle.
     
    Né dans une arrière-boutique encombrée de piles de tissu,
    Alexandre François avait conclu une belle union.
     
     
    Enrichi par son office, retiré dans un faubourg huppé, flanqué d’une épouse portant nom à particule et fier d’avoir avantageusement marié ses filles, il dut savourer bien des fois sa réussite !
     
    Son marchand d’étoffe de beau-frère Pierre FERNEL, sans doute aussi brave homme que rustaud personnage, était-il toujours le bienvenu dans l’élégant salon du Parc Monceau, ouvert à tout ce que Paris comptait alors de brillants esprits ?
     


    Quatre frères dissemblables

    Léon CURMER était l’aîné de trois autres frères :
     
    Édouard Nicolas (1803-1876),
    Alphonse Alexandre (1805-1855) et
    Adolphe (1809-1890).
     


    Comme l’un de ses oncles paternels, Édouard Nicolas CURMER
    fut contrôleur-receveur des contributions indirectes.
     
     
    Son mariage à Doullens (Somme) début juillet 1838 avec Émélie Louise WARMÉ (1818-1871), fille d’un notaire, révèle que son père Gilbert Léonard était mort à Flessingue (Pays-Bas) le 29 mars 1812. Ce décès sur l’embouchure de l’Escaut n’est pas sans surprendre…
     
    J’en reparlerai.
     
    Édouard Nicolas s’établit en province afin d’accomplir un parfait cursus honorum. Il mourut à Amiens. Son éloignement géographique entraîna peut-être un certain relâchement des liens avec ses trois autres frères, restés dans la capitale. Il eut pour fils l’abbé Édouard Michel CURMER (1839-1884), mort vicaire de l’église Saint-Vincent-de-Paul à Paris ;
     
    Albert Émile Henry CURMER (1843-1927), sous-directeur des contributions indirectes à Bordeaux puis promu directeur à Lille, qui recueillit les papiers de famille et édita en 1878 une notice sur son trisaïeul Jacques NEILSON, suivie en 1911 d’une monographie consacrée à son oncle éditeur ; le général Fernand Alexandre CURMER (1854-1937), commandeur de la Légion d’honneur, qui dirigea l’École polytechnique de 1916 à 1919 ; enfin James Antoine CURMER (1860-1880), infortuné sapeur au quatrième régiment du Génie, décédé à l’hôpital de Grenoble au sortir de l’adolescence.
     


    Alphonse Alexandre CURMER donne l’image d’un homme attachant.
     
     
    Pharmacien, il abandonna un beau jour bocaux et malades pour s’établir stéréotypiste à Montmartre (alors commune indépendante de Paris).
     
     
    Pourquoi cette soudaine reconversion ?
     
    Fut-il rapidement las d’une clientèle égrotante, voire aigrie ?
     
    Son frère Léon sut-il lui vanter les charmes du métier d’imprimeur, complémentaire du sien ? Une affection réciproque liait manifestement les deux hommes.
     
     
    À la mi-août 1835, Léon tenait sur les fonts baptismaux de l’église Notre-Dame-de-Grâce, à Passy, le premier fils de son cadet, prénommé Louis Léon Henry.
     
     
    Quatre ans plus tôt, Alphonse Alexandre avait épousé Marie Françoise Alexandrine Cornélie GUÉDÉ (1808-1892), née dans la Somme.
     
     
     
    Mariage qu’on devine arrangé par l’entremise de son frère aîné Édouard Nicolas, établi dans cette région et bien introduit dans la bourgeoisie locale.
     
     
    Mais union féconde, dont j’ai dénombré cinq enfants : Cornélie Antoinette née en 1832 (épouse en mars 1857 de Claude Louis Amédée ROBERT, négociant), Louis Léon Henry précité et Marie Alexandrine née en 1840, deux autres étant morts en bas âge.
     


    Le dernier né, Adolphe CURMER, m’a réservé une vive surprise. Son acte de mariage, en mai 1839, avec Marie Anne Éléonore THEUBET-LENOIR (1806-1884), native de Seine-et-Oise, indique qu’il était venu au monde… à Boulogne-sur-Mer ! Lui aussi exerçait alors le métier de stéréotypiste.
     
     
    Léon semble avoir battu le rappel auprès de ses frères pour qu’ils rejoignissent son cercle professionnel. Adolphe eut une fille unique, Marie Félicité (1847-1876), décédée jeune moins de neuf ans après avoir épousé un agent de la préfecture de police devenu employé de banque. Mais pourquoi Adolphe était-il né aussi loin de Paris, dans les brumes du Pas-de-Calais ?

     
     
    Un père dans de beaux draps

    Si les morts pouvaient parler, qu’ils en auraient à dire !
     
    Mais faute de faire tourner les tables comme Victor Hugo, je me suis contenté de m’asseoir à celles des Archives de Paris pour y prendre des notes.
     
     
    C’est moins romantique mais historiquement plus sûr… Et là, les vieux papiers m’ont narré une bien sombre chronique. Quel étrange hasard (si c’en fut un !) poussa mon doigt à ouvrir le tiroir étiqueté C du fichier des faillites parisiennes sous le premier Empire ?
    Je l’ignore.
     
    Mais ce geste anodin m’a fourni une information précieuse.
     
     
    Le 12 mai 1806, Gilbert Léonard CURMER-NEILSON déposait le bilan.
     
    Une banqueroute des plus sévères puisque son déficit dépassait les 76 500 francs, soit plus de la moitié de l’actif, qui n’atteignait que 131 500 francs ! Ayant apparemment accumulé plus de marchandises qu’il n’en pouvait vendre, il devait de l’argent dans toute la France (d’Amiens à Nîmes, de Rouen à Sedan) et à tout le monde, y compris ses oncles, parents et beaux-parents…
     
    Ses créanciers défilèrent devant les juges du tribunal de commerce
    de la Seine jusqu’au 2 janvier 1807.
     
    Un docteur en chirurgie du quartier des Halles réclamait, à lui seul, la bagatelle de 3 000 francs.
     
     
    Rançon des migraines tenaces ou insomnies répétées du malheureux marchand de draps, penché sur des livres de comptes dont l’implacable arithmétique le dépassait ? Pour la petite histoire, sachez que je me suis employé à vérifier les additions de ceux qui condamnèrent le défaillant : elles sont fausses à deux reprises !
     
     
    Cette pièce d’archives, fortuitement découverte, éclaire la situation d’un jour inattendu.
     
    La naissance du dernier des frères à Boulogne-sur-Mer s’explique alors avec évidence : pressé de quitter Paris où l’assaillait une meute de créanciers, Gilbert Léonard n’eut pas d’autre choix que la fuite.
     
     
    Un grand port de commerce constamment animé, propice à embarquement immédiat : quel refuge idéal ! Les campagnes napoléoniennes lui offrirent-elles un débouché inattendu, occasion unique de rebondir ? Les armées ont besoin de draps…
     
    Mais l’aventure tournera court.
     
    Gilbert Léonard trouvera la mort prématurément, au bord de la mer du Nord. Une triste fin.
     
    Léon fut alors recueilli par son oncle notaire.
     
    N’ayant pas de fils, ce dernier inscrivit son neveu - intellectuellement doué - à l’école de Droit, puis l’embaucha comme principal clerc dans l’espoir qu’il prît sa suite.
     
    Or Léon savait déjà ce qu’il voulait.
     
    Rapidement, il abandonna cette voie certes toute tracée, mais qui ne lui inspirait guère qu’un ennui rédhibitoire, pour l’exaltante aventure de l’édition.
     
     
    La veuve de Gilbert Léonard CURMER ne se remariera pas. Elle élèvera seule ses enfants.
     
    On devine qu’elle fut une mère aimante autant qu’une épouse dévouée. Elle mourra à Paris en décembre 1851, quelque 40 ans après son mari.
     
    Sa disparition dut affliger Léon, qui tint à reposer auprès d’elle.
     
    J’y reviendrai.
     
    Pour autant, la déconfiture paternelle n’empêchera pas trois des fils de tâter aux affaires : Léon en écoulant des livres, Alphonse Alexandre en vendant des drogues médicinales puis des gravures, rejoint dans ce dernier négoce par son cadet Adolphe.
     
    En mai 1884, au décès de son épouse, celui-ci exerçait le métier d’orfèvre.
     
    L’or, ultime valeur-refuge ?


     
    L'imitation de Jésus-Christ. Paris, Léon Curmer, 1856-1857
    [chromolithographie de Lemercier, typographie de J. Claye, Paris.].


    Léon CURMER intime

    Il reste difficile de pénétrer l’intimité d’un homme disparu voici plus de 140 ans.
     
     
    Pour ceux que l’astrologie a convaincus (dont nous sommes), Léon CURMER était Sagittaire ascendant Cancer.
     
    Un idéaliste aimant autant l’aventure que la sécurité,
    ce dernier besoin primant, avec l’âge, sur le premier.
     
     
    Le Sagittaire donne le goût des voyages, ouvre l’esprit sur des horizons étrangers et inconnus, incite à découvrir le monde et ses diverses cultures :
    c’est le symbole de la flèche qui fend l’air et va loin.
     
     
    De plus, régi par la planète Jupiter, il confère souvent un vaste esprit de synthèse et d’organisation. Léon CURMER saura le mettre en œuvre dans son activité d’éditeur lorsqu’il coordonnera, avec une bienveillante et compétente autorité, le travail des multiples corps de métier concourant à la réalisation d’un livre aussi monumental que Les Français peints par eux-mêmes : huit gros volumes qui impliquèrent quelque cent quarante auteurs et une centaine d’illustrateurs, à une époque où un projet de cette envergure supposait un flux constant de correspondances, un amoncellement de documents divers et d’incessantes allées-et-venues chez l’imprimeur ou le lithographe...
     
     
    Même en rêve, les cerveaux les plus hardis d’alors pouvaient-ils seulement imaginer le miracle des transmissions instantanées qu’en ce début de vingt-et-unième siècle, Internet a ancré dans notre banal quotidien ?
     
    Le Cancer s’attache au foyer et à la famille. Léon CURMER repose auprès de sa mère et de ses deux épouses. L’intimité rassure et protège le cancérien, tel le crabe qui le représente, abritant sa chair tendre derrière une épaisse carapace munie de deux pinces.
     
     
    Des armes qui, en outre, rendent ce natif très tenace.
     
    Tenace, il fallut l’être, assurément, pour réussir dans une entreprise d’aussi longue haleine et semée d’autant d’embûches que l’édition !

    Au besoin, Léon pouvait même se monter pugnace.
     
    Dans son numéro du 30 novembre 1837, le Journal du Palais relate ses démêlés avec un relieur-libraire nommé Henri BARBA (1803-1879), auquel CURMER avait remis treize exemplaires de ses Saints Évangiles comme prix de leur brochage-satinage.
     
    Considérant siens ces ouvrages, BARBA avait fait annoncer, par voie de presse, son intention de les vendre pour 30 francs comme riches étrennes à bon marché… alors que l’éditeur les affichait à 40 francs. Y voyant une concurrence déloyale, Léon porta aussitôt l’affaire devant les tribunaux. Les juges lui donnèrent tout d’abord raison, en condamnant BARBA à verser des dommages et intérêts.
     
     
    Ce dernier fit appel de la sentence, arguant de pratiques commerciales courantes et dépourvues de volonté de nuire. Finalement, la Cour reconnut comme licite le petit bénéfice réalisé par BARBA et déclara CURMER non-recevable. Notre Léon dut s’en étrangler de rage ! Cet épisode judiciaire le révèle prompt à la riposte lorsqu’il se sentait lésé. Mieux valait ne pas l’avoir comme ennemi…
     
     
    Quelque 25 ans plus tard, parcourant l’Italie à la recherche de manuscrits pour illustrer une nouvelle et luxueuse édition des Évangiles, il n’hésitera pas à faire appel au pape en personne - et avec succès ! - face au refus catégorique du conservateur de la Bibliothèque Vaticane d’autoriser la photographie de miniatures.
     
     
    Mais son obstination ne l’empêchait pas d’être un affectif, comme on le verra. Son portrait gravé nous montre un sexagénaire portant beau, respirant assurance et autorité. La barbe blanche en collier donne à cette physionomie impressionnante la gravité d’un patriarche biblique, tels ceux que peignit Michel-Ange au plafond de la Sixtine.
     
     
    Le regard volontaire et perçant annonce une volonté farouche,
    inflexible, proche de l’entêtement.

    Léon CURMER se maria deux fois.
     
    Fin novembre 1833, à l’approche de ses 32 ans, il épousait Marie Catherine Louise BORGERS, fille d’un cordonnier prussien et veuve d’un tailleur de même origine.
     
    Un mariage d’amour. Hélas, elle mourut dès les premiers jours de 1844.
     
    Il en conçut un chagrin profond et durable.
     
    Atteinte d’un cancer du col de l’utérus diagnostiqué trop tard, la malheureuse rendit l’âme après onze mois d’affreuses souffrances.
     
     
    L’incompétence des médecins du temps de Louis-Philippe n’avait rien à envier à ceux de Molière :
     
    l’un deux avait même envisagé d’extirper par torsion l’organe malade !...
     
    Pour exorciser sa douleur, Léon fit imprimer, à tirage réduit, une plaquette intitulée L’agonie d’un ange...
     
    Un texte poignant, qui révèle une rare délicatesse de sentiments.


     
    Les Évangiles des dimanches et fêtes de l'année.
    Paris, L. Curmer, 1864. 3 volumes in-folio (28,5 x 20 cm).


     
    Sans aucun doute l'une des plus belles réalisations de l'éditeur Léon Curmer.


    Deux ans et demi plus tard, Léon convola en secondes noces avec sa domestique Gertrude Hubertine HEYSTERS, fille d’un jardinier née aux Pays-Bas. Il épousa donc deux femmes étrangères (le Sagittaire…), d’une condition nettement inférieure à la sienne. Pour lui, le mariage n’engageait que ses sentiments intimes (le Cancer…).
     
     
    Dans le salon huppé et cossu de sa tante paternelle née de TIVILLE, foyer de bel esprit, deux jeunes femmes d’aussi modeste extraction, toutes charmantes fussent-elles, parlant un français teinté de fort accent étranger et entaché de fautes de genre ou de syntaxe, reçurent-elles un accueil d’une chaleur débordante ?
     
     
    Le premier acte de mariage, signé en la paroisse Saint-Louis d’Antin, amorce une réponse à cette interrogation. Parmi les deux témoins de l’époux figure son oncle Jacques Michel CURMER, collecteur d’impôts.
     
     
    Certes, comme parrain du marié, la présence de Jacques Michel allait de soi.
     
    Mais cela arrangeait sans doute aussi les intérêts de Léon,
    pris de scrupule à solliciter son autre oncle paternel.
     
     
    L’arrivée d’une nièce née d’un pauvre savetier des environs de Düsseldorf pouvait-elle réjouir le spirituel notaire, qu’une alliance flatteuse avait introduit dans le tout-Paris ?
     
     
    Quant à sa seconde femme, elle lui survivra presque 50 ans sans se remarier.
     
    Léon aura été le seul homme de sa vie.
     
    Elle le rejoindra dans la tombe en juillet 1919.

    Léon CURMER semble avoir su aimer et se faire aimer.
     
     
    Il n’eut pas d’enfant. Mais de son précédent mariage, sa première épouse avait eu un fils,
    Armand MOLLER (1826-après 1881) et une fille, Léonide MOLLER (1828-1875) ; il les chérissait.
     
     
    Il était même parrain de Léonide, née après le décès prématuré de son père Valentin MOLLER - ce qui révèle des relations étroites et d’assez longue date avec sa première femme. En juillet 1852, il sera parrain du second-né de Léonide, Léon Henri Albert POHL (décédé en mars 1889). La pauvre Léonide fut abandonnée par son époux, un polonais qui exerçait le métier de caissier et disparut sans laisser d’adresse.
     
     
    Partit-il aussi avec la caisse du magasin qui l’employait ?
     
    Devenue journalière pour subsister, Léonide mourut à l’hôpital Cochin.
     
     
    Quant à Armand, il fut commissaire de police.
     
    La disparition de son beau-frère aura-t-elle éveillé sa vocation ?
     
    Léon avait aussi, du côté de sa première épouse, un neveu par alliance
    nommé Armand BORGERS (1823-1888), sur lequel il semble avoir reporté une affection toute paternelle.
     
     
    En avril 1852, il signera l’acte de mariage de cet honnête chapelier allemand.
     
    On trouve rarement le paraphe de Léon CURMER sur des actes d’état civil de membres de sa famille : ses absorbantes occupations devaient rendre son temps précieux.
     
    En retour, le fidèle Amand déclarera le décès de son oncle à la mairie du XVIe arrondissement.


    Une postérité assurée

    Dès 1856, Léon CURMER s’était retiré loin de l’agitation parisienne.
     
    Dans la bruyante rue de Richelieu, tout lui rappelait le douloureux souvenir du décès de sa première femme puis de sa mère.
     
     
    À l’époque, Passy était encore un grand village indépendant de Paris, offrant les charmes d’un calme agreste, d’un jardin planté de roses et d’un air non pollué.
     
     
    C’est là qu’il vécut ses dernières années, dans une confortable villa aujourd’hui disparue.
     
    Il expira au petit matin du samedi 29 janvier 1870, après deux années d’une longue et douloureuse maladie - euphémisme qu’utilisaient déjà les journalistes de l’époque.
     
     
    À la fin du règne de Napoléon III (lui-même longtemps martyrisé par une gravelle qui finira par l’emporter), mourir d’un cancer était cruel.
     
    La pharmacopée d’alors ne connaissait guère que l’opium et le laudanum, aux effets fugaces.
     
     
     
     
    La fin de Léon CURMER dut n’être, hélas, qu’un long calvaire.
     
    Il fut inhumé, le surlendemain de son décès, au cimetière parisien de Montmartre.
     
     
    Il y avait acquis une concession perpétuelle à la mort de sa première épouse.
     
     
    Cette sépulture existe toujours.
     
     
    C’est une chapelle funéraire d’aspect antiquisant à fronton triangulaire et sobres pilastres doriques, jadis élégante mais aujourd’hui abandonnée au point de menacer ruine.
     
     
    Vitrail brisé, crucifix en travers de l’autel, feuilles mortes et détritus ensevelissant les dalles (où sont tombés deux touchants bustes qu’on devine de fidèles portraits d’après nature), et jusqu’à d’épaisses toiles d’araignée tissant leur sombre tenture y composent un décor désolé, semblant attendre le tournage d’un énième épisode de Dracula…
     
    Léon CURMER n’a laissé aucune descendance.
     
    Mais les luxueux ouvrages qu’il édita lui assurent une postérité bien vivante.
     
    Laissons-lui le mot de la fin. En 1857, rédigeant la préface de son Imitation de Jésus-Christ, il écrivait : Je remercie Dieu (…) de clore comme je l’ai commencée une carrière où l’amour du beau et la recherche de la perfection m’ont constamment accompagné. Il avait encore treize années à vivre.
     
     
    Il couronnera son œuvre, quatre ans plus tard, en publiant les superbes Heures d’Anne de Bretagne, qui dépasseront en splendeur tout ce que les presses avaient pu produire jusqu’alors.
     
     
    L’impératrice Eugénie, la reine Victoria et le pape Pie IX compteront parmi les premiers souscripteurs…

    Aux trésors du cœur et de l’esprit, Léon CURMER joignait la perle - exquise - de la modestie.
     


    Thierry COUTURE pour le Bibliomane moderne
     
    SOURCES article
    - http://le-bibliomane.blogspot.fr/2011/11/leon-curmer-1801-1870-editeur-celebre.html
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  • Charles Auguste Louis Joseph Demorny

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    dit comte de Morny, devenu duc de Morny, né à Saint-Maurice (Suisse) le 17 septembre 1811 et mort à Paris le 10 mars 1865, est un financier et homme politique français de la Monarchie de juillet, de la IIe République et du Second Empire, député, ministre de l’Intérieur (1851-1852), président du Corps législatif et président du Conseil général du Puy-de-Dôme (1852-1865).

    Fils naturel de la reine de Hollande Hortense de Beauharnais et du comte de Flahaut, il est le petit-fils naturel de Talleyrand et le demi-frère de Napoléon III.

     

    Charles de Morny est à l’origine de la fondation du village du Vésinet dans la boucle de la Seine en aval de Paris, de l’urbanisation de Deauville et du parc des Princes à Boulogne-Billancourt.

    sa filiation est épique

    Il a eu un rôle politique majeur. Morny est la cheville ouvrière du coup d’État du 2 décembre 1851 qui permet à Louis-Napoléon élu président de la IIème République de devenir

    « Prince-Président ».

    Le duc de Morny, poursuivit à Viroflay la tradition hippique installée par Rieussec sur de grands pâturages établis depuis la formation du domaine royal de Versailles.

    La femme blonde du bois de Boulogne, c’est Sophie Troubetzkoï, la veuve du duc de Morny.

    Notre article sur les courses.

    En bordure du parc, près du château Gaillon, il construisit un hôtel particulier et quelques dépendances dans un style un peu particulier.

     

    L’arrière du Pavillon de Morny a des allures russes avec ses parements de bois chantournés. Le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, avait eu cette attention

    pour la princesse Troubetskoï, son épouse d’origine Russe.

     

     

    En 1926, l’Hôtel de Morny, propriété du baron Malouët, accueillera la Mairie, à quelques mètres de ses premières implantations. Elle y est toujours, agrandie depuis peu.

     

    L’arrière de l’Hôtel de Morny (le Grand Chalet), mairie de Viroflay depuis 1927. Son style russe avec des boiseries chantournées, hommage, dit-on, du duc à son épouse, née princesse Troubetskoï.  CPA, série Syndicat d’Initiative (coll. part.)
    L’arrière de l’Hôtel de Morny (le Grand Chalet), mairie de Viroflay depuis 1927. Son style russe avec des boiseries chantournées, hommage, dit-on, du duc à son épouse, née princesse Troubetskoï. CPA, série Syndicat d’Initiative (coll. part.)
     
     

     

     

    L’arrière du Pavillon de Morny a des allures russes avec ses parements de bois chantournés. Le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, avait eu cette attention pour la princesse Troubetskoï, son épouse d’origine Russe. Carte ayant circulé le 30 octobre 1934. (coll. part.)
    L’arrière du Pavillon de Morny a des allures russes avec ses parements de bois chantournés.
     
    Le duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, avait eu cette attention pour la princesse Troubetskoï, son épouse d’origine Russe.
    Carte ayant circulé le 30 octobre 1934. (coll. part.)
     
     
    Sofia Troubeskoy, duchesse de Morny, épousa en secondes noces le 21 mars 1869, à Vitoria en Espagne, José Isidro Osorio y Silva-Bazán (né à Madrid le 4 avril 1825, mort à Madrid  le 30 décembre 1909), duc d’Alburquerque et de Sesto, cousin de l’Impératrice Eugénie.
     

     

     

     

    La Mairie dans les années 30. L’ex propriété Morny est encore ceinte de hauts murs qui ont trouvé leur utilité comme panneaux d’affichage. Carte Etab. Malcuit EM 3922 à bordure blanche. Carte ayant circulé le 9/9/1948 (coll. part.)
    La Mairie dans les années 30.
    L’ex propriété Morny est encore ceinte de hauts murs qui ont trouvé leur utilité comme panneaux d’affichage.
    Carte Etab. Malcuit EM 3922 à bordure blanche.
    Carte ayant circulé le 9/9/1948 (coll. part.)
     
    sources ARTICLE :
    http://www.cartophilie-viroflay.org/article.php?id_article=216
     

     

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  •  

    Le salon pompéien du Chabanais.
    Photo Au Bonheur du jour.

     

     

    «Coiffure excentrique physionomie équivoque» :

     

     

    voilà comment le commissaire de police décrit Alexandrine Jouannet,

    27 ans en 1872, montée à Paris pour y exercer sa profession, après Lyon, Constantinople et Marseille.

     

    C’est noté en pattes de mouche tout en haut du rapport de comparution de ladite jeune personne, modiste à l’origine, prostituée de métier (la passerelle est fort courante à cette époque), qui vient demander l’autorisation de pratiquer en maison close.

     

    Pour être en règle, «il faut s’inscrire comme femme publique auprès du service des mœurs de chaque ville»,

    rappelle Nicole Canet, auteure de cet ouvrage d’enquête sur le célèbre bordel le Chabanais.

     

     

    Aventurière.

     

    Afin de cerner ce que fut la fabuleuse maison close parisienne, la patronne de la galerie érotico-historique Au bonheur du jour (sise en face des anciens locaux du Chabanais, ça ne s’invente pas) et auteure de nombreux ouvrages sur la prostitution des deux sexes ou sur l’histoire des bordels parisiens,

    a consulté, gratté, fouillé les archives de la police et des

    documents de la famille Jouannet :

     

    Alexandrine, la petite prostituée de chez Clotilde à Lyon, puis chez Dame Quatrefages, dans le Ier arrondissement de Paris, fut la taulière du luxueux Chabanais pendant vingt-deux ans, de 1877 à sa mort en 1899.

     

    Entretenue par un attaché d’ambassade, elle était, plutôt qu’une prostituée, une courtisane, une aventurière.

     

     

    Le plus célèbre bordel de Paris a eu plusieurs vies, jusqu’à sa fermeture en 1946 par une autre femme, Marthe Richard.

     

    D’Alexandrine, dite aussi Kelly, à Marie-Jeanne Lafarge (de 1900 à 1920), de Marguerite Jalabert (1920 à 1941, avec le très fameux Maurice, son malfrat de mari) à la fascinante Doriane (entre 1941 et 1946 ; on voit dans l’ouvrage une photo de groupe qui présente ces dames au salon en 1941…

     

    à l’intention des officiers allemands),

     

     

    on parcourt le livre comme une balade de la fin du XIXe siècle au milieu du XXe : avec les photos de Paris en noir et blanc d’Eugène Atget, les portraits sépia des célèbres prostituées du lieu, la très belle Margot, l’élégante Irma,

     

    Marthe, un peu moins chic,

     

    mais très efficace sous-maîtresse, des clichés des chambres chargées de tentures et de miroirs et de la fameuse grotte de l’entrée, qu’Alexandrine a pu faire installer après le départ du marchand de vins qui lui était hostile… Toute une histoire.

     

     

    La célèbre Margot, au Chabanais.

    La célèbre Margot. Photo Au bonheur du jour

    «Le clitoris de Paris».

     

    On retrouve des photos érotiques de l’époque, une belle lettre de Casque d’or-Signoret, qui a travaillé au Chabanais, des lettres de protestation d’un médecin quand Alexandrine aménage son bordel, dont on voit les plans et les travaux sur les documents récupérés par Nicole Canet.

     

    Brothel in Paris:

    On lit, tirées des archives de la police ou des mœurs, des lettres de voisins outrés qu’une maison de tolérance s’installe dans un immeuble bien fréquenté au 12 de la rue du Chabanais.

     

    On peut toujours y entrer, voir l’escalier mythique, les grilles de l’ascenseur, imaginer les étages de stupre et de volupté dans des chambres orientale, japonaise, espagnole, Louis XV, mauresque :

     

    la Jouannet ne lésina pas sur la dépense

     

    (jusqu’à l’équivalent de 100 000 euros pour des rideaux ornés de violettes), engageant des sommes faramineuses, qui se comptent en millions d’aujourd’hui, pour la décoration et l’ameublement.

     

    Alexandrine pratiquait aussi des tarifs réservés à une élite, pas de ceux des bordels plus populaires :

    200 euros la bouteille de champagne,

    1 000 euros la chambre,

    2 000 la passe.

    The Sphinx tub in the Le Chabanais brothel in Paris, commissioned by King Edward VII.   “He would sit in this most incredible bath that had a swan-necked mythological figure with a lady of his choice, not with water in it, but with champagne in it, and I guess they would both sit there and listen to the sound of his father spinning in his grave.” ~Matthew Sweet, author of Inventing the Victorians,:

    Elle habillait ses filles (25 en moyenne) de tenues orientales, recevant politiques, écrivains (Loüys, Maupassant, entre autres) et têtes couronnées. Dont le prince de Galles, grand habitué des lieux,

     

    Le Chabanais | Atlas Obscura:

    qui louait un appartement près de l’avenue de l’Opéra - avenue surnommée par un aristocrate anglais «le clitoris de Paris» -,

     

    se régalait d’y retrouver ses pensionnaires préférées, offrait cadeaux et bijoux et se fit construire un siège d’amour à deux étages dont on peine aujourd’hui à imaginer l’utilisation, souligne l’auteur, amusée.

     

     

    On n’a aucune photo d’Alexandrine, alias Kelly,

     

    madame Darcourt, ou encore Fatma, l’icône du Chabanais.

     

    On sait juste qu’elle s’habillait très chic, fumait et buvait, souffrait de fréquentes sciatiques.

     

    Ainsi est racontée l’histoire de ce Chabanais :

     

    en notes de police, lettres de voisinages, rapports jaunis et photos noir et blanc, mobilier et objets olé-olé qui furent vendus aux enchères en 1951.

     

    Toute une époque qui n’a pas fini de fasciner.

    Emmanuèle Peyret

     

    Nicole Canet Histoire de la célèbre maison close le Chabanais 1877 1946 Editions Nicole Canet, galerie Au bonheur du jour 365 pp., 79 €.

     
     
     
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    Eugène Atget : bordel, avenue de Suffren

     

    Une bande d’assassins a été arrêtée hier

    Le “106” était un bordel, ou “maison de tolérance”, de troisième classe, spécialisé dans la clientèle de l’École militaire qui est voisine.

     

    L’avenue de Suffren était alors assez misérable.

    Le 5 février 1942, ce bordel est la cible d’un attentat de l’Organisation Spéciale (OS) contre l’armée allemande, sous la direction de Pierre Georges (dit colonel Fabien).

    Datation de la prise de vue : 1910-1911.

     

    http://www.paris-anecdote.fr/Quelques-maisons-de-rendez-vous.html

     JPEG - 97.1 ko

    Édouard Geslin, qui dirige, 106, avenue de Suffren, un abri très hospitalier, venait, le 12 mai, au matin, annoncer à la police qu’un de ses clients était mort subitement chez lui, au cours de la nuit.

     

    Comment ne pas ajouter foi à la déclaration d’un commerçant connu qui, outre son établissement, a un domicile particulier confortable, 20, avenue Lowendall.

    On constata le décès du client fâcheux, un nommé Louis Urvoas, domicilié 115, rue de Javel. Le permis d’inhumer fut délivré par le médecin de l’état civil, mais, lorsque les employés des pompes funèbres vinrent pour procéder à la mise en bière, l’un d’eux eut la curiosité de retourner le mort et constata qu’il avait sept coups de couteau dans le dos.

     

     

    Les inspecteurs du sixième district eurent tôt fait de s’emparer des coupables.

    Édouard Geslin, le patron du 106, fut, naturellement, coffré, puis, on arrêta successivement :

    Taine, dit le Boxeur, dix-sept ans, rue Durantin, 16 ;

    Vasseur, ditTotor, dix-huit ans,

    charpentier 21, avenue de Vaugirard-Nouveau ;

    Sapience ditLesène, dix-huit ans, 115, rue de l’Abbé-Groult ;

    Verrier, dit Kiki, dix-huit ans, 20, rue Durantin ;

    Germaine Harroué, seize ans, 32, rue Lacordaire ;

    Louis Martin, vingt-deux ans, déserteur du 102e d’infanterie ;

    Georges Vasseur, Georges Durand, rue Dombasle, 24.

     

     

    Interrogés séparément, les bandits finirent par avouer l’assassinat d’Uuvoas, au 106 de l’avenue de Suffren, puis une tentative d’assassinat accomplie, le 17 mai, à 8 h. 30 du soir, boulevard Victor, sur M. Jean Queverdo, quarante-deux ans, rue Camille-Desmoulins, 72, qui fut poignardé et dévalisé ; une autre agression fut commise par eux, le 18 mai, près de la tour Eiffel, sur

     

    M. Georges Despavène, ingénieur, rue Desaix, poignardé et dévalisé.

    Enfin, un chauffeur et un autre passant furent encore, quai d’Orsay, les victimes de ces bandits.

    [Le Journal, no 9369, 22 mai 1918.]

    Maisons closes

    DITES DE TOLÉRANCE

    Et vulgairement appelées :

    Bordels, Boxons Lupanars ou Claques

     

     

    Il en existe environ cinquante à Paris, disséminées dans les vingt arrondissements.

    Quelques-unes sont luxueuses d’autres ne sont que confortables ; enfin, il en est qui sont d’infects taudis.

    Le nombre des femmes dans chaque Maison close varie entre huit et quinze ; rarement cette quantité est moindre ou plus grande.

    Dans les Boxons où ne fréquentent que les viveurs riches, les femmes sont jeunes, belles et assez intelligentes, pour qu’avant et après…

     

    l’œuvre de chair, les michés ne s’ennuient pas près d’elles.

    Il est même certaines femmes, dans ces maisons de premier ordre, qui pianotent gentiment et savent mieux roucouler que beaucoup de cabotines des petits beuglants.

     

     

    Les maisons de second ordre offrent également à leur clientèle un choix de femmes fort agréables.

     

     

    Dans les Claques des quartiers éloignés du Centre, les femmes sont en général usées par vingt années de Bordels de France, des colonies ou de l’étranger.

     

     

    Les rares créatures jeunes et fraîches (?) que l’on y trouve n’ont rien d’appétissant pour un monsieur délicat — elles sont grossières, « mal embouchées », et leur manière de s’offrir, au lieu de tenter, cause un réel dégoût.

    Les clients ordinaires de ces Lupanars de bas étage sont des soldats en goguette et des ouvriers ivres qui, pauvres et sans goût, trouvent des charmes à ces gotons qu’ils « s’envoient » pour quarante « pélos » — deux francs.

     

     

    J’ai vu dans une de ces maisons de la dernière catégorie une pauvre fille, si horriblement grêlée, que ses compagnes, sans pitié, appelaient poêle à marrons, à cause des trous dont son visage était rempli.

     

     

    Une autre femme, dans le même Bordel, avait des varices !

     

     

    Ailleurs, une femme d’au moins cinquante ans, était borgne !

     

     

    Dans quelques Maisons closes du Centre, si quelques femmes ne sont pas, de visage, des beautés pures, elles sont du moins bien bâties, ont des croupes et des tétons plantureux, sont saines et bien portantes.

     

     

    On ne peut être bien fixé sur l’âge des femmes « en Maison »,

     

    car s’il en est qui, étant mineures, ont pu y être introduites grâce de faux états civils (Voir le chapitre Traite des Blanches), il en est d’autres qui, par le même procédé, passent pour n’avoir que vingt-trois ans, alors qu’elles en ont bel et bien trente.

     

     

    À cela rien d’étonnant, puisque la femme honnête elle-même,

    à propos de son âge, ne craint pas de mentir !

     

     

    Quand on entre dans un Lupanar qui n’est que confortable, on croirait pénétrer dans une salle de café où toutes les dames sont en peignoir et tête nue, — en cheveux, comme elles disent plus volontiers.

     

     

    Dans un Bordel chic, l’arrivant est introduit dans un salon tout à fait select.

    Sur un guéridon sont des albums contenant les photographies des dames disponibles.

     

     

    Vous pouvez choisir et demander Mlle Bertha ou Mlle Georgette.

    Beaucoup de messieurs préfèrent qu’on leur présente à la fois toutes les dames inoccupées dans le moment.

     

     

    C’est alors que la maîtresse ou la sous-maîtresse passe de chambre en chambre et prononce, à chaque porte qu’elle entr’ouvre, le fameux :

     

     

    — Toutes ces dames au salon !

     

     

    Alors le « client » qui les a demandées voit arriver une dizaine de superbes filles de tout poil, de toute taille, souriantes, jouant de l’œil, se rendant par mille manières gracieuses et désirables.

     

     

    Il se peut que le monsieur et la belle qu’il a choisie s’enferment immédiatement dans une chambre et que les autres femmes retournent à leur poste.

     

     

    Mais, le plus souvent, sollicité par toute la bande à la fois,

     

    le « miché chic » reste au salon et et offre des consommations à toute la bande.

     

     

    Là ce n’est pas un simple bock que l’on boit, mais des liqueurs fines et, surtout, du Champagne.

     

     

    D’ailleurs, il n’est pas rare que des gentlemen ne viennent là que pour voir, boire et… dire — pas faire — des… cochonneries, car, selon le chansonnier Bachmann

     

    « Que serait la vie si l’on n’en disait pas ? »

    Vous aurez peut-être la curiosité de visiter des Boxons de toutes les catégories.

     

     

    Cela vous sera très facile, mon cher lecteur, car je vais vous les indiquer tous, ou à peu près, depuis le plus « smart » jusqu’au plus « moche ».

     

    Dans les faubourgs, on appelle les Bordels par leur numéro, et l’on dit Le 25, le 73, etc.

     

     

     

    Les Maisons closes des rangs supérieurs portent le nom de la rue où ils sont. On dit, par exemple Le Chabanais (rue Chabanais) ;

    le Taitbout (rue Taitbout).

    LE CHABANAIS, situé près la Bibliothèque nationale (rue Chabanais, no 12), est, sans contredit, le Bordel extra-chic de Paris.

     

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    La célèbre Margot. Photo Au bonheur du jour

     

    La spécialité de cette Maison est d’offrir à ses clients des femmes de différentes nationalités.

     

    Le salon pompéien du Chabanais.

    Ces femmes, Françaises, Italiennes, Anglaises, Turques ou Japonaises, sont jolies chacune à leur manière et leurs façons d’agir n’ont rien de répugnant.

     

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    Ce Bordel, fort simple à l’extérieur, est, intérieurement, d’une richesse inouïe, — et très curieux.

     

     

    Ce n’est pas là que vont faire la noce les employés à deux cents francs par mois !

    La Maison est chic, mais chère !

    Aussi, comme le chantait Plébins à l’Eldorado « N’y a qu’les rupins qui peuv’nt s’payer ça ! »

    Si j’ai pu dire du Chabanais, dont la réputation est européenne, qu’il est le premier des bordels, c’est que je n’ai pas à craindre de contradiction, mais je n’assignerai pas de rang aux autres Maisons closes de marque, au moins entre elles, les tenanciers pouvant ne pas être satisfaits de mon appréciation et, jaloux, me… traîner aux gémonies, ce qui serait pour moi fichtrement vexant, pas vrai ?

    Je classerai donc dans la même catégorie les maisons se valant à peu près, ne voulant être nuisible pour personne et tenant à ne pas me départir de mon habituelle impartialité.

    Donc, j’estime que vous visiterez avec un égal contentement, après le Chabanais, les Maisons closes jouissant à Paris d’une vogue qui s’agrandit en vieillissant, et situées :

    56, RUE TAITBOUT, près la Trinité.
    4, RUE JOUBERT, Chaussée d’Antin.
    14, RUE MONTHYON, près les Folies-Bergère.
    8 et 10, RUE D’AMBOISE, près l’Opéra-Comique.
    6, RUE DES MOULINS, près la Fontaine Molière.
    11, RUE THÉRÈSE, près la Fontaine Molière.
    12, RUE FEYDEAU, près la Bourse.
    2 et 5, RUE DE LONDRES, près la Trinité.
    6, RUE DES MOULINS, près le Square Louvois.
    92, RUE DE PROVENCE, près la gare Saint-Lazare.
    16, 22 et 30, RUE LA FERRIÈRE, près le Bal Tabarin.

    D’autres claques très « courus », où vont se divertir de nombreux provinciaux et étrangers de passage à Paris, sont situés :

    25, RUE Ste-APPOLINE, près la porte Saint-Denis.
    32, RUE BLONDEL, près la Porte Saint-Denis.
    39, RUE SAINTE-ANNE, près la Bourse.
    131, RUE D’ABOUKIR, près la Bourse.
    42, RUE MAZARINE, près le Pont-Neuf.
    5, RUE DE QUATRE-VENTS, près Saint-Sulpice.
    9, RUE J.-J. ROUSSEAU, près la Bourse du Commerce.
    8, RUE COLBERT, près la Bibliothèque Nationale.
    37, RUE DES PETITS-CARREAUX, près le Th. du Gymnase.

    Vous, mon cher lecteur, qui êtes un gentleman, si vous visitez les Maisons de tolérance inscrites ci-dessous, ce ne peut être pour y prendre du plaisir, mais seulement pour vous documenter. À ce titre, elles valent d’être vues.

    Les « pierreuses » fatiguées du Trottoir, lassées de faire la navette de la Chapelle à Charonne, de la Bastille à l’Hôtel-de-Ville, de la Tour Saint-Jacques à la Porte Saint-Martin, trajet qu’elles firent dix heures par jour pendant dix ans et plus, sont entrées dans ces boxons pour se reposer, comme des ouvrières éreintées vont au sanatorium se retremper un peu.

    Les mieux conservées sont les plus demandées, et elles… marchent jusqu’à dix, quinze et vingt fois, les samedis soirs, jours de paye, où les ouvriers avinés viennent en grand nombre… gaspiller le fruit d’une semaine de travail !

    164, BOULEVARD DE LA VILLETTE,
    214, BOULEVARD DE LA VILLETTE,
    226, BOULEVARD DE LA VILLETTE, non loin des Buttes Chaumont.
    70, BOULEVARD DE BELLEVILLE, non loin de la place de la République.
    24, RUE SAINTE-FOY, près la porte Saint-Denis.
    10, RUE DE FOURCY, près les Halles.
    15, RUE JEAN-BEAUSIRE, près l’Arsenal.
    23, RUE MAÎTRE-ALBERT, place Maubert, quart. latin.
    112, RUE DE MONTREUIL, non loin de la Bastille.
    19, RUE TRAVERSIÈRE, non loin de la Bastille.
    2, PASSAGE BESSIÈRE, au bout de l’avenue de Clichy.
    7, RUE JOLIVET, près la Gare Montparnasse.
    17, RUE JOLIVET, près la Gare Montparnasse.
    162, BOULEVARD DE GRENELLE, près l’École Militaire.
    22, AVENUE LOWENDAL, près l’École Militaire.
    106, AVENUE DE SUFFREN, près l’École Militaire.
    106, BOULEVARD DE LA CHAPELLE, près la Gaîté Rochechouart.

    Dans une des vieilles rues voisines de l’Hôtel-de-Ville et dont je me suis occupé d’autre part (Voir chapitre Bas-fonds), est situé le pire des bordels que j’ai visités.

    Le soir où je pénétrai dans ce… — plutôt cloaque que claque, — une douzaine d’individus étaient là, gueulant, — dég… aussi, — fumant du tabac puant, acheté à la Foire aux Mégots (Voir Bas-Fonds), pelotant d’épouvantables maritornes et tenant les plus orduriers propos.

    C’étaient, pour la plupart, des « Mendigots » dépenaillés, hirsutes, crasseux et remplis de toutes les vermines, se grattant à toute minute et écrasant des petites bêtes, — dites parasites, — tout en bécottant des « poules » de cinquante ans, décharnées, édentées, dont mon confrère Alphonse Gallais, qui m’accompagnait, put dire, non sans quelque raison :

    — Viande à Macquart !

    (Macquart enlève les animaux crevés sur la voie publique.)

    En effet, ces malheureuses avaient l’air si délabrées que nous nous demandâmes comment des hommes, même sales et repoussants, pouvaient, en présence de telles créatures, arriver à consommer l’acte charnel, but évident de leur venue en ce lieu… d’allégresse et d’amour !!!

    Pauvres vieilles femmes !

    N’inspirent-elles pas plus de pitié que de mépris ? Si j’étais millionnaire, — sans blague, — je fonderais l’Œuvre des Invalides de la Prostitution, car c’est surtout, — à ce qu’il me semble, — dans cet état-là qu’il doit être pénible de travailler encore, à cinquante ans sonnés.

    Une des « Viande à Macquart » dont j’ai parlé avait encore dans la physionomie quelque chose d’assez noble, et, dans les yeux, qui durent autrefois être très beaux, des lueurs d’intelligence.

    Il se peut qu’acculée à la pire misère, ne trouvant plus à travailler honnêtement, cette femme se soit réfugiée là pour ne pas mourir de faim !

    Quelle torture, alors, pour elle, que d’être obligée de souffrir les ignobles contacts d’hommes ivres, dégoûtants, brutaux et grossiers !

    À sa place… j’aimerais mieux me jeter dans la Seine.

    Mais les plus malheureux, les plus affligés, aiment quand même la vie, et c’est en se vautrant dans la fange qu’ils se donnent parfois l’illusion du bonheur !

    La belle XXX, pensionnaire du TAITBOUT, voulut bien, un soir, me donner moult renseignements dont j’avais besoin.

    Au moment où je la remerciais avant de me retirer, elle me demanda si je n’avais pas quelque chose à lui offrir en souvenir de moi.

    Je me fouillai et trouvai dans ma poche quelques exemplaires d’une chanson de mon crû.

    J’en donnai un à XXX, qui l’ayant regardé, s’écria, étonnée :

    — Tiens ! tu connais Machin ? (Machin, c’était le nom de l’éditeur, imprimé au bas de la couverture).

    — Il y a longtemps, dis-je.

    Alors, la belle XXX ajouta :

    — Moi aussi.

    — Tu as donc été dans la musique ? lui demandai-je, ou bien. Machin est-il… ton client, ici ?

    — Es-tu discret, d’abord ?

    — Oh ! très discret, je t’assure.

    — Eh bien, ne dis rien de moi à ce sujet, tais mon nom, et appelle Machin M. Untel, mais raconte ce que je vais te dire, ça amusera tes lecteurs.

    — Je t’écoute.

    — Machin, éditeur de musique, officier d’académie, notable commerçant, est en même temps… patron de bordel.

    Je sursautai :

    — Pas possible !… Tu ne te trompes pas ?… Je n’en savais rien.

    — Parbleu ! tu penses bien qu’il ne s’en flatte pas ; il se contente d’empocher le « beau pognon » que ça lui rapporte.

    — Comment l’as-tu appris ?

    — J’ai travaillé dans sa boîte.

    — Laquelle ? La maison d’édition ou la maison close ?

    — Tu blagues ! Au boxon. Est-ce que je sais quelque chose dans la musique, moi ?

    ― Et alors ?

    — Alors, mon vieux, tu peux te renseigner, tu verras que je ne mens pas : Machin est le patron du bordel de la rue…

    (J’ai promis d’être discret, mais il s’agit d’un établissement hospitalier très connu.)

    —… J’y ai travaillé pendant trois ans, ajouta la belle XXX, et comme j’étais très bien, — oh ! mais bien, bien, bien, — avec la maîtresse, c’est elle-même qui m’a tout dit.

    Or, j’ai vérifié, — ce ne fut pas facile, — et, à mon tour, je peux certifier ceci :

    M. Machin, officier d’Académie, éditeur de musique, la tête d’une maison fort connue depuis un grand nombre d’années, dirige également une maison close ! Tandis que, dans son bureau, il reçoit les auteurs et compositeurs, sa femme (je ne sais si elle est légitime), qui est son alter ego, s’occupe avec beaucoup de tact, — dit-on, — du. poulailler.

    « L’argent n’a pas d’odeur, » doit se dire M. Machin, et il s’assure, par le cumul des professions lucratives, une vieillesse heureuse ! Il sera un jour maire de son village, et Mme Machin le secondera encore quand il devra couronner des rosières !

    Et je ris, moi, en achevant ce curieux chapitre en tête duquel j’aurais pu écrire :

    Musique, palmes violettes et prostitution ! — titre ronflant et sensationnel !

    [Levic-Torca (Victor Leca). Paris-noceur. Paris, J. Fort, 73, Faubourg Poissonnière, 1910.]

     

     

     

     http://vergue.com/post/610/Maison-close-106-Suffren

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  • LE CHABANAIS

     

    Le Chabanais a ouvert ses portes en 1878, par Madame Kelly.

    C'est le bordel le plus célèbre de Paris.

     

    Cette luxueuse maison close est constituée de 35 pensionnaires soigneusement sélectionnées.

     

    Elle est un lieu de vie, de désir, de parade, théâtre fabuleux, elle est la représentation d'une réalité poétique et vénéneuse.

     

    L'aménagement du 11 rue Chabanais à Paris en paradis artificiel aura coûté un million sept cent mille francs de l'époque.

     

    Sa décoration intérieure était somptueuse.

     

    Le Chabanais a vu défiler pendant des decennies les artistes, le monde politique, les finnanciers, les princes et les têtes couronnées.

     

    Ce célèbre bordel était classé trois étoiles où les filles, triées sur le volet, possédaient un certain savoir faire érotique.

     

    Language surveillé, attitude polie, genre bonne famille.

     

    Les clients, souvent riches et célèbres, très exigeants, y vivaient des fantasmes nécessitants accessoires et mises en scènes. Le champagne coulait à flot.

     

    Marthe Richard, était une des pensionnaires du Chabannais.

     

    Elle accueillait avec la plus grande discrétion dans le grand salon du Chabanais, les plus hautes personnalités du début de XXème siècle.

     

    Parmi celles-ci, le célèbre Edouard VII, qui avait même sa chambre avec un lit écussonné. Il y avait même dans cette pièce un étrange fauteuil à étriers métalliques,

    spécialement conçu et réalisé pour le prince, qui lui permettait sans doute de s'amuser avec deux dames en même temps.

     

    Le prince utilisait aussi une baignoire en cuivre ornée d’une figure de proue en forme de sirène, qu'il avait pour habitude de remplir de champagne pour y faire boire ses petites amies d'un soir.

     

    Autres que la chambre Edouard VII, il y avait aussi la chambre japonaise, chambre russe, chambre espagnole, chambre arabe.

     

    Les salons portaient les noms de Pompéien, Louis XV.

     

    La Chabanais a fermé ses portes en 1946, date à laquelle on associe la loi Marthe Richard, qui exige de fermer toutes les maisons closes.

     

     

     

     

     

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  • A Paris, l’Eglise catholique exploitait 3000 bordels

    et 40 000 prostituées :

    mères célibataires, vierges violées, veuves ou répudiées

     

     

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    « On ne peut traverser le pont d’Avignon sans rencontrer deux moines, deux ânes et deux putains. » 

     

    Ce célèbre adage médiéval témoigne de la vitalité du « plus vieux métier du monde » dans la cité des papes. Mais bien d’autres villes de France peuvent se targuer d’une telle réputation. S’il est certain que l’Église et l’État exploitaient les bordels et prostituées déclarées, rien n’atteste qu’ils géraient la totalité des 3000 bordels parisiens du 15e siècle, et des 40 000 prostituées parisiennes du 18e siècle, pour la plupart clandestines.

    BIBLIOGRAPHIE :

    • Jacques Rossiaud, La prostitution Médiévale, édition Flammarion 1988
    • Brigitte Rochelandet, Histoire de la prostitution du Moyen Age au XX° siècle, édition Cabédita 2007
    • Séverine Fargette travaille sur le thème « Violence, justice et société en France au Moyen Age ». Elle prépare une thèse sur le conflit entre armagnacs et bourguignons (1407-1420).
    • Erica-Marie Benabou, « La prostitution et la police des mœurs au XVIIIe siècle »
    • Charles Jérôme Lecour, « La Prostitution à Paris et à Londres »
    • Alexandre Parent du Châtelet, De la prostitution dans la ville de Paris, considérée sous le rapport de l’hygiène publique, de la morale et de l’administration : ouvrage appuyé de documents statistiques puisés dans les archives de la Préfecture de police
    • Jean-Marc Berlière, La police des mœurs sous la IIIe République. Limites et réalités d’une « Police Républicaine »

    Les causes anthropologiques

    L’Église contrôle la sexualité pour garantir des héritiers légitimes

    Le Moyen-âge s’étend sur près d’un millénaire, de 476 (chute de Rome) à 1453 (fin de la guerre de Cent-Ans).

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    Compte tenu du rôle de l’Église dans la prostitution, il est utile de marquer son début en France avec la conversion chrétienne (496) de Clovis, roi des Francs.

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    Ce baptême marque en effet le début du lien entre le clergé et la monarchie française, dorénavant le souverain règne au nom de Dieu et seuls ses descendants légitimes (fils conçus dans le mariage) peuvent accéder au trône. La légitimité passe par la foi catholique et par les liens sacrés du mariage (seul garant de la reconnaissance de paternité).

     

    On remarquera qu’au Vatican, l’âge du mariage est aujourd’hui encore de 14 ans pour les filles, il était de 12 ans jusqu’au début du XXe siècle. 

     

    Fort de l’autorité divine, le clergé catholique se donne comme mission sociale de réglementer la sexualité (virginité & chasteté).

     

    Cette réglementation se colore à la fois du rôle sexuel pervers attribué à la femme dans la chute biblique de l’homme (la pomme d’Ève) et d’une application confrontée aux débauches et contingences de l’époque (la paternité n’est plus garantie). Inutile de dire que la prostitution n’a officiellement pas droit de cité.

    Lire Le serpent de la tentation, compagnon de la Déesse-Mère primordiale

    En croisade contre le sexe

    Durant ce millénaire, pas moins de 25 conciles, dont quatre des conciles du Latran, vont en effet exiger la chasteté avant le mariage, condamner le plaisir sexuel et interdire les positions qui ne servent pas uniquement à la procréation.

     

    Toutefois, malgré les nombreux interdits et exigences de l’Église, tous les actes sexuels illicites se pratiquent, et pas toujours en cachette, loin de là! Ainsi en est-il de la prostitution, une pratique hautement dénigrée par l’Église, et pourtant répandue à travers toute la France, y compris par les bons offices des religieux et religieuses, avec le soutien dévoué de la noblesse…

    Pour prévenir les viols collectifs

    Le terme « viol » n’apparaît qu’au XVIII° siècle. Avant on parle d’efforcement ou de défloration si le viol a lieu sur une femme vierge. Le viol est très courant à l’époque médiévale, cependant peu de plaintes sont à noter : peur des représailles, honte sur la famille… Ces viols sont le fait des jeunes hommes.

     

    En bande, ces jeunes citadins « chassent la garce ».

     

    On les appelle les « hommes joyeux ». L’affirmation de la virilité entraîne fréquemment un déchaînement de violence et se traduit par des viols collectifs commis sur des femmes isolées et faibles, réputées communes. Soucieuses d’éviter ces dérapages, les autorités encouragent l’essor d’une prostitution officielle.

     

    La prostitution est un phénomène de sécurité publique et donne satisfaction aux pulsions les plus enfouies. Comme certains le disent, la prostitution est un mal nécessaire.

     

    Les prostituées ont une responsabilité sociale : 

     

    défendre l’honneur des femmes « d’estat » (femme de vertu) et lutter contre l’adultère.

     

    Le prostibulum peut être alors considéré comme une institution de paix où les jeunes tempèrent leur agressivité.

    Femmes sans maris, femmes sans honneur

    Les femmes victimes de ses viols sont rarement des fillettes car l’homme sera réprimé très sévèrement, ni des femmes de milieu aisée car cela peut être parfois considéré comme un crime. Le plus souvent, les victimes sont des femmes célibataires, des veuves ou des épouses délaissées, des femmes qualifiées de déshonnêtes car elles n’ont plus de maris. Seul le statut d’épouse ou de mère est valorisé et reconnu. 
     
    Ces femmes sont souvent issues de milieux démunis, servante ou épouse d’ouvrier car la sanction sera faible voire inexistante.
     
    Par conséquence, La femme est diffamée par le viol, elle y perd son honneur (la Fame Publica). Ainsi, une femme célibataire aura des difficultés à trouver un époux et une femme sera vraisemblablement abandonnée par son mari.

    Une nécessité sociale de la chrétienté

    Un mal nauséabond pour prévenir la fornication et l’adultère

    Saint Augustin à propos de la prostitution au 5ème siècle : 

    « Supprimez les prostituées, vous troublerez la société par le libertinage ».

    À partir de la fin du XIIIe siècle, et ce, jusqu’au XVe,

    le métier est vu plutôt comme une pratique immuable.

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    La tradition chrétienne considère la prostitution comme un moindre mal nécessaire.

     

    Les Pères de l’Église en témoignent, d’Augustin d’Hippone au IVe siècle qui estime qu’elle est naturelle et permet de protéger les femmes honorables et les jeunes filles du désir des hommes, jusqu’à Thomas d’Aquin au XIIIe siècle, qui juge qu’elle est nécessaire à la société comme les toilettes à une maison :

    « Cela sent mauvais, mais sans elle(s), c’est partout dans la maison que cela sentirait mauvais. »

    La prostitution est d’ailleurs tellement naturelle que, pour plusieurs théologiens, il est préférable qu’une femme y pousse son mari plutôt que de consentir à certains rapports sexuels considérés, eux, comme de graves péchés. Dans une perspective du moindre mal, ces femmes sont sacrifiées pour un bien supérieur, l’ordre public.

     

    Souvent, en effet, c’est la permanence des viols par bandes organisées qui amène les municipalités à se poser la question d’organiser la prostitution afin de canaliser l’agressivité sexuelle des hommes.

    Les bordels de l’Église, un mal naturel pour éviter le péché

    Au Moyen Âge, les responsables de l’ordre public, municipalités, seigneurs laïcs ou ecclésiastiques (évêques, abbés et pape), organisent progressivement la prostitution,déjà à partir du XIIe siècle, et surtout à partir du XIVe siècle, en tirant un profit financier. On trouve même des bordels possédés par des monastères ou des chapitres. La prostitution est toujours considérée comme naturelle, comme un moindre mal. Au cœur des cités méridionales, les maisons de fillettes, les châteaux gaillards et autres maisons lupanardes deviennent des institutions municipales, entretenues et inspectées par les consuls. On précisera que la majorité sexuelle est toujours de 12 ans au Vatican (elle était de 11 ans en France en 1832). En Italie du Nord, les autorités expliquent même que le recrutement de prostituées attirantes permettra de convaincre les jeunes gens de se détourner de l’homosexualité. Les villes et les bourgs ouvrent ainsi officiellement des maisons municipales de prostitution ou bien désignent les quartiers de la cité, généralement ses faubourgs, où la prostitution sera tolérée.

    Lire Exclusion des filles mères, mères célibataires, mères seules : avortement et abandon des enfants sans père

    Dieu vous le rendra

    Une richesse pour le clergé et les municipalités

    Les municipalités profitent de ce commerce et s’enrichissent en prélevant des taxes sur les maisons publiques ou en mettant les fillettes à l’amende. On constate souvent, en dépouillant les registres de comptes, que les loyers et les rentes tirés des maisons de prostitution sont traités au même titre que les autres revenus, y compris dans les registres des abbayes. Au XIIIe siècle, les canonistes admettent d’ailleurs la recevabilité des profits tirés de la prostitution à condition que la fille exerce par nécessité, et non par vice et plaisir. Les propriétaires des maisons, parfois des notables, n’ignorent rien des activités de leurs locataires, et encaissent sans vergogne les bénéfices. C’est le cas des familles Villeneuve et Baronnat à Lyon, de l’évêque de Langres ou de l’abbé de Saint-Etienne à Dijon.

    Plus lucratif que les dons des fidèles

    D’ailleurs, Voltaire rapportait que l’évêque de Genève administrait tous les bordiaux de ces terres. Dominique Dallayrac va même jusqu’à avancer que la prostitution amena plus de richesse au clergé que tous leur fidèles réunis. St-Thomas d’Aquin raconte également que des moines perpignanais organisaient une collecte de fond pour ouvrir un nouveau bordel, dont ils vantaient le mérite; « oeuvre sainte, pie et méritoire ». D’ailleurs, La chose ira encore plus loin, car en 1510, le pape Jules II fit construire un bordel strictement réservé aux chrétiens.

    La Chapelle Sixtine financée grâce à la taxe sur la prostitution

    Pour renflouer les finances du Vatican et payer les corporations travaillant sur la chapelle qui portera son nom, le pape Sixte IV (1414 – 1484) eut l’idée géniale de taxer toutes les prostituées et les prêtres concubinaires dans les Etats Pontificaux, y compris Rome. Cette taxe rapporta au Vatican 30.000 ducats par an. Une véritable fortune. Selon les données statistiques de 1477, il y avait 6.300 prostituées reconnues officiellement et des nombreux célibataires. Le projet avait été lancé en 1046 par le Pape Clément II, Suidger de Morsleben et Hornburg (1005-1048) d’origine allemande, qui avait obligé toutes les prostituées romaines à verser un impôt au saint-siège sur chaque rencontre avec un nouveau client.

    S.S. Sixte IV, un pape pédéraste, incestueux et proxénète

    Afin de profiter de cette manne financière, le pape Sixte VI (1414 – 1484) acquis lui-même une maison close devenant un proxénète. Jusqu’à son élection, Sixte IV jouissait d’une bonne réputation. Sous son pontificat, il fit l’objet de jugements controversés dus à l’emprise que ses neveux prirent sur lui. De fait, il nomma cardinal de nombreux jeunes gens, célèbres par leur beauté, parmi lesquels son neveu Raphaël Riario – cardinal à 17 ans, accusé d’être son amant. On prétendit aussi que le goût du pape pour les garçons était notoire. Le théologien Balaeus (xvie siècle) assure de manière peu vraisemblable que Sixte IV aurait donné aux cardinaux « l’autorisation de pratiquer la sodomie pendant les périodes de grandes chaleurs ». C’est ce que l’on appelait alors le « vice italien ». Aujourd’hui encore, la majorité sexuelle au Vatican est de 12 ans.

    La vie sexuelle des papes

    Meurtres, prostitution, pédérastie

    Tiré de « L’Écho des Cantons » no. 7, septembre 2000.

    Le palais papal, un lieu maudit

    C’est un pape aux mœurs corrompues, Léon III (du 26 décembre 795 au 12 juin 816) qui couronna à Rome au mois de décembre de l’an 800, l’empereur Charlemagne (742-814). Étant réputé pour aimer la bonne chère, le vin et surtout les plaisirs charnels, Léon III échappa à une tentative d’assassinat complotée par deux prêtres désireux de débarrasser Rome et l’Église de ce pape dépravé. Étienne IV (du 22 juin 816 au 24 janvier 817) ne fut pape que quelque mois, mais son successeur, Pascal 1er (du 25 janvier 817 au 11 février 824) mena une vie de débauche qui, pendant les sept années de son pontificat, fit de la ville sainte et du palais papal des lieux maudits où libre cours sexuel était donné a toutes formes de perversions inimaginables.

    Le lupanar privé du pape

    Venu a Rome pour se faire sacrer empereur, Lothaire (795-855), petit-fils de Charlemagne, fut scandalise par tout ce désordre et fit des remontrances très sévères a Pascal. Le saint-père promit a Lothaire de reformer ses mœurs mais des que celui-ci eut le dos tourné, Pascal Ier emprisonna deux humbles prêtres pour avoir dénoncé ses comportements pervers. Comme sentence exemplaire on leur arracha la langue et les yeux avant de les décapiter. Plus tard, le pontificat de Léon IV (du 10 avril 847 au 12 juillet 855) sembla être au-dessus de tout soupçon jusqu’au jour où certains chroniqueurs de l’époque affirmèrent que le pontife avait installé dans sa propre maison un couvent de religieuses afin de s’adonner avec celles-ci a des plaisirs sexuels  » très torrides « .

    La légende de la papesse Jeanne

    C’est a partir de la fin de la papauté de Léon IV que naquit plusieurs légendes a connotations sexuelles qui fortifièrent l’histoire de la papesse Jeanne. Il est très peu probable qu’une femme ait succédé a Léon IV sur le trône de la chrétienté, vers l’an 856, comme le veut la légende qui prit naissance au milieu du 13ème siècle, et racontée par l’entremise des chants des troubadours et des ménestrels.

    Un pape gay en prison, assassiné par ses « mignons »

    Celle-ci fut vraisemblablement inspirée par l’histoire malheureuse d’un pape dévergondé du nom de Jean VIII (du 14 décembre 872 au 16 décembre 882). Jean VIII fut reconnu comme étant un pape débauché qui fut jeté plusieurs fois en prison parce qu’il ne s’occupait pas de ses charges pontificales. Ce pape homosexuel, qui aimait les jeunes garçons, connut une fin tragique aux mains des membres de la famille de l’un de ses  »mignons  » qui, trouvant que le poison qu’ils lui avaient administre n’agissait pas assez vite, lui fracassèrent le crane a coup de marteau.

    Un pape drag-queen

    Les soeurs de la perpétuelle indulgence - solidays 2011

    D’autres sources mentionnent qu’au milieu du 9ième siècle, un prêtre anglais du nom de John, un homosexuel reconnu, avait gagne la faveur des cardinaux de Rome, a un point tel qu’il a failli être élu pape a la mort de Léon IV en l’an 855. C’est probablement a la mémoire de ce John aux allures très efféminées, communément appelé Jeanne par ses intimes, que naquit la légende de la papesse qu’on disait d’origine anglaise. Les troubadours et les ménestrels du 13ieme siècle ajoutèrent a cette histoire, en signe de dérisions et de moqueries, que John aurait pu accoucher d’un enfant le jour même de son couronnement car rien dans son comportement sexuel n’indiquait « … qu’il est un homme … ». Ainsi fut fomenté dans la confusion et par les esprits tordus la légende de la célébré papesse Jeanne.

    Rome, ville du vice et de la débauche

    Le calme revint a Rome sous le pontificat de Jean IX (du mois de janvier 898 a janvier 900) mais ce fut de courte durée car lorsque Benoît IV prit le trône de Saint-Pierre (du mois de février 900 au mois de juillet 903) la corruption redevint maîtresse dans la  »Cite éternelle » pendant, hélas, de très nombreuses décennies. Afin d’illustrer avec plus de précisions cette ambiance qui régnait a Rome pendant tout le 10ème siècle, citons ce roi d’Angleterre, Edgar dit le Pacifique (944-975) qui, s’adressant a ses évêques, donna une description peu flatteuse de ce qu’il avait vu lors d’un de ses voyages dans la ville des papes.

     » On ne voit a Rome que débauches, dissolution, ivrogneries et impuretés … les maisons des prêtres sont devenues les retraites honteuses des prostituées, des bateleurs, jongleurs, équilibristes, acrobates, etc… et des sodomites (homosexuels) … on joue nuit et jour dans la demeure du pape … les chants bachiques (chansons a boire), les danses lascives et les débauches de Messaline ont remplacé jeûnes et prières. C‘est ainsi que ces prêtres infâmes dissipent les patrimoines des pauvres, les aumônes des princes ou plutôt, le prix du sang du Christ. » – Edgar dit le Pacifique (944-975), roi d’Angleterre

    Messaline est l’épouse de l’empereur romain Claude (10-54), elle était reconnue pour se livrer a de la débauche de toutes sortes et même a la prostitution. Se sentant bafoué, son mari la fit assassiner lorsqu’il apprit qu’elle s’était mariée avec son jeune amant Silius.

    Jean XII : le pornocrate

    Jean XII est assurément un des papes ayant le plus choqué ses contemporains. Plusieurs fois d’ailleurs, des chroniqueurs l’ont qualifié « d’antéchrist siégeant dans le temple de Dieu ». Né Octavien, il accède à la papauté à l’age de 18 ans sous le nom de Jean XII. Le jeune pape est perçu comme un être grossier qui s’adonne à la débauche, transformant le palais du Latran en un véritable bordel. Déposé par un synode d’évêques qui le déclare coupable de sacrilège, de meurtre, d’adultère et d’inceste en 963, Jean XII parvient cependant à reprendre l’avantage sur Léon VIII, élu à sa place. Une légende raconte qu’il est mort d’une crise d’apoplexie en plain acte sexuel avec une femme mariée.

    La famille maudite des Borgia

    Borgia est le nom italianisé de la famille Borja, originaire du Royaume de Valence (Espagne), qui a eu une grande importance politique dans l’Italie du XVe siècle. Elle a fourni deux papes, ainsi que plusieurs autres personnages, dont quelques-uns ont acquis une fâcheuse renommée. La famille Borgia subi une réputation sinistre qui aurait été forgée par ses ennemis politiques. Les Borgia furent accusés d’empoisonnement, de fratricides, d’incestes… Ils furent les symboles de la décadence de l’Église à la fin du Moyen Âge.

    Enfants illégitimes, bordels et inceste

    C’était une puissante famille italo-espagnole de la Renaissance, dont sont issus des personnages célèbres qui étaient des champions de la « chasteté héréditaire ». Quelques exemples : un cardinal qui eut trois enfants, un pape qui en comptait neuf, et une duchesse qui accoucha de huit hommes différents dont, probablement, le pape et le cardinal déjà mentionnés, qui étaient, en plus, son père et son frère. Tristement célèbres. On les appelle Borja en Espagne, Borgia en Italie. Un nom qui, dans la Botte, jouit d’une très mauvaise réputation, non sans raison : le cardinal César (1475-1507), une fois abandonné l’habit de pourpre, devint un homme politique et un militaire au cynisme proverbial, qui inspira Le Prince de Machiavel. Son père Rodrigo (1431-1503), alias le pape Alexandre VI, réduisit Rome à une ville-bordel que Luther compara ensuite à Sodome ; enfin, la duchesse Lucrèce (1480-1519), intrigante et peut-être incestueuse, passa à la postérité comme un archétype de féminité négative.

    Le pape du diable

    Pope Alexander Vi.jpgAlfonso Borgia est intronisé pape sous le nom de Calixte III de 1455 à 1458. Il a un fils illégitime, François Borgia, cardinal-archevêque de Cosenza. Son neveu, Roderic Llançol i de Borja, le rejoint en Italie où il prend le nom de Rodrigo Borgia. Il est pape sous le nom d’Alexandre VI de 1492 à 1503. Un des témoins les plus crédibles de la conduite scandaleuse du pape Alexandre Borgia est Jean Burckhardt (ou Burchard), de Strasbourg. Ce prélat, maître des cérémonies de la cour pontificale, tint de 1483 à 1508, un journal très précis relatant jour par jour, parfois même heure par heure, tous les événements se passant au Vatican.

    Au moins 6 enfants illégitimes

    En 1470, alors qu’il a déjà été ordonné prêtre, Rodrigo Borgia fait la connaissance de Vannozza Giovanna Cattanei, jeune patricienne romaine, qui lui donnera ses quatre enfants préférés (Jean ou Joan, César, Lucrèce, et Geoffroi ou Jofre). En 1489, nouvelle liaison avec la jeune et jolie Giulia Farnèse qui n’a que 15 ans, dont la demeure était directement reliée à Saint Pierre. Rodrigo Borgia a alors 58 ans. De leur union naîtra une fille, Laura, qui sera présentée comme l’enfant légitime d’Orso Orsini, époux officiel de Giulia Farnèse. Il avait déjà eu un fils Pedro-Luis de Borja légitimé par Sixte IV. Une troisième amante, disait-on, était peut-être sa propre fille Lucrèce (1480 – 1519). Elle est célèbre pour sa beauté autant que pour ses mœurs dissolues : un fils né de ses amours incestueuses avec son frère César, quelques bâtards, une activité d’empoisonneuse, etc.

    Viol sodomite et danses orgiaques de 50 prostituées

    Les orgies étaient pour Alexandre VI, une distraction à plein temps, sans discrétion aucune, sans discrimination de classe ni tabou de parentèle. Francesco Guicciardini rapporte un épisode au cours duquel le pape attire au Château Saint-Ange le jeune et beau Astorre Manfredi, seigneur de Faenza, qu’il viole et fait jeter dans le Tibre. Mais il pourrait également s’agir de César Borgia qui tenait prisonniers les deux frères Manfredi. Les scandales continuent au Saint-Siège, et ce malgré les remontrances du frère dominicain Jérôme Savonarole :

    «Arrive ici, Eglise infâme, écoute ce que te dit le Seigneur […]. Ta luxure a fait de toi une fille de joie défigurée. Tu es pire qu’une bête: tu es un monstre abominable»

    Sans scrupules, ni remords, Alexandre VI fait face : Savonarole est arrêté, torturé et meurt sur le bûcher le 23 mai 1498. Selon Jean Burckhart, témoin muet, mais indigné, la débauche du pape Alexandre et de sa progéniture atteint son paroxysme en cette nuit orgiaque du 31 octobre 1501 avec l’évocation de la danse de cinquante prostituées entièrement nues et d’un concours arbitré par César et Lucrèce pour évaluer et récompenser les prouesses de virilité des assistants. Les dépêches envoyées aux cours d’Europe par leurs ambassadeurs et figurant dans de nombreuses archives diplomatiques confirment l’incroyable témoignage du Père Burckhardt. On comprend dès lors pourquoi tant de récits faisant référence à des pactes avec le Diable ont pu circuler à la mort d’Alexandre VI.

    Les types de prostitution

    Les historiens, scientifiques et sociologues Lombroso et Ferrero (1896) ont classifié la prostitution médiévale en quatre catégories :

    Les plaisirs charnels du Christ

    La prostitution sacrée issue du culte antique de la femme, avec, au début du Ve siècle, les nicolaïtes, femmes qui, attendu l’incarnation du Christ, prônaient que Jésus fait homme avait dû éprouver lui-même les voluptés du corps. Unies aux gnostiques, elles ont essaimé jusqu’au XIIe siècle, en plusieurs sectes vouées au contentement de la chair. En 1373, réapparaît en France une de ces sectes, anciennement les Picards devenus les Turlupins dont le plaisir était de forniquer en public. Dans le catholicisme, les femmes stériles et les maris impuissants ont longtemps prié les Saints Paterne, Guerlichon ou Guignolet, dignes héritiers du dieu Priape, dieu de la virilité, de la fertilité et de l’amour physique. Même réprouvées par l’Église, ces pratiques se sont poursuivies qu’à la Révolution.

    Garnir la couche de son hôte avec ses serfs

    Le second type de prostitution est appelé prostitution hospitalière : elle découle des coutumes ancestrales de l’hospitalité qui consistaient à « garnir la couche » de son hôte. Plus rarement pratiquée chez les paysans, elle était largement répandue chez les nobles et de nombreuses soubrettes et paysannes, tenues en servage, se prostituaient ainsi contre leur gré.

    Une épouse en CDD

    Le troisième type est la prostitution concubinaire. Le concubinage n’a jamais été, dans la France catholique, béni religieusement. C’est le versement d’une pension d’entretien qui servait de contrat nuptial que seuls un divorce ou la mort pouvaient rompre.

    Enfin, on trouve, sous quatre formes, la prostitution civile :

    • Les bordels privés de la noblesse et du clergé : L’abbé, l’abbesse, l’évêque, le baron, le seigneur féodal accueillent chez eux l’équivalent d’un bordel généralement payé par leurs fidèles ou leurs vassaux; les deux sexes y sont couramment représentés;

    • Les paysannes au service sexuel des curés : Dans les monastères, les bons pères réquisitionnent régulièrement les paysannes des alentours qu’ils convainquent de se taire de peur des foudres divines;

    • Les nonnes-putains pour un dieu proxénète : Plusieurs mères supérieures des couvents persuadent leurs religieuses de se prostituer pour amasser, au nom de leur divin époux auquel elles ont de toute façon livré à tout jamais leur corps vertueux, quelques compléments à la dîme;

    • Femmes-objets pour payer les impôts : Au Moyen-âge, le royaume de France est loin d’être consolidé et les guerres entre prétendants à la royauté livrent la paysannerie à des impôts ruineux, dont la taille. Plusieurs fuient la campagne pour la ville où la misère qui sévit contraint filles et jeunes femmes orphelines, abandonnées ou vendues, veuves et épouses désespérées à livrer leur corps en pâture. La prostitution foisonne avec ses classes de prostituées.

    Le statut des prostituées

    Durant la période médiévale, la quasi-totalité des prostitués est constituée de femmes. La prostitution masculine fleurit aussi, mais seulement dans la clandestinité en raison de la sévère condamnation de l’homosexualité par l’Église. Cette dernière entretient à l’égard des femmes un double discours qui explique, en grande partie, l’ambivalence de ses prises de position. La femme est certes synonyme de tentation et de luxure, mais curieusement elle occupe un rôle social plus égalitaire que celui qui va redevenir le sien à la Renaissance.

    La prostitution civile revêt quatre motifs, explicatifs des divers statuts et mécanismes différents de répression :

    • La luxure qui découle de la prostitution sacrée. Ses adeptes sont considérés comme des hérétiques et châtiés par l’Église et le pouvoir;
    • La pauvreté, lot des femmes démunies. Cette forme est plus ou moins tolérée par l’Église selon la sévérité de ses cardinaux du moment et réglementée par le pouvoir seigneurial ou royal selon ses humeurs et pénitences;
    • Le concubinage, lot de femmes devenues courtisanes, protégées par leurs concubins et par les apparences d’une vie de rentière; certaines prostituées de haut rang peuvent s’afficher dans la cour des gens de la noblesse. On peut d’ailleurs difficilement d’apparence les différencier d’autres femmes de leur entourage, même si la plupart du monde connaît leur identité;
    • Le commerce dont l’exercice est orchestré par des sources diversifiées : clergé, noblesse, bourgeoisie, tenanciers ou tenancières. Le clergé va, de temps à autre, procéder à de sévères répressions dans ses rangs, la noblesse graduellement se défaire de ses propres bordels pour choisir le concubinage ou la fréquentation plus ou moins discrète des maisons de débauche.
    • Les filles légères « prostitution libérale » : Ces filles travaillent pour leur propre compte, elles vont d’hôtel en hôtel ou possèdent leur propre chambre. Ces femmes deviennent petit à petit des courtisanes : prostituée de luxe, maîtresse de riches marchands ou notables. Les courtisanes deviennent réellement importantes à la fin du XV°.

    Lire La prostitution mondaine, une valeur éducative du patriarcat traditionnel avant le mariage

    Carrière d’une fille de joie

    Mères célibataires, vierges violées, veuves ou répudiées

    Les prostituées le sont pour des raisons financières, parce qu’elles sont sans ressources pour une raison ou une autre : tel est le cas pour les étrangères à la ville, les migrantes venant de la campagne, les filles exclues du système matrimonial parce qu’elles ont été violées, parce qu’elles sont des servantes enceintes et chassées, parce qu’elles sont veuves ou abandonnées. Mais il existe aussi une prostitution moins miséreuse, de femmes qui reçoivent discrètement chez elles des hommes de bonne condition, et que le voisinage tolère plus ou moins bien. La plupart des prostituées le sont, comme de nos jours, par utilité ou obligation. Dans ce contexte, la très grande majorité des prostituées est cantonnée dans les basses classes de la société, même si quelques-unes d’entre elles, devenues maîtresses de gens importants, parviennent à y échapper.

    Ne pas ressembler à une épouse légitime

    Faire commerce de ses charmes est longtemps vu comme une profession comme une autre. Les «putassières » demeurent cependant facilement identifiables. Il leur est, en effet, interdit de porter vêtements ou accessoires démontrant le luxe. Broches, fourrures et autres vêtements peuvent leur être sommairement confisqués.

    L’abbesse encaisse un tiers des gains pour un toit

    Les filles de joie racolent à peu près partout : bains publics, boisés, buissons, ruelle ou rue réservées à leur pratique, cour des nantis et autres endroits insolites. Cependant, les lieux dédiés aux habitués sont les bordels municipaux, que l’on appelle à cette époque «bourdeaux» ou «bon hostel». Ils sont souvent administrés par une maquerelle, souvent une femme mariée, appelée «abbesse», douce vengeance contre le clergé. Cette dernière encaisse le tiers des gains de ses filles en échange de leur pension. Il est donc très aisé de trouver remède à une envie pressante…

    La contraception naturelle

    Les pratiques sexuelles, pour ce que l’on peut en savoir, semblent être communément orales, anales, manuelles et interfémorales, les femmes fuyant le rapport vaginal pour des raisons contraceptives.

    Fin de carrière : abbesse, mariage ou couvent

    La fin de « carrière » est estimée autour de la trentaine, mais aucune source ne permet d’affirmer cet âge. Dès lors que les filles ne peuvent plus se prostituer, plusieurs choix de vie s’offrent à elles :

    • Devenir à leur tour tenancière – abbesse
    • Retraite dans le repentir « fondation Sainte Marie Madeleine
    • Le plus souvent, c’est le mariage qui les fait sortir de leur condition. En effet, épouser une fille de joie est considéré comme une œuvre pieuse par l’Eglise.

    La répression du vice

    Mais toléré au nom de la morale conjugale schizophrène

    Le rôle joué par l’Église et particulièrement ambigu.

    D’une part, et ce, depuis Saint-Au­gustin, elle voit la prostitution comme un mal inévitable qu’on ne peut enlever d’une société sous peine d’avoir d’autres maux. D’autre part, par son obligation morale, elle réprime à l’aide de ses tribunaux ecclésiastiques non pas les prostituées, mais les tenanciers et autres entremetteurs au nom de la morale conjugale.

     

    Les putains des soldats de Dieu

    En ces temps de guerres et de croisades, notons que les soldats et les croisés ne font pas exception à la tentation : un cortège de femmes suit l’armée, même celle de Dieu, lavandières comme prostituées. Les phases de défaites correspondent à un redressement des mœurs et vice-versa. Il faut comprendre que, lorsque les troupes commencent à perdre, les autorités le mettent sur le dos de leur honteuse débauche. Cependant, lorsqu’elles gagnent, les interdictions sont levées, et ainsi de suite, de victoires en défaites. Chose certaine, il y a du travail pour ces filles de joie qui vont parfois jusqu’à planter leur tente parmi celles des soldats. Leur réputation est cependant mauvaise, Jeanne d’Arc, par exemple, chassa les ribaudes qui suivaient son armée.

    Esclaves rasées pour laver leurs péchés

    Entre 1254 et 1269, Louis IX décide quand même d’éradiquer toute prostitution. Des lois qui permettent alors aux autorités d’incarcérer les demoiselles de joie sont mises en vigueur. Les prostituées qui sont capturées sont cependant envoyées dans des prisons toutes spéciales, où les conditions de vie sont misérables. Confiées à la garde de religieuses acariâtres et sadiques qui se croient désignées pour conjurer le vice, elles ont la tête rasée pour les humilier et on les fait travailler en quasi esclavage souvent jusqu’à une mort prématurée.

    Lire Les couvents de la Madeleine : camps de concentration pour mères célibataires et femmes libérées

    • 1254 : Ordonnance de Louis IX interdisant la prostitution, les personnes prostituées sont expulsées des villes et tous leurs biens sont saisis, jusqu’aux vêtements; et les proxénètes sont punis par des amendes équivalentes à une année de loyer.
    • 1256 : Nouvelle ordonnance de Louis IX qui revient sur l’interdiction stricte de la prostitution. La personne prostituée n’est plus que reléguée hors des murs des cités et loin des lieux de culte.
    • En 1269, Saint Louis, qui s’apprête à embarquer pour la huitième croisade, demande à nouveau d’extirper le mal du royaume. À nouveau, la clandestinité des prostituées et le désordre créé font fléchir le roi qui fait ouvrir des centres de reclassement pour les femmes publiques à Paris. Le pragmatisme fait d’ailleurs que les filles publiques sont non seulement admises, mais subsidiées pendant la huitième croisade. Les livres de comptes royaux font état de 13000 prostituées à payer pour le suivre à la guerre…

    L’inefficacité de la répression est patente. A la fin du Moyen Age, filles publiques, secrètes ou vagabondes pullulent dans les rues des villes, investissent étuves et hôtels princiers. Le temps où ces femmes, jugées impures, étaient interdites de mariage, semble désormais dépassé ; mais à bien y réfléchir, les ordonnances de Saint Louis étaient déjà en leur temps parfaitement irréalistes.

    Prisons pour prostituées, fornicatrices, adultères, pauvresses et célibataires

    Du XVIIe au XIXe siècle, la période moderne est marquée par la volonté de lutter contre la prostitution. Parfois les mesures visent son éradication, par l’emprisonnement ou le bannissement. Mais beaucoup de ces mesures sont assez vite oubliées ou pas du tout appliquées. Certains comportements sont nouveaux : des asiles s’ouvrent pour les femmes repenties, que vont bientôt rejoindre celles que l’on considère comme risquant de tomber dans la prostitution parce que pauvres et célibataires. Des ordonnances précisaient même de n’admettre que les jolies filles, les laides « n’ayant pas à craindre pour leur honneur ». L’Angleterre, puis l’Espagne, créent de tels établissements. En 1658, Louis XIV ordonne d’emprisonner à la Salpêtrière (Hôpital Général) toutes les femmes coupables de prostitution, fornication ou adultère, jusqu’à ce que les prêtres ou les religieuses responsables estiment qu’elles se sont repenties et ont changé.

    La Salpêtrière de Paris sous l’Ancien Régime : lieu d’exclusion et de punition pour femmes

    A son ouverture, en 1656, la Salpêtrière de Paris s’impose comme le plus grand établissement d’enfermement de femmes à l’époque moderne. Elle est chargée d’accueillir les femmes, jeunes filles et enfants mais aussi des couples sans ressources. En 1666, dix ans après l’édit d’établissement, la Salpêtrière accueillait 2322 pauvres. En 1684, Louis XIV ajouta à l’hospice, une prison, la « maison de force », pour les femmes prostituées, débauchées et condamnées, à laquelle on adjoignit un bâtiment pour les femmes et les filles détenues à la demande de leurs maris ou de leurs parents. La Salpêtrière comporta donc : un hospice et une prison pour les femmes.

    Les pauvres mendiants qui ne se seront pas rendus à la Pitié dans les délais prévus y seront amenés de force par les officiers de police. La loi interdit la mendicité « à peine du fouet contre les contrevenants, pour la première fois ; pour la seconde, des galères contre les hommes et garçons, et du bannissement contre les femmes et filles ».

    Pour changer la morale et les mœurs des femmes égarées

    Dès le règlement du 20 avril 1684, une nouvelle catégorie de la population parisienne est à enfermer : les femmes débauchées. Et c’est à la Salpêtrière qu’elles devront être « enfermées ». Comme la mendicité, la débauche et la prostitution sont combattues avec acharnement pendant tout le XVIIe siècle. Outre la déportation dans les colonies, l’Hôpital général devient le principal mode de mise à l’écart des prostituées jusqu’à la fin du XVIIIesiècle. Les prostituées étaient déjà mises en cause dans le 101e article de l’ordonnance de 1560 promulguée par François II puisque cette ordonnance interdisait tout simplement la prostitution. Cette mesure aurait été prise suite à la progression rapide de la syphilis. Et c’est tout naturellement qu’on s’est attaqué à ce qui ne pouvait être qu’à la base de ce développement : la prostitution. Sous couvert de santé publique on épurait ainsi les rues de Paris d’un autre fléau, la « débauche publique et scandaleuse ». Les mesures d’internement contre les débauchés se multiplient dans ce siècle de moralisation de la société. Des maisons de force avaient déjà été créées et aménagées pour les débauchées. Ces établissements étaient ouverts, théoriquement, aux seules volontaires, et avaient pour objectif de changer la morale et les mœurs de ces femmes égarées. Le roi prévient que « les femmes d’une débauche et prostitution publique et scandaleuse, ou qui en prostituent d’autres, seront renfermées dans un lieu particulier destiné pour cet effet dans la maison de la Salpêtrière ». Les débauchées pourront y être enfermées sur décision de justice. Après l’ordonnance du roi du 20 avril 1684, un inspecteur est chargé de la police des mœurs. Il est chargé, jour et nuit, de les arrêter et de les conduire au dépôt Saint-Martin, passage obligé des futures condamnées. Le lendemain, les femmes arrêtées comparaissent à l’audience du grand Châtelet. Les femmes condamnées, escortées par des archers, sont alors emmenées en charrette, dont les planches sont recouvertes de paille, à travers les rues de Paris, à la vue de tous, jusqu’à la Salpêtrière.

    Pour réprimer la libération des femmes

    Avec le XVIIIème siècle, une grande liberté des mœurs oblige la société à réagir. La police va être une grande pourvoyeuse de nos hôpitaux : se moquer du roi, de la religion, contrevenir à l’ordre public, désobéir à l’autorité paternelle, manquer à l’honneur familial, se débarrasser de sa fille ou de sa femme, être protestante, hérétique, révoltée ou troubler l’ordre public sont très souvent des fautes méritant l’incarcération des femmes à la Salpêtrière. C’est de plus en plus un bagne pour les femmes avec des travaux forcés et de sévères châtiments. Pourtant dans le même temps apparaît une timide humanisation avec l’arrivée de Tenon à la Salpêtrière en 1748. Il va y améliorer l’hospitalisation de ses malades. Quant aux folles, elles arrivent à la Salpêtrière pour y achever, souvent enchaînées, le reste de leur vie.

    La déportation des filles de honte

    Les fillettes abandonnées à la naissance étaient recueillies, élevées, éduquées, placées pour un travail et mariées par l’institution après enquête sur le conjoint (« les noces des orphelines »). Colbert trouva bon de peupler nos nouvelles colonies d’Amérique avec quelques-uns de ces jeunes orphelins et orphelines en les mariant « à la chaîne » (60 couples dans une matinée) lors de grandes cérémonies à l’église Saint-Louis de la Salpêtrière. Cette pratique s’est poursuivie sous la Régence. L’Angleterre commence à déporter aux Antilles les filles des maisons fermées : elles sont 400 après la fermeture des maisons de Londres en 1650 ; on estime à 10 000 celles qui rejoignent de force l’Amérique de 1700 à 1780. L’aristocratie européenne semble particulièrement violente dans sa façon de vivre la sexualité et, contrairement au Moyen Âge, on a pour ces siècles des récits de brutalité dans les établissements où orgies, coups, flagellation, débauche de mineurs sont courants. La société dans son ensemble est caractérisée par la violence sexuelle et, dans les campagnes comme dans les villes, des bandes organisées attaquent les femmes isolées pour des viols collectifs accompagnés de sévices.

    Un métier commun

    3000 bordels parisiens

    Force est de constater que, malgré les interdictions et les principes moraux, tous les niveaux des autorités civiles et religieuses comptabilisent les revenus des bordels qu’ils gèrent sans scrupule, à titre de revenus standards, comme les taxes ou les dons.

    À la fin de Moyen-âge, au temps du poète et

    brigand François Villon (1431-1463?), Paris compte plus de 3000 bordels. Pendant très longtemps, on prétexte que la prostitution est un exutoire pour éviter le viol et l’adultère. C’est pourquoi elle est alors tolérée et pourquoi l’Église tente de réhabiliter les pécheresses repentantes.

    13% des femmes se prostituent

    À la veille de la Révolution française, on évalue à 30 000 les simples prostituées de Paris et à 10 000 les prostituées de luxe ; à Londres, elles seraient 50 000, ce qui est une preuve de l’échec des mesures de répression. A la fin du XVIIIe siècle, on évalue à 40 000 le nombre de personnes prostituées à Paris (13 % de la population féminine). Pour mesurer l’ampleur du phénomène, la plupart des historiens contemporains soulignent que si la proportion de prostituées était la même aujourd’hui (environ 13 % des femmes), on aurait pour Paris intra-muros une population de plus de 100 000 prostituées.

    Un quart de parisiens clients : des recettes juteuses pour l’État

     

    La IIIe République est l’âge d’or des maisons closes qui font partie intégrante de la vie sociale. L’État, et notamment le fisc profitait de ce commerce en prélevant 50 à 60 pour cent sur les bénéfices. À Paris, ils sont environ 200 établissements officiels, sous le contrôle de la police et des médecins, ainsi que d’innombrables bordels clandestins qui comptent alors 15 000 prostituées. De 1870 à 1900 environ, il y a 155 000 femmes officiellement déclarées comme prostituées, mais la police en a arrêté pendant la même période 725 000 autres pour prostitution clandestine (soit 30 000 par an). 

     

    En 1953, les estimations les plus basses sont de 40 000 prostituées à Paris (les plus hautes parlent de 70 000), tandis que les bordels clandestins (les clandés) se multiplient (500 à Paris). La police estime à 40 000 clients par jour la fréquentation des diverses maisons, ce qui équivaudrait à dire que le quart des hommes parisiens avait des relations avec les prostituées.

    sources

    https://matricien.org/patriarcat/sociologie/prostitution/bordel-eglise/

     

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  •  

     

    Saint Jacques de la Boucherie. Début XIXème siècle 

    Rue du Temple, à Paris.

     

    - Cette grande voie publique relie, à travers le IIIe arrondissement et le IVearrondissement, de la place de la République  à la rue de Rivoli.

     

    Avant la création de la rue de Rivoli, au milieu du XIXe siècle, elle commençait à la place de Grève (place de l'Hôtel de Ville) par une série de rues qui portaient les noms des Coquilles, Barre-du-Bec, Sainte-Avoye, noms absorbés aujourd'hui dans celui du Temple.

     

    Nom qui fait référence à l'ordre des Templiers.

     

    Elle n'était pas probablement comprise dans l'enceinte de Louis VI et s'est arrêtée d'abord près de la Rue de Braque, où était une porte de l'enceinte de Philippe-Auguste, ensuite à la bastille du Temple, près de la rue Meslay, dite autrefois du Rempart, où était une porte de l'enceinte de Charles VI, démolie en 1684. 

    La rue du Temple, proprement dite, était jadis un vaste marais ou culture situé hors des murs de la ville: vers le milieu du XIIe siècle, les moines-chevaliers du Temple

     

    , défenseurs du saint sépulcre, y bâtirent un grand manoir, qui devint le chef-lieu de leur ordre.

    La grosse tour fut construite en 1212, par le frère Hubert; et quand l'enclos eut été entouré de murailles et garni de tourelles, quand il commença à se couvrir de maisons, l'ensemble de ces constructions fut appelé la ville neuve du Temple et devint une forteresse

    imprenable. Philippe-Auguste, en partant pour la croisade

     

    , ordonna d'y déposer ses revenus; Louis IX y logea Henri III d'Angleterre

     

    , et ses successeurs y enfermèrent leur trésor; 

    Philippe-le-Bel y chercha un asile contre la fureur populaire.

     

    Les richesses qui y furent amassées par les Templiers étaient réputées les plus grandes du monde, et elles n'ont pas été une des moindres causes de leur ruine.

     

    Le 13 octobre 1307, Philippe IV se transporta au Temple avec ses gens de loi et ses archers, mit la main sur le grand maître, Jacques de Molay, et s'empara du trésor de l'ordre.

     

    Le même jour et à la même heure, tous les Templiers furent arrêtés par tout le royaume. Alors commença ce procès inique, après lequel périrent sur l'échafaud ou dans les prisons les chefs des Templiers. 

     

    Les biens de l'ordre furent donnés aux hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, qui se transformèrent dans la suite en chevaliers de Malte.

     

    Le Temple devint la maison provinciale du grand prieuré de France

     

    , et la grosse tour renferma successivement le trésor, l'arsenal et les archives de l'ordre. Alors l'on n'entendit plus parler de cet édifice, si ce n'est dans les guerres des Anglais et celles de la Ligue, où l'on s'en disputa souvent la possession.

     

    En 1667, le grand prieur Jacques de Souvré fit détruire les tours et les murailles crénelées de l'enclos, restaurer l'église, embellir les jardins, qui furent rendus publics; enfin il fit bâtir, en avant du vieux manoir, un vaste hôtel, qui a été détruit au XIXe siècle.

     

    Ce fut le théâtre des plaisirs de son successeur, Philippe de Vendôme, dont les soupers donnèrent au Temple une célébrité nouvelle, par le choix, l'esprit, le scepticisme des convives. Là brillait le galant abbé de Chaulieu, qui mourut en chrétien fervent dans ce palais où il avait vécu en nonchalant épicurien.

     

    Là, le jeune Voltairevint compléter les leçons qu'il avait commencé de recevoir dans la société de Ninon de Lenclos.

     

    Le grand prieuré, qui donnait 60.000 livres de revenu, passa ensuite au prince de Conti, qui, en 1765, y donna asile à Jean-Jacques Rousseau, les lettres de cachet ne pouvant pénétrer dans cette enceinte privilégiée. Le dernier titulaire fut ce duc d'Angoulême qui est mort, dans l'exil; et son père (Charles X) y vint quelquefois renouveler les soupers du prince de Vendôme. 

     

    Les fleurs de ces fêtes étaient à peine fanées, les échos de ce voluptueux séjour murmuraient encore de tant de rires, de petits vers, de chants obscènes, quand Louis XVI et sa famille furent amenés au Temple pour y expier ces plaisirs.

     

    Ce ne fut pas dans l'hôtel du grand prieur qu'ils furent enfermés, mais dans le donjon du frère Hubert, vaste tour quadrangulaire, flanquée à ses angles de quatre tourelles, et qui, élevée de cent cinquante pieds, dominait tout le quartier de sa masse sombre et sinistre; on n'y arrivait que par trois cours garnies de murs, très élevés; on n'y montait que par un escalier fermé à chaque étage de portes de fer  (La Prison du Temple). 

     

    Plusieurs autres prisonniers se succédèrent dans cette prison. Puis le gouvernement impérial fit disparaître cet édifice, qui rappelait tant de sinistres événements. Bonaparte, à peine consul, l'avait visité et avait dit : 

    « Il y a trop de souvenirs dans cette prison-là, je la ferai abattre. »

    En 1810, l'hôtel du grand prieur était devenu une caserne de gendarmerie; on commençait à y bâtir la façade qu'on a bientôt démolie, et l'on devait y placer le ministère des cultes; la plupart des autres bâtiments du Temple n'existaient plus; on avait démoli l'église, qui était de construction romane, avec son portail en forme de dôme et les mausolées élevés à des chevaliers du Temple et de Malte.

    En 1814, l'hôtel projeté du ministre des cultes devint l'un des quartiers généraux des armées alliées; il eut le même sort en 1815, et la cavalerie prussienne campa dans l'enclos et les jardins. En 1816, il fut donné par Louis XVIII à une abbesse de la maison de Condé, qui s'y enferma avec des Bénédictines du Saint-Sacrement pour pleurer et prier sur les infortunes royales. Cette princesse ajouta à l'hôtel Souvré une jolie chapelle,

     

     

     

    dont l'entrée était rue du Temple.

     

    Tour saint Jacques de la Boucherie 

    Après la révolution de 1848, les Bénédictines abandonnèrent le palais du Temple, qui resta pendant plusieurs années sans destination; il fut détruit, et sur son emplacement on ouvrit un jardin. 

     


    A côté du Temple était un vaste enclos qui s'étendait jusqu'aux remparts de la ville et qui, de temps immémorial, servait d'asile aux criminels, aux débiteurs, aux banqueroutiers, aux ouvriers qui travaillaient sans maîtrise.

    Afficher l'image d'origine 

    Grâce à ce privilége, l'enclos se couvrit de maisons, qui louées à des prix très élevés, procuraient un revenu considérable au grand prieur, lequel y avait d'ailleurs droit de haute et basse justice.

     

    Celles qui avoisinaient l'église formaient une suite de baraques qu'on appelait les charniers du Temple et qui servaient de marché.

     

    En 1781, on construisit sur une partie des jardins, au levant de l'église et de la grosse tour, un bâtiment d'architecture bizarre : c'est la Rotonde du Temple, élevée sur les dessins de Pérard de Montreuil, vaste et lourde construction de forme elliptique, dont le rez-de-chaussée figure une galerie couverte percée de quarante-quatre arcades.

     

    Cette maison fut habitée par des ouvriers et des petits marchands; elle a appartenu à Santerre, qui y est mort en 1808.  
    - 

     

    Rue du Temple, à Paris (4e arrondissement). 
    La rue du Temple, à Paris. Au fond, une tour de Notre-Dame.

    L'enclos du Temple devint en 1790 propriété nationale; lorsque l'église, la tour, les charniers eurent été détruits, on construisit, sur leur emplacement, en 1809, un vaste marché, formé de quatre grands hangars en charpentes, sombres, hideux, ouverts à tout vent, où vinrent camper plus de six mille marchands et où vinrent s'étaler tous les débris des vanités et des misères de Paris. Ce marché, complètement réhabilité au début du XXe siècle est le Carreau du Temple. Plusieurs rues furent alors ouvertes et qui portent des noms de l'expédition d'Égypte : Perrée, Dupetit-Thouars, Dupuis, etc.

     

    La grande porte de l'enclos, qui était située en face de la rue des Fontaines,

    n'a été détruite qu'en 1818.

    La rue du Temple renfermait jadis plusieurs établissements religieux : 

    1° le couvent des Filles Sainte-Élisabeth, fondé en 1614 par Marie de Médicis et dont l'église fut construite en 1630. Ces religieuses appartenaient au tiers ordre de Saint-François et se vouaient à l'éducation des jeunes filles.
    Les bâtiments, qui, depuis la révolution, avaient été convertis en magasins de farine, sont occupés aujourd'hui par des écoles municipales. L'église a été rendue au culte en 1809. 

    2° Le couvent des Franciscains de Notre-Dame-de-Nazareth, fondé par le chancelier Séguier en 1630, et dont l'église belle et vaste renfermait les tombeaux de cette famille. Il ne reste aucune trace de ce couvent, qui occupait tout l'espace compris entre les rues Neuve-Saint-Laurent et Notre-Dame-de-Nazareth.

     

    On y trouve également l'Hôtel de Montmor (construit en 1623 et remanié en 1737 et 1752, et qui était le rendez-vous des Gassendi, Gui Patin, RobervalChapelain, Ménage, MolièreHuygens, etc), l'Hôtel de Saint-Aignan (au n°71) qui abrite le Musée d'art et d'histoire du judaïsme

     

    , ou encore le Café de la Gare (au n°41), au fond d'une cour qui était autrefois celle de l'auberge de l'Aigle d'Or, siège d'une compagnie de diligences, etc.

    Au n° 106 s'ouvrait autrefois l'impasse Sainte-Avoie, qui avait d'abord porté les noms de ruelle de la Tour-du-Noyer, puis d'impasse de l'Echiquier, nom qui lui venait d'une enseigne. 
    - 

    Hôtel de Saint-Aignan, à Paris (3e arrondissement).

     

    Hôtel de Saint-Aignan, à Paris (3e arrondissement).

    Les entrées de l'Hôtel de Montmor et de l'hôtel de Saint-Aignan (à droite), côté rue du Temple. 
    ci-dessous, une vue de l'Hôtel Saint-Aignan sur une aquarelle du XIXe s. 

     

     

     

    Le quartier du Temple est un des plus importants et des plus industrieux de la capitale. La partie qui avoisine le Marais a l'aspect de ce dernier quartier; elle est, comme lui, coupée de rues droites et belles, couverte d'anciennes et grandes maisons, où d'abord demeura la magistrature, et qui furent ensuite envahies par l'industrie; ainsi en fut-il des rues du Grand-Chantier (tronçon de la rue des

     

    Archives entre les rues des Haudriettes et Pastourelle), d'Anjou au Marais (aujourd'hui disparue), de Vendôme (auj. rue Béranger), etc.

     

    La partie qui avoisine le quartier Saint-Martin est, comme ce quartier, remplie de rues étroites, couverte de hautes maisons sans grâce; ainsi en est-il des rues des Gravilliers, Phélipeaux (correspondant aujourd'hui au tronçon de l'actuelle rue Réaumur situé entre la rue du Temple et la rue Turbigo), Transnonain (tronçon de la rue Beaubourg, entre la rue Michel-Le-Comte et la rue au Maire), etc.

     

    Ce quartier accueillait autrefois une population d'ouvriers.

     

    En 1792, la section des Gravilliers comptait parmi les plus révolutionnaires; la rue Transnonain et les rues voisines furent le principal théâtre de l'insurrection de 1834;

     

    lors de la révolution de février, et lors des journées de juin 1848, les rues du quartier du Temple ont été hérissées de barricades et ensanglantées par des combats. (Th. Lavallée).


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  • La pute et la bourgeoise,

    ou comment préserver un ménage

     

    Aujourd’hui internet, j’ai le plaisir de mettre sous tes yeux un nouveau travail. Oui. Avec Polina, du blog Polinacide, nous avons décidé de travailler toutes les deux, chacune sur notre blog, sur deux documents dénichés sur Gallica. J’aime autant te prévenir, aujourd’hui on parle putes, prostituées, catins et autres ribaudes. 

     

    Doléances des filles de joie de Paris, a l’occasion de l’ordonnance qui leur défend de se montrer en public(1830) et  Epître à M. Mangin au sujet de l’ordonnance attentatoire à la liberté des femmes (1830).

     

    Tu peux trouver son article ici : VDP : la fille de joie, ce grand stigmate

    Au XIXème siècle, il est important d’avoir un bon travail, une coquette maison et surtout de se marier avec une gentille fille, bien docile, et de lui faire quelques enfants pour préserver la lignée. Deux ou trois. Pas trop non plus, on est pas chez les ploucs. Et puis, bien sur, tu vas à la messe. Pas que le soir de Noël ou de Pâques. Non, tous les dimanches.

    Bon, ça c’est la théorie, en pratique…

     Bourgeois ou pas, le mec adolescent et jeune adulte, il n’a pas envie de s’emmerder avec une vie de famille, et surtout il a les hormones en ébullition. Avoir du boulot, c’est bien. Avoir une femme, c’est chiant. Et puis, à quoi bon ? Si tu veux pécho un coup, tu vas voir les putes. L’âge du mariage recule, recule, recule encore. Et les bourses se vident pour renflouer celle des filles de joie… Au grand dam des mères de familles qui voient l’argent de leur fils disparaître.

    Et puis, c’est qu’ils se dévergondent les coquins, on apprend plein de choses avec les prostituées, bien plus qu’avec sa femme, lorsqu’il a daigné en épouser une. Faut dire que la bienséance contraint à un coït en missionnaire par semaine et par personne, négociable selon la période d’ovulation.

     

    En revanche, les putes ont des moyens de contraception plus ou moins efficaces, et elles ne rechignent pas à pratiquer un quelconque rapport bucco-génital, anal, voire une levrette. Et pire, genre parfois la meuf est au dessus de l’homme, c’est elle qui guide, c’est elle qui décide. Soumission et humiliation de l’homme, du pater familias. Il ne manquerait plus que les maris demandent à leur femme de varier un peu les plaisirs… C’est le vice qui s’installerait dans les bonnes familles. HORREUR ET DAMNATION dans les foyers de la classe supérieure.

     

    Comment faire pour sauver la société ?

     

    Ligoter les jeunes adultes et les maris infidèles ?

     

    Les castrer chimiquement ou physiquement ? Non.

     

    On va interdire les putes sur la voix publique (donc les bordels et les cocottes, c’est ok, on garde). Après tout, ce sont elles le problème. 

    Les filles de rue. Elles aguichent sur les trottoirs, vêtues de fanfreluches et alcoolisées. Ah ça, l’absinthe, elles l’aiment.

    Et puis, elles sont grasses de ne rien faire de leur journée.

     

     

     

     

    Les mecs, eux, ils sont juste soumis à leurs besoins sexuels… Les pauvres. Il faut les protéger. Vous inquiétez pas, la loi est faite pour ça.

    L’ordonnance d’avril 1830 : L’ordonnance Mangin contre les putes

    En 1830, le préfet Mangin tente d’interdire les putes dans la rue, les prostituées vont se retrouver sans le sou. Et les messieurs sans divertissements… Des épîtres vont être dressées contre le préfet et on va retrouver diverses doléances des filles publiques… « Est-il sort plus déplorable que le sort où nous réduit l’ordre qui nous est prescrit par cet homme impitoyable ? »

    Outre les vies de famille malmenées par la prostitution, les réglementaristes utilisent l’argument de la démographie. C’est vrai, « Qui couche avec une pute l’après-midi ne peut engrosser sa femme le soir*»… En fait, si le nombre d’enfants diminue dans les ménages c’est parce que

    1. dans la bourgeoisie : les familles nombreuses, ça fait vulgaire
    2. dans les familles sans argent, la femme travaille et ne peut pas élever 10 enfants comme avant.

    C’est pas du tout  parce que les mecs font appel aux connaissances pratiques des filles de rue. Mais cette baisse de la démographie, ça emmerde les dirigeants. Alors on trouve le prétexte des filles de joie qui vident ces messieurs de l’avenir de la France. En cas de guerre, on a plus de petits soldats pour nous défendre.

     

     

     

     

    Mais alors, si les hommes ne peuvent plus aller voir des prostituées, comment vont-ils gérer leurs pulsions libidineuses ?

     

    Il ne vont pas contraindre leur femme… Non… « Troubler le négoce que des malheureuses font. Ah ! C’est vouloir tout de bon en deuil changer une noce : Car, de faim peur de mourir, nous les verrons périr. »

    Et si les prostituées n’ont plus de quoi travailler comment vont -elles faire ? A vrai dire… On s’en fout… Enfin, la plupart des gens n’en ont rien à faire. Les putes c’est le mal, elles n’ont qu’à gagner dignement leur vie, comme tout le monde. Or, la prostitution qui est visée par cette réglementation, c’est la prostitution ouvrière, pas les bordels ou les courtisanes. Non. Les femmes qui ne parviennent pas à nourrir leur famille qui se soumettent complètement aux clients pour vivre. Survivre.  

     

    Il existe (heureusement) des soutiens aux filles publiques, des personnes qui reconnaissent que la prostitution n’est pas un choix, que les jeunes filles ont souvent été abandonnées très jeunes, sans ressources et que la société n’a jamais rien fait pour elle.

     

    Aussi, « La femme par besoin, ici, se prostitue« .

     

     

     

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    *Je viens d’inventer cet adage, j’espère qu’il sera repris partout dans le monde

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  • Édouard VII bien remis en selle, Ce fauteuil des voluptés, qui provient de l'une des plus célèbres maisons closes de Paris,

     

    Ce fauteuil a été commandé par le roi Édouard VII lui-même pour équiper la chambre qui lui était réservée en permanence au Chabanais.
     
    Ce fauteuil des voluptés, qui provient de l'une des plus célèbres maisons closes de Paris, sera exposé 
    Parmi les six cents œuvres caractéristiques de cette Belle Époque, nul doute que l'élue s'arrêtera devant un meuble étrange, dont l'usage s'est perdu. Se fera-t-elle photographier devant?
    On ne le lui conseille guère. Un socle de bois doré bien rembourré, surmonté d'une selle pareillement confortable, six accoudoirs, quatre pieds et un tissu japonisant.
    Qu'est-ce donc que ce schmilblick?
    Les plus perspicaces trouveront quelque ressemblance
    avec un siège gynécolo­gique ou une chaise d'accouchement.
    La fonction se révèle en réalité autrement plus sensuelle.
    «Il s'agit d'un “fauteuil de volupté”»,
    glisse Dominique Lobstein, historien d'art et co-commissaire de l'exposition.
    Lorsqu'on y regarde de près, on n'ose
    inventorier les combinaisons, genre Kamasutra, qu'il offre.
    «Il a appartenu à Édouard VII, prince de Galles et fils de la reine Victoria, poursuit le spécialiste.
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    C'était un habitué du Chabanais jusqu'à ce qu'il soit couronné
    souverain du Royaume-Uni et empereur des Indes en 1901, à 60 ans.»

    Pour de pacifiques joutes

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    Le Chabanais?
    «Une maison close installée au 12 de la rue du même nom,
    dans le IIe arrondissement, et fondée en 1878 par une Irlandaise.
    C'était un des lieux galants les plus huppés du Paris fin de siècle. Une chambre était réservée en permanence au prince.
     
    Il l'a fait doter de deux accessoires originaux adaptés à sa taille et surtout à son poids: une baignoire de cuivre rouge en forme de cygne à la proue de sirène qu'on remplissait de champagne avant usage, et ce meuble.
    Conçu et réalisé par Louis Soubrier, artisan du faubourg Saint-Antoine,
    il pouvait réunir pour de pacifiques joutes le royal héritier
    et deux ou trois employées
    de la maison sans qu'il ne déroge à son rang…
    puisqu'il s'installait sur la partie supérieure.»
    Édouard était surnommé «Bertie» par ses favorites,
    choisies parmi vingt à trente-cinq pensionnaires.
    Afficher l'image d'origine
    Certaines avaient connu intimement Pierre Louÿs, 
    Guy de Maupassant, Charles Ier du Portugal,
    le prince des Indes britanniques ou encore quantité
    de membres du Jockey Club. Le Chabanais a connu son heure de gloire le 6 mai 1889.
    L'inauguration de l'Exposition universelle s'était poursuivie entre ses tentures.
    Ministres et ambassadeurs du monde entier s'y étaient donné rendez-vous. Sur leurs agendas, cette «virée» était renseignée comme une «visite au président du Sénat».
    Le scooter n'existait pas encore…
    Ce plus célèbre des lupanars,
    devant le One-two-two, le Sphinx, La Fleur blanche,
    La Rue des Moulins et Chez Marguerite, a reçu un prix pour sa chambre japonaise lors de l'Exposition universelle de 1900. On y trouvait aussi la chambre Louis XV, la chambre hindoue, la Directoire, la médiévale et la chambre mauresque.
    L'ensemble des décors fut vendu après la ferme­ture,
    en 1946, à l'occasion d'une vente aux enchères en 1951.
    L'actuel propriétaire du «fauteuil de volupté» tient à conserver l'anonymat.
    «Paris 1900, la ville spectacle», Petit Palais,
     http://levidegrenierdedidou.blogspot.fr/2014/02/edouard-vii-bien-remis-en-sellece.html
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  •  

    clemenceauok

     

    Héros républicain à la gloire inaltérée, Clemenceau fut néanmoins un briseur de grèves opiniâtre et zélé.

    Les points d’ombre de son parcours ont depuis été attribués à la nécessité prétendument inévitable de garantir la stabilité républicaine dans une France encore menacée par la monarchie, déchirée par la guerre et déséquilibrée par le boulangisme.

     

    Incarnant par le verbe et l'action un idéal politique fondé sur la conception intransigeante qu'il avait de l'intérêt général, Georges Clemenceau fut l'une des grandes figures de la IIIe République.

    « Il y a en moi un mélange d'anarchiste et de conservateur dans des proportions qui restent à déterminer. »

    La vie de Clemenceau illustre assez bien ce jugement de l'homme d'État sur lui-même.

     

    Au terme d'une carrière politique qui a marqué un demi-siècle, c'est lui qui mena la France à la victoire en 1918.

     

     

    Pourtant, ces épisodes révèlent l’inavouable nature d’un régime républicain qui semble de moins en moins capable de tenir ses promesses égalitaires, et dont les principes, ancrés dans la Révolution de 1789, dévoilent de plus en plus leur incompatibilité profonde avec les aspirations révolutionnaires des mouvements ouvriers.

     

    clemenceauportrait

    Georges Clemenceau

    Georges Clemenceau fut un homme de gauche, au sens sociologique autant que politique du terme.

    Malgré des origines familiales dans la grande bourgeoisie vendéenne, il connut, dans sa jeunesse, les tribulations typiques de son époque, fréquentant les artistes du quartier latin et collaborant à diverses revues politiques dans lesquelles il défendait des idées qui lui valurent même un séjour de quelques mois en prison. 

     

     

    À cette époque, il se lie d’amitié avec différents personnages dont les destins politiques, quoique différents, témoignent d’une réelle envie de changer en profondeur la France de la fin du XIXème siècle :

    parmi eux, Louis Andrieux, père de Louis Aragon, ou encore Jules Méline, pionnier du protectionnisme agricole.

     

     

    C’est au cours de la Commune de Paris que Clemenceau commence à se démarquer nettement de l’ambigüité révolutionnaire qui habite la gauche de son temps, en affirmant la priorité de ses engagements républicains sur la nécessité de conquérir le pouvoir pour changer la société.

     

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    Légaliste avant tout, il refuse de cautionner l’usage de la force dans les deux camps, et renvoie dos à dos les Communards et les Versaillais, préférant œuvrer de manière pragmatique et rapide au retour de l’apaisement dans les rues de la capitale.

     

     

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    Contrairement au slogan communard, repris de la révolution de 1792, qui ne reconnaît que de choix entre « l’égalité ou la mort »,

     

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    Clemenceau n’est pas prêt à tout pour faire valoir les droits des ouvriers et ne rougit pas de la lâcheté supposée dont l’accusent ses ennemis.

     

    Très rapidement, la Garde Nationale parisienne ne lui fait plus confiance et le destitue du mandat de maire du XVIIIème arrondissement qu’elle lui avait confié quelques mois plus tôt, lors de la mise en place du gouvernement de Défense nationale.

     

     

     

     

    Le Président du Conseil remet la Croix de la Légion d'Honneur

    à un aumonier qui s'est distingué au cours des derniers

    combats du Mt Renaud

     

    Mis en avant face à la menace versaillaise et royaliste en raison de son indéfectible attachement à la République, Clemenceau est désormais mis à l’écart pour avoir davantage défendu celle-ci que la cause ouvrière.

     

    Aux élections municipales de mars, il est très largement battu et décide de se mettre en retrait de la vie politique de la Commune, préférant continuer à dialoguer avec les Communards autant qu’avec leurs adversaires, sans se salir les mains, ni sur les barricades, ni à Versailles.

     

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    Ses tentatives s’avouent infructueuses dans un contexte de méfiance croissante à l’égard des « non-alignés ».

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    Résigné à ne plus devoir jouer de rôle de premier plan à Paris, il quitte finalement la ville et n’y reviendra qu’une fois la Commune achevée.

     

    Clemenceau avec son fils près des premières lignes 

    N’ayant pas été Communard et n’ayant pas non plus massacré ces derniers aux côtés des Versaillais, il parvient sans difficulté à s’imposer comme l’homme de la réconciliation dans une ville qui n’aspire désormais plus qu’à l’accalmie et à la reconstruction.

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    Au terme d’une reconquête aussi rapide qu’efficace du pouvoir municipal, il est finalement élu au poste équivalent à celui de Maire de Paris en 1875.

    Élu député du XVIII ème arrondissement l’année suivante, il démissionne finalement de son mandat municipal pour se consacrer à son activité parlementaire, qui lui conférera une notoriété nationale, et le désignera naturellement comme le chef du mouvement radical.

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    La suite de ses combats sera marquée par au moins

    trois thèmes récurrents pour lesquels Clemenceau

    est encore aujourd’hui admiré.

     

    Trois thèmes qui fédèrent autant la mémoire de gauche que celle de droite.

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    On peut pourtant y voir un subtile et habile glissement vers un républicanisme de consensus extrêmement modéré, épuré de toute aspérité idéologique, presque lisse, et qui lui permettra d’incarner de grandes causes tout en asseyant une respectabilité dénuée de toute menace aux yeux de la bourgeoisie, dans l’objectif qui est alors déjà le sien d’accéder à la plus haute fonction de l’État français.

     

    clemenceau22

    Communards dans leurs cercueils

    Le premier cheval de bataille de Clemenceau concerne l’amnistie des Communards, dont on pourrait noter avec cynisme qu’il a voulu sauver l’honneur après avoir refusé de leur sauver la vie.

    L’amnistie, si elle concerne évidemment de nombreuses personnes emprisonnées en métropole ou dans les lointaines colonies françaises, est davantage affaire de symbole.

     

     

    Biographie, citations et oeuvres de Georges Clemenceau 

    Clemenceau s’illustre à plusieurs reprises par des discours enflammés, qui provoquent l’admiration de ses partisans et l’amusement de ses opposants, qui ne le prennent pas au sérieux.

     

    Cet engagement lui permet surtout de s’attirer la sympathie d’un certain nombre de personnalités d’extrême-gauche, touchées de voir un parlementaire radical s’intéresser au sort de ceux qu’ils tiennent pour de véritables martyrs. Loin de s’inquiéter de son image d’homme « tout en nerfs », il semble même travailler la radicalisation de ses propos, et passe ainsi pour l’époque, ainsi que pour une grande partie de l’opinion publique d’aujourd’hui, pour l’ennemi des modérés, regroupés à l’époque autour des « opportunistes » et de Léon Gambetta.

    Qu’il s’agisse là de l’expression d’une de ses convictions profondes ou d’une posture savamment calculée, il est facile de constater que l’amnistie est plus une question de positionnement et de discours qu’un réel combat aux conséquences tangibles.

    Preuve du caractère inoffensif d’une telle revendication, la République est finalement prête à faire cette concession, et c’est même sur proposition du gouvernement, pourtant dirigé par un proche des « opportunistes » et de Gambetta, que la loi d’amnistie sera enfin votée en 1880.

    Le second thème par lequel Clemenceau s’illustre est d’ordre moral. Il concerne l’ensemble des valeurs héritées de la tradition révolutionnaire et dont il exalte à maintes reprises la grandeur dans ses discours.

     

    Contre la colonisation décidée par la gauche, il se trouve des alliés de circonstance parmi les députés d’extrême-gauche et de droite.

    Si leurs motivations sont différentes, c’est lui qui, le premier, portera la charge contre les expéditions militaires en les remettant en cause dans leur fondement même :

    l’inégalité des races et des cultures.

     

    Il s’insurge contre les thèses de Jules Ferry qui défend un droit à l’exportation des « bienfaits de la civilisation », en décelant derrière cette logique

    « la proclamation de la puissance de la force sur le droit ».

    Davantage que le fond de cette argumentation, c’est sa forme qui semble confirmer le glissement décisif de Clemenceau vers un légalisme absolu.

    Puisqu’il refuse d’utiliser la force pour exporter les techniques et savoirs européens vers l’Afrique et l’Asie, rien ne l’autorise à légitimer l’usage de la force par des ouvriers pour prendre possession de leurs usines. Peu importe que la colonisation se soit servie du progrès comme d’une couverture pour préparer le pillage économique des colonies.

    Clemenceau n’est pas dérangé par le mensonge, dont il a conscience, mais par le principe même de faire valoir la supériorité morale ou technique d’un peuple sur un autre.

    Citations de Georges Clemenceau

     

    Il ne veut pas juger de qui est supérieur et inférieur – et donc, de qui est bon ou mauvais. Fatalement, c’est bien le relativisme qui structure sa pensée.

    Il déclarait déjà, au sujet de l’amnistie des Communards :

    « À quel signe, à quel critérium, doit-on reconnaître un ennemi de la société ? Le duc de Broglie est un ennemi de la société aux yeux de M. Baudry d’Asson , et moi je tiens M. Baudry d’Asson pour un ennemi de la société. Nous sommes ainsi 36 millions d’ennemis de la société condamnés à vivre dans la même société. »

    Le voici désormais en train de vanter la puissance du bouddhisme et la profondeur de Confucius pour calmer les ardeurs coloniales de ses compatriotes.

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    Relativiste, il refuse la violence coloniale au motif que la Chine appartient aux Chinois :

     

    relativiste, il refusera la violence ouvrière au motif que la bourgeoisie est propriétaire de ses usines.

    C’est à la lumière de cette évolution vers un esprit républicain légaliste, formaliste et presque positiviste qu’il faut appréhender la troisième bataille de Clemenceau, dont beaucoup d’historiens ne cherchent pas à démêler les enjeux réels, préférant la mettre sur le compte de l’âge et des responsabilités.

    Devenu « premier flic de France » selon sa propre expression, il s’attèle à briser avec méthode plusieurs mouvements de grève, au nom du maintien de l’ordre.

    Impossible d’y voir un pur cynisme froid de la part de celui qui revendique depuis longtemps la limitation du temps de travail, la retraite des vieux travailleurs, la responsabilité patronale dans les accidents du travail, ou encore la liberté syndicale.

     PORTRAIT par NADAR 

     

    Clemenceau est bel et bien un homme un homme de gauche, soucieux des évolutions de la France industrielle et des souffrances des ouvriers de plus en plus nombreux.

    Mais c’est avant tout un Républicain, et s’il défend les ouvriers, il ne le fait que dans la mesure où leur combat ne remet pas en cause les valeurs républicaines.

    De quoi a-t-il donc peur lorsqu’il réprime dans le sang les grèves de Villeneuve-Saint-Georges et de Vigneux en 1908, allant jusqu’à faire arrêter les leaders de la C.G.T., parmi lesquels Emile Pouget ?

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    Justement de cette force qui commence à naître et à croître dans le creux des injustices sociales auxquelles ni la Révolution de 1789, ni celle de 1848, ni la Commune réprimée ne sont parvenues à mettre un terme.

     

     

    Cette force que Clemenceau et ses contemporains sentent s’agiter à l’approche de la fin du siècle, et qui n’aspire pas à la révolution des urnes, ni même à celle des armes, mais à une révolution bien plus dangereuse pour l’ordre et la République: la grève générale. À la même époque, le syndicaliste Griffhueles déclare :

    « Suffrage universel, démocratie… sont toutes choses que la société capitaliste a apportées en elle, d’où leurs imperfections et leurs tares ! Seul le refus du travail est du domaine prolétarien. Seule la grève fait surgir quotidiennement l’antagonisme patronal et ouvrier ; seule la grève générale fera surgir la libération définitive, car elle sera pour le salarié le refus de produire pour le parasite […] ».

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    Trop républicain pour aimer la révolution, Clemenceau tente donc de fixer des limites au droit légitime à la remise en cause de la société.

    Ces limites, ce sont les contours exacts du régime qu’il défend, et dont il pense pouvoir trouver l’essence dans la Révolution de 1789.

    Une de la Voix du Peuple au lendemain de la répression de la grève de Villeneuve-Saint-Georges

    Une de la Voix du Peuple au lendemain de la répression de la grève de Villeneuve-Saint-Georges

    C’est seulement en comprenant ce raisonnement que l’on peut expliquer la célèbre phrase par laquelle il ouvre l’un de ses discours les plus retentissants :

    « La Révolution est un bloc ».

    Selon lui, on ne peut aimer l’abolition des privilèges sans aimer la libéralisation de l’économie agricole.

    On ne peut admirer la proclamation de l’égalité des hommes sans soutenir l’anticléricalisme. Autrement dit, toute tentative de nuancer la réussite de 1789 est nécessairement antirépublicaine.

    En reconnaissant certains échecs de la Révolution, on menace ses réussites. Voilà donc les marxistes, les anarchistes et les révolutionnaires socialistes prévenus : qu’ils manifestent et qu’ils votent !

     

    Mais qu’ils ne s’attaquent pas au bourgeois derrière la République, car sinon, c’est l’esprit même de la grande Révolution qu’ils trahiront.

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    Clemenceau fut donc, malgré lui, et en dépit d’un attachement sans doute sincère à la défense de la condition ouvrière, l’instigateur d’une tradition politique qui continue d’être honorée par la gauche républicaine : le chantage à la Révolution.

    Croyant de bonne foi défendre les lois de la République et ses principes, il ne s’aperçut pas qu’en les élevant au rang de biens sacrés et en les défendant tout en bloc, il était devenu le dupe de la bourgeoisie républicaine.

    Il a ainsi fait de la révolution libérale de 1789 l’infranchissable rempart contre toute tentative de révolution ouvrière.

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    Sources : 

    http://philitt.fr/2014/03/09/lautre-visage-de-clemenceau-la-republique-contre-la-revolution/

     

     

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  • En France, au XIXème siècle, le mot demi-mondaine désignait les femmes entretenues par de riches Parisiens. Ce groupe social, jusque-là invisible, se manifesta bruyamment dans la presse, le théâtre et les réunions publiques à partir du Second Empire pour atteindre son apogée vers 1900 et disparaitre pendant la Première Guerre mondiale. 

    Ces cocottes de basse ou haute condition sont appelées aussi « Grandes Horizontales ».

    Anne-Marie Chassaigne (1869-1950) dite Liane de Pougy alias Princesse Ghika, célèbre demi-mondaine, vers 1891-1892.

    Histoire

    « Ces messieurs étaient assez fortunés pour subvenir aux besoins d’une femme au foyer et d’une autre pour la galerie. En additionnant leur moitié avec une demie, ils réinventaient la bigamie. »

    — « Langue sauce piquante », sur le blogue des correcteurs du Monde

     

    Le mot de demi-mondaine est issu du Demi-Monde, une comédie qu’Alexandre Dumas fils publia en 1855.

    Le demi-monde, jusque-là invisible, s’est bruyamment manifesté dans la presse, au théâtre et finalement dans toute la société parisienne à partir du Second Empire pour atteindre son apogée vers 1900 et disparaitre pendant la Première Guerre mondiale. C’est un monde nébuleux qui renvoie une image déformée du « grand monde ».

    À première vue, le demi-monde est identique à son ainé, mais derrière les bonnes manières, la culture, l’apparente respectabilité et les titres de noblesse on découvre fêlures, dissonances, fausses positions, corruptions inavouables et fortunes scandaleuses.

    Il est composé d’individus a l’existence équivoque, des hommes joueurs, « viveurs » (surnommés les Grecs) et surtout des femmes sans mari à la destinée souvent trouble, grandes dames déchues, petites bourgeoises, anciennes prostituées. Leurs origines se perdent dans la brume, les plus belles, les plus spirituelles ont souvent parcouru des mondes de noirceur et certaines en sont issues, ce sont les demi-mondaines.

    « Le demi-monde ne représente pas comme on le croit […] la cohue des courtisanes, mais la classe des déclassées […] Il est séparé des honnêtes femmes par le scandale public, des courtisanes par l’argent » (Alexandre Dumas fils).

    Les demi-mondaines sont des femmes entretenues par de riches hommes, souvent des Parisiens, qui sont assez fortunés pour subvenir aux besoins d’une femme au foyer et d’une demi-mondaine. Elles vivent dans des appartements meublés pour les plus modestes et dans des hôtels particuliers pour les plus influentes. Leur clientèle est composée de grands bourgeois, de riches industriels, de banquiers, de riches provinciaux, et même pour les plus en vogue d’aristocrates français ou étrangers.

    Les demi-mondaines ont souvent plusieurs domestiques et mènent une vie oisive au milieu du luxe le plus ostentatoire. Elles passent énormément de temps à leur toilette et ne sortent que l’après-midi vers seize heures pour aller parader aux Bois, pour assister aux courses de chevaux, pour aller au théâtre, au restaurant ou chez leurs amies. Elles reçoivent aussi chez elles, c’est l’occasion de séduire de futurs clients, de faire l’étalage de ses richesses et pour les novices de se faire connaitre auprès

     

    du « Tout-Paris ».

    Les demi-mondaines ont un amant officiel et plusieurs amants secondaires, elles peuvent leur extorquer jusqu’à plusieurs centaines de milliers de francs par mois et elles dilapident des sommes incroyables en toilettes, parures, chevaux, voitures, etc.

    Comme à Venise au XVIIIe siècle, la prostitution a pris une ampleur phénoménale. Mais ce ne sont pas les pensionnaires des maisons closes et les racoleuses de Notre-Dame-des-Lorette qui symbolisent la ville, c’est un peuple de femmes nées avec Nana, les demi-mondaines, souvent comédiennes de second plan, déjà courtisanes, les femmes entretenues.

    Le nom de certaines d’entre elles est encore connu, Blanche D’Antigny, Anna Deslions, l’Anglaise Emma Cruch, plus connue sous le nom de Cora Pearl, la Russe Mme de Païva ou encore l’exotique Jeanne Duval. Demi-mondaine parisienne d’origine anglaise, Cora Pearl, née en 1837, a écrit ses mémoires. Elle a été la maitresse du prince Napoléon, le célèbre Plonplon, cousin de l’empereur Napoléon III. Une autre demi-mondaine célèbre, Laure Hayman, était la descendante du peintre Francis Hayman, le maitre de Thomas Gainsborough.

    Elle compta parmi ses amants le duc d’Orléans, Charles de La Rochefoucauld duc d’Estrées, Louis Weil

    (grand-oncle maternel de Proust), le roi de Grèce, l’écrivain et

    académicien français Paul Bourget et Karageorgevitch, prétendant au trône de Serbie, qu’elle aima vraiment.

    Elle vivait des libéralités du financier Raphaël Bischoffsheim..

    Elle était surnommée la « déniaiseuse des ducs ».

    Le demi-monde et son peuple ont beaucoup inspiré les artistes, que ce soit des romanciers comme Zola, des poètes comme Baudelaire ou des peintres comme Millet. Odette de Crécy chez Proust est l’exemple d’une demi-mondaine qui va devenir une grande bourgeoise (Mme Swann), puis une femme du « monde » (Mme de Forcheville).

    Demi-mondaines célèbres

    ÉMILIE ANDRÉ dite ÉMILLIENNE D’ALENÇON (1869-1946)

    était une danseuse de cabaret et grande courtisane française. 

     

    Surnommée l’une des Trois Grâces de la Belle Époque, avec Liane de Pougy et Caroline Otéro, elle est lancée dans le demi-monde, en 1885, par Charles Desteuque (1851-1897), dit « l’intrépide vide-bouteilles »

    chroniqueur du Gil Blas.

     

    Elle fait ses débuts comme danseuse au Cirque d’été en 1889, avant de jouer au Casino de Paris, aux Menus-Plaisirs, aux Folies Bergère, à la Scala, aux Variétés.

    Hommage à Charles Desteuque (1851-1897)

    dit l’intrépide vide-bouteilles.

    Le duc Jacques Marie Géraud de Crussol dit Jacques d’Uzès (1864-1893).

    Entre 1889 et 1892, la jeune femme devient une célébrité grâce à sa liaison avec le jeune duc Jacques d’Uzès (Jacques Marie Géraud de Crussol (1864-1893)  qui veille à son instruction dans le vain espoir de l’épouser, envoyé au Congo par sa famille qui s’oppose fermement à cette mésalliance, le jeune duc meurt en 1893.

     

    Léopold II de Belgique (1835-1909). Edward VII du Royaume-Uni (1841-1910). Guillaume II d’Allemagne (1859-1941).

    Émilienne d’Alençon consolide sa renommée de grande cocotte en séduisant le roi des Belges Léopold II, le prince de Galles et futur roi Édouard VII, et le Kaiser Guillaume II, et en rivalisant avec la Belle Otéro,

    Cléo de Mérode (1875-1966) et Liane de Pougy.

     

     

    Avec Liane, Émilienne noue une liaison amoureuse que le Gil Blas relate de manière fort caricaturale :

     

    il annonce le mariage des deux cocottes et l’arrivée imminente d’un enfant.

     

     

     

     

    Louise Weber (La Goulue en 1890) et Renée Vivien (Pauline Mary Tarn) (1877-1909).

    Elle épouse avant 1895, le jockey Percy Woodland (1882-1958).

     

    On lui prête une liaison avec La Goulue (Louise Weber 1866-1929), en 1889 et

    la poétesse Renée Vivien (Pauline Mary Tarn) (1877-1909), vers 1908.

     

     

     

     

    Le guide Paris-Parisien la décrit en 1899 comme une

    « notoriété de la vie parisienne » et une « jolie demi-mondaine ».

     

     

     

    La Goulue

     

     

    La Goulue, de son vrai nom Louise Weber, née le 12 juillet 1866 dans une partie de Clichy-la-Garenne(qui formera quelques mois plus tard la commune de Levallois-Perret) et décédée le 29 janvier 1929(à 62 ans) à Paris 10e, était une danseuse de cancan populaire.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    LUCIE ÉMILIE DELABIGNE dite  »VALTESSE » DE LA BIGNE (1848-1910).

    Fille d’une lingère normande qui exerçait le métier de la galanterie,

    elle se prostitua très jeune.

     

    Jacques Offenbach repère Valtesse alors qu’elle incarne un petit rôle aux Bouffes-Parisiens et lui propose de jouer dans ses pièces.

    Elle débute sur scène en jouant le rôle d’Hébé dans Orphée aux Enfers.

    Un critique la juge alors « aussi rousse et timide qu’une vierge du Titien »

    .

    Jacques Jacob Offenbach (1819-1880)

    découvreur et amant de Valtesse de la Bigne.

    Maîtresse du compositeur, elle accède grâce à lui aux restaurants à la mode. Elle se rend, comme Zola, Flaubert et Maupassant, chez Bignon

    (l’ancien Café de Foy) ou au Café Tortoni.

     

    Mais le siège de Paris, durant la guerre franco-prussienne de 1870-1871, affame les Parisiens, on y mange des rats, ce qui n’étouffe en rien les aspirations de Valtesse.

     

    Connu dans le Tout-Paris pour son humour cinglant, le journaliste, chroniqueur et écrivain Aurélien Scholl écrit :

     

    «  Pendant le siège de Paris, toutes les femmes ont mangé du chien. On pensait que cette nourriture leur inculquerait des principes de fidélité. Pas du tout ! elles ont exigé des colliers ! »

     

    À la fin de la guerre, Valtesse ne tarde pas à se lancer

    dans la courtisanerie de haut vol.

     

    Elle quitte Offenbach et jette son dévolu sur le prince Lubomirski, obtient qu’il l’installe dans un appartement rue Saint-Georges, le ruine, le quitte, et enchaîne les amants riches qu’elle plume les uns après les autres,

     

    comme le Charles Guillaume Frédéric Boson de Talleyrand-Périgord,

    prince de Sagan (1832-1910)

    qui se ruine à son tour en finançant le magnifique hôtel

    particulier construit par Jules Février de 1873 à 1876

     

    au 98, boulevard Malesherbes, à l’angle de la rue de la Terrasse

     

    (hôtel détruit et remplacé par un immeuble en 1904).

     

     

    Charles Guillaume Frédéric Boson de Talleyrand-Périgord

    prince de Sagan (1832-1910).

    • no 98 (angle de la rue de la Terrasse) :
    • Emplacement où s’élevait le magnifique hôtel particulier construit en 1876 par l’architecte Jules Février pour la courtisane Valtesse de La Bigne. 
    • Cet hôtel servit de modèle à Émile Zola pour celui de Nana.
    • L’hôtel a été détruit. 98 boulevard Malesherbes ou se trouvait l’hôtel de Lucie Émilie Delabigne, dite Valtesse de la Bigne, demi-mondaine.
    • Zola s’inspire de son hôtel dans Nana,
    • le transplantant à l’angle de l’avenue de Villiers
    • et de la rue Cardinet. 

    En 1876, Valtesse publie chez Dentu, son roman autobiographique,

    Isola signé « Ego » par fidélité à sa devise.

    Pour apprécier ces vidéos, vous devez 

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    colonne de gauche.

     

     

    Biographie de Valtesse, l’auteure n’est pas parente avec elle.

    Sur la demande de Léon Hennique, elle consent à montrer son hôtel particulier à Émile Zola.

    La chambre de Valtesse, et en particulier son lit, l’inspire pour décrire la chambre de Nana :

     

    « Un lit comme s’il n’en existait pas, un trône, un autel où Paris viendrait admirer sa nudité souveraine […]. Au chevet, une bande d’amours parmi les fleurs se pencherait avec des rires, guettant les voluptés dans l’ombre des rideaux. »

     

    À la lecture de Nana, Valtesse est indignée de trouver une telle description de son décor :« quelques traces de bêtise tendre et de splendeur criarde. »

     

    Quant au personnage de Nana, elle qui a cru servir d’inspiratrice à l’écrivain, lui ouvrant jusqu’à son hôtel particulier , elle le qualifie ainsi :

    « Nana est une vulgaire catin, sotte, grossière ! »

     

     

    Émile Antoine Charles Édouard Zola (1840-1902) qui a écrit le roman Nana.

    Nana 1954

    Mini-série de 1981.

    Zola a cependant plus de chance qu’Alexandre Dumas fils.

     

    Alors que celui-ci demande à Valtesse à entrer

    dans sa chambre, froidement, elle répond :

     

    « Cher Maître, ce n’est pas dans vos moyens ! »

     

    Henri Gervex la prend pour modèle pour l’épouse dans son tableau

    Le Mariage civil, qui décore la salle des mariages

    de la mairie du 19ème arrondissement de Paris.

     

    Elle aurait également inspiré l’héroïne du roman d’Hugues Rebell, La Nichina.

    Elle fut aussi le personnage d’Altesse du roman Idylle saphique de son amie Liane de Pougy.

     

     

    Valtesse fut l’amie, et parfois davantage, d’Édouard Manet, Henri Gervex, Édouard Detaille, Gustave courbet, Eugène Boudin,

    Alphonse de Neuville, ce qui lui valut le surnom

    de « l’Union des Peintres ».

     

     

    Elle amassa une vaste collection d’art dont une bonne partie fut vendue aux enchères

    à l’Hôtel Drouot du 2 au 7 juin 1902.

    Elle ne légua au musée des arts décoratifs de Paris que son remarquable lit de parade en bronze créé en 1877 par Édouard Lièvre et toujours visible au musée depuis 1911.

     

     

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    24 juillet 1775 :

    naissance de François Vidocq

     

    Eugène-François Vidocq est né à Arras le 24 juillet 1775, au 222 rue du Miroir-de-Venise (aujourd’hui rue des Trois-Visages), dans un milieu relativement aisé. Son père, Nicolas-Eugène Vidocq, est maître boulanger et marchand de blé.

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    Enfant, il fréquente les salles d’armes et devient un redoutable escrimeur. Ses talents lui serviront lors des multiples duels qu’il provoquera.

    Turbulent et bagarreur, on lui donne le surnom de "vautrin", qui signifie "sanglier" en patois.

    À treize ans, à la demande de son propre père, il connaît déjà la prison (il passe dix jours aux Baudets) pour avoir commis quelques petits vols, notamment de couverts en argent.

    Les années de brigandage

    En 1791, à seize ans, il quitte Arras après un nouveau vol dans la caisse de la boulangerie familiale.

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    Il s’engage dans le régiment de Bourbon, et participe aux batailles de Valmy (il est nommé caporal en 1792) et de Jemmapes. En 1793, après avoir déserté, il est chassé de l’armée. Il rejoint Arras et épouse Louise Chevalier, sœur d’un acolyte de Lebon.

    Convaincu de l’infidélité de son épouse, il l’abandonne toutefois très vite. Commence alors une série d’escroqueries et de vols commis à Paris ou dans le Nord de la France.

    Le 27 décembre 1796, il est condamné à huit ans de travaux forcés au bagne de Brest pour "faux en écritures publiques et authentiques".

    Après plusieurs tentatives, il parvient à s’évader mais il est de nouveau interpellé en 1799. Il est envoyé au bagne de Toulon d’où il s’évade également. Ces évasions lui valent notoriété et respect auprès des gens du milieu.

    Chef de la police de sûreté

    En 1806, las de cette vie clandestine et marginale, il offre ses services d’indicateur à la police de Paris.

    Il œuvre à Bicêtre puis à la prison de la Force et fait l’admiration du préfet de police.

    En 1811, il cesse son travail de "mouchard" et crée la Police de sûreté chargée de traquer assassins, voleurs, escrocs et faux-monnayeurs.

    Il recrute d’anciens condamnés mais exige d’eux un comportement irréprochable. Passé maître dans l’art de s’infiltrer, il remporte de larges succès et les résultats de sa brigade dépassent ceux de la police traditionnelle. Le personnage fascine la haute société parisienne.

    Entrepreneur provincial

    Signature manuscrite de Vidocq. (Agrandir l'image).

    En 1818, il est gracié par Louis XVIII pour sa condamnation qui lui valut le bagne vingt-deux ans plus tôt. Mais ses détracteurs sont, eux aussi, très nombreux et, en 1827, il est contraint à la démission.

    Il s’installe alors à Saint-Mandé, où il crée une usine de papier infalsifiable et d’encre indélébile. Il commence également la rédaction de ses Mémoires de Vidocq, chef de la police de Sûreté, jusqu'en 1827.

    Ruiné par son affaire, et après un bref retour à son poste de chef de la sûreté en 1832, jusqu’à la fusion de cette unité avec la police municipale, il crée le Bureau de renseignements pour le commerce, sorte d’agence de détectives privés, chargée de fournir des indications sur les clients indélicats et de surveiller d’éventuelles escroqueries.

    Un jugement en ordonne cependant la fermeture.

    François Vidocq meurt rue Popincourt à Paris des suites du choléra, le 11 mai 1857. La cérémonie funèbre a lieu en l’église Saint-Denis-de-Saint-Sacrement, dans le IIIe arrondissement.

     

    Tour à tour voleur, saltimbanque, faussaire, bagnard, marchand, chef de la Sûreté de Paris et l’un des premiers détectives privés au monde, Vidocq n’a cessé de fasciner les historiens, les auteurs et les scénaristes.

    Il a inspiré entre autres le personnage de Vautrin dans la Comédie humaine d’Honoré de Balzac et celui de Jean Valjean dans Les Misérables de Victor Hugo.

     Afficher l'image d'origine

     

    Sa vie a également fait l’objet d’adaptations pour le cinéma et la télévision.

     

    http://www.archivespasdecalais.fr/Anniversaires/24-juillet-1775-naissance-de-Francois-Vidocq

     

    Il s’appelle Eugène François Vidocq et c’est le premier détective privé de Paris. Voici son histoire.

     

    Si son nom ne vous dit peut-être rien, vous avez sûrement déjà entendu parler de ses exploits (un film sur lui avec Gérard Depardieu est sorti en 2000).

    Afficher l'image d'origine

    http://www.archivespasdecalais.fr/Anniversaires/24-juillet-1775-naissance-de-Francois-Vidocq

    Ce caméléon du XVIIIème siècle en a fasciné plus d’un, et pour cause !

    Tour à tour bandit, chef de la police de sûreté puis détective privé, ce personnage a eu un destin hors du commun.

    Après avoir quitté son Arras natal pour travailler dans un cirque, il y retourna pour rentrer dans l’armée… qu’il quitta rapidement à cause d’une blessure à la jambe. Heureusement pour lui, la dame chez qui il vivait à cette époque lui offrit 15 000 francs.

    Débauche et évasion

    Avec ces sous en poche, il déménagea à Paris en 1796 pour s’offrir une vie de débauche : jeux, prostituées…

     

    Ainsi, Vidocq perdit rapidement ce maigre pécule et s’enfuit à Lille, où il ne tarda pas à se faire emprisonner à la suite d’une querelle avec un officier.

     

    Seulement il ne resta pas longtemps enfermé puisqu’il parvint à s’évader puis à se faire passer pour un « simple » déserteur quand la gendarmerie réussit finalement à l’attraper.

     

    Il est donc détenu à nouveau, cette fois dans une maison réservée aux marins. Filou comme il est, Vidocq parvint à se déguiser en religieuse et à s’évader encore !

     

    Après avoir été rattrapé, il continua de jouer au chat et à la souris avec la justice en s’enfuyant une énième fois d’une prison de Douai !

     

     

    DIV_CondamnationBagne

    Du bagnard au policier

    De retour à Paris, il ouvrit un petit commerce qu’il ferma presque aussitôt. Il devait acheter le silence de ses anciens « frères » de captivité, lui-même étant toujours en cavale…

     

    Vidocq se retrouva alors sans ressources et dut trouver une solution. Au début de 1809, souhaitant rentrer dans le rang, il participa au concours de la police de sûreté qu’il réussit.

     

    Seulement, il se rendit rapidement compte que la police n’était pas ce qu’il imaginait : ruses, malhonnêteté, perfidies, faussaires… Voilà comment Vidocq dépeigna son métier dans ses « Mémoires ». Désenchanté, il démissionna en 1827.

    vidocq

    Au service du renseignement

    Trois ans plus tard, il intégra une bande « d’assommeurs », sorte d’unité policière non officielle chargée de faire peur aux ennemis du gouvernement.

    Le préfet de police lui-même fit l’éloge de Vidocq au Ministre de l’Intérieur pour les services rendus lors de l’insurrection des 5 et 6 juin 1832.

     

     Afficher l'image d'origine

    En juin 1833, il créa le Bureau de renseignements pour le commerce, la première agence de détectives privés.

     

    Souhaitant éradiquer les faussaires, ripoux et autres mauvais personnages de Paris, il proposa aux commerçants puis aux particuliers une surveillance sur la concurrence et des filatures pour des supposés adultères.

     

    Cette activité prospéra, et après la révolution de 1848 il mit ses services à la disposition de Lamartine (alors Ministre des Affaires étrangères).

    Malgré sa renommée croissante, il termina sa vie seul. Il mourut le 11 mai 1857. De Vidocq, il nous reste aujourd’hui son histoire et ses aventures rocambolesques !

    SOURCES - http://www.pariszigzag.fr/histoire-insolite-paris/histoire-vidocq

     

     

    vidocq-paris

     

     

     

     

     

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    Le Chabanais, haut lieu de la galanterie

     

     

    Située au 12 rue Chabanais, la plus célèbre maison close de la capitale se dissimulait dans un immeuble discret.

    Fondée en 1878 par Madame Kelly, elle réunissait entre 20 et 35 pensionnaires triées sur le volet pour recevoir une clientèle huppée et exigeante.

     

    Riches bourgeois, célébrités et têtes couronnées assouvissaient entre ses murs des fantasmes qui nécessitaient accessoires et mises en scènes.

     

     

    Le Chabanais vers 1940


    En 1880, l’aménagement de ce paradis artificiel coûta un million sept cent mille francs. Célèbre pour l’invraisemblable décor de ses chambres, le Chabanais reçut même un prix pour sa

     

    « chambre japonaise » lors de l’Exposition Universelle de 1900.

    On y trouvait aussi la chambre Louis XV,

    la Chambre Hindoue,

    la Directoire,

    la Médiévale ou

    la Chambre Mauresque…

     

    On imagine la perte pour les arts décoratifs de style Second Empire lorsque l’hôtel fut dépouillé de son décor après sa fermeture.

     

     

     


    Durant ses 70 ans d’existence le célèbre bordel compta de nombreux habitués dont Pierre Louÿs, Maupassant, Anatole France ou le comique Fatty Arbuckle, ainsi qu’une clientèle féminine dont Marlène Dietrich au bras

    d’Eric Maria Remarque…

      

    Chambre indienne du "Chabanais" 5ème étage, 12 rue Chabanais, Paris 2e

    Chambre indienne du "Chabanais" 5ème étage,
    12 rue Chabanais, Paris 2e

     

    Tout ce que l’Europe comptait de grands hommes de passage à Paris visita l’établissement.

      

    On raconte que lorsqu’un hôte de marque désirait visiter les lieux, son programme officiel mentionnait : « Visite au président du Sénat ».

     

    Un membre du protocole ne comprit pas l’allusion et plaça un jour cette visite sur le programme de la reine mère d’Espagne.

     

    On dû en catastrophe organiser une véritable visite au président du Sénat, qui n’en demandait pas tant !

    La baignoire du prince de Galles de la chambre indienne du "Chabanais"


    La baignoire du Chabanais, dans laquelle Edouard VII

    y faisait couler des bains de champagne.

     

    Le plus fameux de ses client reste toutefois Edouard VII, alors qu’il n’était encore que prince de Galles. De nombreuses caricatures le représentaient avec « ses dames » du Chabanais, où il avait fait installer un mobilier personnel et… particulier.

     


    Dans une grande baignoire de cuivre rouge ornée d’une sphinge aux attributs déployés, le futur roi barbotait dans du champagne Mumm cordon rouge tout en se faisant dorloter.

      

    Acquise plus de 100 000 francs par un antiquaire lors de la vente aux enchères qui dispersa le mobilier en 1951, cette baignoire fut finalement rachetée par des admirateurs de Salvador Dali qui l’offrirent au peintre en 1972.

     

    Le peintre l’installa dans sa suite de l’hôtel Meurice, y fit installer un appareil téléphonique et la faisait remplir de fleurs.

     

     sphinx-5.1228814764.jpg


    Autre meuble célèbre due à l’imagination d’Edouard VII, cette chaise

    « de volupté » fabriquée spécialement par Soubrier, un artisan du

    faubourg Saint-Antoine.

     

    Je vous laisse en imaginer l’usage.

     
    Filles du "Sphinx", 31 boulevard Edgar Quinet, Paris 15e
     


    Comme ses semblables Le Sphynx, le One Two Two ou la Fleur Blanche, le Chabanais ferma ses portes en 1946.

     

    On peut encore visiter le hall et apercevoir l'escalier et sa belle rampe en fer forgé, ainsi que les deux ascenseurs, l'un pour monter, l'autre pour descendre, destinés à éviter les rencontres gênantes.

     
     
     
     
    Sources : BLOG .http://urbantripparis.blogs-de-voyage.fr/archive
    /2010/06/25/le-chabanais-haut-lieu-de-la-galanterie1.html
     
     
     
     
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  • Les toits de Paris

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    Le Sphinx sous l’oeil de la police

     

     

    sphinx-7-p227.1228814808.jpg    « Boulevard Edgar-Quinet » disent entre eux les initiés et cela suffit. Sans même préciser le numéro 31. Inutile d’en dire davantage aux chauffeurs. Ils savent. Sur la façade, un lion à tête humaine monte la garde. Le Sphinx, c’est l’Egypte à Paris, un temple de la galanterie française voué aux plaisirs, à la conversation et à la débauche. Mais de quel pharaon incarne-t-il la puissance souveraine ?

     

    Au début des années 30, le Sphinx n’est pas encore un mythe qu’il a déjà sa légende. Le décor néo-égyptien plonge les visiteurs dans un autre monde, plus près de Gizeh que de Montparnasse. L’architecte Henri Sauvage a bien fait les choses, laissant libre cours à son éclectisme Art Nouveau modernisé. Il y avait urgence à capter une clientèle fortunée exigeante dans ses fantasmes comme dans ses caprices, les expositions universelles ayant entraîné à Paris une population aussi cosmopolite que fortunée. Tout y est si bien organisé, policé, surveillé.

     

       Le Sphinx marque au fond la rencontre triomphale de la sexualité et de l’administration. On y a autant le goût de la fête que le souci de la mise en scène. Dès le salon, ces dames attendent que les clients se décantent à leur arrivée autour d’une bouteille de champagne. D’autres font une haie d’honneur afin d’annoncer le programme des réjouissances.

     

    Certaines ont bien l’air de ce qu’elles sont, des demi-mondaines. La maison s’ouvre au saphisme tandis que l’inventaire des perversions se fait de plus en plus raffiné.

     

    Les cannes à système érotique déposées par les messieurs recèlent une cravache, un fouet ou un martinet. On se croirait sphinx-1.1228814700.jpgdans un harem de haute lignée, n’eût été la présence de celle que l’on n’appellera pas la tenancière par égard pour la tenue de son établissement.   Un jour, Marthe Le Mestre dite Martoune, la maîtresse des lieux, publiera ses mémoires Madame Sphinx vous parle, titre qui annoncerait la suite des aventures de Blake et Mortimer plutôt que la chronique d’une dame de haute maison. Expulsée par son propriétaire de la rue Pasquier où elle tenait une maison de rendez-vous, elle avait jeté son dévolu sur cette maison en 1929 alors qu’elle avait à peine 30 ans.  Près de vingt chambres et trois salons répartis sur quatre étages selon la fiche très précise de la PJ.

     

    La Brigade mondaine avait donné son accord « dans un but de santé publique » (délicieuse litote !) et dans la mesure où il n’y a ni église ni école dans les parages. Juste un restaurant, un marchand de vins, un plombier, un épicier et un marchand de porcelaines. Rien que de très convenable.

       

     

     Tout y est très réglementé. La préfecture n’accorde son autorisation qu’à condition que le registre des passes soit parfaitement tenu, et le contrôle sanitaire régulier. La propretsphinx-4.1228814731.jpgé est impeccable.

     

    Un médecin attitré visite régulièrement les lieux et reçoit dans une pièce équipée en cabinet médical. Le rapport de contrôle de la Mondaine du 10 septembre 1936 ne tarit pas d’éloges sur la haute tenue des lieux : « Maison de premier ordre. Femmes sélectionnées. Les dames accompagnées sont admises dans l’estaminet »

         La maîtresse veille à tout. Cinq sous-maîtresses font office de contremaître, de régisseuse et d’inspectrice des travaux finis. Cinq, ce n’est pas trop pour tenir soixante cinq femmes aux heures d’ouverture, de 15h à 5 heures. Elles font chacune trois passes par jour en semaine, deux le dimanche. Tarif unique : 30 francs, sans compter pourboires et cadeaux.

     

    Le Pérou ! Dans les taules d’abattage du côté de Clichy, ça peut aller jusqu’à la centaine par jour posphinx-5.1228814764.jpgur quelques pièces. Le Sphinx est tellement chic et mondain, comme le Chabanais et le One two two, qu’on ose à peine parler de bordel. On y monte même de véritables spectacles pornographiques avant d’y projeter des films du même esprit.

     

    S’il en était autrement, cela jurerait non seulement avec le raffinement du cadre mais avec l’esprit de la clientèle, des artistes, des publicistes, des hommes politiques, des députés, des ministres et des gens d’affaires. En se soulageant ici, les grands bourgeois préservent leur patrimoine.

       Il faut la loi Marthe Richard du 13 avril 1946 pour que l’on ferme les maisons closes. « Plus qu’un crime, un pléonasme » lance Arletty. Cent soixante dix sept d’entre elles doivent mettre le clef sous la porte rien qu’à Paris. Les plus prestigieuses payent leur succès auprès des occupants allemands.

     

    Ainsi le veut cette ancienne prostituée devenue conseillère municipale de Paris, passant ainsi de la petite à la grande vertu, qu’Antoine Blondin surnomme fort à propos « La veuve qui clôt ». La maison aurait mérité d'être classée monument historique. Ainsi, on n'aurait pas touché pas au carrelage en céramique rouge vif de la façade, non plus qu’aux plaques en faïence « Aux belles poules », comme disaient les pharaons du boulevard Edgar Quinet.

     

     

     

     

     

     

     

     

      

        (Ce texte est ma modeste contribution à l'ouvrage collectif 

     

    Dans les secrets de la police. Quatre siècles d'Histoire, de crimes et de faits divers dans les archives de la Préfecture de police (330 pages, 69 euros, L'Iconoclaste). Bruno Fuligni y a réuni les textes d'un certain nombre d'écrivains et d'historiens auxquels il avait auparavant communiqué des archives secrètes pour les inspirer.

     

    Un vrai beau-livre réalisé en toute liberté pour la première fois dans les archives policières, qu'il s'agisse des rapports et lettres mais aussi des photos et croquis.

     

    On y croise des malfrats, des bandits, des tueurs en série, des indics, des proxénètes et des terroristes avec et sans guillemets. Le résultat, servi par une belle mise en page, est à la hauteur des espérances. Riche, surprenant et passionnant).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Vieilles images

    La vie, les gens les lieux

    Paris & environs

    Les  Halles de Paris   1930

    Les  Halles de Paris  1931

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    Vous en êtes peut-être un, vous en connaissez sûrement dans votre entourage…

    Ce qui est sûr, c’est que le "bobo de gôche" est devenu en quelques années un élément incontournable de notre société. ...

     

    A quoi le reconnaît-on ? 

     

        C’est très simple :

     il est plutôt cultivé, ( mais souvent assez limité sur le plan intelligence ) dispose d’un revenu correct, vit dans les beaux quartiers, mange assez souvent bio, ..

    chie BIO...

    BAISE BIO,

    pense BIO

    .....lit BIO Axel Kahn, Marianne, Libé…, regarde Canal Plus,

    rit aux éclats comme Marie Sophie LAPIX.... rire hystérique....

      

      

      

      

    Bave d'envie devant leur HEROS....

    le plus grand philosophe interplanètaire

    B.H.L.

      

    rit aux éclats des "vannes" de HANOUNA...de BAFFIE....

    d'ARTUR !

     

     

      

      

    est encarté au PS ou (petite variante)

    au DEBOUT LA REPUBLIQUE

    ou UDI.. sans oublier le MODEM 

    "l'esprit le "cul entre deux chaises"

    souvent UMP...

    pour le BLING BLING...

    d'où

     

    UMPS

     

    voir l'image en taille réelle 

      

      

     

    et, bien sûr, déteste (le mot est faible) 

    les FRANCAIS de SOUCHEs !

      

    Le BOBO n'aime pas du tout

    les BLONDES

    DE SOUCHE  !

     

     

    Pas à une contradiction près, il collectionne les ambiguïtés :

     

     

    • Habillé de façon "cool", il achète ses fringues dans des magasins hors de prix ! dans le MARAIS.. le plus souvent.. ou dans les boutiques FASHION style CLOCHARD de LUXE...

    • très tendance... décoiffé, limite crade....crottes de nez éparses au coin des poils du nez. surtout le matin, renifle en se grattant au niveau de la braguette, à l'emplaçement des bourses..qu'il n'a jamais eues....

      

     


     

    • Il parcourt quelquefois le bitume de sa ville en vélo… mais transporte sa famille en 4x4 ou en grosse berline pour aller au marché du coin....

    • 400 mètres.

     

    • - Il dit que les étrangers sont des gens formidables… mais n’en fréquente pas !

    • mais ne baise que des belles étrangères, dont les parents sont friqués... où des "nymphes" de night club.. mais pas plus loin...

    • après une soirée arrosée...ou "lignée" 

     

    • Il pense que les logements sociaux sont indispensables… mais n’en veut pas dans son quartier !

    •  Fervent partisan de l’école publique… il inscrit fréquemment ses enfants dans le privé !

    •  Ecolo dans l’âme… il ne peut vivre sans clim', et habite un environnement hyper high-tech !

    • Loft parqueté, vernissé, vérandalisée.. haut de gamme.

     



     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pas à une contradiction près, il collectionne les ambiguïtés : 

     

    - Défenseur de la laïcité, FERVENT ANTI CATHO de BASE

      

    ( catho = FACHO = passé de son GRAND PERE sous l'occupation qui dénonçait des juifs à la Kommandantur et faisait du marché noir....

    ou ses grands parents étaient partis juste à temps en 40

    en Amérique, où dans des Iles lointaines?...

     

     

    Pour la plupart des planqués, et mamie a couché avec un VERT de GRIS....

    pour le MYSTERE  orgasmique  et les repas améliorés   )

     

      

    il défend avec acharnement l’Islam au nom de la liberté d’expression ! mais n'épousera jamais une musulmane, sauf si elle est de famille riche... cultivée et héritable... et très présentable.

     

    Ses Parents critiquent en permanence l'ISLAM sur Facebook, mais partent en vacances au Maroc, en Tunisie

    ( dans leurs vieilles colo du temps des côlons nantis )

     ils se lachent

    ( la mère a goûté à l'exotisme berbère sous un tente quand elle était baba cool )

     

     BELLE IMAGE

     

    - Toujours prêt à dénoncer une délocalisation…

      

    il achète souvent des produits fabriqués à l’étranger ! et les fait fabriquer dans les pays pauvres... pour ne pas payer les charges sociales.... !

      

    qu'il Revend à des prix exhorbitants...s'il est lui même commerçant...

    ( a souvent DEUX NATIONALITES... très pratique pour les BANQUES …

    et en cas de coup dur...ou ses économies mises au vert....partira les feses en premier pour éviter les conflits... ANTI MILITARISTE ne pas oublier .... )

     



     



     

    Son problème est en fait très banal :

      

    il est de gauche en théorie, mais reste très conservateur en pratique. .. comme ses parents et surtout ses grand parents

     

    ( dont il attend l'héritage ) et qu'il "tape" pour ses fins de mois, où pour sa nouvelle commande Design ... pour son loft.

     

    Il a progressivement remplacé l’électorat ouvrier et populaire du PS, et s’affirme aujourd’hui comme le principal soutien aux idées  

    MAIS VIRE de BORD à la VITESSE "GRAND V"... a une nette préférence pour

    le BLING BLING, auquel il s'identifie... inconsciemment..

    adore les GROSSES MONTRES, les MARQUES DEMARQUEES..

    (un peu confuses) défendues par les socialistes.... mais s'en contrefiche royalement., mais leur bouée de secours, l'inéluctable "grandes oreilles" des Pyrénées...l'autre, "l'enfant de cœur" à la voix inaudible de Yerres.... tous les deux... les valets jockers de l'UMPS.....sont toujours de revue aux élections.

    ou le MODEM... UDI... s'en fiche... adore les demi-teintes...

     

     

     

    Pas vraiment méchant, le bobo est toujours prêt à manifester (calmement), s’exprimer (avec de jolis verbes), signer des pétitions (c’est son truc)…!!!

      

    se déplacer auprès des sans papiers...sans logement... s'habille comme les pauvres... mais avec des fringues de marque... pour faire Nature...

    coiffure grasse, rouge à lèvres dégoulinant, fume des "CLOPES" avec les

    S.D.F. pour faire VRAI...faire "PEUPLE"  mais hait les PAUVRES..

     

     LE PLUS. Nathalie Kosciusko-Morizet, cigarette à la bouche, entourée de sans abris. C'est le cliché publié dans "VSD" qui fait beaucoup parler de lui aujourd'hui. Un énième "moment de grâce" mal placé ? Un coup de com' totalement raté ? Pour Erwann Meriadec, engagé auprès des SDF, c'est surtout une démarche totalement déplacée.

     

     

    Je n’ai rien contre tirer sur une clope en compagnie de gars "sans domicile fixe". Je dirais même, "au contraire".

     

    Au détour de conversations sur les quais de gare, devant les grands magasins, aux Puces, lors de rencontres avec les amis de la rue, on offre des clopes et on en allume une aussi. Ils aiment bien.

     

    Un ange blond vénitien et son armada de photographes

     

    On cause de tout et de rien, mais surtout de ce qui les embête le plus, le lit du soir en foyer, s’il reste de la place, et de leurs  chiens qui n’entrent pas.

     

    Donc eux non plus. La rue, la rue, la rue, les cartons que donnent les commerçants compatissants, les nouveaux arrivants sur le trottoir, les disputes pour un endroit mieux abrité que d’autres, les rencontres avec les routards qui ne font que passer.

     

    Les vols et les bagarres, "les ceusses" qui picolent trop, "les ceusses" qui ont disparu de la rue, la famille qu’on ne voit pas ou qu’on a rejetée.

     

    Difficile d’entrer en contact les premières fois. Ils se méfient, à la limite vous êtes celui ou celle qui va donner "la pièce", point final. La société les a oubliés, faites en autant et pas de baratin ni de leçons ni de questions.

     

    Et puis voilà un ange blond vénitien qui descend sur les quais tirer sur une clope avec eux. Et avec une armada de photographes.

     

    Prénom : Nathalie.

    Profession : femme politique.

    Objectif : … ???

     

    Une envie subite de s'intéresser aux SDF ?

     

    Alors je vais vous dire, chère Nathalie, que votre subite envie de vous mêler à ce monde maillacé et flouté, à ce monde de crève-la-faim, semble aussi déplacé que de mettre des guêtres à un lapin.

     

    Je ne me souviens pas que vous ayez fait un geste quand les hautes instances ont confisqué une centaine de tentes mises à disposition pour les mêmes gus frigorifiés voici un an ou deux.

     

    Je n’ai pas de photo de vous en train de distribuer la soupe populaire, et je le regrette vraiment.

     

    Je vous imagine avec votre service com', à réfléchir sur la meilleure façon de sortir un scoop, "le choc des images", la grande dame pas fière ni orgueilleuse, qui descend sur les quais, qui se mélange (combien de minutes ?)

    avec les sans-abris, et qui remonte vite fait dans ses bureaux bien chauffés.

     

    Il est indécent de se servir de ces pauvres hères

     

    Il y a presque de l’indécence à ne pas agir en faveur de ces pauvres gens, mais de se servir d’une image qui n’est pas la vôtre. Cela m’ennuie parce que vous êtes d’une grande famille, d’une très bonne famille, avec une excellente éducation, l'éducation hors France du Peuple.. alors Madame... pas de cinéma !

     

    Je pense que vous avez du cœur, chère Nathalie. Il ne fallait pas vous servir de ces pauvres hères pour mener à bien votre campagne politique. Ce n’était pas une bonne idée.

     

    Allez-y, foncez donc sur des thèmes que vous connaissez, mais si vous avez envie de faire quelque chose en faveur des SDF autrement que leur offrir des cigarettes sur un coin de quai, songez plutôt que c’est un abri décent et non-provisoire qu’il faut leur trouver.

     

    Les remettre en selle déjà par un toit, parce que le froid entre par la semelle usée et par les habits mouillés.

     

    Je sais bien que vous ne souhaitez pas de conseils.

    Songez seulement que lorsque vous êtes bien au chaud, ceux-là qui ont fumé cette clope en votre compagnie, se serrent sous une porte, sur une bouche d’air chaud, et qu’ils n’ont aucun espoir de s’en sortir si les politiques continuent à les traiter en hallebardiers du fond de la scène.

     

     Prénom : Nathalie.

    Profession : femme politique.

    Objectif : 50mm !

     

     

     

      

    Sans lui, pas de grèves des profs, pas de manifs pour soutenir

    les sans-papiers ou ceux qui ne disposent pas de logement (qui sont bien souvent les mêmes)...

     

    D'ailleurs, certains "professionnels" de "l'esprit malade" ... les psychologues...les "nouveaux curés" de l'écoute......pas tous catholiques pratiquants.. ( LOL )...dont certains, sont adeptes de la "fumette" du joint avant et après.....

     

    mais BOBO COMMUNISTE...

    j'ai connu aussi.

     

     Communiste "rouge" comme le nez de BOZO le Clown....

    ou  le dard du chien....en rut.

    Socialiste... en mangeant du chou-fleur..... pour le pet - post-prandial...

    à droite, mais pas trop...... ne se mouille pas.... veut rester neutre,

    pour son petit "commerce" ( encens, fantasmes )

     


     

    Très présents dans les médias (c’est un nid),

    dans l’Education nationale, rue de Solférino,

    dans les communautés gays ou lesbiennes...

    a eu des relations homo pour raconter à ses enfants plus tard...

     

      

      

    ils ne sont pas très nombreux, mais ont "la main longue".

    Adore parler de lui, d'elle, d'alles.....de la lune, des psychotiques, des NEVROSES, en fréquentent beaucoup, l'est d'ailleurs.... souvent Maitre étalon dans un groupe de PSY. de métier..CLUB BIO....

    j'ai connu.........

      

    Se dit diplômé en Psychanalyse, psychothérapeute, souvent... mais n'a jamais mis les pieds dans la Factulté de Médecine pour obtenir un diplôme de Psychiatre.

    Déteste les VRAIS DOCTEURS !! 

      

     

    Enumère les grands "frappadingues" psycholoques des plâteaux de télévision, fantasme beaucoup sur les mâles costarisés, chauves, adulés par les journalisssses à peau lisssse des chaines télévisées...

      

      

    bouche bée devant les écrits de FREUD...cocaïnomane fervent, usurpateur durant des décennies....

    Escroc aussi, mais oui....

    qui parle de l'orgasme féminin.... en pensant à sa MERE.....

    qu'il n'a que désirée en rêve..... 

      

     

    Donne des conseils pointus sur la maternité et/où la Paternité,  mais a toujours été incapable d'enfanter, ou d'élever ses propres enfants dans l'amour simple familial.

    Fervent ADEPTE des Mères Porteuses à l'étranger....

    L.G.B.T.

    A eu beaucoup de partenaires différents,  ses catalogues, n'a jamais réussi à faire jouir le maximum de ses amoureux..... souvent familles "recomposées" selon les allers-venues hasardeuses....

     

     

    Musée Picasso © D.R.

    Ici, c’est le boboland chic et cher.

     

     

    Alors, si vous en rencontrez un, quelques conseils de base :

     

    - ne parlez pas de colonialisme,

     

    - ne dites pas de mal des "éléphants", surtout pas de DSK... c'était un complot...!! le POV !

     

    - restez évasif sur l’immigration,

     

    - ne vous exprimez pas sur l’insécurité,

     

    - vantez les mérites des profs,

     

    - lâchez deux ou trois trucs anti-M

    ARINE... là il jouït.....jusqu'à l'orgasme..!!!!!  

    le seul qu'il peut avoir d'ailleurs....

     

    - demandez-lui l’adresse d’une boutique BIO… il a une liste entière....

     

    va au marché le samedi avec son petit panier et son vélo.

     

     

    Batignolles © Rob Marquenie

    Les Batignolles, quartier du XVIIe arrondissement niché entre la rue de Rome et les voies ferrées de Saint-Lazare, l’avenue de Clichy, la rue Cardinet et le boulevard des Batignolles (avec son marché bio chaque samedi), c’est le quartier des bobos bien propres sur eux. Un petit coin plein de charme mais pas subversif.

     

     

     

    Pour les Bobos, partir en Afrique c’est?

     

     

    Un bobo ne mord pas, certes, mais il parle beaucoup.

     

    Alors, en suivant les conseils énumérés ci-dessus, vous éviterez les grandes tirades soporifiques, confuses, démagos, et complètement contre-productives.

     

    Son problème est en fait très banal : il est de gauche en théorie, mais reste très conservateur en pratique.

     

    Il a progressivement remplacé l’électorat ouvrier et populaire du PS, et s’affirme aujourd’hui comme le principal soutien aux idées (un peu confuses) défendues par les socialistes. 

      

    Très présents dans les médias (c’est un nid), dans l’Education nationale, rue de Solférino, dans les communautés gays ou lesbiennes... ils ne sont pas très nombreux, mais ont "la main longue". 

     

    Alors, si vous en rencontrez un, quelques conseils de base : 

     

    - ne parlez pas de colonialisme, il part en vacances toujours dans les pays EX colonie....en souvenir de sa JEUNESSE.... 

    Un bobo ne mord pas, certes, mais il parle beaucoup. 

     

    ADORE le FEU d'ARTIFICE à la ROCHELLE

    fief du SOCIALISME EMBOURGEGOISE

     

     

    feu d'artifice..

     

     

    Alors, en suivant les conseils énumérés ci-dessus, vous éviterez les grandes tirades soporifiques, confuses, démagos, et complètement contre-productives.

     

    VOUS SEREZ MIEUX, mais un CONSEIL...

     

    PERSONNAGES à EVITER... vous serez en PLEINE FORME !!

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    La grande lessive de printemps...

    Si chacun connaît cette expression, il est fort probable que nombre d'entre nous, et pas seulement les plus jeunes, en ignore le sens premier.
      
    Remontons de quelques décennies dans le temps, au moins jusqu'au début du XXè s., voire davantage.


    Dans nos campagnes, dès les premiers beaux jours, au printemps (ou dans certaines régions deux fois l'an), les femmes se réunissent :
     
    tout le linge est porté par charretées entières à la rivière.
     
      
      
    Tout le linge sale de tout un village , que l'on a empilé dans les grenier depuis des mois : draps, nappes, serviettes, chemises, se retrouve mêlé sur la rive pour être lavé dans l'eau de la rivière par les commères.
     
      
    Ensemble, dans un esprit communautaire, elles lavent, brossent, frottent, savonnent, rincent et étendent sur l'herbe tendre et non encore souillée par les pâtures le linge soumis à l'action blanchissante du soleil.
      
     
     
     
    Rassemblées autour des plus âgées, elles participent ainsi au contrôle social.
      
      
    Il vaut mieux "laver son linge en famille", car tout apparaît alors :
      
    l'état de fortune à l'abondance du linge, l'état de santé physique, de grossesse, de propreté morale sous-entendue par la propreté physique, bref, toute l'histoire d'une famille ou du village se lit dans les taches et salissures, et lors de cette "cérémonie de la grande buée",
    on fête un peu chaque année la victoire du propre sur le sale,
    du jour sur la nuit, du printemps sur la mort, bref, de la vie sur la mort.

     

     


    Mais pourquoi tant de linge, lavé une fois l'an seulement ?
      
    Il faut se remémorer les conditions de confort de l'époque - je parle bien sur du monde paysan. Il est difficile de faire des lessives en hiver, l'eau des rivière est glacée, ou même gelée, et tout le linge ne sècherait pas dans les petites maisons où seule une
    cheminée procure un peu de chaleur.
      
    Les autres saisons, tous les travaux agraires ou domestiques prennent le temps et l'énergie de chacune, puisque la lessive reste toujours une affaire de femme.
      
    Il faut donc avoir suffisament de linge pour pouvoir tenir une année, exception faite de petites lessives intermédiaires pour quelques vêtements, surtout si l'on en a peu.
     
    Même si les habitudes d'hygiène de l'époque ne sont pas les nôtres (changer de linge de corps tous les huit jours était se changer très fréquemment), il faut toujours une belle quantité de torchons et de paires de draps pour une maisonnée.
      
    Les jeunes filles - en fonction de leur moyens - s'attacheront donc à se constituer un trousseau suffisant pour maintenir le train de vie auquel elles sont socialement destinées.
     
     
      
     
     
     
     
     
    Les plus pauvres, logeant chez leur patrons, ne sont pas concernées et se contentent - malgré elles - de peu de pièces.
      
    Dans les villes, les ouvrières, souvent pauvres également, ont peu de linge et le lavent plus régulièrement, une fois par semaine (le lundi ?) près des rivières ou dans des bateaux- lavoirs, près des lavandières de métier et des bonnes qui travaillent pour les plus riches.

     

     


    Et lorsque toutes les villageoises oeuvrent ensemble à la grande buée, comment reconnaître le linge de chacune ?
      
    On comprend donc l'utilité du monogramme brodé, qui, comme tout ce qui se fait traditionnellement, résulte au départ d'une réponse à un besoin, ce qui n'empêche pas par la suite une fonction décorative.
      
    Draps, torchons, sont marqués aux initiales de la jeune fille ou, si les fiançailles ont été assez longues, à celles des deux familles liées, la plupart du temps par la fiancée elle-même, qui trouve là moyen de prouver ses talents et sa bonne éducation... ménagère.
     
    Les chemises, les vêtements sont marqués à l'intérieur du col, ou pour les plus riches, sur la poche de poitrine gauche.

     

     


    Eh oui, à l'origine, ce n'est pas le fabriquant qui marque la poche d'une chemise, mais son propriétaire. Et pourquoi cela a-t-il changé, me direz-vous ?
      
    C'est à cause de lui : Lui, René Lacoste, que la presse américaine a surnommé "Le Crocodile", à la suite d'un pari qu'il avait fait avec le
    Capitaine de l'Equipe de France de COUPE DAVIS.
      
    Il lui avait promis une valise en crocodile si Lacoste remportait un match important pour leur équipe. Le public américain a retenu ce surnom qui soulignait la ténacité dont il faisait preuve sur les courts de tennis, en ne lâchant jamais ma proie !
      
    Son ami Robert GEORGE lui dessina alors un crocodile qui fut brodé sur le blazer qu'il portait sur les courts. Mais, me direz-vous, on est bien toujours dans le cas de figure où le propriétaire de la chemise porte sa propre marque sur son vêtement, même si ce n'est pas un monogramme. Vous faîtes les bêtes, vous répondrais-je...
      
    En 1933, René LACOSTE et André GILLIER, le propriétaire et Président de la plus grande compagnie française de bonneterie de l'époque, fondent une société pour exploiter la chemise brodée d'un logo que le champion avait créée pour son usage personnel sur les courts de tennis, ainsi qu'un certain nombre d'autres modèles de chemises conçues pour le tennis, le golf et la voile, comme en témoigne le premier catalogue édité en 1933.
     
    C'était la première fois, à ma connaissance, qu'une marque était visible à l'extérieur d'un vêtement, une idée qui a, depuis, fait son chemin.

     




    Je retiens :


    La grande lessive de printemps, également appalée "cérémonie de la grande buée", était autrefois l'occasion d'une grande fête villageoise qui célèbrait le renouveau printannier.

     

    Tout le linge de maison était alors lavé ensemble, et ces éléments du trousseau étaient brodés d'un monogramme pour en marquer l'appartenance.


    Aujourd'hui que chacun lave son linge chez soi régulièrement, cette nécéssité de marquage a disparu.

      

    Elle a cependant été reprise par les marques de prêt-à-porter, suite à l'initiative de Lacoste.

     


    Vocabulaire :

    Trousseau : Habits et linges de maison que l'on donnait à une fille pour la marier. Selon la classe sociale, celui pouvait comporter sous vêtements, draps, serviettes et torchons, mais également vêtements des domestiques.

      

    Le trousseau était généralement brodé pendant le temps de fiançailles par la jeune fille au chiffre (= blason, monogramme) des deux familles qui s'unissaient.

    Marque : signe ou nom apposé sur les produits d'un même fabriquant.

     

    Par extension, logo.


    Documents associés :

    Faire suivre du cours et de l'exercice

    Le monogramme

     

     

     

     

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    Le cardinal et le billet de mille

     

     

    9 septembre, c'est l'anniversaire de Richelieu.

      

    Naquit-il à Paris ?

    Naquit-il à Richelieu ?

      

    Les historiens, qui sont gens sérieux mais divisés, s'étripent sur la question.

     

    Quelques quatre cents ans et plus après ce 9 septembre 1585 où Armand Jean du Plessis de Richelieu, quatrième enfant d'une noble famille française, duc et pair de France, futur cardinal et ministre de Louis XIII, il serait quand même temps de trancher.

     

     

    Cardinal_Richelieu_%2528Champaigne%2529.jpgCe que l’on sait avec certitude, c’est qu’il Richelieu naquit l'année même où Montaigne quittait la mairie de Bordeaux ; qu’il fut de huit mois le cadet de Vaugelas, lequel occupa le fauteuil 32 de l'Académie Française, dont il avait été à partir de 1635 le fondateur et le protecteur.

     

    On doit à Richelieu la devise "A l'Immortalité", qui figure sur le sceau de l'Académie, d'où les "Immortels" (Valéry Giscard d'Estaing & Max Gallo compris), tiennent leur surnom.

     

    Figure kaléidoscopique et hautaine, car Richelieu ne fut pas seulement un cardinal d'Académie. Richelieu, c’est également un point de dentelle, des verres à pieds, une sauce ma foi fort bonne au palais, un pâté en croute tout aussi délicieux…  sans compter qu’il donna son nom également par tout le pays à un nombre incalculable de deux, trois et quatre étoiles pour représentants de commerce, couples adultères et séminaristes en goguettes.

      

    A quoi il convient également de rajouter la Bibliothèque Nationale, d'avant l'ère mégalo-mittérandienne, ce qui n'est pas rien, et une rivière, sinueuse, assez sale, grâce à laquelle Champlain (le lac) se rend à Saint-Laurent (le fleuve).

     

    Ci-dessus, le portrait en pied de celui qui fut (comme on le dirait aujourd'hui) l'une des plus grosses fortunes de son temps (estimée à 20 millions de livre). Portrait en pied par Philippe de Champaigne, auteur également du triple portrait (profils et trois-quarts, ci-contre), dont s'inspira Clement Serveau lorsqu'on (la Banque de France) lui passa commande du billet.

     

     

    richelieu6.jpgUn homme de Dieu... Un homme d'Eglise... Sur un billet de banque !

    L'homme d'Etat, il est vrai, en avait connu d'autres…

    Le premier alphabet date du 2 avril 1953; le dernier du 4 janvier 1963; dix ans, c'est un bel exemple de longévité. Le franc, entre temps, par la magie d'Antoine Pinay, était mort et ressuscité : "A nouvelle République, franc nouveau" (La formule, de Marcel Dassault, se trouve dans Paris Presse du 30 décembre 1958.)

      

    Deux jours auparavant, dans l'une des allocutions radiotélévisées dont il avait le secret, DeGaulle s'était exclamé :

     

      

    « Quant au vieux franc français, si souvent mutilé à mesure de nos vicissitudes, nous voulons qu'il reprenne une substance conforme au respect qui lui est dû ».

     

     

    Et c'est ainsi que le matin du 1er Janvier 1960, le cardinal qui valait mille anciens francs n'en valut plus que dix nouveaux. (sur la photo ci-dessous, une coupure de mille surchargée 10 NF) .Divisé par cent, comme ses compagnons de l'époque (Victor Hugo, Henri IV, Bonaparte), mais, rassurait la communication gouvernementale, cela ne changerait rien puisqu'on diviserait aussi bien les dépenses que les recettes. « En terme de prix des marchandises, proclamait Pinay, on retrouverait d'ailleurs les échelles de 1927 ».

     

      

    C'était une référence forte à l'Age d'Or du franc Poincaré, à un souci affiché de redressement économique, à la solidité monétaire du franc lourd d'avant 14 dont la France (qui cesserait bientôt d'être un Empire) rêvait encore.

      

    L'effigie conservée de Richelieu, dans cette affaire, assurait une sorte de continuité de l'identité française, d'un ancien régime aussi romantique qu'un roman de Dumas, à un nouveau aux prises avec le monde moderne : pour comprendre les Trente Glorieuses, il faut aussi regarder yeux dans les yeux les grands hommes de ses billets.

     

     

    3h13-03.jpg

     

    Sur celui de mille comme sur le nouveau billet de dix, le cardinal se détache devant une estampe rappelant les façades rectilignes du Palais-Cardinal (Palais-Royal), tel qu'il fut peu après sa construction en 1622. Sur les beaux toits gris de Paris, « ville jolie », s'attarde un ciel onctueux, lisse, crémeux, comme si la capitale s'était tout entière repliée dans les pans rosés du jupon cardinalesque.

      

    Le regard suave et la barbichette affutée, ce dernier veille, conforte, rassure.

     

    Au verso, même prestance, même allure : la figure de l'homme d'Etat en pleine force tranquille, non loin de sa gentilhommière provinciale, devant les remparts du bourg de Richelieu, sourcil hautain et lèvres pincés, sous ce même ciel rose fané.

     

     

    10V1960G.jpg

      

      

    Si ce billet fut l'un des plus populaires qui sortit des presses de la BdF, c'est aussi parce qu'il fut l'un des plus abouti : dans sa composition se résume une certaine conception du Pouvoir dit gaullien, propre à la fois à l'Ancien Régime et au Nouveau, à la Province comme à Paris, à l'Esthétique comme à l'Idéologie.

      

    Avec la crise, le passage à l’euro, la mythification médiatique des années soixante et la nostalgie des Trente Glorieuses, il se peut bien que cette effigie fasse encore rêver…

     

     

     

    sources

     

    http://solko.hautetfort.com/archive/2008/09/09/le-cardinal-est-bon-enfant.html

     

     

     

     

     

     

     

     

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    La prostitution mondaine,

    une valeur éducative du patriarcat traditionnel

    avant le mariage

     

     

    Quand la femme ne dispose d’aucun droits, que le seul travail qui lui est accessible est le commerce de son corps, ou que son statut social

    et sa sécurité familiale dépendent de son conjoint.

     

     

    L’hétaïre, idolâtrée au détriment de la mère

     

      

    L’hétaïre était une prostituée de haut rang dans la Grèce antique. Les hétaïres ne se contentent pas d’offrir des services sexuels et leurs prestations ne sont pas ponctuelles : de manière littérale, ἑταίρα / hetaíra signifie « compagne ».

      

      

    Elles possèdent généralement une éducation soignée et sont capables de prendre part à des conversations entre gens cultivés, par exemple lors des banquets.

      

    Seules entre toutes les femmes de Grèce, Spartiates exceptées, elles sont indépendantes et peuvent gérer leurs biens.

     

      

    La concubine reçoit des dons de quelques « compagnons » (hetairoi) ou « amis » (philoi), qui assurent son entretien, et à qui elle accorde ses faveurs.

      

    Aspasie, maîtresse de Périclès, est ainsi la femme la plus célèbre du Ve siècle av. J.-C. Elle attire chez elle Sophocle, Phidias ou encore Socrate et ses disciples.

      

    Selon Plutarque, « elle domin[e] les hommes politiques les plus éminents et inspir[e] aux philosophes un intérêt qui n’[est] ni mince ni négligeable ».

     

     

    La Chair/Les cocottes

      

    L'actrice Colette en pleine représentation du mimodrame "La Chair", écrit par Georges Wague, également son partenaire à la scène, en 1907.

      

      

      

    Une fortune bâtie sur leur sexe

      

    Certaines de ces hétaïres sont très riches. Xénophon décrit Théodoté entourée d’esclaves, richement vêtue et logeant dans une maison de grande allure.

      

    Certaines se distinguent par leurs dépenses extravagantes : ainsi une Rhodopis, courtisane égyptienne affranchie par le frère de la poétesse Sappho, se serait distinguée en faisant bâtir une pyramide.

      

    Les tarifs des courtisanes varient beaucoup, mais sont substantiellement plus élevés que ceux des prostituées communes : dans la Nouvelle Comédie, ils varient de 20 à 60 mines pour un nombre de jours indéterminés. Ménandre mentionne une courtisane gagnant trois mines par jour soit davantage, précise-t-il, que dix pornai réunies. S’il faut en croire Aulu-Gelle, les courtisanes de l’époque classique vont jusqu’à 10 000 drachmes pour une nuit.

      

      

    Libre ou esclave

      

    Il est parfois difficile de distinguer les hétaïres des simples prostituées : dans les deux cas, la femme peut être libre ou esclave, autonome ou protégée par un souteneur. Les auteurs semblent parfois employer les deux termes de manière indifférenciée.

      

    Certains spécialistes se sont donc interrogés sur la réalité de la distinction entre hetaira et pornē ; on s’est même demandé dans quelle mesure le terme hetaira n’était pas un simple euphémisme.

      

      

      

    La concubine :

    entre l’épouse et la prostituée

     

    Concubine est un terme désignant à l’origine une femme vivant quasi maritalement avec un homme de statut plus élevé possédant déjà une épouse officielle.

      

    L’homme pouvant posséder une ou plusieurs concubines.

      

    Celles-ci sont financièrement soutenues par l’homme et leur descendance est reconnue publiquement, bien que de moindre statut que celle issue de l’épouse.

      

    Lorsque le concubinage est voulu (par la femme et/ou par sa famille)

    il est considéré comme une sécurité économique.

     

    Lorsqu’il est subi, il s’agit parfois d’esclavage sexuel, comme dans l’ancien Royaume du Népal, où les serfs devaient donner une de leurs filles à leur seigneur.

      

     

    Une mère porteuse assassinée après usage

      

    Dans la Bible, Abraham prend l’esclave Hagar comme concubine.

      

    Sa femme, Sarah, ne peut concevoir et lui offre Hagar pour lui donner un héritier.

    Abraham n’épouse pas Hagar, mais habite avec elle selon les lois juives de Pilegesh

    (Hebreu pour concubine).

      

    Après une première fausse couche, elle accouche d’Ismaël.

      

    Après qu’un miracle arrive à Sarah (elle devient fertile malgré son âge) et qu’elle conçoive et accouche d’Isaac, celle-ci demande à Abraham d’emmener Hagar

    et de l’abandonner dans le désert.

     

     

     

    Esclaves recluses au gynécée

    Dans l’Antiquité grecque classique (IVe et ve siècle av. J.-C.),

    Homère attribue à ses héros une seule épouse et une ou plusieurs concubines.

      

    L’épouse assure une descendance légitime, la concubine est chargée de

    veiller à l’exécution des tâches domestiques, l’une et l’autre vivent recluses au gynécée.

      

    La fidélité à l’époux est exigée, en effet, en cas de flagrant délit d’adultère,

    le mari trompé a le droit de tuer sur le champ son rival, sa femme ou sa concubine.

      

      

      

    Le reflet du statut social des hommes

      
    Dans la civilisation islamique, le sultan ou tout seigneur suffisamment riche pour posséder un harem, choisissait sa concubine parmi ses esclaves en principe non musulmanes.
      
    En Chine, pendant longtemps, le statut d’un homme se mesurait au nombre de ses femmes, épouses ou concubines.
      
    Dans la Chine impériale, des concubines jouent un rôle politique (comme Wu Zetian qui devint même impératrice).
      
    En 1949, les communistes ont interdit cette pratique ancestrale, signe pour eux de décadence bourgeoise.
      
    Au Siam (actuelle Thaïlande), les hommes pouvaient avoir plusieurs épouses, qu’ils pouvaient revendre, ainsi que leurs enfants. L’épouse principale ne pouvait être que répudiée, et au décès de son mari, elle héritait de ses droits sur les épouses secondaires.

      

      

      

    Une pratique toujours d’actualité

    En Chine, après deux décennies d’ouverture économique, les Chinois enrichis affirment à nouveau leur rang social en exhibant voitures, maisons, costumes et jolies jeunes femmes. Des villes comme Shenzen sont devenues des « villages de concubines ».

      

    Parmi ces femmes, des campagnardes pauvres du sud, des demi mondaines de Shanghai, et des concubines de luxe élevées dans la bourgeoisie fortunée.

      

    On estime à 100 000 le nombre de femmes entretenues, rien que dans l’une des province les plus touchées par le phénomène, celle de Guangdong, aux portes deHong Kong.

      

      

    Les odalisques : des esclaves sexuelles vierges

    Une odalisque était une esclave vierge, qui pouvait monter jusqu’au statut de concubine ou de femme dans les sérails ottomans, mais dont la plupart étaient au service du harem du sultan. Le mot vient du turc odalık, qui signifie « femme de chambre », d’oda, « chambre ». En littérature, le terme désigne une femme de harem.

     

     

     

     
     
     Une odalisque n’était pas une concubine du harem, mais il était possible qu’elle en devînt une. Les odalisques étaient rangées au bas de l’échelle sociale dans un harem, car elles ne servaient pas le sultan, mais seulement ses concubines et ses épouses comme femmes de chambre privées.  
      
    Les odalisques étaient généralement des esclaves données en cadeaux au sultan, même si certaines familles géorgiennes et caucasiennes conseillaient à leurs filles d’entrer dans un harem comme odalisques, en espérant qu’elles pourraient devenir concubines de palais, esclaves préférées, ou épouses du sultan.

      

      

      

    L’objet sexuel du maître

      

    Normalement, une odalisque n’était jamais vue par le sultan, mais restait plutôt sous les ordres de la mère de celui-ci. Si une odalisque était d’une beauté extraordinaire ou possédait des talents exceptionnels pour la danse ou pour le chant, on l’entraînait pour devenir une concubine éventuelle.

      

    Si elle était retenue, l’odalisque servait au plaisir sexuel du sultan et c’est seulement ensuite qu’elle changeait de statut, devenant à partir de ce moment une concubine.

      

    Dans l’Empire ottoman, les concubines rencontraient le sultan une seule fois, sauf si leur adresse pour la danse, pour le chant, ou pour le lit leur méritaient son attention. Si de la rencontre d’une concubine avec le sultan s’ensuivait la naissance d’un fils, elle devenait une de ses femmes.

     

     

      

    Un fantasme artistique

      

    Dans l’Occident du XIXe siècle, les odalisques sont devenues des personnages souvent utilisés dans le mouvement artistique connu sous le nom d’Orientalisme, et on les rencontre dans un grand nombre de peintures érotiques à partir de cette époque.

      

    On peut citer La Grande Odalisque d’Ingres et Olympia de Manet comme exemples. Matisse aussi a représenté dans certaines de ses œuvres des odalisques. Dans l’usage populaire, le mot odalisque peut aussi faire allusion, à la maîtresse, la concubine, ou la petite amie d’un homme riche, ce qui est inexact étant donné que ces esclaves étaient vierges.

    La courtisane, femme de qualité, galante, scandaleuse…

     

      

    La différence entre une prostituée et une courtisane, elles sont plus lettrées (écrivaine, poétesse, philosophe, scientifique, actrice, chanteuse…), elles vivaient avec des hommes célèbres (écrivains, artistes…), politiques, riches hommes d’affaires, nobles (prince, comte, roi, empereur…), hommes d’église… La puissance et l’influence de certaines courtisanes peuvent arrêter ou déclarer une guerre, servir d’intrigue à la cours du Roi entre noble.

      

    L’argent, la célébrité, les titres de noblesse restent l’objectif premier de la courtisane et de faire oublier ce passé érotique, elles représentent le côté romantique et idéalisé de la prostitution. Alors que les autres « prostituées » vont avec le peuple, les soldats… et meurent souvent sans argent et de maladies sexuelles.

      

    C’est pourquoi elles ne sont pas considérées comme courtisanes.

      

    Certains nobles (XVIIIe et XIXe siècles) racontent avoir été ruiné par des courtisanes.

      

    Cependant les femmes de certaines époques ne pouvaient pas s’émanciper dans une société machiste religieuse, elles devaient commencer par des relations sexuelles (dite libertine) pour ensuite montrer leur intelligence à leurs contemporains.

     

     

    La courtisane, prostituée de luxe, par amour,

    contre le mariage

     

     

    Le mot courtisane peut être employé comme un euphémisme pour prostituée. Il a notamment été employé dans ce sens du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle, de même que celui de cocotte, particulièrement en vogue sous le Second Empire.

      

    Cet emploi semble venir du fait que les femmes haut placées à la cour des rois de France ont souvent été les maîtresses du souverain, d’où un glissement de sens de « courtisane » à « maîtresse intéressée », puis prostituée.

      

    Courtisane conserve cependant une connotation luxueuse qui en fait une catégorie à part dans le monde de la prostitution. Ainsi, Cora Pearl (1835-1886) entretenait une liaison avec le duc de Morny et Laure Hayman (1851-1932), avec le roi de Grèce ou l’écrivain Paul Bourget.

      

    Cocotte, les poules de luxe

    Les cocottes sont en France sous le Second Empire, des prostituées de luxe connues pour ruiner leurs riches amants en dépenses somptuaires (fêtes, bijoux, maisons, etc.). Par extension, le terme est employé aux époques suivantes, notamment la Belle Époque, au cours desquelles la cocotte tient sa place entre la courtisane et la prostituée.

      

    La demi-mondaine désignait à l’origine les femmes du monde tombées dans la prostitution puis a fini par désigner également les cocottes de basse ou haute condition.

      

    « Sentir, puer la cocotte » signifie sentir un parfum de mauvaise qualité comme ceux dont usaient les cocottes de bas étage et a donné le verbe « cocotter ».

     

     

      

      

    Plusieurs hôtels particuliers de Paris ont été construits pour des cocottes, comme celui de la Païva sur les Champs-Élysées. Le terme de demi-mondaine est également employé à cette époque ; ainsi peut-on citer Cora Pearl (1835-1886) avec le Prince Napoléon ou Laure Hayman (1851-1932) avec Karageorgévitch ou Paul Bourget. Nana, d’Émile Zola, décrit la vie et le destin tragique d’une de ces cocottes, qui rend fous d’amour et mène à la ruine les hommes puissants qu’elle rencontre.

      

    Pour certaines femmes du peuple, devenir une cocotte était aussi un moyen d’arriver à l’aisance financière avant de se ranger.

      

    Certaines ont su gérer leur fortune, d’autres sont mortes jeunes et dans la misère, d’autres enfin, comme Sarah Bernhardt, qui à ses débuts était une cocotte, sont devenues des actrices adulées.

      

      

    La demi-mondaine ou bigamie à la française

    En France, au XIXe siècle, le terme de demi-mondaine désignait les femmes entretenues par de riches Parisiens. Ce groupe social, jusque-là invisible, se manifesta bruyamment dans la presse, le théâtre et les réunions publiques à partir du Second Empire pour atteindre son apogée vers 1900 et disparaître pendant la Première Guerre mondiale.

      

    Le mot de demi-mondaine est issu du Demi-monde, titre d’une comédie qu’Alexandre Dumas fils publia en 1855. Ce terme désigna d’abord les femmes du monde tombées dans la prostitution puis fut appliqué à toutes les grandes courtisanes ayant pignon sur rue.

    « Ces messieurs étaient assez fortunés pour subvenir aux besoins d’une femme au foyer et d’une autre pour la galerie. En additionnant leur moitié avec une demie, ils réinventaient la bigamie. »

      

      

    La déniaiseuse des ducs

    Demi-mondaine parisienne d’origine anglaise, Cora Pearl, née en 1837, a écrit ses mémoires. Elle a été la maîtresse du prince Napoléon, le célèbre Plonplon, cousin de l’empereur Napoléon III. Une autre demi-mondaine célèbre, Laure Hayman, était la descendante du peintre Francis Hayman, le maître de Thomas Gainsborough.

      

    Elle compta parmi ses amants le duc d’Orléans, Louis Weil (grand-oncle maternel de Proust), le roi de Grèce, l’écrivain et académicien français Paul Bourget et Karageorgevitch, prétendant au trône de Serbie, qu’elle aima vraiment.

      

    Elle vivait des libéralités du financier Raphael Bischoffsheim. Elle était surnommée la « déniaiseuse des ducs ». « Les demi-mondaines peuplent les romans du XIXe siècle, surtout Balzac (Illusions perdues), Maupassant (Bel-Ami) et Émile Zola (Nana) ». Odette de Crécy chez Proust est l’exemple d’une demi-mondaine qui va devenir une grande bourgeoise (Mme Swann) puis une femme du « monde » (Mme de Forcheville).

     

     

    http://matricien.org/patriarcat/sociologie/prostitution/prostitution-mondaine/

     

     

     

     

     

     

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    Alphonse Boudard, prince de l’argot

     

      

      

    Le temps passe vite. Rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps, ­Alphonse Boudard était le ­défenseur et l’illustrateur de la langue française. Orphelin au cœur pur, gouaille et poésie, il était le Musset de l’argomuche. Il n’a jamais cessé d’évoquer les petites gens.

      

    Libertaire, il se battait pour la liberté d’expression.

      

    Fraternel, il plébiscitait la liberté ­d’impression.

      

    Egalitaire, il croyait en la santé du pessimisme.

      

    Bleu comme la République, blanc comme la monarchie, rouge comme le marxisme : ­Boudard était un homme tricolore. Il faut relire l’histoire de la fermeture des claques (pauvre Marthe ­Richard !) et le parcours de Joseph Joanovici (un Juif collabo !) pendant la Seconde Guerre mondiale.

      

    C’est ­vivant, coloré, documenté, plein de cet allant roboratif qui manque tant à la littérature française.

      

    Cet enfant du siècle avait la confession soyeuse, la colère précise, l’interjection salutaire.

     

     

    Tubard, taulard, tricard, Michel Boudon, alias Alphonse Boudard, en avait trop bavé pour dire aux autres ce qu’il faut faire.

      

    Avec lui, comme avec Céline, on rit. L’argot est sous sa plume virevoltant, néologique, ­rigolo, moqueur, créatif, truculent, digne de Dard et d’Audiard. Ces trois noms qui riment étaient frères d’âme.

      

    Des hommes de ferveur. Des ­mystiques d’amitié.

    J’ai bien connu Alphonse. C’était un ami. Le mot est facile, mais il n’avait pas le tic du toc. C’était un raffiné.

      

    Avec « Mourir d’enfance », il n’assène pas, il suggère. Boudard a obtenu le Grand Prix du roman de l’Académie française pour ce livre.

     

    Je me rappelle sa joie contenue lors de la cérémonie

    présidée par Maurice Druon.

      

    Après avoir honoré le Rabelais moderne de la langue verte, on honorait en vert un magnifique et délicat écrivain français.

      

    Les autres ont beau dire, rien n’est oublié.

     

    Boudard nous rappelle à son bon souvenir.

      

    Salut, Alphonse.

     

      

      

      

      

    « Les métamorphoses d’Alphonse »,

    d’Alphonse Boudard, préface de Régine Deforges,

    éd. Robert Laffont, 806 pages,

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Quatre nouvelles extraites de

    Les enfants de choeur

    Flammarion

    1982

     

    Librio

    1996

     

    Lu dans le cadre de ma recherche pour les lectures en maison de retraite 

     

    Mandarine

    Récit plus ou moins autobiographique, comme presque tous les "romans" de cet auteur, c'est lors d'un passage en sanatorium que les deux compères se sont rencontrés.

    On y lit la déchéance d'un gamin breton, fait pour devenir pêcheur, qui à la suite de larcins alimentaires et de vols de bicyclettes, fera la tournée des maisons de redressement, bagnes et autres centrales. On y lit la dépravation de la rue, mais aussi des monastères(!).

    Récit sans concession, sans illusion.

      

    Le style argotique aide à la plongée, à épaissir l'atmosphère. Au premier degré on passe un bon moment grâce à cette langue fleurie.

    Donc les deux hommes, après un parcours pénitentiaire, où ils se sont croisés, sans plus, sont de passage en sanatorium pour soigner leur tuberculose. L'auteur vient de recevoir la promesse de voir publié "Cloportes ... aux éditions Tartemplon". "Une noble dame s'était pointée... Isaure Sigismonde...cornaquée d'un dandy fluet mi-tantouse, mi-gigolpince... Léonard Fraisier, le directeur littéraire..."

    Cela donne envie à Jean-Marie Le Houdic, dit Mandarine, de briser la glace. Il peint quant à lui et cherche des mécènes. C'est le toubib qui va servir d'entremetteur entre les deux taulards.

    Pour se sortir de l'enfermement des prisons, Jean-Marie s'est souvenu des heures passées à servir la messe auprès du recteur de son enfance et a simulé une profonde croyance en Dieu . Il a obtenu un noviciat qui a failli faire de lui le jouet de ces messieurs cloîtrés!

    Il lui en est resté des "cantiques. Il arrivait plus à se les sortir de la cafetière... ça lui remontait...

      - Comme quand t'as becté du hareng, tu m'entraves un peu?"

    Et de brailler le Salve Regina! le Veni Creator! Le Kyrie, eleison! dans les allées du sana.

     

    Enfin, lisez-le, 24 pages, moment récréatif garanti; trop noir pour la lecture à haute voix.

     

      La perquisition.

      Le héros a plongé pour un casse quelconque. Les flics savent qu'il avait un complice, qui c'était. Il ne leur manque que son témoignage, à lui, le déjà enfermé, pour arrêter l'autre. Mais le héros est coriace, pas donneur, il prend tout sur ses frêles épaules.

    Il est conduit à son dernier domicile pour une perquisition de plus. Destruction du plancher, du papier peint. Rien.

    Ils vont rentrer tous au dépôt en 403. Quand il lui est proposé de revoir sa mère. Dix-huit années seulement les séparent. Elle se meurt. Cancer. Il accepte aussitôt. Tout aussi vite il comprend que ce serait donnant-donnant. Il ne reverra pas sa mère.

    Cet épisode est poignant. Pas de faux-sentiment, du vécu, du souvenir d'enfance.

    A lire pour toucher du doigt la vraie détresse. Noir. (27 pages)

     

    Outrage aux moeurs.

    Le héros repasse en correctionnelle. Il a écrit un ouvrage licencieux, Les prisonnières de la chair et la société lui demande des comptes. Il va passer quelques mois de plus à l'ombre.

    Le greffier connu dans tout Montmartre sous le sobriquet de Brigitte n'est pas insensible au charme de notre héros.

    Drôle. Moment récréatif garanti mais inexploitable, les bonnes moeurs sont exigeantes!(11 pages)

     

    Gladys.

    Scènes de la vie parisienne.

     

      

    Ouf! Quelle fin, grandiose.

      

    Une femme et un homme âgés, sur un banc. Le litron qui s'échange et la cigarette faite de mégots dépiautés. Elle a mené grand train, quand elle était une belle jeune femme. Lui était militaire. On le surnomme Saïgon. Ce récit déborde d'humanité, la fin est sordide.(19 pages)

    Noir noir.

     

     

     

     

     

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    Kiki de Montparnasse, née Alice Prin,

    égérie de Man Ray, et modèle de Kisling.

     

     

     

     

     

     

    Dans ses mémoires, Man Ray raconte qu’Alice Prin, dite Kiki de Montparnasse, refusait de poser pour lui, parce que, disait-elle, "un photographe n’enregistrait que la réalité". Relatant sa réponse à Kiki, il poursuit: "Pas moi… je photographiais comme je peignais, transformant le sujet comme le ferait un peintre.

      

    Comme lui, j’idéalisais ou déformais mon sujet".

      

    Le Violon d’Ingres illustre particulièrement ces propos évoquant une photographie à mi-chemin entre la peinture et la reproduction mécanique.

     

     

     

    Le corps de Kiki vu de dos ainsi que la position de sa tête, coiffée d’un turban oriental, rappellent les baigneuses de Ingres, par exemple le personnage situé au premier plan du Bain turc, référence suggérée à Man Ray par la perfection du corps de la jeune femme qui, dit-il, "aurait inspiré n’importe quel peintre académique".

     kiki

     

     

    Grâce aux deux ouïes dessinées à la mine de plomb et à l’encre de Chine sur l’épreuve, le corps est ici métamorphosé en violon.

     

    Man Ray - Kiki de Montparnasse, 1922:

     

    1922 - MAN RAY

     

     

    Si Man Ray joue avec l’expression populaire "avoir un violon d’Ingres", c’est-à-dire un hobbie, qui rappelle qu’Ingres était un fervent violoniste, il entend aussi révéler l’érotisme de la jeune femme et sa propre passion: elle est son violon d’Ingres.

      

      

    Le photographe évoque ainsi le thème de "l’amour fou", qu’André Breton explore à son tour dans l’ouvrage éponyme de 1937.

     

     

    Kiki de Montparnasse

    Kiki de Montparnasse photographiée par Man Ray en 1924

     

    A partir de 1927, le Dôme et la Coupole se partagèrent les personnalités. Au Dôme, Hemingway, Man Ray le photographe, Henry Miller, Blaise Cendrars, Claudel, Jammes, Breton...

     

     

    Man Ray in front of a portrait of Kiki de Montparnasse taken in the 1930s, Paris, 1954 -by Michel Sima:

     

      

    A la Coupole : Cocteau, Radiguet, Aragon, Elsa Triolet, Picasso, Foujita, Zadkine, Kisling, Sartre, Giacometti, Simone de Beauvoir.....

      

      

      

    Durant les années folles, tous se retrouvaient autour d'expositions et de soirées folles : celles de la baronne d'Oettingen, du bal nègre avec Youki et surtout avec Kiki, reine de ces soirées.

     

    Kiki de Montparnasse - 6.8 ko

     

    Sa beauté et sa gentillesse en firent la coqueluche des artistes désargentés.

     

    Elle avait débuté en chantant à la terrasse de la Rotonde et dans une boîte à la mode, le Jockey.

     

    De nombreux peintres la prirent comme modèle : Modigliani, Soutine, Picasso, Foujita, Derain.....

     

    Parmi tous ses amants, Man Ray, le photographe-cinéaste américain l'immortalisa sur pellicule dans un court métrage de 1928, appelé « l'étoile de mer » d'après un poème de Robert Desnos.

     

     

    Kiki de Montparnasse (Alice Prin) photo by Man Ray, 1923:  

     

     Kiki de Montparnasse (Alice Prin) photo by Man Ray, 1923

     

     

    On venait de loin pour la voir et l'entendre, sa photo faisait la une des magazines, elle avait tout : argent, bijoux, fourrures, voitures.

      

      

    Quand survint la Seconde Guerre mondiale, Kiki de Montparnasse vit la fin de sa gloire, puis la tragédie de la décrépitude.

     

    Elle bascula dans la misère, allant d'un café à l'autre, de table en table, pour faire les lignes de la main.

      

    Alice Prin (Kiki de Montparnasse):

     

     

    Alcoolique et droguée, elle mourut en 1953, emportant avec elle le souvenir d'une immense richesse et de la gloire passée de Montparnasse. Seul Foujita, assista à son enterrement au cimetière de Thiais.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    sources

    http://campagne.premiere.free.fr/Kiki.htm

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Nicolas Le Floch entre dans la capitale en octobre 1759. Dès les premières pages de L'Énigme des Blancs-Manteaux, il est conduit à explorer l'espace parisien selon une diagonale, qui le conduit du couvent des Carmes déchaux (au sud-ouest) – où il séjourne quelque temps avant d'entrer au service de Sartine – à la maison des Lardin (au nord-ouest).

     

    À partir du Châtelet, Nicolas explore la capitale en tous sens. Dès la première intrigue, il est conduit à en dépasser les limites, découvrant dans une même journée au nord-est le charnier de Montfaucon – suivre le fil – et, au sud-ouest, les vignes et les moulins qui marquent la limite de Vaugirard – suivre le fil –, tandis qu'il s'aventure ensuite dans le faubourg Saint-Marcel – suivre le fil – et entre dans l'inquiétante Bastille – suivre le fil .

     

     

     

    Si l’on en croit le premier roman, Nicolas – qui a presque vingt-deux ans à la fin de janvier 1761 – serait né à la fin de 1738 ou au début de 1739, mais Le Crime de l’hôtel Saint-Florentin et Le Cadavre anglais mentionnent tous deux qu’il est âgé de trente-quatre ans en octobre 1774, repoussant ainsi sa date de naissance à 1740, ce qui peut apparaître de la part de l’auteur comme une difficulté à assumer le vieillissement de son héros.

     

    Comme beaucoup d’enfants au XVIIIe siècle, Nicolas est un enfant trouvé. Déposé dans la crypte de la collégiale de Guérande, près des « gisants jumeaux » du seigneur de Carné et de sa femme, il a été élevé par le chanoine Le Floch, dont il porte le nom, et sa gouvernante Fine, Mlle Joséphine Pelven, bretonne de Cornouailles. Bien que très strict quant aux principes qu'il lui a inculqués, le chanoine a su prodiguer à Nicolas tout l'amour que ce dernier aurait été en droit d'attendre d'un père : Nicolas ne l'oubliera jamais.

     

     

     

     

    Enfant, il a partagé les jeux des petits paysans, lesquels – comme la soule – étaient plutôt violents : il y a acquis la résistance physique qui lui permet de se livrer, dans les enquêtes, aux acrobaties les plus risquées. Élève au collège des Jésuites de Vannes, il a reçu par ailleurs de son parrain, le marquis de Ranreuil, une éducation de gentilhomme humaniste.

      

    Il sait donc monter à cheval, chasser et manier l’épée. Il a également appris l’anglais, les échecs et lu, de façon très éclectique, les romans de chevalerie et les philosophes des Lumières. Il a aussi appris à cuisiner avec le marquis et la cuisinière du chanoine, Fine.

     

    Devenu clerc de notaire à Rennes, il file le parfait amour avec Isabelle de Ranreuil, la fille de son parrain, lorsque ce dernier l’envoie à Paris en novembre 1759 avec une lettre de recommandation pour M. de Sartine, « magistrat à Paris » et ami du marquis. En attendant sa rencontre avec Sartine, il apprend à déjouer les pièges de la capitale et travaille comme apprenti herboriste aux côtés du père Grégoire, qui l’héberge au couvent des Carmes déchaux.

     

    Ayant enfin eu l’entrevue attendue avec Sartine, il est nommé secrétaire du commissaire Lardin, chez qui il loge jusqu'à la disparition de son hôte, disparition sur laquelle Sartine le chargera d'enquêter : ce sera sa première enquête. Pendant quinze mois, il apprend, grâce à Lardin, le métier de policier et suit par ailleurs des cours de droit chez M. Noblecourt, ancien magistrat, et parfait sa connaissance de Paris.

      

    Au cours de ces quinze premiers mois passés dans la capitale, il a également une liaison avec Antoinette Godelet, jeune femme de chambre de l'épouse du président du Parlement. Il retrouve Antoinette en février 1761. Entretemps, violée par un cousin du président, elle a accouché d'un fils – qu'elle affirme être issu de ce viol – et, l'ayant placé en nourrice à Clamart, elle a dû, pour subvenir à ses besoins, devenir l'une des filles de la Paulet, sous le nom de "la Satin".

    En janvier 1761, à la mort de son tuteur, Nicolas revient à Guérande où son parrain lui interdit de revoir Isabelle. Croyant que le marquis de Ranreuil le méprise, il le quitte sur une violente dispute.

      

    Or, en avril de la même année, à la mort du marquis de Ranreuil, il apprend par le roi que le marquis est son père et Sartine l’informe que sa mère, une fille noble, est morte à sa naissance. Le roi veut lui restituer son nom et ses titres, ce que Nicolas refuse pour ne pas priver sa demi-sœur de son héritage.

    Cependant, Isabelle lui fait parvenir la chevalière de leur père, aux armes du marquis, celle-là même qui lui vaut, dans L'Homme au ventre de plomb, les sarcasmes du comte de Ruissec, et en 1772, elle lui envoie aussi, sans un mot, l’épée de parade du marquis de Ranreuil, afin qu'il la porte.

    Pour le récompenser d'avoir préservé l'honneur de la favorite du moment, Mme de Pompadour, le roi le nomme – au terme de sa première enquête – commissaire de police au Châtelet sous l’autorité directe de Sartine pour les affaires extraordinaires. Bien introduit en cour, Nicolas Le Floch s’occupe dès lors de la sécurité de Versailles.

      

    Il rend des services importants à Mlle Adélaïde (cf. L'Homme au ventre de plomb) ainsi qu'à la nouvelle favorite, la comtesse du Barry (cf. L'Affaire Nicolas Le Floch). Il est invité aux chasses royales car le roi, à qui il rappelle son père, le tient en grande estime, au point de lui confier des tâches d’espion comme celle de négocier un accord avec Théveneau de Morande, ce qui le conduit en janvier 1774 à Londres, où il rencontre le chevalier d'Éon.

      

    Comme il charme Louis XV par le récit qu’il fait de ses enquêtes, le souverain l'appelle familièrement "le petit Ranreuil" et lui témoigne une affection bien réelle. Aussi est-ce à sa demande qu'il assiste La Borde pendant l’agonie du roi.

      

    Cette mort l'affecte profondément mais sa tristesse est balayée par la joie de savoir que Louis, le fils d'Antoinette Godelet, né en décembre 1760, est le sien, ainsi qu'il l'a appris à Londres de la bouche d'une ancienne prostituée du Dauphin couronné. Nicolas reconnaît Louis et aide sa mère, la Satin, à acheter rue du Bac un fonds de commerce d'objets de mode et de toilette.

    Sous Louis XVI

     

      

     

    Le début du nouveau règne est

    marqué par de multiples changements. Les courtisans "vieille cour", tel La Borde, sont écartés et Le Noir succède à Sartine.

     

    La « froide disgrâce » de Nicolas ne dure cependant pas. En octobre 1774, on fait de nouveau appel à lui pour enquêter sur un crime perpétré dans l’hôtel Saint-Florentin et il s'avère que Louis XVI, fidèle à la mémoire de son grand-père, le tient en grande estime. Il redevient un courtisan apprécié, cultivant les usages de la "nouvelle cour".

      

    C'est d'ailleurs au cours d'un voyage à Versailles qu'il rencontre Aimée d'Arranet, dont il tombe éperdument amoureux dès le premier regard. Convié chez M. d'Arranet, il est au désespoir de ne pas y voir la jeune femme mais, au sortir de l'hôtel d'Arranet, il est – une fois de plus – victime d’une tentative d’attentat, dont il ne ressort que légèrement blessé mais qui scelle leur amour.

    En mars 1775, Le Noir étant atteint d'une maladie de peau, Sartine assure l'intérim du lieutenant général de police. Arguant des précédents succès de son ancien commissaire, il envoie celui-ci démêler à Vienne – sous couvert de convoyer un buste en Sèvres de la reine – un problème de chiffre diplomatique. Lorsque Nicolas revient à Paris le 30 avril, tout va mal : il apprend que son propre fils a disparu et, dans la nuit, un meurtre est commis dans la boulangerie qui occupe le rez-de-chaussée de la maison de M. de Noblecourt, rue Montmartre, où Nicolas a établi ses quartiers depuis la disparition de Lardin, en 1761.

      

    Dans les jours qui suivent, le commissaire au Châtelet prend aussi la mesure de la Guerre des farines, qui déstabilise le pouvoir. Le 2 mai, Louis XVI lui dicte un billet à l'intention de Turgot. Or, si le scripteur est fictif, le billet est authentique, inscrivant Nicolas dans l'Histoire et soulignant, de ce fait, la confiance qu'il a acquise auprès du souverain, qui a quinze ans de moins que lui.

    Pendant les émeutes de mai 1775, Le Noir est remplacé par un nouveau lieutenant général de police, Albert, qui ne paraît guère apprécier Nicolas. Heureusement, Albert ayant démérité en tant que lieutenant général de police, Le Noir est réintégré dans cette fonction en juin 1776. Fin décembre 1776, Nicolas est chargé d’aller accueillir à Saint-Goustan Benjamin Franklin, « ambassadeur officieux des rebelles américains », et de l'escorter jusqu'à Paris (Le Cadavre anglais).

      

    À l'aller, il rend visite au duc de Choiseul, à Chanteloup, près d’Amboise, afin de lui remettre une lettre de Sartine. Il rend ensuite visite à sa sœur, devenue religieuse à Fontevraud, et lui présente son fils Louis, qui l’accompagne. Il se rend enfin à Ranreuil, où il contrôle le travail de l’intendant qui gère son domaine. En 1777, noble éclairé, il remet « en raison des maladies qui ont frappé le bétail » les redevances des fermiers, qui sont en fait ses anciens compagnons de jeu sur les bords de la Vilaine.

    De plus en plus proche du souverain, il participe très fréquemment aux chasses royales, ce qui lui donne l'occasion de sauver le roi, à Versailles, de la charge d’un cerf. Ce haut fait le hisse au rang d’informateur secret au monarque. Il a dès lors acquis le droit d’assister au petit lever, « le comble de la faveur ». Il est aussi décoré de l’ordre de Saint-Michel « le grand cordon noir auquel était suspendue une croix de Malte, émaillée de blanc et de vert, anglée de lys, avec l’image de l’archange patron protecteur du royaume » (Le Cadavre anglais).

    Au début du mois d'avril 1777, Nicolas est reçu, avec Semacgus, à Berlin, par le marquis de Pons, ambassadeur de France.

    En 1778, il est chargé de la sécurité de la reine quand elle vient faire la fête à Paris car il est le seul que Marie-Antoinette tolère à sa suite (Le Noyé du Grand-Canal). En février, il surveille ainsi le bal de l’Opéra.

    Le 27 juillet 1778, il assiste à la bataille d’Ouessant sur le pont du Saint-Esprit, navire du duc de Chartres qu’il surveille. Après la bataille, le roi le fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis.

    Dans L'Honneur de Sartine, il ne sait toujours pas qui est sa mère, ni si elle vit encore. Or le 9 juin 1780, il rencontre à l'abbaye de Saint-Denis Madame Louise, qui lui remet, de la part d'une carmélite, un brevet de lieutenant au régiment des carabiniers de Monsieur au nom de Louis de Ranreuil, ainsi qu'un paquet contenant un reliquaire portatif, entouré de formules mystérieuses : "Ce que je vous demande, c'est de vous souvenir de moi à l'autel de Dieu" et " Que rien ne te trouble / La patience triomphe de tout / Dieu seul suffit." Qui donc veille, dans le plus grand secret, au parcours de Nicolas et de son fils ?

    L'entrevue avec Mme Louise nous apprend en outre les raisons de l'incident qui a conduit Marie-Antoinette à surnommer Nicolas – depuis 1770 – "le cavalier de Compiègne". Ce qui était passé aux yeux de tous comme une maladresse n'était en fait que le moyen de sauver Madame Louise, en grand danger d'être écrasée par une voiture.

    En 1782, dans L'Enquête russe, Nicolas est souvent proche de la tentation de tout abandonner pour rejoindre son château de Ranreuil :

    « Avec l’acuité de quelqu’un accoutumé dès l’enfance aux examens de conscience, il en vint à jeter sur son existence un regard en perspective qui accrut encore son malaise. Toujours à la poursuite du crime, toujours hanté par les différents visages de la mort, toujours témoin des formes les plus achevées de la bassesse, du lucre et du crime, baignant dans l’atroce et l’insoutenable, conduit par ses enquêtes, malgré qu’il en eût, à porter sur la société du royaume une attention de plus en plus critique, même s’il n’en tirait pas les conséquences nécessaires, Nicolas Le Floch doutait soudain de tout. La tentation du libre océan le saisissait dans une nostalgie de vert et d’embruns salés. Que ne repartait-il en Bretagne, à Ranreuil, dans la vieille forteresse de ses ancêtres, sentinelle des marais ? Il prendrait soin de ses terres et surtout de ceux qui y travaillaient. Il se consacrerait à améliorer les choses. Quelle plus belle ambition qu’essayer d’apporter un peu plus de bonheur aux siens ? Il lirait et méditerait, chasserait, pêcherait, suivrait de loin la carrière de Louis. »

    Il songe avec nostalgie aux livres de la bibliothèque du château de Ranreuil. Il doute aussi de son amour pour Aimée d’Arranet et pense de plus en plus à la Satin : « A l’amour, feu couvant, qu’il continuait à lui porter, s’ajoutaient une estime, un respect et une admiration qui ne faisaient que croître. »

    Il est pourtant de plus en plus accepté à la cour où la reine, moins frivole, le prie d’être son cavalier pour une contredanse.

    « Ce marquis de Ranreuil qui avait un jour surgi à la cour du feu roi, on le réputait redoutable et cela d’autant plus qu’il avait langue avec les plus influents des entours du trône. Cependant Nicolas ne s’était jamais leurré sur la quasi-imposture de sa propre condition, un bâtard certes reconnu, dont le fils était né d’une fille galante. Si rien n’avait jamais transpiré de cette situation, c’était sans doute que la crainte fermait les bouches. »

    Il est enlevé par deux agents russes en sortant d’un bal à Versailles et sauvé par les agents de Sartine. À la fin de L’Enquête russe, enquête qu’il a résolue, le grand-duc Paul lui remet la croix de chevalier de l’ordre de Saint-André avec l’autorisation du roi Louis XVI.

     

     

    Sources

    http://www.nicolaslefloch.fr/Histoires/biographie-de-Nicolas-le-floch.html#Haut

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    La légende du fantôme des Tuileries

     

     

    L’histoire du palais des Tuileries est liée à une légende, celle du petit homme rouge des Tuileries.

    Nous sommes en 1564, Catherine de Médicis, Reine de France, se lance dans un projet pharaonique: transformer les fabriques de tuiles du bord de la Seine en demeure royale.

    Après la construction de son palais, celle-ci vint y vivre ; mais aussitôt, elle prit ce séjour en horreur et le quitta pour toujours.

    Elle déclara qu’un fantôme, aux apparitions prophétiques, rodait dans le palais et qu’il lui avait prédit qu’elle mourrait près de Saint-Germain. le spectre diabolique des tuileries portait comme uniforme … un costume rouge couleur sang !

     

     

    Cette légende du fantôme des Tuileries vient en réalité de Jean dit l’Ecorcheur, un boucher désosseur, qui vécut au temps de Catherine de Médicis et qui travaillait dans l’abattoir à proximité du palais. Celui-ci aurait été égorgé par un certain Neuville, sur demande de Catherine de Médicis au motif qu’il connaissait plusieurs secrets de la couronne.

      

    Au moment de mourir, il aurait promis à Neuville qu’il reviendrait d’entre les morts. Il ne tarda pas à tenir sa promesse … alors que Neuville s’en retournait pour rendre compte de l’accomplissement de sa mission à la Reine, il sentit derrière lui comme une présence. Il se retourna et découvrit, avec horreur, Jean qui se tenait là, debout, baignant dans son sang.

    Le fantôme aurait prévenu l’astrologue de Catherine de Médicis du danger imminent qui la guettait : “La construction des Tuileries la mènera à sa perte, elle va mourir”. Le petit homme rouge hanta les nuits de la Reine jusqu’à sa mort, le 5 janvier 1589 à Blois.

     

     

    homme-rouge-tuileries

     

    A partir de cet instant et au fil des siècles, le fantôme des Tuileries devint la terreur du palais des Tuileries en annonçant toujours un drame à celui à qui il apparaissait.

    Ainsi, en juillet 1792, il apparaît à la Reine Marie-Antoinette, peu de temps avant la chute de la Monarchie. La légende dit que Marie-Antoinette aurait même demandé au Comte de Saint-Germain, magicien de l’époque, de la protéger du fantôme des Tuileries. Les formules magiques n’y feront rien, le fantôme l’accompagnera jusqu’à sa condamnation à mort en 1793.

     

    legende-petit-homme-rouge-tuileries

     

    Plus tard, en 1815, c’est à Napoléon Ier qu’il apparaît, quelques semaines avant la bataille de Waterloo. Enfin, il apparut en 1824 à Louis XVIII et à son frère le comte d’Artois, quelques jours avant la mort du premier.

      

    Les prophéties du petit homme rouge étaient implacables.

    Le dernier chapitre de cette légende se passe le 23 mai 1871… en plein insurrection des communards à Paris.

     

    Le Palais des Tuileries fut alors incendié pendant trois jours consécutifs. Le feu détruisit la totalité du bâtiment.

      

    La silhouette du petit homme rouge fut observée par plusieurs témoins avant de disparaître à jamais dans les flammes.

     

     

     

     

    Sources

    http://www.pariszigzag.fr/histoire-insolite-paris/fantome-des-tuileries

     

     

     

     

     

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    EUGENE ATGET 1890

    La vie d'Eugène Atget
    par Guillaume Le Gall

     

    Atget et le théâtre

    Issu d'une famille modeste (son père était carrossier), Jean Eugène Auguste Atget est né à Libourne le 12 février 1857.
      
    Après avoir été élevé par ses grands-parents à Bordeaux, il s'engage comme marin sur des bateaux de commerce. Il s'installe en 1878 à Paris dans l'espoir devenir acteur au Conservatoire national de musique et d'art dramatique.
      
    Après un premier échec, il entre en 1879 dans la classe d'Edmond Got, célèbre comédien à la Comédie-Française.
     
    Mais, très vite, ses obligations militaires l’empêchent de mener à bien ses études et, en 1881, il se fait définitivement exclure du cours. Il engage alors une carrière d'acteur ambulant jusqu’en 1887, date à laquelle une affection à la gorge l'oblige à abandonner le théâtre.
      
    Un an après ses déboires, Atget se consacre simultanément à la peinture et à la photographie. Il choisit finalement de commencer une carrière de photographe professionnel en 1890.
     
     
    En marge de son nouveau métier, Atget continue de s’intéresser au théâtre. Il se déclare en effet lui-même “artiste dramatique” jusqu’en 1912, date à laquelle il prend le titre d’“auteur-éditeur d’un recueil photographique du vieux Paris”.
      
      
    Enfin, de 1904 à 1913, parallèlement à son activité de photographe, il donne des conférences sur le théâtre dans les universités populaires, à la Maison du peuple, à la Coopérative socialiste et à l’École des hautes études en sciences sociales.
      
    Du théâtre, Atget garda un goût prononcé qu’il traduisit sur ses photographies par de constantes analogies entre les deux activités. Sa carrière théâtrale fut donc courte, mais prolongée, en quelque sorte, sous des formes diverses.
     
     
     

     

    Les débuts de la photographie (1890- 1910)

    Eugène Atget commence la photographie dans la Somme aux alentours de l'année 1888.
      
    Dès 1890, il revient à Paris où il s'installe comme photographe professionnel voulant, d'après l'inscription sur sa porte (au 5, rue de la Pitié), produire des “Documents pour artistes”.
      
    Une annonce à caractère commercial datée du mois de février 1892 décrit son travail en ces termes :
      
    “Paysages, animaux, fleurs, monuments, documents, premiers plans pour artistes, reproductions de tableaux, déplacements. Collection n'étant pas dans le commerce.”
     

     
     
     
    Eugène Atget
     
     
     
     
    Dès 1897, à une époque où la sauvegarde du vieux Paris devient une cause défendue par un nombre croissant d’historiens et gens de lettres, Atget commence à photographier les quartiers anciens de la capitale.
      
    Il entreprend aussi de décrire la vie quotidienne de ces quartiers et, en particulier, de représenter les petits métiers condamnés par le nouveau développement du commerce des grands magasins.
     
     
     
     
     
     
    Eugène Atget
    Un pique-nique en famille à la porte d'Arcueil. Juin 1899
     
     
    Habitué à produire des premiers plans qu'il exécute pour les artistes peintres et dessinateurs, Atget s'attarde à partir de 1901 sur des détails décoratifs de l'architecture ancienne, tels les heurtoirs de portes, des pièces forgées ou encore des éléments sculpturaux qu'il regroupera dans une série intitulée Art dans le vieux Paris.
     
     
     
     
     
    Eugène Atget
    Escalier. Hôtel de Bauffrémont, 87 rue de Grenelle 1901
     
     
    Après quelques succès commerciaux (il commence à vendre aux institutions publiques dès 1898), Atget va développer son travail sur les cours, les escaliers, les églises et les hôtels particuliers, bref, tout ce qui à ses yeux présente un intérêt artistique et historique dans Paris.
      
    Le photographe élargit aussi son champ d’investigation aux environs de Paris comme Versailles, Sceaux, Saint-Cloud et la banlieue proche.
     
     
     

      

      

    La maturité (1910- 1927)

    À partir de l'année 1910, Atget envisage son travail d'une manière plus construite et afin de donner un sens général à son œuvre déjà bien avancée.
      
    Dans ce but, il commence à regrouper des séries ou sous-séries sous la forme d'albums de confection artisanale (L'Art dans le vieux Paris, Intérieurs parisiens, La Voiture à Paris, Métiers, boutiques et étalages de Paris, Enseignes et vieilles boutiques de Paris, Zoniers, Fortifications). En pratique, ces albums lui permettaient de présenter son travail à ses clients.
     
     
     
     
     
    Eugène Atget 1910
    Intérieur de M. R., artiste dramatique, rue Vavin
    (Il s'agit en fait du propre intérieur d'Atget qui donne un titre faux pour brouiller les pistes.)
     
     
    Ceux-ci choisissaient des épreuves que le photographe remplaçait au fur et à mesure des ventes. Au-delà de l'aspect fonctionnel, Atget espérait éditer ces albums comme les primitifs de la photographie l'avaient déjà fait avant lui. Atget se définissait d'ailleurs lui-même comme un “auteur-éditeur d'un recueil photographique du vieux Paris”. Ses projets d'édition ne verront jamais le jour, mais L'Art dans le vieux Paris est, à ce titre, un exemple accompli en matière de mise en page.
     

     
     
     
     
    Eugène Atget
     
    Petit intérieur d'un artiste dramatique : M. R., rue Vavin
    (Il s'agit en fait du propre intérieur d'Atget, 17bis rue Campagne-Première, qui donne un titre faux pour brouiller les pistes.) 1910
     
     
    Quand la guerre éclate en 1914, Atget ne prend presque plus de photographies et consacre son temps à l'organisation et au classement de son œuvre. En 1920, se voyant vieillir, il s'inquiète du sort de son immense production (plus de huit mille clichés à la fin de sa vie) et engage une démarche auprès de Paul Léon, directeur des Beaux-Arts en lui proposant l'achat de sa collection sur L'Art dans le vieux Paris et Le Paris pittoresque (2 621 négatifs). Il écrit :
     
    “Marchant vers l'âge, c'est-à-dire vers 70 ans, n'ayant après moi ni héritier, ni successeur, je suis inquiet et tourmenté sur l'avenir de cette belle collection de clichés qui peut tomber dans des mains n'en connaissant pas la valeur et finalement disparaître, sans profits pour personne.”
     
    Durant la dernière période de sa vie, Atget photographie peu, mais développe avec ses séries des parcs et des vitrines un style tout à fait original.
     
     

     

     

    Intérieur du Photographe

     

    SOURCES - superbe blog

    http://expositions.bnf.fr/atget/arret/02.htm

     

    D.R.

    http://oeil.eklablog.fr/eugene-atget-portrait-i-la-vie-a46989331#

     

     

     

     

     

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