Brève histoire du quartier du Marais
Inscrit dans le triangle formé par l’Hôtel de Ville, la place de la Bastille et la place de la République, le quartier du Marais constitue le cœur préservé du Paris historique. Il est à cheval sur une partie des IIIe et IVe arrondissements de Paris.
L‘agglomération parisienne primitive (l’oppidum celte des Parisis fondé au IIème siècle av. JC) occupait l’île de la Cité. Sur la rive gauche s’est développée, au Ier siècle av. JC, une ville gallo-romaine (aujourd’hui le Quartier Latin). Plus tard la rive droite, composée essentiellement de marais, a été investie. C’est ici que s’est développée au XIème et XIIème siècle une agglomération marchande, qui devient la ville par excellence avec l’Hôtel de Ville et le « ventre de Paris »: les Halles. Le développement de la rive droite est attesté par la création de l’enceinte dite de Charles V, qui ne double celle de Philippe Auguste que sur cette rive. Cette enceinte est commencée en 1356 par le prévôt Etienne Marcel. Le Louvre est désormais « en ville », tandis que Charles V crée, à l’est, la Bastille.
L‘hôtel de St Pol, nouvelle résidence du roi, se situait dans le Marais, zone nouvellement enclose par l’enceinte. La vocation de ce nouveau quartier est déterminée par l’implantation dès le XIIIème siècle, de demeures princières, toutes disparues. Des lotissements du milieu du XVIème siècle sont sortis les premiers hôtels qui ont été conservés à peu près intacts, comme l’hôtel Carnavalet (aujourd’hui Musée historique de la ville de Paris). La création de la place Royale (actuelle place des Vosges) par Henri IV a donné l’impulsion décisive qui a fait la fortune aristocratique du quartier pendant tout le XVIIème siècle.
Au XVIIIème siècle la mode du Marais passe à l’Ouest, même si dans les premières années on construit encore d’importants hôtels comme l’hôtel de Soubise (aujourd’hui les Archives Nationales). Du XIXème jusqu’au milieu du XXème siècle, le Marais devient un quartier composé d’ateliers qui s’installent dans les anciens hôtels particuliers délaissés. On y trouve pratiquement toutes les professions : métallier, bijoutier, maroquinier, tailleur,…. A cette époque le quartier constitue un vrai village. Les habitants vivent fenêtres ouvertes. Les nouvelles se colportent oralement. Les cafés sont les lieux de rencontre des différents corps de métiers. Qui se souvient que le « Café de la Tourelle », à l’angle de la rue des Franc-bourgeois et de la rue Vieille du Temple, est le rendez-vous des casquettiers. A côté de cet aspect positif et du caractère vraiment populaire de ce quartier, on ne peut éluder l’état de délabrement des immeubles, l’insalubrité de la plupart des logements.
Hotel de Sens
Une histoire ancienne
Vers 880, Charles le Chauve fait don de ces terrains à l'abbaye Sainte-Opportune. Le marécage est asséché pour devenir une terre labourable et fruitière, encore situées hors la ville. C'est Charles V (1338 - 1330) qui annexe le quartier à la capitale, en faisant construire une enceinte sur les boulevards du Temple, de Beaumarchais et des Filles-du-calvaire, achevant ainsi les nouveaux remparts de Paris. Sur les marécages asséchés s'élèvent alors les premières constructions. L'histoire du Marais peut commencer et, peu à peu, le quartier va se transformer sous l'influence des rois de France successifs.
Une des artères historique du Marais est la rue des archives qui regroupe depuis des siècles plusieurs sites incontournables. Les Archives Nationales sont installées ici depuis 1808. Cette rue assure également la liaison avec le quartier du Temple, dont les terrains furent la propriété des Templiers au XIIIe siècle. Autre axe important, la rue des enfants rouges garde le souvenir de l'hôpital des enfants dieux crée par François Ier, pour accueillir des orphelins vêtus de rouges. Fermé en 1772, cette rue laisse place aujourd'hui au marché des enfants rouges, le plus vieux marché de Paris, aujourd'hui totalement rénové et couvert.
Jacques de Vaucanson
Les grands hôtels particuliers des XVI et XVII ème siècles
Créée sous Henry IV, la place royale, aujourd'hui Place des Vosges, fut un lieu prisé des ambassadeurs et de l'aristocratie princière qui y faisaient étalage de leur puissance. S'édifièrent ainsi de nombreux hôtels particuliers à la française, où l'on faisait salon. Après la révolution et la fuite de ses nobles propriétaires, ce quartier fut déserté pour devenir plus populaire et artisan. Les bâtis vont se dégrader progressivement.
Hôtel de Mongelas (Musée de la chasse et de la nature), Hôtel de Saint-Aignan, de Rohan, de Retz, Hôtel de Marle (centre culturel suèdois), Hôtel salé (Musée Picasso)... Nous n'en finirions pas de les citer tous. Aujourd'hui rénovés, un bon nombre d'entre eux abritent des activités culturelles et parfois commerciales ou artisanales. En empruntant la rue des Francs-bourgeois, la rue Vieille du Temple, et celle des Archives, et en quadrillant ainsi le quartier vous ne compterez plus ses maisons résidentielles dont le bâti donne du cachet à l'un des plus vieux quartiers de Paris, qui a bénéficié d'un statut spécifique de réhabilitation, lui offrant ainsi bon nombre de subventions pour se refaire une beauté.
La maison de Victor Hugo.
L’auteur de Notre-Dame de Paris, de Ruy Blas, des Misérables a eu besoin d’espace pour faire vivre sa créativité. L’appartement qu’il loue dans cet hôtel particulier de Rohan-Guéménée, est d’une superficie de 280 m². Il s’y installe à l’âge de trente ans avec sa femme Adélaïde et leurs quatre enfants. Le logement fait office de musée désormais, et nous découvrons l’univers dans lequel a évolué la famille Hugo. L’aménagement de la maison n’est pas d’origine, il a été repensé en 1983. Les visiteurs du jour ne découvrent pas totalement le personnage Hugo. « Je savais que c'était un homme politique qui a connu l'exil, confie Laura, étudiante en pharmacie et originaire d’Espagne. Il était également un écrivain très important et très connu ». La notoriété de l’homme public est indéniable. Sa vie privée est moins connue du grand public. « Je connaissais ses principaux ouvrages mais très peu sa vie privée , reconnaît William, étudiant mexicain en Master 2 en Sociologie politique comparative à Nanterre. Je voulais en savoir plus sur son histoire et sa famille
Le quartier du Marais à Paris a traversé toutes les époques de l'histoire de France. Toujours présent, toujours vivant, ce cœur de la capitale se fait et se défait au gré des âges et des modes parisiennes. Tantôt bourgeois et aristocrate, tantôt populaire, le Marais se transforme et se rénove en préservant ses anciens immeubles et hôtels particuliers. Pour la joie et la curiosité des touristes, toujours aussi nombreux à le visiter.
La rue Saint-Antoine , l’une des plus anciennes voies de Paris, entraîne les jeunes vers l’hôtel de Sully. Elle date de l’époque Gallo-romaine et relie l’Hôtel de Ville à la Bastille. Cinq ans ont été nécessaires pour la construction de l’hôtel de Sully. Quatre ans après sa construction, en 1634, le duc de Sully le rachète pour en faire un centre de vie mondaine et intellectuelle du Marais. Depuis 1965, la Caisse Nationale des Monuments Historiques s’y est installée. Au fond du jardin, on découvre une des dernières orangeries de Paris avec un petit passage vers la place des Vosges.
Sylvie poursuit ses explications et fait découvrir à ses troupes l’église Saint-Paul- Saint-Louis. Construite entre 1627 et 1641, par les jésuites, elle a pour objectif d’impressionner ses fidèles. Une fois à l’intérieur, l’obscurité inattendue surprend mais n’empêche pas de découvrir la coupole de 55 mètres.
Le quartier n’est pas inconnu du groupe qui majoritairement est déjà venu. "J'étais déjà allée sur la place de la Bastille et à l'église Saint Gervais-Saint-Protais, la dernière église de la visite", explique Laura. Son amie Carmen, reconnaît néanmoins qu’elle ne connaissait pas le quartier en détail avant la visite.
La rue François Miron où vécut Mozart en 1763, nous mène à l’hôtel Hénault de Cantorbe qui abrite la maison européenne de la photographie. La visite du lieu n’est pas prévue et l’équipe se retrouve devant l’Hôtel de Sens, sorte de forteresse construite de 1475 à 1519. Mélange entre les style gothique et renaissance, il a abrité une fabrique de confitures entre autres avant d’accueillir la bibliothèque Forney dédiée aux arts et techniques.
La fin des années 1970 marquera un « virage », les immeubles vont être petit à petit réhabilités et le Marais va retrouver sa majesté architecturale. Hélas ce changement radical va chasser ce qui faisait le tissu de ce quartier : petit à petit les ateliers et les commerces ferment. Pour beaucoup d’anciens habitants le Marais devient un musée sans vie au fur et à mesure des réhabilitations d’hôtels.
sources : diverses - photos google.