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    Le Petit Journal

    SUPPLÉMENT ILLUSTRE

     

      D'MANDEZ LES DERNIÈRES NOUVELLES !  



    Le public est toujours extrêmement curieux de ce qui se passe dans les journaux et pourtant, depuis qu'il existe des feuilles publiques, on a mis en circulation tant de légendes que personne, sauf les professionnels, ne sait exactement ce qu'est ce formidable organisme; un journal moderne !
    Notre collaborateur va promener, par la pensée, ses lecteurs dans les principaux services du Petit journal ; pour illustrer ses explications nous publions ci-après quelques photographies qui permettront à chacun d'apprécier la tâche de ceux qui sont chargés d'éclairer l'opinion publique.


    Comment on fait un numéro d'un grand journal d'informations
    Vous habitez, à Paris, un quartier de la périphérie, ou bien vous êtes installé dans une ville des départements. Il est huit heures du matin. On vous apporte le Petit Journal qui, d'ailleurs, depuis une heure ou deux, était sur le paillasson, devant votre porte ou dans la loge de votre concierge.

    Vous le dépliez. Vous y jetez un coup d'œil. Aussitôt, vous savez que, la veille, à onze heures du soir, le boxeur Criqui a battu Kilbane, à New-York, qu'un grand crime a été commis aux environs de Versailles, sur le coup de deux heures du matin, qu'un bijoutier de la rue, de la Paix s'est aperçu, à l'aube, qu'il avait été cambriolé. En troisième page, on vous annonce une éruption de l'Etna.
    Vous avez beau être blasé.

    Vous avez beau, peut-être, avoir des préjugés sur les journalistes et répéter, sans y attacher d'ailleurs autrement d'importance, des plaisanteries sur leur façon de travailler. Les jours où l'actualité est aussi chargée, vous avez un mouvement d'étonnement. Et vous vous dites :


    - Comment font-ils pour savoir tout ça ? Comment font-ils pour me le rapporter si vite ? Comment font-ils - puisqu'il y a des photos dans mon journal pour me le faire voir ?
    Si vous le voulez, ami lecteur, nous allons tâcher de satisfaire rapidement votre curiosité. Nous allons vous montrer comment on fait un numéro d'un grand,'journal d'informations. Nous allons, comme on dit vulgairement, « débiner nos trucs ». Si la promenade vous intéresse, suivez le guide.


    Les sources des renseignements

    Pour publier un journal rempli d'informations intéressantes, il faut savoir les recueillir à la source et n'en « rater » aucune. Il faut donc avoir des « yeux » et des « oreilles » dans tous les endroits où il peut se passer quelque chose, où, tout au moins parvient le premier écho d'un événement.
    C'est pourquoi, rien qu'à Paris les informateurs du
    Petit Journal qui passent leur journée au dehors sont extrêmement nombreux.

    Il y a d'abord les préfecturiers, qui demeurent en permanence à la Préfecture de Police pour y récolter toutes les « affaires » dont les limiers du quai des Orfèvres ont à s'occuper. D'autres rédacteurs font « la tournée des commissariats » pour s'y tenir au courant des faits divers moins importants.

      

    D'autres rendent visite aux bureaux de la Sûreté générale et à ceux de la brigade mobile afin de s'y renseigner sur les recherches et les enquêtes Policières en cours.

    La Chambre et le Sénat ont leurs tribuniers et leurs couloiristes chargés, les uns, de faire le compte rendu des séances publiques, les autres d'informer le journal sur les travaux des commissions, les réunions, des groupes, les manoeuvres en préparation et les menus potins de la politique. D'autres informateurs sont attachés: à l'Élysée et aux divers ministères. Ils ont mission d'y recueillir les renseignements concernant

    Un des ateliers de Photogravure où l'activité se poursuit nuit et jour.

    les conseils des ministres, les projets de lois à l'étude, les mesures administratives en cours d'exécution. Tout ce personnel a à sa disposition des téléphonistes et des sténographes. Il fait partie du service politique qui a son centre aux bureaux du journal.

    Au Palais de Justice se tiennent les rédacteurs qui font le compte rendu des procès et ceux qui suivent les instructions des affaires criminelles et correctionnelles.
    Ceux qui s'occupent des faits et gestes du Conseil municipal sont en Permanence â l'Hôtel de ville.

    D'autres se tiennent à la Bourse pour se renseigner sur le cours des valeurs et celui du change. D'autres sont en liaison avec tous les organismes industriels, commerciaux, agricoles, scientifiques. Ils forment les services techniques de notre journal.

    Les courses de chevaux sont justiciables de notre service hippique.
    Les aérodromes, les stades, les rings de boxe, les courts de tennis, les terrains de foot-ball, les pistes et les routes où circulent les coureurs sont placés sous la surveillance de notre service sportif qui est un des mieux agencés de tous ceux qui existent dans la presse, y compris la presse purement sportive.

     

    En haut, le service dactylographique où sont reçus et recopiés les message de nos correspondants de province.
    Au milieu, le standard téléphonique où deux employées se relayent sans interruption.
    Un coin d'une des salles de rédaction.

    Des rédacteurs spécialisés s'occupent des académies, des universités, des écoles, dit mouvement social, des salons et des expositions artistiques, des théâtres et des music-halls, des concerts, des livres, de la mode. Bref toutes les activités humaines sont observées attentivement par nous et aucune de leurs manifestations ne doit nous échapper.

    En dehors des spécialistes que l'argot journalistique nomme des rubriquards, il existe tout une équipe de rédacteurs «volants », les reporters, toujours prêts à s'élancer vers les endroits ou il se passe quelque chose et où nous n'avons pas d'observateur fixe, ou à partir, comme envoyés spéciaux, pour n'importe quel lieu de la terre. Les reporters, souples et habiles par définition, comptent parmi les collaborateurs les plus précieux du journal.

    Nous avons décrit sommairement quelques-uns des différents services installés à Paris et qui recueillent les informations parisiennes. Il faut y ajouter le service de la banlieue, avec ses reporters chargés de rassembler les nouvelles provenant des alentours de la capitale ; le service des départements qui est en relations télégraphiques et téléphoniques avec des correspondants établis dans toutes les villes et même les bourgades de France ; enfin le considérable service de l'étranger, chargé de réunir toits les renseignements envoyés par les correspondants des deux mondes et de les présenter à notre public.

    Cette énumération de sources de renseignements serait encore incomplète si nous ne signalions pas l'existence de notre bibliothèque et de nos archives, admirablement classées, qui nous permettent de retrouver par exemple, en quelques instants, avec documents photographiques à l'appui, les origines de n'importe quelle affaire criminelle plaidée en cour d'assises, ou de dresser, en cinq minutes, la biographie d'un personnage important qui vient de mourir.
    Quant à notre
    service photographique, son rôle, au point de vite de la récolte des renseignements par l'image, est très analogue à celui de notre rédaction et il a, comme elle, ses reporters et ses correspondants.

     

    Une Section du Service des abonnements.

    Le fonctionnement des services

    Ce que nous venons de décrire sommairement, c'est en quelque sorte l'anatomie de quelques-uns de nos différents services. Reste à en expliquer la physiologie, autrement dit le fonctionnement. Chemin faisant, nous aurons encore à décrire plusieurs organismes qui servent à transformer la chose vue ou entendue en nouvelle imprimée et dont le public connaît très imparfaitement le rôle.

    Mais il nous faut d'abord parler de quelques hommes qui sont l'âme même dit journal. Ce sont d'abord le directeur, le rédacteur en chef et le secrétaire général, trinité indissoluble et toute-puissante dont les délibérations servent à donner au journal son cachet personnel, à chaque numéro sa physionomie particulière.

    Le chef des informations apporte une base à leurs travaux et tient compte ensuite de leurs conseils. C'est à lui qu'il appartient de prévoir tous les événements prévisibles et d'en assurer le compte rendu. Mais ce n'est là que la partie la plus facile de sa tâche. Il doit aussi avoir toujours sous la main les troupes informatrices nécessaires pour courir immédiatement vers n'importe quel endroit où il se passe quelque chose d'imprévu. Il centralise tous les renseignements qui lui parviennent. Il provoque des compléments d'enquête. Il aiguillonne constamment toute la rédaction du journal.
    Représentons-nous le chef des informations à sa table. La journée est commencée. Il a en main le programme - encore incomplet - du prochain numéro.

     

    En haut, le service des abonnements et des petites annonces.
    Dans le médaillon, l'antichambre directoriale.
    En bas, une partie du grand hall de la rue La Fayette.

      

    Il a en tète les directives générales, qui lui ont, été données. A chaque instant, on lui apporte des « papiers » C'est le compte rendu de la Chambre et du Sénat, téléphoné de quart d'heure en quart d'heure, à mesure que la séance se déroule, à l'aide de notre fil téléphonique spécial, et recueilli par nos sténo-dactylographes. C'est le compte rendu des procès en cours, expédié dans les mêmes conditions.

    Ce sont les nouvelles de toutes sortes, envoyées des départements et de l'étranger, par des dépêches que les petits télégraphistes n'ont pas la peine de nous apporter, car elles sont recueillies directement par le central télégraphique installé dans notre journal. L'arrivée des nouvelles se fait normalement. La journée s'avance. Tout va bien.

    Tout à coup, un de nos rédacteurs téléphone au chef des informations dix lignes sensationnelles : la Sûreté générale est sur la piste d'un assassin qui vient d'étrangler trois femmes, quelque part, très loin de Paris, mettons par exemple à Morlaix, dans le Finistère. Suivent les noms et les adresses des victimes, ainsi que quelques renseignements très succints les concernant et un signalement sommaire Lire du criminel.

    Sans perdre un instant, le chef des informations expédie un envoyé spécial et un photographe à Morlaix, par le premier train. Il envoie trois rédacteurs dans Paris et dans la banlieue pour rechercher des parents des victimes qui se trouvent y habiter, pour les interroger et pour se procurer, si possible, des photos des pauvres femmes étranglées. Un quatrième rédacteur part à la poursuite des policiers chargés de l'enquête, avec mission de leur arracher des confidences

     

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    Un coin du Service d'Expédition du Petit Journal

      

    Puis, le chef des informations se rassied et attend... Il n'attend pas longtemps... Déjà, notre correspondant de Morlaix vient de lui adresser un télégramme qui donne les premiers détails sur l'étrangleur. Une heure après, les reporters en chasse dans Paris téléphonent des interviews. Une ou deux photos arrivent. Dans la nuit, notre envoyé spécial télégraphie d'amples renseignements et notre photographe - qui a opéré au magnésium --- expédie des clichés sensationnels.

    Ainsi les éléments d'une enquête approfondie parviennent, les uns après les autres, sur la table du chef des informations. A mesure qu' ils arrivent, ils sont soumis - ainsi d'ailleurs que tous les autres «Papiers » destinés à paraître dans le journal - à notre service de révision qui, suivant les indications du chef des informations, les résume, les met au point, les débarrassé des erreurs qui ont pu s'y glisser au cours de la transmission.

    Une fois révisé, chaque « papier » descend à la « composition » où il se trouve prêt à être inséré dans les éditions successives du journal, qui absorbent ainsi les nouvelles à mesure qu'elles sont constituées. -

    Pendant ce temps, le service photographique n'est pas resté inactif. Nos « tireurs » ont « contretypé » les photos qui leur sont parvenues, développé les plaques, exécuté des épreuves par des procédés quasi instantanés. Les épreuves encore humides sont

    En haut, à gauche, une presse Marinoni.
    En haut, à droite, une rangée de linotypes.
    En bas, le « marbre », partie de l'atelier de composition où se fait la mise en pages

    apportées au secrétaire général, qui choisit les meilleures et indique la façon dont elles devront être présentées dans le journal. Séchées au gaz et rapidement retouchées, elles passent à l'atelier de pholographure où, en moins d'une demi-heure, elles sont transformées en clichés sur zinc, à « passer » aussitôt dans nos colonnes.

    Il en est de même des dessins et graphiques réalisés par nos artistes..
    ...Et maintenant, descendons à l imprimerie où nous attendent, nous l'avons vu, les « papiers » et les clichés.

    Les clichés y sont « montés », en quelques secondes, sur un socle de métal. Les « papiers » sont distribués par le « metteur en pages », qui est le chef de notre équipe de typographes, à ses linotypistes.

    Une linotype c'est, on le sait, une machine à clavier qui fond et moule un caractère neuf chaque fois qu'on frappe sur une de ses touches. Ces caractères s'assemblent automatiquement et forment des lignes d'un seul bloc, faciles à réunir en colonnes.

      

    Nous possédons un grand nombre de linotypes d'un nouveau modèle, capables de composer des articles en caractères très lisibles et très variés. Elles « composent » également les sous-titres et certains petits titres. La plupart des titres et sous-titres sont pourtant « composés » à la main par des ouvriers spécialisés, habiles et rapides.

    Les articles, une fois « composés », « titrés » et Purgés de fautes d'impression par nos correcteurs, sont insérés dans des « formes », c'est-à-dire de grands cadres de fer installés sur des tables du même métal... et qu'on appelle pourtant le « marbre » de l'imprimerie.

    C'est le metteur en pages qui réalise cette opération. Mais ici intervient l'homme qui a presque toujours le dernier mot en tout ce qui concerne la confection du journal, celui qui le « fait » matériellement, le secrétaire de la rédaction.

    Grand maître de l'imprimerie, le secrétaire de la rédaction est aussi le juge absolu de tous les articles et de tous les clichés qui paraissent dans le journal. C'est lui qui détermine leur présentation typographique. C'est lui - et ses aides - qui les dispose, à son gré, dans le journal. C'est lui qui apprécie leur importance relative et les raccourcit impitoyablement, lorsque l'actualité le lui impose.
    Le secrétaire de la rédaction, dont la besogne écrasante reste absolument anonyme, est la cheville ouvrière du journal. Sa principale qualité est le sang-froid.

      

    Si, à trois heures du matin, heure critique où les dernières éditions s'achèvent, lui parvient la nouvelle de la mort du pape, il doit conserver un calme parfait et dire posément au metteur en Pages
    - Faites remonter « la une » de la clicherie. Faites sauter le cliché qui est en bas et représente une vue de l'exposition de chiens. Vous m'abaisserez ensuite les deux articles qui sont au milieu de la page. Et vous me mettrez la mort du pape en tête des 2e et 3e colonnes, avec des sous-titres « en 14 ».
    Les secrétaires de la rédaction sont toujours sur la brèche. C'est à peine si lorsque les « formes », une fois « justifiées » et «serrées » partent vers la clicherie, il a le temps de souffler un Peu... avant de s'attaquer à une nouvelle édition.

    ...Cependant, on travaille à la clicherie. Par des procédés dont la description serait plus longue que l'opération elle-même, des « flancs » demi-cylindriques, en métal malléable, sont moulés sur les « formes »planes. Ces « flancs » sont placés sur les rouleaux de nos machines rotatives et le « tirage » du journal commence.

    En moins d'une demi-heure, les merveilleuses « rotos » inventées par M. Marinoni impriment, brochent et plient des, centaines de milliers d'exemplaires à six et huit pages, avec le titre du journal en noir ou en rouge, prêts à Partir Pour tous les endroits de Paris, de la France et du monde où on lit le Petit Journal.

    ...Comment ils s'y acheminent ? Il faudrait décrire pour cela nos services de « départ » et de « routage », vous expliquer comment travaillent nos dépositaires et nos porteurs. Ce serait trop et nous avons été déjà bien long. Pourtant nous n'avons parlé ni de nos services d'abonnements et de Publicité, ni de notre administration.

      

    Nous nous sommes borné à expliquer, en gros, comment on réalise des informations et nous n'avons pas dit comment on varie le texte du journal en y insérant des « leaders », des articles documentaires, des reportages « à côté », des fantaisies, des contes, des romans. Nous n'avons fait qu'un tableau très incomplet.
    ...Nous serions bien heureux, quand même, si, Par hasard, nous avions réussi à vous donner une petite, idée de ce qu'est un grand journal.

      

    L'Almanach du Petit Journal 1924 : GEORGES MARTIN

    SOURCES

    http://cent.ans.free.fr/visite%20services%20du%20petit%20journal/dernieres%20nouvelles.htm

     

     

     

     

     COMMENT ON FAIT LE « PETIT JOURNAL ILLUSTRÉ » 

     

    Le Petit Journal

    SUPPLÉMENT ILLUSTRE

      

    La Direction de ce journal a demandé à ses lecteurs de rester en étroite communion avec elle et ce souhait a été longuement exaucé si l'on en croit le nombre considérable de lettres reçues, lettres d'approbation et d'encouragement très sincères
     

    Dans ces conditions, nous avons pensé qu'il serait agréable à nos amis de les faire vivre un peu de notre vie, de leur montrer la succession d'efforts différents et pourtant concordants, nécessaires pour la fabrication d'un journal, de les faire pénétrer enfin dans les coulisses - si j'ose dire - d'un grand hebdomadaire illustré comme le nôtre

    ***

     

    Ici, comme partout ailleurs, la division du travail s'impose. Au-dessus de tout, se trouve le Directeur qui, se basant sur l'expérience acquise et sur la connaissance du public à satisfaire,donne les directives à suivre et en surveille l'exécution. Sous ses ordres, le service de rédaction, rédacteur en chef, secrétaire général et secrétaire de rédaction, met en oeuvre et réalise les conceptions qui lui sont indiquées.

    C'est ainsi que, chaque semaine, la rédaction s'occupe de réunir les matériaux qui composeront le numéro de la semaine suivante. Ces matériaux sont de deux sortes : d'abord ce qu'on appelle en terme de métier, la « copie », c'est-à-dire les articles et les contes; ensuite les illustrations, comprenant les dessins et les photographies.

    Il y a là un travail très délicat, non seulement parce qu'il s'agit de plaire au plus grand nombre possible de lecteurs et que tous, on le pense bien, n'ont pas les mêmes goûts, mais aussi parce qu'il convient, pour être intéressant, de suivre l'actualité. L'actualité est fugace. Ce qui est intéressant un jour peut ne plus l'être huit jours après.

      

    Or la fabrication d'un hebdomadaire est infiniment plus longue que celle d'un quotidien. On risque à chaque instant d'arriver trop tard.
    Supposons pourtant les matériaux réunis entre les mains de la rédaction. Celle-ci les passe aussitôt aux organes d'exécution.

    La « copie » d'abord. Elle est envoyée au service de la composition. Autrefois, on ne l'ignore pas, on ne connaissait que la composition à la main.

      

    Les caractères, distribués dans les compartiments d'une « casse », étaient pris, un à un, par un ouvrier qui en formait ainsi des lignes. Aujourd'hui, on a beaucoup simplifié et activé ce travail en utilisant des machines appelées linotypes.
    Ces linotypes possèdent un clavier assez semblable à celui des machines à écrire. Il suffit à l'opérateur - qui est souvent une opératrice - - de presser chaque touche du clavier pour que la matrice de la lettre correspondante vienne tomber dans un compartiment destiné à la recevoir. Lorsque la ligne est complète, un simple coup de levier déclenche la machine.

      

    L'ensemble des matrices est présenté à l'orifice d'un foyer où se trouve du plomb en fusion. Il en résulte une petite tablette qui porte, sur une de ses tranches, les caractères en relief de la ligne tout entière. Les matrices sont enlevées et distribuées automatiquement dans le magasin d'où elles sortiront, à nouveau, lorsque l'opérateur pressera la touche correspondante.
    De même qu'il y a des dactylos plus adroites que d'autres, il existe des opérateurs plus adroits. En moyenne, un bon opérateur compose 6.000 lettres, soit 150 lignes à l' heure.

     

     

     

     

     

    De jeunes opératrices composant les articles du journal à la linotype.

     

     

     

    Quand tout un article ou tout un conte est composé, on en fait une épreuve en passant sur sa surface de l'encre grasse, puis en posant dessus une feuille de papier et en frappant avec une grosse brosse. L'épreuve ainsi obtenue est confiée à un correcteur. Celui-ci relit l'épreuve, la comparu avec la « copie » et signale les fautes de composition. Les fautes sont corrigées à la linotype en refaisant la ligne tout entière.

    Seuls, les titres sont encore composés avec des caractères mobiles alignés, un à un, à la main. On commence toutefois à utiliser des machines spéciales pour faire les titres.

     

    ***
    Pendant ce temps, les illustrations sont traitées par les services de photogravure.
    Les illustrations en noir et les photographies sont reproduites par un procédé, courant aujourd'hui, et dont l'origine remonte à l'invention de Talbot, en 1852.

      

    Longtemps, il est vrai, on n'a connu que la gravure sur bois obtenue par le travail manuel de l'artiste, sculptant pour ainsi dire une planche de buis et le gravure sur cuivre, travaillée de même au burin. Aujourd'hui, grâce à une ingénieuse utilisation de la photographie, on reproduit mécaniquement sur zinc ou sur cuivre les documents destinés à l'illustration d'un journal.

    Le procédé est le même, quoique plus délicat et plus compliqué, pour les grandes compositions en couleurs qui se trouvent à la première et à la dernière page du Petit Journal Illustré. Il faut noter toutefois qu'il est nécessaire d'obtenir autant de clichés qu'il y a de couleurs. Pour le noir, le bleu, le jaune et le rouge, cela fait quatre clichés qui seront, plus tard, fixés sur la rotative et sur lesquels passera successivement la feuille de papier blanc.
    Quatre couleurs, direz-vous ! Mais il y a bien plus de quatre couleurs dans les gravures qui illustrent votre journal ? Sans doute, mais le vert s'obtient par la superposition du bleu et du jaune et les autres teintes par des superpositions du même genre.

     

    ***
    Enfin voici réunies la « copie » et les illustrations clichées. Alors commence le travail de mise en page.
    Ce travail s'exécute sur de grandes tables que, par une très ancienne tradition, on continue à appeler « le marbre ». Sous la surveillance du secrétaire de la rédaction qui indique la place des articles et des clichés, ceux-ci sont disposés dans les formes ou de grands cadres de fonte qui les enserrent étroitement. Quand ce travail est achevé, on fait, du contenu de chaque forme, une épreuve qui porte le nom spécial de « morasse ».

      

    Les morasses sont révisées par le correcteur qui cherche à y dépister les dernières fautes oubliées ou les erreurs de mise en page. Puis le rédacteur en chef les examine à son tour et, s'il n'a aucune observation à faire, donne le bon à tirer.
    Si l'on tirait sur des machines plates, on pourrait porter immédiatement ces formes à l'imprimerie.

    Mais nul n'ignore plus que, de nos jours, on utilise des rotatives pour les énormes tirages des grands journaux modernes. Un travail de transformation est donc encore nécessaire.

      

    Il s'exécute à la clicherie.
    Là, les formes apportées sont placées dans une machine spéciale qui moule sur elles une empreinte prise par une sorte de large carton de papier pressé. Ce flan, on l'incurve pour lui donner la forme exacte correspondant aux rouleaux de la rotative. Enfin, chaque flan, ainsi incurvé, sert à faire un ou plusieurs clichés cintrés, et ce sont ces clichés, résultat de toute une suite de transformations, qui serviront enfin à tirer le journal.

     

     

    La clicherie où les formes servent à faire les clichés cylindriques.

     


    Maintenant, c'est la dernière partie du travail d'exécution qui commence. Il se fait, comme je l'ai dit, sur une de ces admirables machines rotatives dont l'invention est due à Hippolyte Marinoni, à la fois créateur de l'imprimerie moderne et, pendant de longues années, directeur du Petit journal.

    Sous les ordres du chef conducteur, les clichés venant de la clicherie sont fixés sur les rouleaux de la machine et la grosse bobine de papier commence à dérouler sa feuille sans fin à travers les méandres des roues, des bielles et des innombrables organes d'acier.

    Malgré l'apparence, la mise en train demande un soin minutieux. A cause des quatre encres différentes employées pour les gravures en couleurs, il faut se livrer à un travail de repérage très délicat. Il faut aussi régler la pression sur les clichés et l'arrivée des encres de façon que le texte ne soit ni trop gris ni trop noir. Enfin tout est prêt, après plusieurs heures d'expériences et d'essais.

      

    La grande « roto » se met à dévorer le papier à toute vitesse et à le rendre sous la forme d'exemplaires imprimés, pliés, coupés, tels enfin qu'on peut les voir, quelques jours plus tard, chez les dépositaires et chez les marchands de journaux de toute la France.

    On se rendra compte, par la comparaison de deux chiffres, des avantages de la rotative sur la machine plate ; celle-ci tirait autrefois un moyenne de 2.000 feuilles par jour. La rotative du Petit Journal Illustré, moins rapide pourtant que celle d'un quotidien, tiré uniquement en noir, débite 10.000 exemplaires par heure. - R

     

     

    Les rotatives qui servent chaque semaine à tirer le « Petit Journal Illustré »

     

    maj 27 mars 2011

     

    sources

    http://cent.ans.free.fr/fabrication%20petit%20journal.htm

     

     

     

     

     

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